[Hey! Je reviens avec un nouveau chapitre, encore un peu triste, mais sans doute moins que celui d'avant - quoi que, j'ai eu encore du mal à l'écrire...
J'ai encore laissé une petite musique qui m'a aidé, que j'aime beaucoup, que vous pouvez démarrer maintenant (mais elle est trop courte, donc...) ou à un emplacement que je vous donne dans le chapitre... A vous de voir!]
Point de vue d'Ariana Price...
Cam choisit de rester dans l'aile de confinement, avec le... corps.
S'il nous restait un tout petit peu d'espoir au moment où les médecins avaient débarqué, lorsqu'ils étaient ressortis... nous savions d'avance que tout était fini. Leurs regards pleins de pitié parlaient d'eux-mêmes, tout comme leurs pensées – pauvres enfants, une telle épreuve... ; comment va-t-on leur dire ? ; morte si jeune...
Parfois, j'aurais aimé pouvoir taire ma télépathie, ma magie, surtout dans des moments pareils. Le médecin qui s'était occupée de... Mélina... s'approcha de nous, et brisa tout.
- Nous n'avons pas réussi à sauver votre amie, je suis désolé. Elle a succombé de ce qu'on pourrait appeler des blessures internes et d'hémorragies : son corps entier se disloquait, et les vaisseaux percés libéraient du sang dans son organisme. Enfin, c'est surtout son cœur qui a fini par lâcher. Mais sachez qu'elle n'est pas morte en souffrant. Il faudrait me suivre, nous avons des détails à régler à l'accueil.
- Vous pouvez juste... nous laisser quelques minutes ? Nous vous rejoindrons.
Il hocha la tête, l'air grave, et partit.
[Nda: Si vous souhaitez mettre la musique, démarrez là maintenant. Je pense que c'est pas mal.]
Laura se tourna vers moi, à côté de Julian qui ne la lâchait pas, comme si elle allait tomber d'une seconde à l'autre.
- Qu'est-ce qu'on va faire ? Je veux dire, pour Cam, mais aussi... pour nous.
Je serrais la mâchoire, levant les yeux au ciel pour ne pas me laisser submerger par les émotions. Le pouce de Daniel me caressa le dos de la main, et il pressa ma paume.
- Je ne sais pas. Je n'ai aucune idée de ce qu'on va faire. De comment on va faire.
Laura me sourit tristement.
- On doit continuer, Aria, tu le sais. Notre quête ne concerne pas que nous, mais le monde entier. Mais...
- Il faut six Elus, soupira Liam. Six Elus pour ouvrir un portail vers Elfmantia, six Elus pour mener cette guerre contre l'apocalypse et Lucifer.
- Plus important encore, compléta Daniel, l'Arme Mortelle. Scellée et divisée en quatre morceaux, l'assembler ne lui rendra pas ses pouvoirs. Seuls les six Elus, ensemble, peuvent permettre à l'épée de retrouver sa magie et ainsi de tuer des Eternels. Mais à cinq, on ne pourra pas la faire marcher.
Je jurai, et, quand je pris la parole, ma voix chevrotait.
- T'as mal choisi ton moment pour partir, Mélina.
- Il n'y a qu'une seule solution.
Julian jeta un regard à Laura, qui secoua la tête. Il insista, continua de la fixer, mais ne dit rien, ne nous expliqua pas la solution.
- Je ne peux pas faire ça... Et Cam, alors ? Il ne le supportera pas !
- Honnêtement, Laura, dis-je en serrant mon poing libre, dans l'état où il est, vu ses pensées chaotiques, je ne pense même pas qu'il soit capable de nous suivre. Il... Je crois bien qu'il ne l'abandonnera pas.
- Mais elle est morte !
La culpabilité tordit son visage en une grimace quand elle vit l'éclat de douleur dans mon regard. C'était un rappel brutal à la réalité. Mais à présent, je savais exactement à quoi pensait Laura, quelle était la solution de Julian. C'était horrible, mais nous n'avions rien de mieux à faire.
- Tu dois le faire.
- Aria...
- Tu dois le faire ! Nous n'avons pas le choix, Laura, nous venons de perdre un de nos membres, un de nos meilleurs amis ! Elle ne devait pas mourir, mais nous ne pouvions rien faire pour l'arrêter. Elle savait ce qui l'attendait ! Cam le savait. Je suis désolée de devoir dire ça, mais on ne peut plus faire tout pour ne pas blesser Cam, il l'est déjà tellement... Plus rien ne pourra empirer son état.
