J'avais revu Hakim le lundi et personnellement je m'en serais bien passée.
J'avais invité ma binôme à venir travailler sur notre projet que l'on devait rendre à la fin de la semaine, juste avant les vacances de Noel. Autant cette fille était intelligente, autant elle pouvait être superficielle. J'avais hâte de rendre ce devoir et de ne plus la côtoyer car elle m'exaspérait au plus au point.
Après une énième remarque sur le physique d'une de nos camarades, je soufflais et me levais pour aller me servir un verre d'eau. Alors que je prenais tout mon temps, j'entendis la porte d'entrée claquer. Nathan travaillant jusqu'à 21h, je supposais qu'Emilie était de retour. Je profitais donc de son arrivée, pour lui laisser le loisir de tenir compagnie à Fanny durant quelques minutes.
Trouvant que j'avais profité assez longtemps du silence de la cuisine, je retournais dans le salon. Je ne m'étais trompé qu'à moitié : Emilie était bien de retour, mais elle n'était pas seule. Hakim était là également. N'arrêtait-il jamais de lui coller au basque?
Je remarquais rapidement, qu'Hakim et Fanny s'étaient empressés de faire connaissance. J'haussais un sourcil en voyant ma binôme jouer avec ses cheveux et exposer sans complexe son décolleté plongeant. Sérieusement, elle était vraiment entrain de draguer Hakim dans mon salon? C'est officiel, je détestais encore plus cette fille.
Cependant Hakim, ne semblait pas être sur la même longueur d'onde que moi, car il loucha sans gêne sur sa poitrine. Fanny, s'en aperçut et afficha un sourire satisfait. J'échangeais un regard avec Emilie, cette dernière me lança un regard exaspéré. Je crois qu'elle appréciait Fanny autant que moi.
Sans faire attention à moi, Fanny entama la conversation avec Hakim. Elle lui avoua qu'elle le connaissait et ne fut pas avare en compliment à son égard. Le rappeur sembla flatté par tant de compliments. Cela faisait une bonne dizaine de minutes que les deux communiqués sans faire attention à moi et à Emilie. Ce n'est pas que ça me dérangeait qu'il la drague, enfin peut être un peu quand même, mais nous avions du travail.
Ma colocataire se rendit compte de mon agacement et vola à mon secours.
- Bon Hak', on y va, on va louper notre séance.
- Oh vous allez au ciné? S'exclama Fanny.
- Ouais, tu veux venir? S'empressa de lui demander Hakim.
Non mais il était sérieux là? Emilie et moi, le regardâmes interloquées, mais il ne sembla pas le remarquer.
- Oh oui, je veux bien.
- Euh on était censé bosser en faite. Intervins-je.
- Oh allez fais pas ta rabat joie, on a déjà bosser plus de deux heures. Ce que tu peux être rigide.
Je vis un sourire en coin se dessiner sur les lèvres d'Hakim. Il devait être content que quelqu'un pense la même chose que lui. Cette insulte totalement gratuite et le sourire moqueur de l'algérien ne me plurent pas du tout. Je crois que j'allais sortir de mes gons.
- Tu as passé une heure à cracher sur tous les gens de notre promo donc on a bossé qu'une heure en faite. Dis-je froidement
Emilie me regarda avec des yeux ronds. Je crois qu'elle ne m'avait jamais vu remballer quelqu'un d'autre qu'elle ou Nathan. C'est vrai que ça ne me ressemblait guère mais il faudra s'y habituer parce que ces derniers temps je n'étais pas vraiment d'humeur à garder tout ce que je pensais pour moi.
- Oh ça va détend toi, on a bien avancé, on a qu'à se dire qu'on se rejoint demain à la BU en fin d'après midi pour bosser ça te va? Dit-elle.
- Je suppose que je n'ai pas le choix. Répliquais-je en la voyant mettre son manteau.
Elle me fit un sourire qui n'avait rien de sincère et se dirigea vers la porte d'entrée pour remettre ses botes, ou devrais-je dire ses cuissardes.
- Je vais vous laisser aller au cinéma tous les deux, je ne tiens pas à regarder un film pendant que vous passez votre temps à vous lécher la gueule.
- Merci Em', je te revaudrais ça. Dit-il en lui embrassant la joue.
- J'espère bien. Ricana la brune.
A peine une minute plus tard, Hakim et Fanny avait déserté l'appartement. Ce mec m'hallucinait, il avait débarqué chez moi et avait monopolisé l'attention de ma partenaire de travaille avant de l'embarquer avec lui. Et tout ça en moins de vingt minutes. Je détestais ce type .
- Comment tu fais pour supporter ce gars?
- Hein? Me demanda Emilie alors qu'elle pianotait sur son téléphone.
- Je te demandais comment tu faisais pour être ami avec ce mec. Il est insupportable. Il se croit beau et fort et il se prend trop au sérieux.
- Il te donne vraiment cette impression? Me demanda-t-elle dubitative.
- Bin oui, regarde, il arrive ici, il monopolise la parole sans pression et se casse avec Fanny, alors qu'il était censé aller au ciné avec toi. Ça ne se fait pas.
- Oh ce n'est pas très grave tu sais, il ne fait quasi jamais ça et puis ça lui fait du bien de voir des meufs de temps en temps. Et il ne se prend tant au sérieux que ça. Je sais qu'il n'est pas évident à cerner, il peut paraitre froid et méfiant mais quand tu le connais bien tu te rends compte que c'est un mec avec un coeur en or.
- Si tu le dis. Moi pour le moment je vois plutôt un petit rappeur qui profite de sa notoriété pour se taper tout ce qui bouge. Il est vraiment écoeurant.
