Chapitre 5

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A mon grand soulagement, je ne revis pas Hakim de la semaine, cela me permit de ne plus trop penser à lui et de concentrer comme il se doit sur mes derniers cours du mois de décembre. Fanny, ne me reparla pas non plus de lui, et c'était tant mieux. On rendit un devoir impeccable en temps et en heure et le samedi matin, je pris un train en direction de Bordeaux pour passer les deux semaines de vacances en famille.

Quelques heures après mon arrivée, je regrettais amèrement Paris. La pollution et le trafic parisien avait l'air tellement plus agréable à côté de ma mère. Cette dernière passa mes premiers jours de vacances à me critiquer et à me rappeler à quel point je la décevais. "Léa tient toi droite, non mais franchement un peu de tenue jeune fille, ce n'est pas comme ça que tu trouveras un homme", "Qu'est ce que tu es molle, un peu d'entrain jeune fille", "J'ai croisé Catherine, tu sais que sa fille vient de se marier avec un vétérinaire, un garçon de bonne famille m'a t'on dit, quand est-ce que tu vas me présenter un garçon? Je désespère". J'avais envie de lui rappeler que son éducation militaire m'avait rendu tellement passive qu'il fallait je retrouve confiance en moi pour espérer trouver quelqu'un. Mais comme à mon habitude devant ma mère, je me tus.

Elle me rappela également que j'étais une vraie déception pour elle et qu'elle aurait préféré une autre fille "Comment va ton ami Emilie? Je l'aime beaucoup cette fille, elle est intelligente, classe et bien élevée, tu devrais prendre exemple sur elle", "Pourquoi tu n'as pas invité Emilie? Cela m'aurait fait plaisir de lui parler, elle a beaucoup de conversation cette fille, alors que toi tu te contentes d'écouter, cultive toi un peu, ça te permettra d'échanger avec nous".

C'était officiel, je ne supportais plus ma mère. J'avais passé les quatre derniers mois à refuser toute invitation à venir passer le week-end à la maison, prétextant avoir trop de travail. C'était la seule excuse qui pouvait passer avec mes parents: les études. Je me promis d'utiliser cette excuse à nouveau et de pas remettre les pieds dans la maison familiale avant les vacances d'été.

Un soir dans ma chambre, j'appelais Emilie pour me plaindre de ma mère. Je vidais mon sac et je me pris à l'insulter pour la première fois.

- Elle n'arrête pas de critiquer tout ce que je fais cette connasse, je te jure Em', je ne la supporte plus.

- Laisse tomber, ta mère est une psychopathe rigide. Il n'y a rien à faire, laisse couler et acquiesce gentiment même si tu n'en penses pas moins. Et ton père ne dit rien?

- Tu parles, je le vois à peine, il est beaucoup trop occupé à bosser.

Je soupirais.

- Vous me manquez. C'est d'un ennui mortel ici. Hier j'étais entrain de boire le thé avec ma mère et je n'avais qu'une envie, c'était de sortir faire la fête.

- Ma petite Léa se dévergonde?

- Haha. Dis-je ironiquement.

- Tu sais depuis que l'on est à Paris, je trouve que tu t'affirmes beaucoup plus.

- Oui je trouve aussi que j'ai changé.

- Non je ne dirais pas que tu as changé, tu es toujours celle que j'ai connu car avec moi tu as toujours été à l'aise et naturelle. Je dirais juste que depuis quelques mois, tu assumes qui tu es et tu n'as plus peur de t'affirmer devant les autres. Et ça c'est cool, parce que les gens peuvent voir à quel point tu es une fille super.

- Arrête tu vas me faire chialer. Rigolais-je.

Une voix résonna au loin dans mon combiné.

- Putain Em', tu fous quoi là? Ça fait des heures que tu es au téléphone.

La voix grave me renseigna directement sur l'identité de la personne.

LimpideWhere stories live. Discover now