Il était 22h mais la belle-mère de son fils était encore là drapée dans une robe en brodée blanche. Elle n’arrivait pas à croire que Bassirou puisse les inviter. Bien évidement elle n’était pas venue seule mais en compagnie de deux autres femmes qu’elle lui présenta comme ses sœurs. Elles étaient royalement assises commentant sur n’importe quel sujet, n’hésitant pas interpeller ses invités.
_ Tata Eva tu es ravissante comme d’habitude ! Lui fit une accolade Soukeyna qui venait d’arriver avec un gâteau.
_ Tu n’aurais pas dû ma chérie ! Merci toi au moins Hamgua téranga (Tu sais faire des cadeaux) …………….
Elle ne termina pas sa phrase trop étonnée par ce qu’elle voyait à l’entrée. Bassirou dans une chemise blanche avec quelques broderies noires sur les manches et au col en très bonne compagnie rigolant aux éclats avec une femme très claire de peau avec une petite robe évasée en dentelle violet et une ceinture en satin rose clair autour de la taille perchée sur des talons. Elle laissa planter Soukeyna pour se rapprocher d’eux.
_ Mon chéri qui est cette ravissante demoiselle ? Je me présente Ndèye Awa Thiam honorable député et la mère de ce jeune homme. Attira-t-elle la fille pour lui faire la bise.
Bassirou et Zahra se regardèrent avant de sourire.
_ Maman c’est Amina Zahra Fall la cousine de Nafy elle était là pour le mariage tu ne la reconnais pas ?
Elle sembla troubler lors du mariage elle ne s’était pas intéressée à connaitre la famille de sa belle-fille lors des présentations.
_ Tu sais il y’avait beaucoup de gens ! Zahra ravie de te connaitre pour dire vrai je croyais que tu étais la maitresse ou l’ex de mon fils.
_ Non je suis trop bien pour Bassirou même s’il n’aime que moi !
Eva la dévisagea bizarrement ne comprenant pas son allusion.
_ Zahra est aussi ma meilleure amie je l’ai connu il y’a 3ans maintenant. Elle est l’assistante de Sir et aussi l’amie de Momy………………
_ Ah bon tu m’en diras tant je sens que l’on va bien s’entendre toutes les deux……………………………….
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On dit qu’entre la haine et l’amour, il n’y a qu’un tout petit pas. La haine est un mot qui a beaucoup de force et une naissance profonde : c’est un sentiment puissant. L’amour est aussi un sentiment tout aussi fort que la haine. La haine est un sentiment qui peut un beau jour se muait en amour. Et il arrive que l’amour donne aussi naissance au plus puissant sentiment de haine. Très souvent nous finissons par haïr une personne aimée tout comme parfois notre haine pour quelqu’un peut se transformer en amour. Ces deux sentiments sont comme les deux faces d’une pièce…………………………………………………………….
Pour une première depuis le nouvel an, il n’alla pas au travail. Les résolutions qu’il avait prises comme travailler, plus de responsabilités, moins de pertes de temps et pas de futilités semblèrent s’envoler comme par magie.
Il n’était pas malade certes mais ne se sentait guère bien pour aller au boulot. Devant une table pourtant toute joliment dressée pour son petit déjeuner, il ne put rien avaler. Il saisit son téléphone pour l’appeler mais le résultat fut encore la même. Elle avait éteint son téléphone ! Il avait beau essayer de la joindre depuis qu’il l’avait revu il y’a deux jours mais atteignait toujours sa boite vocale. Il finit par lâcher prise de toute manière s’il réussissait à l’avoir qu’allait-il bien pouvoir lui dire après l’histoire du restaurant: il l’ignorait.
C’est par le plus grand des coïncidences, qu’il l’avait revu une seconde fois depuis son licenciement. Contrairement à ce qu’il pensait, Zahra n’était pas venue les jours suivants son renvoi pour récupérer ses affaires et ses indemnités. Elle ne le fit qu’en plein mois de janvier 3 semaines après son renvoi.
Il était à peu près 16h lorsqu’il vu Bassirou traversait la porte de son bureau en compagnie de Zahra. Sans le vouloir, le classeur que lui avait remis Ousmane lui échappa des mains son attention toute accaparée par son ex assistante.
_ Hey Ousmane vient là toi. La prit-elle dans ses bras avant de lui tirer le menton, toute souriante, radieuse. Laisse-moi te regarder toujours accro au café hein ça te donne des rides tu sais ça.