- T'exagères. Il est loin d'être comme Ken. Hakim a juste eu des relations compliquées donc il a du mal à se poser, mais il est loin de se taper tout ce qui bouge. Mais ça reste un mec et il a besoin de plaire et de se vider de temps en temps. Et là c'était le moment.
Je la regardais choquée.
- Sérieux, Emilie, tu parles comme un mec des fois, c'est ouf.
- Ouais je sais. Grimaça-t-elle. C'est ça d'avoir trois frères et d'avoir trainer qu'avec des mecs pendant des années.
- N'empêche que tu me fais bien rire, tu fais la petite bourgeoise bien élevée mais en faite tu es une vraie racaille.
Elle rit pas du tout vexée par ma remarque.
- On me l'a déjà dit plusieurs fois.
Je me laissais tomber, dans le canapé à côté d'elle.
- Et sinon, avec Ken, c'est toujours au point mort. Il ne s'est toujours pas décidé à te parler? Demandais-je doucement.
- Non, il ne veut pas me parler. Hakim et Idriss ont tenté plusieurs fois d'évoquer le sujet mais il se braque direct et les envoie chier.
Elle se racla la gorge et essaya de paraitre impassible, mais je voyais bien que cette situation la faisait souffrir.
- Laisse lui du temps.
- Je ne suis pas sûre que le temps change grand chose, il y a des erreurs qui sont irréparables et je crois qu'à ses yeux celle là l'est.
- Mais Em', tu n'as pas fait d'erreur, tu n'as pas vraiment fais le choix de partir.
- Je sais mais lui il ne le sait pas ça, de son point de vu je suis partie comme une voleuse après avoir couché avec son pote.
Elle voulut continuer son explication mais je sentis qu'elle n'en était pas capable. Je passais doucement ma main dans son dos pour la réconforter.
- Ça va finir par s'arranger. Dis-je doucement.
- J'espère que tu as raison. Dit-elle tristement.
- Ça te dit une soirée Friends?
- Avec plaisir, ça fait longtemps.
- On devrait attendre Nathan, sinon il va péter un câble si on commence sans lui.
J'avais passé une bonne soirée avec mes colocataires, glace, Friends et barre de rire, tout ce qu'il me fallait pour oublier ce crétin d'Hakim.
Mais c'était sans compter sur Fanny, qui, en me rejoignant à la bibliothèque le lendemain, prononça son prénom alors qu'elle ne s'était même pas encore assise.
- Hakim est un putain de bon coup.
Interdite, je relevais les yeux vers elle. Je la regardais s'installer sur sa chaise et ne put m'empêcher d'hausser un sourcil en voyant sa tenue beaucoup trop sexy. On était dans une bibliothèque pas dans un nightclub.
- Figure toi que l'on a même pas été au ciné, on est monté dans sa voiture et direct il m'a proposé d'aller chez lui. A peine on avait passé la porte de son appartement qu'il m'a embrassé et là je peux te dire que c'est wouah. Ce mec sait s'y prendre avec les filles. Il m'a fait jouir plus d'une fois et m'a pris dans toutes les positions possibles. Heureusement que je suis souple.
Je lui lançais un regard écoeuré. Pourquoi elle me racontait ça? On n'était pas pote à ce que je sache? Qu'elle garde ce genre de détail pour ses copines poufs.
- Je dois le revoir ce soir, il passe me prendre devant la fac à dix huit heures trente. J'ai hâte de remettre ça. J'en ai profité pour mettre des sous vêtements sexy.
- Euh cool. Dis-je sans trop savoir quoi dire d'autre.
- Bon arrêtons de parler, mettons nous au boulot. Dit-elle en allumant son ordinateur.
Arrêtons de parler ? Mais c'est elle qui me racontait sa vie moi j'avais rien demandé et j'en avais rien à cirer de la façon dont Hakim l'avait prise. J'avais envie de lui arracher son sourire à cette pétasse. Je la détestais au plus haut point. Pourquoi avait elle besoin d'afficher le fait qu'elle s'était tapé Hakim? Pourquoi avait elle besoin de me faire remarquer qu'il lui avait fallu à peine quelques minutes pour le faire succomber alors qu'il ne s'était jamais retourner sur moi?
Je trouvais cette fille vulgaire et conne, c'est vrai, mais je ne pouvais pas m'empêcher de l'envier. Elle au moins n'avait rien d'une fille coincée ou d'une bonne soeur. Elle était jolie, sexy et attirée le regard des mecs, enfin surtout celui d'Hakim.
Elle me sortit de mes réflexions en me posant quelques questions sur mon avancée. Je secouais la tête pour remettre mes idées en place et pour me recentrer sur ma tâche.
Plus d'une heure plus tard, on sortit toutes les deux de la bibliothèque. Au loin, je vis Hakim appuyé contre sa voiture, casquette vissée sur sa tête. Je ne pus m'empêcher de le trouver sexy.
- Bon on se voit demain. Bonne soirée. Dit-elle
- Bonne soirée.
- Ne t'inquiète pas pour ça.
Elle me fit un sourire entendu et se dirigea vers Hakim. Je les observais au loin, Fanny s'empressa d'enrouler ses bras autour du cou de l'algérien et ils échangèrent un baiser langoureux, les mains du kabyle empoignèrent sans gènes les fesses de la brune.
Je ressentis une pointe de jalousie en voyant cette scène. Je m'imaginais quelques secondes à sa place. Une personne qui passait à côté de moi me bouscula légèrement me faisant sortir de ma rêverie. Je secouais la tête et détournais le regard du couple avant de partir seule chez moi.
Non mais franchement Léa, c'est quoi ton problème? Ce mec est un crétin sans nom, tu le détestes, il n'y a pas de quoi être jalouse.
Mais au fond de moi je savais que je ne le détestais pas tant que ça, je refusais juste de me l'avouer.