Le regard de Daniel s'orienta vers la porte, d'où ne filtrait aucun bruit. En réalité, il n'y en avait aucun. Cam était recroquevillé contre un mur, ne bougeant pas, ne parlant pas, ne pleurant pas. Il n'arrivait pas à gérer sa douleur, mais ses yeux étaient complètement vides.
Comme s'il venait de perdre son âme.
- Je vais le faire, déclara alors Laura. Mais, je risque d'en avoir pour quelques heures, si je veux que ce soit parfait. Et... emmène Cam dehors. C'est assez horrible à voir.
Je hochai la tête, une seule fois, et me détachai de Daniel, de celui qui me maintenait la tête au-dessus de l'eau. Il passa une main dans mes cheveux, posa un baiser sur mon front, et me laissa aller voir le démon.
- Je viendrais s'il faut le sortir de force, me souffla-t-il. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée... La dernière fois qu'il a vécu la mort de quelqu'un qu'il... qu'il aimait, rien qu'un peu, je n'ai pas pu le sauver. A toi d'essayer.
Je lui tournai alors le dos et ouvris la porte, après avoir légèrement toqué. Laura entra timidement à ma suite, et nous découvrîmes Cam, dans le coin, le regard dans le vague. Il ne releva pas les yeux, n'esquissa pas le moindre mouvement, même quand je fus assise devant lui. Je n'avais pas osé regarder en direction de... du corps, mais je savais d'avance qu'il avait été couvert par un drap. Un drap blanc, immaculé.
Le démon ne réagit que quand il vit Laura s'approcher dangereusement du lit. Il se releva alors d'un coup, passant à côté de moi sans me voir, et la poussa à l'opposé, où elle alla percuter le mur dans un bruit sourd. Cam avait les yeux écarquillés par la colère et la douleur, des larmes encore plein les yeux.
- Ne l'approche pas, cracha-t-il.
- Cam il faut...
- Non. Non, non, non. Personne ne la touchera tant que je serais là.
- On ne lui veut pas de mal, tentai-je de le calmer. Mais tu connais les règles, et tu sais qu'on a besoin...
- Tu ne la découperas pas.
Il s'était tourné vers moi, mais les larmes qui traçaient leur route devait brouiller sa vue. Je levai alors les mains en l'air, et lui les appuya contre ses joues, referma les doigts en se griffant.
- Bien sûr que non, grimaça Laura en passant lentement devant lui. Mais tu connais mes capacités. Si je peux me vieillir ou me rajeunir, je peux aussi maintenir un corps à son état de vivant. Ça ne la ramènera pas, ça ne la soignera pas, mais... son corps ne subira pas les dommages du temps, il ne se dégradera pas.
- Comme pour les Nymphes ?
- Exactement. Mais pour ça, Cameron, tu dois sortir.
Il serra la mâchoire, empli d'une souffrance atroce, et sécha ses larmes, les yeux rouges et gonflés, des poches sous les yeux. Il renifla, et accepta de me suivre. Dans le couloir, je retrouvai Daniel, Liam et Julian, qui furent soulagés de voir le démon sortir et s'asseoir sur un siège rouge.
- Je vais aller retrouver le médecin, dis-je alors.
- Je viens avec toi.
Je hochai la tête et Daniel m'emboîta le pas. Liam et Julian restaient garder un œil sur Cam, même si je ne pensais pas qu'il bougerait d'ici. Son esprit était reparti, très loin, là où la souffrance semblait diminuer, juste pendant un moment. Comme une drogue.
Nous retrouvâmes le médecin, qui, un téléphone à la main, consultait des dossiers. Il leva les yeux vers nous.
- Ah, justement. Je m'apprêtai à appeler la morgue...
- Ce ne sera pas nécessaire.
- ... mais j'avais quelques détails à... pardon ?
Il fronça les sourcils, lâcha ses feuilles.
- Nous nous occupons du corps. En fait, nous voudrions que cette histoire reste secrète.
- Mais je ne peux pas...
Forcer son esprit m'avait pris plus de temps que prévu, en raison de mes émotions chamboulées. Mais je réussis enfin.
- Ça doit rester secret, insufflai-je à son esprit tout en parlant.
- Ça restera secret. Peu de médecins étaient au courant de la mourante en isolement, je ferais croire qu'elle est partie avec la morgue. Je dois la déclarer...
- Non, coupai-je. Continuez comme si elle était toujours vivante. Mélina Coop n'est jamais morte.
- Elle n'est jamais morte, répéta-t-il.
Je sentis les larmes inonder mes joues et me détournai, mais me retrouvai face à mon Ange. Bon sang, ça faisait mal ! Daniel passa ses bras autour de moi et me serra contre lui, frottant ses mains dans mon dos, lentement.