Ce dernier se braqua face aux regards meurtriers de son patron. Il loua Dieu lorsque Zahra se défit de lui pour saluer froidement, sèchement et solennellement leur Dg.
_ Monsieur Sy ! Avait-elle juste dit formelle en guise de salutations sans rien de plus.
_ Amina !
_ Pour vous c’est mademoiselle Fall !
_ Au tant pour moi. S’empressa-t-il de dire apparemment troublé pour fixer l’écran de son ordinateur pourtant en veille afin de masquer son trouble.
Bassirou amusé fit un clin d’œil à Ousmane qui frôla presqu’une crise cardiaque lorsque Zahra corrigea son patron sans ciller. Ne supportant plus cette tension électrisante qui menaçait de foudroyer quiconque au sein du bureau, il préféra s’excuser avant de s’éclipser.
_ Sir, Zahra est passée récupérer ses affaires !
_ Ses affaires sont là ou elle les a laissés elle peut y aller !
Zahra n’attendit pas plus pour aller vider les tiroirs du bureau qui semblait inoccupé. Depuis sa place, à travers le verre, il l’épiait mettre ses affaires dans un sac en tissu qu’elle avait déposé au-dessus la table.
_ Yangui hol xalebi dé do nieuw ma may lako (Tu es en train de regarder la petite hein vient que je te la donne) Blagua Bassirou.
_ Profites en pour lui remettre ses indemnités plus la somme que je t’avais donné. Se voulut-il impassible mais ne pouvant se départir du tableau qui s’offrait à lui.
Comment le pouvait-il ? Zahra était subliment nichée dans une robe très moulante en rouge bordeaux qui s’arrêtait net au-dessus de ses genoux avec une petite fente à l’arrière au beau milieu de la robe laissant deviner ses cuisses. Malgré sa veste over size grise aux manches retroussées, la courbe de ses hanches saillantes se devinaient aisément et le col V de sa robe donnait un petit aperçu de sa poitrine bombée. Cependant un seul détail parvenait à titiller Sir au plus profond de lui. Juste pour revoir ce petit accessoire qui éveillait tous ses sens, il quitta son siège pour aller s’adosser à l’encadrement de la porte de l’ancien bureau de Zahra. Ses yeux revolvers caressèrent du regard les longues jambes de son ex assistante perchée sur des escarpins noirs à bout ouverts avant de figer sur la cheville gauche de celle-ci d’où scintillait une petite chainette argentée.
Très concentré dans sa contemplation, il ne se rendu pas compte quand elle termina de prendre ses affaires. Ce n’est que lorsque la cheville gauche disparu de son champ de vision qu’il sembla regagner ses esprits. Avant même qu’il ne puisse placer un mot, elle l’avait dépassé violemment le bousculant au passage.
_ Bassirou pourquoi me fixes tu ainsi ? Rend toi utile et tiens ce sac. S’adressa-t-elle à son ami sans un seul regard à l’endroit du grand frère qui venu se poster près d’elle comme l’acier attire le fer.
Elle partit comme elle fut entrée laissant Sir planté comme un piquet perdu qui essayait tant bien que mal de comprendre ce qui venait de se passer.
Il prit juste un café pour se rendre à une autre clinique que celle de leur médecin de famille à Dakar. Le seul qui pouvait l’ausculter et lui prescrire une ordonnance est celui qui avant était comme lui, celui avec qui il partageait beaucoup de choses son meilleur ami.
En attendant le docteur qui était en salle de consultation, il prit la liberté d’aller admirer la belle vue qu’offrait le bureau du médecin sur le place de l’indépendance. Très loin dans ses pensées, il se remémorait de leur première rencontre à la plage, leur première rencontre dans son bureau, leurs disputes, leurs baisers, son licenciement puis avant-hier. Sans s’en rendre compte il sourit sans savoir pourquoi jusqu’à ce qu’il sente une main sur son épaule. Il sursauta.
_ Connard tu m’as fait peur !
_ Donc il t’arrive d’avoir peur monsieur Sy je rêve où tu étais en train de sourire ?
Pour toute réponse il sourit de plus bel avant d’aller s’assoir et contempler les trois cadres de photos sur la table.
_ Eh bah c’est clair que ce n’est pas un rêve. S’affala le médecin sur son siège ébahi.
