La Prophétie des Surnaturels...

By Desangetdencre

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/!\ Lire le tome 1 avant ! Le résumé lui-même contient des spoils... /!\ Ariana Price et ses amis ont trouvé... More

You're the hope... And you can save the world
Prologue
1. Retour compliqué
2. Reprise... scolaire
3. Disparitions répétées
4. Choix difficiles
5. Départ précipité... ou pas de départ du tout
6. Guérir absolument
7. "On s'en va !"
8. Finalement, l'hiver, c'est mieux
9. Je retire ce que j'ai dit : l'hiver, c'est nul aussi
10. Et la peur continue, toujours présente
11. Je reste là, pour toujours
12. Opération de sauvetage !
13. Les larmes d'un démon qui ne pouvait pas ressentir
14. La prochaine fois, je te tuerais!
15. Ne pas être touchés!
16. La puissance de l'héritage
17. A peine arrivés que déjà repartis
18. La peur de tuer ceux qu'on aime
19. Trouver ce qui est introuvable
20. Etape 1 : réussir à atteindre l'île, et aviser après
21. Léger contretemps
22. Je t'interdis !
23. Négociations
24. Remontée à la surface
25. La vérité sur la disparition des Nymphes
26. Folie d'un démon blessé
27. Trop de responsabilités pour un si petit coeur
28. Première relique trouvée
29. Mission suicide
30. L'île de la mort
31. Un passé refoulé
32. Cas désespéré
34. Conséquence d'une mort qui n'aurait pas dû être
35. Quoi qu'il arrive, ne pas abandonner
36. Ignis, troisième quête
37. Un gardien en colère
38. Plus jamais je ne t'abandonnerais
39. Dernière quête, début de l'enfer
40. Se défaire du passé
41. Le commencement de la fin
42. Capturer les derniers moments de bonheur
43. Le retour aux origines
44. Celui Qui Sait
45. L'Arme Mortelle
46. Des âmes liées
47. Lever une armée
48. Le début d'une longue bataille
49 - Parce qu'Ariana Baker ne pourra jamais vivre sans Daniel Irvine
50. La fin des Elus?
51. Détruire nos ennemis
52. Rivalité de frères
53. Etape une, tuer Lucifer: check
54. Elfmantia? De bons souvenirs!
55. Des Dieux en piteux état
56. Sauveurs de l'Univers
57. La fin de l'Astre Noir
Epilogue

33. Trente-huit heures avant la mort

847 78 58
By Desangetdencre

[Bonjour... C'est inhabituel, mais vous pouvez voir une vidéo en lien. Cette musique m'a beaucoup "aidée" à écrire ce chapitre, alors je me suis dit que j'allais vous la donner aussi. Elle n'est pas assez longue pour faire tout le chapitre, et c'est pourquoi vous pouvez la redémarrer, ou encore en mettre une autre... je me suis faite une cure de musique triste! Ce chapitre est également plus long, et j'ai pris du temps à l'écrire... 

Démarrez la musique au passage en PDV externe, et redémarrez là au besoin. Bonne lecture, et... essayez d'en sortir vivants!]


- Qu'est-ce qu'on va faire ? demanda alors Liam. Si Mélina meurt, il manquera un Elu, non... ?

Mes yeux s'écarquillèrent quand je vis les yeux de Cam se tourner vers lui, noirs de rage. La seconde d'après, il empoignait Liam par le col de son tee-shirt et le soulevait.

- C'est comme ça que tu la vois ? grogna-t-il. C'est le dernier de nos soucis, qu'il manque un Elu, et Mélina ne mourra pas.

Il le fusilla du regard une dernière fois, et le lâcha violemment.

- Il a raison, grimaça Daniel. Mieux vaut ne pas envisager sa mort pour l'instant. Essayons plutôt de trouver comment la sauver.

Je l'observai et sentis la tristesse m'envahir. Trouver comment la sauver ? On parlait d'une malédiction de Lucifer ! Nous ne savions même pas comment la mienne avait été rompue...

Cam se tourna vers moi, le regard sauvage.

- Ton père. C'est sans doute lui qui a contré Lucifer pour que tu viennes le sauver. Demande-lui de nous aider.

Je secouai négativement la tête.

- Ils sont attachés et torturés, tu sais bien qu'ils ne peuvent pas utiliser leur magie, ou alors elle sera bien inférieure à celle de Lucifer, et ne servira donc à rien.

