Petit mot de l'auteure : Voici pour ce soir, à 22h42, la suite du "Prince Crapaud" qui j'espère vous plaira autant que la première partie. Bonne lecture !
Ivan Tsarévitch sombra dans la tristesse pendant des jours avant de prendre son arc et ses flèches. Il chaussa ses sabots et déposa dans un sac trois pains, tous durs comme fer, puis partit à la recherche de son époux, Vassili le Très Sage. Il marcha longtemps et très loin de son royaume. Il avait déjà usé deux paires de sabots et rongé deux pains tous durs comme fer, quand il rencontra un vieillard.
- Bonjour, grand-père !
- Bonjour jeune homme ! Où vas-tu et que cherches-tu ?
Ivan raconta donc son malheur au vieillard.
- Hélas, Ivan Tsarévitch ! Dit le vieillard, pourquoi as-tu brûlé cette peau ? Ce n'était pas toi qui la portais, ce n'était pas à toi de t'en débarrasser ! Vassili le Très Sage est plus rusé que son père, Kochtcheï l'Immortel, qui est fâché contre lui et l'a condamné à passer trois ans sous la forme d'un crapaud. Mais il n'y a rien à faire, les mots ne peuvent réparer le mal qui a été fait. Voici une petite boule pour toi : partout où elle roulera, suis-la.
Ivan Tsarévitch remercia la vieillard et suivit la petite boule. Dans sa course, la petite boule franchit de hautes montagnes, des forêts obscures, des prairies verdoyantes, des étangs marécageux, des villages perdus, et pourtant le prince la suivait, sans s'arrêter, même pour se reposer, ne fût-ce qu'une petite heure.
Il marcha longtemps encore et usa ainsi la troisième paire de sabots, et rongea la troisième miche de pain, tous durs comme fer, puis arriva dans une épaisse forêt. Là, il tomba nez à nez avec un ours.
- Il ne me reste plus rien à manger. Tuons cet ours !
Il bandait déjà son arc quand soudain l'ours se mit à lui parler d'une voix humaine :
- Ne me tue pas, Ivan Tsarévitch ! Un jour, tu auras besoin de moi.
Ivan épargna donc l'ours et continua son chemin. Il traversait un vaste champ quand il vit un gros canard passer au-dessus de sa tête. Ivan banda son arc mais alors qu'il s'apprêtait à tirer, le canard fit comme l'ours et lui parla d'une voix humaine :
- Ne me tue pas, Ivan Tsarévitch ! Viendra le jour où tu auras besoin de moi.
Tout comme il eut pitié de l'ours, Ivan Tsarévitch eut pitié du canard et l'épargna. Mourant de faim, il reprit alors la route. Soudain, il aperçu un lapin gambader.
- Tuons ce lapin ! J'ai vraiment trop faim...
Mais comme les deux animaux précédemment, le lapin s'adressa au prince d'une voix humaine :
- Ne me tue pas, Ivan Tsarévitch ! Viendra sous peu le jour où tu auras besoin de moi !
Et le prince épargna le lapin avant de continuer sa route. Il parvint devant une mer d'un bleu sombre et vit un brochet gisant échoué sur le sable.
- Cette fois, je vais manger ce brochet ! J'ai si faim que je n'ai plus aucune force !
- Ah Prince Ivan ! Aie pitié de moi, ne me mange pas, rejette-moi plutôt dans la mer sombre !
Le prince eut pitié du brochet et fit ce qu'il lui demandait, le lança à la mer, et longea la rive à la suite de la petite boule. Au bout d'un certain temps, la petite boule arriva dans une forêt, juste devant une petite isba. La maisonnette était montée sur des pattes de poule et tournait sur elle-même. C'était la maison de la Baba Yaga ! Mais sans crainte, il clama fortement à la maison :
- Petite isba, petite isba, arrête-toi dos à la forêt et face à moi !
À ces mots, la maisonnette se tourna dos à la forêt et face à lui. Ivan entra et vit, assise sur le poêle, la Baba Yaga-jambe de bois. Celle-ci dit en voyant le jeune homme :
- Qu'est-ce qui me vaut l'honneur de votre présence, jeune homme ? Êtes-vous ici de votre gré ou contre votre volonté ?
- Ah, Baba Yaga-jambe de bois, avant toute chose, nourris-moi plutôt, donne-moi à boire, prépare-moi un bain brûlant et ensuite je te raconterai !
- Tu as raison !
Elle donna à manger et à boire à Ivan Tsarévitch, lui prépara un bain brûlant et le jeune homme lui raconta qu'il était à la recherche de son époux, Vassili le Très Sage.