- Ça va aller.
J'acquiesçai contre son torse, consciente qu'il ne me voyait pas. Il me souleva alors, et mes jambes s'enroulèrent autour de ses hanches, ma tête se cala conte ses épaules.
- C'est dur, soufflai-je.
- Ça va aller...
Il me ramena dans le couloir isolement, mais ne me lâcha pas. Il ne devait pas me lâcher, j'en mourrais. A tout moment, j'étais capable de m'effondrer.
Nous retrouvâmes Cam et son inquiétant mutisme, Liam roulé en boule dans un coin et Julian assis sur un autre fauteuil sanglant. Comment avaient-ils pu mettre des sièges de la couleur du sang dans un hôpital ? Juste ça, c'était un mauvais présage !
- Il va falloir qu'on quitte cet hôpital dès qu'on le pourra, mon Amour. Le médecin finira par réaliser qu'il aurait dû signaler la mort d'une patiente. Peut-être pas quitter la ville tout de suite, mais...
Il jura tout bas en ne me sentant pas réagir, contre lui. Il se redressa alors un peu, levant sans doute la tête, et s'adressa à Julian et Liam. Il fouilla ensuite mes poches pour en sortir la carte de mon père.
- Allez en ville et trouvez un hôtel quelque part. Pas un petit truc, mais pas un grand hôtel de luxe non plus. Ce ne serait pas...
Je sentis toute la tristesse émaner de lui quand il pensa à Cam, et me serrais encore plus contre lui. Puis je me laissai tomber au sol.
- Vas-y aussi, Daniel. Moins on sera ici, mieux ce sera. Je reste pour surveiller Cam.
- Non, s'opposa-t-il en secouant la tête, je ne te laisse pas ici.
Je posai mes paumes de main sur ses joues, et lui sortis un sourire qui se voulait convaincant.
- Ça va aller. On vous rejoint dès que Laura a fini. Je ne pense pas que ce sera encore très long.
Il prit une grande inspiration, hésita, mais finit par accepter. Il déposa un doux baiser sur mes lèvres, se tourna et hocha la tête en direction de Liam et Julian. Ce dernier ne les suivit pas tout de suite, s'arrêtant sur l'endroit où Laura se trouvait. Mais finalement, après un dernier regard vers Cam, il se jugea sans doute de trop, et tourna les talons.
Je m'installai alors juste à côté du démon. Et j'attendis, longtemps, sans rien dire, avant de me lancer.
- Comment te sens-tu, Cam ?
Son regard vide se tourna vers moi, et il remonta un peu plus ses genoux sous son menton.
- Je ne sais pas. Instable. Je suis sur une corde, mais je ne sais pas si elle va tenir. Je ne sais pas si je vais tenir.
Mal.
- En fait... Je me sens rempli de vide, mais pourtant, j'ai toujours été vide. Alors pourquoi c'est si douloureux cette fois ?
Sa voix était blanche, pleine de tristesse et de larmes, elle tremblait et s'entendait à peine.
- J'essaie de ne pas y penser, Aria, mais... ma tête est remplie d'elle, entièrement d'elle. Je suis comme une Ombre, en fait. J'enregistre des choses, mais les seules choses que j'aie enregistrées, c'est elle. J'ai tout oublié du reste. Tout.
- Cam...
- Et je m'en veux, tellement, je crois que je pourrais en mourir. Je l'ai tuée, je le sais, je n'ai même pas d'excuse, et je n'aurais même pas pu lui dire que je l'aimais avant qu'elle parte. C'était trop tard, tu sais ? Son cœur s'était déjà arrêté
- Ce n'est pas de ta faute, contrai-je. Lucifer...
- Je connaissais les risques !
Il frappa le siège de ses deux poings, puis fixa ses mains, ferma les poings et les rouvrit.
- Je connaissais les risques. Je savais ce qui allait se passer, et pourtant, j'ai été tellement égoïste... Je voulais la garder pour moi, je me disais qu'elle n'allait pas y succomber, elle, que c'était une Elue et qu'elle était protégée de la mort. J'ai été tellement naïf !
Je ne sus pas quoi dire, pas comment le réconforter.
- Savoir qu'elle ne reviendra pas, ça me tue. Penser que plus jamais elle ne se réveillera, plus jamais elle ne reverra le soleil ni ne sourira... Elle ne me sourira plus jamais, putain, plus jamais. Elle va louper tellement de choses... J'aurais voulu tout lui faire découvrir. Au lieu de ça...
Des sanglots remontèrent dans sa gorge, des larmes se formèrent dans les coins de ses yeux rouges.