- Tu ne peux pas essayer ? m'implora le démon.

- Je suis désolée, Cam... ça ne servirait à rien... Je le sens, qu'il ne pourra pas.

- Sinon... Tu ne pourrais pas rentrer dans la tête de Mélina ? La ramener ?

- Ce n'est qu'une solution à courte durée, soupira Daniel. Ça ne la sauvera pas.

- Mais on pourrait gagner du temps !

Les deux se tournèrent vers moi, et je me mordis les lèvres. Comment leur annoncer que je ne la sentais plus ? Qu'elle avait totalement disparue de mon esprit, que je ne pouvais plus la joindre ? Sa magie était comme... déjà morte.

Je pris une grande inspiration, fixai le sol.

- Je... ne peux pas. J'ai perdu toutes communications avec elle. Mélina a juste... disparu de mon radar magique.

Il se rassit, désespéré. Puis il se releva, et sortit de la pièce sans un mot.

- Je ne sais pas quoi faire...

Daniel posa une main sur mon épaule.

- Il n'y a rien à faire, pour nous. Seulement être là. Il s'agit du combat de Cam, pas du nôtre.

- Mais on ne va tout de même pas la laisser mourir !

- Soyons réalistes, Ariana, son corps est mort. Si elle est toujours en vie, c'est seulement grâce à sa volonté de rester auprès de nous... de Cam. Il a commencé à éprouver des choses pour elle, bien plus que ce qu'il ne devrait pouvoir, et c'est peut-être ce qui l'a perdu. Mais il n'assumera jamais... l'aimer. Il n'a jamais su ce que c'était, et il est en train de paniquer. Il ne réalisera pas qu'il est amoureux.

- S'il l'est vraiment.

Daniel hocha la tête, soupira. Je m'approchai de la blessée, remis une mèche de cheveux en place.

- Tu ne devrais pas partir, Mélina. (Je lui pris la main, et réalisai avec désespoir que je ne sentais pas plus son esprit, et que son corps était beaucoup trop froid.) Cam a besoin de toi, mais nous aussi. Le monde a besoin de toi. Rappelle-toi nos bons moments, ils t'aideront à revenir, j'en suis sûre ! Ne renonce pas, Mélina. On attend tous ton retour.

Les larmes aux yeux, je me détournai. La vie de son corps inerte et cadavérique m'horripilait. Elle mourrait lentement, nous le voyions tous. Daniel me prit dans ses bras, et me sortit de la pièce, hochant la tête en directement de Liam. Il commença à parler, mais je m'enfouis la tête dans le tee-shirt de mon Ange. Je ne voulais pas entendre.

Nous n'ouvrîmes pas de chambre, nous asseyant dans le couloir, Daniel contre le mur et moi contre lui. Il avait une main dans mes cheveux, à tenter de me réconforter, et l'autre autour de ma taille. Si je souffrais pour Mélina, lui était plus inquiet pour Cam – et ça pouvait paraître normale, il ne connaissait pas tellement la rouquine.

Le médecin ne revint que cinq heures plus tard avec les résultats, accompagné du démon. Il restait moins de trente-trois heures à Mélina, et nous allions enfin avoir les résultats des tests. Nous allions savoir s'ils pouvaient la guérir, faire quelque chose pour elle – à plusieurs reprises, il était venu dans la chambre en nous interdisant d'entrer, souvent avec d'autres spécialistes.

Sa mine déterrée n'annonçait rien de bon. Il regardait ses notes en marchant, soulevait parfois une feuille et la ramenait. Cam, à côté, n'essayait pas de regarder par-dessus son épaule. Le médecin fut surpris de nous voir par terre. Liam, lui, s'était endormi dans une chambre à côté, même si je l'avais entendu sangloter longtemps avant de s'abandonner aux bras de Morphée.

Nous nous redressâmes d'un coup, alertes – enfin, il n'y avait que Daniel et moi, qui tombions de sommeil. Cam ne semblait pas beaucoup mieux.

- Je ne viens pas avec de bonnes nouvelles.

Evidemment. Mes épaules s'affaissèrent, et Daniel me serra encore plus contre lui.

- Les tests n'ont rien donné. Il n'y a rien qui dégrade l'état de votre amie, il n'y a... aucune logique. Rien à traiter, rien à soigner. Je suis désolé de l'annoncer comme ça, mais... elle ne s'en sortira pas.