Sir se contenta juste de soulever l’un des cadres qui attira son attention en premier d’où était marqué :
« Le meilleur papa du monde est celui d’Alima et Dalia » dans laquelle était une photo des jumelles déguisées en Maya l’abeille avec des collant noirs, de petites robes en rayures jaunes noires en tulle et des serres tête en forme d’antennes.
_ Le meilleur papa du monde hein ? Arqua Sir un sourcil avec un petit sourire narquois.
_ Bah oui mon cadeau pour la fête des pères ! Essaye d’abord d’être père et on en reparlera
_ Dis-moi vous vous déguisez tous les jours chez vous ou quoi ? Souleva-t-il le second cadre d’où il y’avait une photo des jumeaux habillés en djellaba blanc avec des châles blancs et couronnes noires dorées à la tête comme ceux qui viennent de la Mecque.
_ Non c’était juste un cadeau de leur mamie Coumba à son retour de la Mecque mais il est vrai que mes princesses aiment bien se déguiser.
_ J’avoue que tu as une très belle famille. Admit-il en jetant un coup d’œil à la dernière photo de Djibril bébé dans les bras de sa mère.
_ C’est vrai et pour cela je ne cesse de remercier Dieu de m’avoir béni de la sorte en mettant Nassira dans ma vie. Alors tu ne travailles pas aujourd’hui ?
_ Si mais je ne me sens pas bien pour aller au bureau aujourd’hui.
_ Qu’est ce qui t’amène tu n’es pas malade rassure moi ? Je te rappelle que je suis gynécologue obstétricien. Se hâta-t-il de rappeler à son ami.
Si l’assurance et la dureté de Sir Hamdel Sy n’étaient plus à redire ni à démontrer cependant il suffisait qu’il tombe malade pour redevenir un véritable petit garçon et alarmer tout son entourage. Lorsqu’il tombait malade c’est tout un cortège de médecins qui défilait chez lui avant qu’il ne fasse une panoplie d’examens pour s’assurer qu’il n’avait pas aucune maladie grave. David le savait bien, Sir avait une peur bleue des maladies et éviter à tout prix de l’être car il devenait paranoïaque, craintif et surtout plus vulnérable qu’un bébé car monsieur ne se soignait pas tout seul.
_ Non je ne suis pas malade !
_ Dieu soit loué ! Et qu’est-ce que t’as à sourire ainsi ?
_ Quoi je n’ai pas le droit de sourire ?
_ Je te connais Hamdel et sourire est quelque chose de très rare chez toi. Alors pour que tu sourisses ainsi sur commande et ne pas partir au travail doit forcément cacher quelque chose d’important. Et quand on rit ainsi tout seul soit on a gagné au jackpot soit on est amoureux. Vue que tu es le fils d’un milliardaire alors je pencherai plutôt pour la seconde option.
Il scruta David. Il avait changé. Dans ses souvenirs il ne se comportait pas ainsi alors il le lui fit savoir.
_ David tu n’étais pas si bavard avant……….
_ Eh bah dans la vie tout change mon pote ! La preuve toi qui ne cesses de sourire. Et puis avec mes gosses comment ne pas être bavard ? Sans oublier ma femme elle m’a contaminé lorsque madame parle je dois à tout prix participer sinon elle me fait la tête.
Lui faire la tête il n’y avait pas que Nassira qui savait le faire pensa Sir. Lui aussi savait le faire mais pas aussi bien que son assistante ou ex assistante. Amina voilà le nom que portait ses songes qu’ils soient beaux ou non, ses tourments ces deux derniers mois.
Pour bien entamer l’année, il avait préféré accompagner son grand-père à la ville sainte loin de l’engouement de fête à Dakar afin de se ressourcer et surtout d’oublier ces moments passionnels avec Amina. Depuis qu’il l’avait licencié, à chaque fois que ses yeux se posaient sur des lèvres pulpeuses de femmes, leurs baisers lui revenaient sous forme de flash mais il suffisait qu’il se rende compte que le visage de la personne ne soit pas celui de Zahra pour qu’il rentre dans une colère noire.