- Hum, hum ! Dit la Baba Yaga. C'est que Vassili le Très Sage est chez ce vaurien de Kochtcheï l'Immortel. Et ni les flèches ni les balles n'ont raison de lui. C'est pourquoi il ne craint personne.
- Mais sa mort se trouve-t-elle quelque part ?
- Sa mort est au bout d'une aiguille, cette aiguille est dans un œuf, cet œuf est dans une cane, cette cane est dans un lapin, ce lapin est dans un coffret cerclé de fer, ce coffret est au sommet d'un vieux chêne, et ce chêne pousse dans une forêt profonde.
La Baba Yaga expliqua au prince comment parvenir jusqu'à ce chêne. Il la remercia et partit. Longtemps il se fraya un chemin à travers la forêt profonde, dans les marécages des étangs vaseux, et il finit par arriver au chêne de Kochtcheï. Le sommet de ce chêne frôlait les nuages, ses racines s'étendaient sur cents verstes* sous terre, ses branches ne laissaient pas passer le soleil rouge. Et tout en haut se trouvait le coffret cerclé de fer. Ivan Tsarévitch regardait l'arbre sans savoir que faire ni comment atteindre le coffret.
- Ah, où est l'ours ? Il pourrait m'aider !
À peine avait-il eu cette pensée que l'ours était là : il arracha le chêne avec toutes ses racines. Le coffret tomba du sommet de l'arbre, se brisant en mille morceaux. Il en bondit le lapin qui prit la poudre d'escampette.
- Où est mon ami, le lapin ? Il n'aurait sans difficulté rattrapé ce lapin-ci.
À peine avait-il eu cette pensée que le lapin était là. Il eut tôt fait de rattraper l'autre, s'en saisit et le mit en pièces. Il en surgit une cane, qui prit son envol très haut dans le ciel.
- Où est mon ami, le canard ?
Et déjà le canard poursuivait la cane et lui plantait un coup de bec dans la tête. La cane lâcha l'œuf, et l'œuf tomba dans la mer bleue sombre... Ivan Tsarévitch était bien triste, debout sur le rivage.
- Où est mon ami, le brochet ? Il retrouverait cet œuf au fond de la mer !
C'est alors que le brochet s'approcha du rivage, l'œuf dans la gueule.
- Tiens, Ivan Tsarévitch !
Le prince fut tout joyeux, cassa l'œuf, y trouva l'aiguille et en brisa la pointe. Dans son palais, Kochtcheï l'Immortel mourut, et il n'en resta bientôt plus qu'un tas de poussière. Ivan alla retrouver Vassili le Très Sage au palais de Kochtcheï. Le beau jeune homme à la chevelure noire était confiné dans une chambre splendide mais étonnamment froide et impersonnelle. Sans doute son père y avait-il enfermé peu après qu'il fut revenu contraint et forcé par la malédiction jeté par le sorcier. Bien que son époux n'ai pas été maltraité, Ivan voyait bien les marques d'épuisement présentes son visage ainsi que son amaigrissement. Vassili ne devait pas avoir mangé grand-chose depuis leur séparation. Aussi Ivan se promit de prendre grand soin de son jeune mari dès qu'ils seront rentrés au royaume de son père. Vassili sorti de sa torpeur dès que ses yeux se posèrent sur le troisième fils du Tsar.
- Ah, Ivan, mon époux ! S'exclama le jeune homme en sautant dans les bras de son prince bien-aimé qui le serra contre lui avec bonheur. Tu as su me trouver, maintenant je puis être tien pour l'éternité !
Le prince choisit alors le meilleur cheval dans l'écurie de Kochtcheï, et s'en retourna dans son royaume, accompagné de Vassili. Oh bien sûr, le tsar fut ravi de les retrouver mais ce ne fut pas tellement le cas des aînés d'Ivan et de leurs épouses. Mais le couple ne prêta nullement attention aux regards méprisants ou aux médisances. Ils faisaient le bonheur du souverains ainsi que du peuple par leurs bonnes actions. Ils vécurent donc heureux, dans l'amour et l'harmonie.
The End
~~~~~~~~~~~~~~~~
Vocabulaire :
Cents verstes : unité de mesure russe qui équivaut à 1067 mètres.
*fière* J'ai enfin terminée ce conte et je suis super heureuse de vous l'offrir en ce nouveau mois de décembre, bientôt 2019, les amis et en espérant que cette nouvelle année sera plus gaie pour moi que 2018 malgré que je vous ai ! A bientôt !