- Au lieu de ça...
- Tu n'as pas à le dire, Cam. Tu n'as pas non plus à l'assumer seul, d'accord ? Nous sommes tous là, tous responsables de ne pas avoir réalisé plus tôt dans quel état elle était. Et nous serons tous là pour te soutenir, parce qu'il faut continuer.
Il détourna le regard, ne répondit pas. Laura, à cet instant, sortit en pleurant.
- Je suis désolée, sanglota-t-elle. Je déteste faire ça, je déteste, mais c'est bon, c'est bon, j'ai fini. Elle ne bougera plus. Elle s'est arrêtée de... de mourir.
Cam gémit en entendant ça, se releva pour se précipiter dans la chambre. Je me levai à sa suite, pénétrai dans la chambre qui sentait toujours autant l'antiseptique et les médicaments. Je découvris alors Mélina, maintenant au-dessus de la couverture, un air doux au visage, sans sourire, sans tristesse.
Cam sourit, presque las, d'un sourire rempli de désespoir et de mélancolie.
- On dirait qu'elle va se réveiller, hein ? Qu'elle va ouvrir les yeux, sourire et demander ce qu'elle a manqué...
- Oui, soufflai-je.
Son sourire se perdit dans ses larmes, et je me forçai à détourner le regard, à ne pas le voir craquer, par respect pour lui.
- Pourtant, elle paraît déjà si loin. (Il serra les poings, encore, et encore.) Un sommeil éternel, sans fin. J'ai l'impression de ne plus me souvenir comment on accepte la mort de quelqu'un.
- Tu n'as jamais appris à accepter la mort de quelqu'un que tu aimais, murmura Laura, derrière. C'est là toute la différence.
- Je ne veux pas apprendre. Je veux juste qu'elle revienne. Je l'aime, je l'aime, je t'aime, putain, Mélina. Ne m'abandonne pas...
Je me retournai en direction du couloir. Daniel, Liam et Julian revenaient. Je fronçai les sourcils, et sortis les voir.
- Comment s'en sort-il ?
- Mal. Mais au moins, on a résolu le problème de rester avec elle. Il n'est pas prêt de se séparer de Mélina, mais comme elle reste pour l'instant...
- Et comment va-t-on la transporter ? Tu y as pensé, à ça ? demanda Liam.
Je compris rapidement à quoi il faisait allusion. Fallait-il la transporter "comme un objet", dans un sac, ou quelque chose comme ça ? Mais ça serait horrible, et vraiment inhumain.
La transporter comme un humain, comme si elle était encore vivante ? Mais pour Cam... pour nous, ce serait comme la considérer encore là, et ce serait beaucoup plus dure mentalement.
- Je vais la prendre, pour l'instant, déclara alors le démon d'une petite voix.
Je virevoltai pour le retrouver adossé au mur, entre la pièce et le couloir. Son regard était dirigé vers le côté droit, ses yeux encore brillants des larmes, qui parfois continuaient de s'échapper.
- Je la porterais, dit-il plus fort en nous observant. Personne d'autre ne la touchera. De toute façon, je ne risque pas d'empirer plus son cas.
Liam grogna, et je sentis que quelque chose en avait changé, depuis bien longtemps, mais que j'avais été trop aveugle pour le remarquer. Il semblait plein de haine, à l'égard du monde, mais aussi... à notre égard.
- On a trouvé un hôtel pas mal, me dit-il. On y va quand vous voulez.
- C'est bon pour moi, répondit Cam. On peut...
- Mes petits Elus, intervint une voix dans les hauts parleurs, une voix qui nous glaça le sang.
Instantanément, nous étions tous tendus et alertes, prêt à nous battre. La rage prit possession des traits de Cam, qui se laissa envahir à un tel point qu'on ne savait pas s'il allait nous attaquer pour se calmer.
- Je vois que vous adorez rompre les malédictions que je vous offre pourtant si gentiment... ricana Lucifer. Mais bon... Nous avions un deal, Cameron West. Je ne touchais ni à Aria, ni à Daniel ou Laura, mais en échange, je te retirais tes sentiments. Ç'a été vraiment... exaltant, même si j'ai parfois eu du mal à respecter ma partie.
Sa voix se fit plus sombre, diabolique, et il cracha presque ses dernières paroles.
- Tu as rompu notre pacte, Cameron. L'amour gagne toujours, pas vrai ? Mais qu'est-ce que vous allez faire, maintenant, avec un Astre à vos trousses, et une des Elus mortes ? Je ne me retiendrais plus, je vais vous attaquer avec toute ma puissance. Préparez-vous. La guerre est déclarée.