Dans leur grande demeure de Tivaoune d’où n’habitaient que son cousin Mansour et sa femme, loin de tous il semblait arriver à oublier cette diablesse comme il la surnommait jusqu’à ce que David lui envoie une vidéo de son ex assistante sublime dans une robe en velours bustier noir avec une longue fente au niveau de la jambe droite dansant avec Nassira à un concert de Youssou Ndour pour réduire à néant ses efforts en le perturbant plus d’avantages.
_ Qu’est ce qui t’arrive Sir ? On dirait que tu es absent. Allez on a toujours tout partagé nos petits comme les gros soucis alors pourquoi hésites-tu maintenant dis-moi ce qui ne va pas raconte-moi………
Il souffla un bon coup avant de se lancer.
_ A vrai dire David j’ignore par où commencer. Eh bien pour la première fois de ma vie j’ai vu une fille……….
Son ami laissa échapper un rire bruyant.
_ Mais depuis toujours tu as vu des filles voyons Sir !
_ Je veux dire que j’ai regardé comme je ne l’ai jamais fait une fille. Je n’ai jamais eu de tels sentiments en regardant une fille. Je n’ai jamais cru en l’innocence des filles mais elle j’ai vu son innocence sur son visage, sa bouche tremblante à tel point que j’avais l’impression de ne pas pouvoir arrêter de la regarder. Et même avant ça lorsque je l’ai revu pour la première fois après son licenciement je n’arrivai plus à quitter mes yeux de son visage, de sa cheville, d’elle tout simplement quand elle s’est présentée devant moi. David je ne sais pas quoi faire. J’ignore si tout cela a un sens ou non mais je n’ai personne d’autre à qui que toi me confier sur ça que toi.
_ Waouh alors faut croire que tu as trouvé celle qui fait battre ton cœur mon frère. Qui est cette femme ? Vue que tu as parlé de licenciement s’agirait-il de Zahra par hasard ton ex assistante ? Je sentais bien qu’il y’avait quelque chose entre vous.
Sir fronça les sourcils.
_ Comment ça se fait que tu retiennes encore son nom si tu ne l’as vu qu’une seule fois en ma compagnie chez toi ?
_ Pas besoin de me fusiller du regard. Certes tu nous la présentais en l’amenant chez nous mais je l’ai revu quand même lors du grand bal. Et depuis elle est revenu plusieurs fois à la maison.
_ Quoi pour quelle raison ?
_ Je te rappelle que pour venir chez nous on n’a pas besoin d’une audience ou d’un rendez-vous mais je crois qu’elle est amie avec ma femme. Et puis Nassira se fait facilement des amies partout. Et comme madame veut aider tout le monde, elle l’a même aidé à avoir un job.
_ Un job ? Quel job ? Où travaille-t-elle ? Avec qui ? Pour qui ?
_ Elle bosse avec mon beau-frère Sory c’est son assistante. Tu sais qu’il est mon fondé de pouvoir. C’est grâce à lui si j’ai pu revenir exerçait à la clinique en plein temps. Il s’occupe bien de mes affaires et à ce qu’il parait Zahra s’entend bien avec lui. Alors si elle a pu démissionner d’une filiale telle que la vôtre c’est que tu devais être vraiment un très mauvais patron. Rigola David.
_ Elle vous a dit qu’elle a démissionné ?
_ Oui c’est ce que m’a dit Nassira. Tu sais que moi j’évite de me familiariser avec les amies de ma femme surtout les célibataires. Mais tantôt tu as parlé de licenciement. Tu l’as licencié ou c’est elle qui a démissionné ?
Ils se jaugèrent du regard. Sir ne comprenait pas pourquoi est-ce que Zahra disait partout qu’elle avait démissionné. Lorsque Bassirou venu lui demander pour quel motif sa meilleure amie avait démissionné, il tomba des nus très étonné mais lui dit d’aller demander à la principale concernée. Intérieurement il fut soulagé que son assistante ait crée que cette histoire car il ne se voyait vraiment pas dire à son frère qu’il l’avait licencié sous les ordres de son père.
Toutefois David Fiori Diallo n’était pas Bassirou Thiam. Si cet homme partageait tout avec lui alors il était inconcevable qu’il lui cache des choses.
_ A vrai dire elle n’a pas démissionné et je ne l’ai pas renvoyé en tout cas pas directement. Mon père m’a demandé de me chercher une nouvelle assistante après l’avoir vu et je n’ai fait que suivre ses ordres.
David le dévisagea complément perdu et incrédule.
_ Tu m’expliques ? Je ne saisis pas
_ Amina est comment dire très extravagante et décalée. Elle fait comme bon lui semble sans se soucier des répercussions. Figure-toi qu’elle est venue chez nous en sautillant sur la voiture de mon père la nuit du 24 décembre alors qu’il revenait juste de voyage…………
_ Non tu mens ? Hurla David mort de rires
_ T’ai-je une seule fois menti ?
_ Je n’y crois pas. Pourquoi elle a fait ça ? Et comment elle sait où tu t’habites ? J’aime l’audace de cette fille après avoir gifler le fils, elle s’en prend au père.
_ Je n’en sais rien. Je pensai qu’elle me harcelait encore. Je ne l’ai pas cru quand elle a dit qu’elle était venue voir mon frère et je lui ai dit des choses très blessantes car j’étais offusqué par son attitude puéril. Ce n’est que par la suite que j’ai su d’après mon frère qu’elle disait vrai et que c’était ce dernier qui lui avait donné rendez-vous chez nous. Bassirou a épousé sa cousine et c’est sa meilleure amie.
_ Ton petit frère est marié depuis quand ?
_ Oui ça fait des mois.
_ Que de surprise en surprise avec toi. Bref as-tu parlé Zahra de tes sentiments ?
_ Non je ne veux pas lui parler de ça en fait je ne comprends même pas ce qui m’arrive surtout quand je la vois. Je suis vraiment confus.
_ Ça veut dire que ton cœur te dit quelque chose tandis que ta tête te dit autre chose.
_ Elle m’attire je croyais que c’était juste de l’attirance physique mais je me rends compte que c’est plus profond qu’une simple histoire de baisers.
Cette fois David se leva pour contourner la table et s’assoir sur le siège à côté de lui. Ça semblait trop irréel pour être vrai alors il voulait que coute que coute pincer son ami pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.
_ Non mais tu es fou ! Pourquoi est-ce que tu me pinces ?
_ Pour m’assurer que je ne rêve pas !
_ Mais tu devais te pincer pour ça pas me pincer moi
_ Oh ne fait pas ton lord tu veux ! Qu’elle est cette histoire de baisers ?
_ Tu veux que je te fasse un dessin ?
_ Elle te plait alors ? Tu es amoureux d’elle !
_ Je n’en sais rien. Tout ce que je sais est que je déteste la voir en compagnie d’un autre homme. Avant-hier j’ai réservé tout un resto parce qu’elle était en compagnie d’un homme avec qui elle semblait bien s’entendre.
_ Tu es jaloux à ce point. Je ne t’ai jamais vu avec une fille certains même pensent que tu es gay. Si tu es Sir Hamdel Sy moi je suis David Fiori Diallo alors dis-moi si oui ou non tu aimes sincèrement cette fille sans te mentir à toi-même!
_ Ça dépend dans quel sens !
_ Tu te fou de moi. Non ce n’est pas vrai. J’hallucine ce n’est pas Sir qui me parle mais plutôt chérif là ………. S’exclama David !
_ Non mais c’est vrai physiquement elle est top. J’aime quand elle sourit, rigole même quand elle pleure ça me fait de l’effet bizarrement ça me désarme. Malgré qu’elle ait un sale caractère ça me fait encore de l’effet lorsqu’elle me tient tête même si j’avoue que dès fois j’ai juste envie de l’étrangler ou de lui scotcher la bouche.
_ Non ce n’est pas possible mon pote tu te rends compte tu es amoureux d’elle. Oh God je n’arrive pas y croire !
_ Moi non plus rassure toi je suis le premier surpris. Et ça ne me rend pas fier du tout car je n’ai jamais été aussi mal dans ma vie. Depuis que je l’ai revue au bureau je n’arrive plus à dormir aisément, j’ai pas faim j’ai l’estomac noué en permanence… A croire que je suis devenu comme toi.
Il ne fut point toucher par les provocations de son ami. De toute manière ce dernier ne faisait que lui rendre la monnaie de sa pièce sauf que lui n’a jamais été pas un tombeur comme David.
_ Si tu l’aimes à ce point alors fait tout pour l’avoir. Si elle te fait autant d’effet alors ne la laisse pas t’échapper. Zahra est canon il n’ya pas à dire, elle est marrante et très free d’après ce qu’elle m’a montré alors dis-toi que tu n’es pas le seul qui la veut à tes côtés. Et en y repensant maintenant je me rends compte que ce n’est pas une coïncidence si Amidou squattes chez nous ou le bureau de Sory. Il a toujours aimé les femmes très claires de peau. Alors qu’il s’intéresse à Zahra ne me surprendrait pas……………………
David n’avait pas tort et il le savait. Rien qu’à Sy and Co Zahra avait plusieurs admirateurs. Si ses employés ne se déclaraient pas ouvertement à elle par crainte de représailles de leur patron, leurs partenaires ou clients ne se gênaient pas à exprimer ouvertement leurs sentiments. Les plus audacieux se permettaient de faire commentaires sur elle devant Hamdel avant que ce dernier ne laisse entendre qu’elle était déjà prise sur un ton très sec qui clôturait le débat.
Vue que son père était en voyage, il avait préféré en parler à David et ce dernier lui conseilla de se jeter à l'eau d'essayer. Mais essayer quoi? Zahra était son ex assistante. Ce n'est parce que David avait épousé son employé et que tout se passait bien que ça marchera tout aussi bien pour son assistante et lui.
Amour et hiérarchie est une relation qui rime souvent avec contentieux même si Zahra ne travaillait plus pour lui. Le docteur Diallo lui avait fait savoir que la première chose à faire pour que son amour pour son ex assistante ne rime pas avec contentieux, c’est d’être au clair sur le consentement de part et d’autre de cette dernière. Et il doutait que Zahra puisse avoir un quelconque intérêt pour lui surtout après l’épisode du restaurant.
En compagnie de son cousin et homonyme de son père, Sir ne cessait de regarder sa montre en cessait de regarder sa montre en attendant l’arrivée de leurs commandes. Comme toujours, Cheikh jacassait sur ses différents périples, embellissant et exagérant outrancièrement quelques passages.
_ Vraiment ? Arqua Sir un sourcil las
Pour toute réponse, Cheikh tourna l’écran de son téléphone vers lui sourire aux lèvres.
_ Tu vois preuve à l’appui ! Pourquoi est-ce que tu ne me crois jamais ?
_ Parce que tu es un menteur notoire ! Quitte cette fille, on la voit tout le temps dans les tabloïds pour ses déboires. Si tu as l’habitude de collectionner les femmes c’est toi qui risques d’être collectionner cette fois !
Il repoussa le téléphone répugné non par la photo de la fille en maillot de bain dans les bras de son cousin mais par la fille elle-même.
_ Pas la peine de te poser des questions je ne la connais pas c’est juste qu’elle est sortie avec un ami à qui elle a essayé de plumé !
_ Si c’est de l’argent qu’elle veut elle en aura. De toute façon j’aime les filles un peu timbrées.
_ Le contraire m’aurait étonné mais quoi que tu puisses faire fait-il discrètement…………..
Il n’existe pas de famille parfaite. Dans chaque famille réside un vilain petit canard. Et dans la réputée et respectée famille Sy, c’étaient Cheikh et Khalil qui s’étaient ligués pour faire défaut à la réputation de leur prestigieuse famille. Tous deux étaient fêtards et beaux parleurs de renom. Si leurs frasques ne parvenaient pas aux médias c’est qu’ils s’assuraient de bien veiller à leurs arrières. Ternir l’image parfaite que leur famille renvoyait était une chose impensable et impardonnable chez eux.
_ Bonne dégustation ! Leur souffla le serveur qui venait de déposer leurs assiettes.
_ Sir j’ai oublié mon portefeuille …..
_ Alors tu te démerderas pour payer l’addition car je ne le ferai pas !
Cheikh pouffa de rire.
_ Je n’ai jamais vu une personne aussi radine que toi. Tu sais que tout le monde est unanime sur ça. Comment ça se fait ? Ton père n’est pas radin pourtant au contraire. A chacun de mes anniversaires, il me fait un virement et même quand je l’appelle. Et j’avoue que je l’appelle très souvent comme tout le monde j’imagine…….
Sir ne répondit pas se contenta d’entamer son plat malgré les bavardages de Cheikh.
Dans ce resto 4 étoiles à quelques mètres du palais présidentiel, la qualité et le service étant de mise se reflétaient bien sur les prix. Cheikh qui réfléchissait sur la manière d’amadouer son cousin pour payer l’addition en flattant son égo se tut brusquement. Sir qui était visiblement soulé par ses dires, releva la tête lorsqu’il n’entendit plus de son. Ce dernier avait les yeux rivés vers l’entrée du restaurant, la bouche en O. A son tour, Sir suivit son regard et vu une fille de dos en jupe en cuir huilé moulante noire.
_ Tu ne changeras jamais décidément ! Tu sautes sur tout ce qui bouge.
_ Arrête d’être rabat joie ! Je ne fais qu’apprécier. En plus à chacun son péché mignon. Le sien c’est le travail non et moi le mien c’est les femmes. J’y peux rien … Oh s’écria-t-il en tenant sa poirine.
_ Boit de l’eau ! Lui tendit Sir un verre
_ Ce n’est pas la bouffe qui m’étouffe mais cette fille. Elle porte des talons hauts. Et les talons hauts c’est ma faiblesse.
Dépassé et irrité, Sir se contenta de se concentrer sur son plat de steak jusqu’à ce qu’il entende un éclat de rire à côté d’eux. Instantanément, il déposait sa fourchette pour se retourner.
Elle était là à quelques tables de lui, rayonnante dans une chemise fluide en tulle noir qui laissait transparaitre son petit crop top jaune moutarde. Elle était accompagnée d’un homme en chemise blanche aux manches retroussées et pantalon blanc.
_ Xalebi toye na. Dieuleulma fossette yi bou rétane (Cette fille est canon, regarde ses fossette quand elle sourit).
_ Moi aussi j’ai des fossettes arrête de t’exciter. Ne put- s’empêcher de sortir Hamdel.
_ Et alors ! Qu’ai-je à faire de tes fossettes à toi ? De toute façon on ne les remarque pas vue que tu ne souris jamais. Cet homme est vraiment chanceux d’avoir une femme pareille à son bras.
_ Ce n’est pas sa femme !
Cheikh fit un signe au serveur lui demandant d’offrir un rafraichissement à la fille de sa part en glissant discrètement un billet vert à ce dernier.
_ Qu’est ce qui te prend ? Je croyais que t’avais oublié ton portefeuille…
_ Allez n’en fait pas tout un plat, tu m’as invité alors paye l’addition.
_ Je ne t’ai pas invité tu t’es incrusté……….
Il ne put continuer sa phrase scotché par les yeux braqués tout droit sur eux. Si le regard de l’homme qui l’accompagnait, était noir, Zahra elle semblait surprise de le voir un bref instant avant tenir la main de l’homme à qui elle chuchota quelque chose qui leurs fit sourire tous les deux. Ils parlèrent d’abord au serveur avant qu’il ne revienne à leur table.
_ Madame vous dit que son fiancé l’abreuve grandement et qu’elle n’a pas besoin de rafraichissement et qu’ils ont déjà commandé.
Si Cheikh semblait amusé, son cousin lui frôlait l’explosion à force de gonfler de colère à chaque fois qu’il voyait Zahra sourire à cet homme ou lui faire un clin d’œil comme pour le titiller.
_ Attends ! Stoppa-t-il le serveur. Annuler leur commande et allez dire au gérant que Sir Hamdel Sy réserve le resto. Les autres clients peuvent restés mais pas ces deux-là ! Qu’ils aillent manger ailleurs !
Le serveur acquiesça tandis que son cousin était dépassé.
_ Toi qui ne voulait pas payer mon addition tu réserves le resto tout entier pour quel raison ? Tu connais ces gens ou parce que c’est ta manière de m’épauler pour m’être fait rembarré ? Waouh elle a même un tatouage ! Regarde-moi ce malin lui serra la taille……………
Il laissa planter son cousin là avant de les poursuivre hors du resto en retenant de justesse la main de son ex assistante.
_ Amina attend ……..
_ Wa lilane nii ah légui doff yagui thii birr gnigne gni di fath séni sokhla hamgua lane lalay yeuguel gua bayi sama loho légui.
(Mais qu’est-ce que c’est que ça ah maintenant les fous sont parmi les gens sains d’esprits et font tout comme eux. Je n’ai qu’une chose à te dire c’est de laisser ma main tout de suite.)
Il n’en croyait pas ses yeux, Amina le traita comme un aliéné qu’elle n’avait jamais connu de sa vie. Trop monopolisé par Amina, il sentit juste sa joue picotée pour se rendre compte qu’elle venait de le gifler….