Les poings de Cam se serrèrent, il baissa la tête, laissant ses cheveux cacher ses yeux. Mais je vis une larme rouler sur sa joue, qui me brisa intérieurement. J'eus envie de me débattre, de tuer le monde qui en voulait à la vie de mon amie et qui allait détruire celle d'un autre. Mais j'étais impuissante, comme le médecin ici, comme tout le monde.

- Malgré les soins que nous lui avons apportés, son état se dégrade à une allure hallucinante. Elle ne passera pas les deux prochains jours. Son corps est juste... en train de la lâcher. Je ne décrirais pas son état, qui est bien trop horrible. Maintenant, il faut juste... que vous lui fassiez vos adieux.

Cam frappa le mur de son poing, mais il ne semblait avoir aucune force. Il prit une inspiration saccadée, et passa à côté de nous pour rentrer dans la chambre de Mélina, les yeux embués de larmes et les iris ternies par la douleur.

Le médecin tenta encore de nous parler, mais mes oreilles sifflaient et sa voix semblait loin. Il finit, après un temps qui ne dura qu'une seconde, par poser une main sur mon épaule.

- Sortez d'ici. Allez prendre l'air, payez-vous un bon petit-déjeuner, et revenez ici. Ça ne presse pas... Et vous devez sortir, vous reposer.

Je jetai un regard en direction de la porte de notre amie.

- Il ne partira pas.

- Non, mais il est déjà sorti un peu. A votre tour, maintenant, et je vous mettrais dehors s'il le faut. Il ne vous servira à rien de ruminer ici. Le temps ne paraîtra que trop long.

Daniel hocha la tête, me prit la main.

- Allons-y, mon Amour. Nous ramènerons de quoi manger à tout le monde.

Il m'entraîna dehors, alors que j'aurais juste voulu me rouler en boule et pleurer, insulter Lucifer pour tout le malheur qu'il nous apportait. Mais je me laissai glisser.

Les choses ne pouvaient que difficilement aller plus mal.

Point de vue externe...

Il y avait, dans un des plus grands hôpitaux de France, un cas particulier. Lorsque la jeune fille était entrée, dans les bras d'un homme qui venait sans doute de perdre tout ce à quoi il tenait, le médecin avait tout de suite senti que quelque chose n'allait pas. Il l'avait observée, examinée sous toutes ses coutures, et vite compris que son cas était désespéré, mais qu'en plus quelque chose clochait. Il n'y avait rien, pas de chocs internes, pas de chocs externes, justes des dommages énormes sur tout son organisme interne.

Il l'avait mis en isolement, fait tous les tests qu'il pouvait faire, sans résultat. Il avait demandé conseil à des spécialistes de tous domaines, sans résultat. Et quand l'homme était sorti en furie, complètement désespéré, il avait tenté de l'arrêter. Sans résultat.

Il avait alors compris que tout était fini, pour la jeune fille comme pour l'homme. Mais il avait attendu cinq heures pour leur dire, patientant pour des résultats qui ne feraient que confirmer ses pensées.

Il s'agissait d'enfants, mais d'enfants qui en avaient beaucoup vu dans leur vie, et cela se voyait dans leurs regards. Ils avaient déjà vu la mort, y avait même survécu, mais ça ne touche jamais autant que quand il s'agit de proches.

A neuf heures, Ariana et Daniel étaient sortis, Cam s'était encore un peu plus brisé. Dix heures, onze heures, midi, jusqu'à dix sept heures, un silence de mort avec régné, malgré l'entrée d'Aria et Daniel, à peine quelques heures après leur départ. Même les hurlements de Cam avaient semblé étouffés par la mort qui avait pris possession du couloir.

A dix-sept heures vingt-deux, alors qu'il ne restait que vingt-quatre heures à la rousse, deux personnes entrèrent dans l'hôpital, essoufflées et dans tous leurs états. Un médecin voulut les renseigner, leur indiqua celui qui s'était occupé de leur amie, et, après qu'on leur ait expliqué le problème, ils allèrent dans l'aile de confinement, où Liam, dans une chambre, n'osait sortir alors qu'il était réveillé depuis au moins une heure, où un démon se préparait à rendre l'âme, et où un couple s'était endormi, dans le couloir, dans une position qui ne paraissait pas confortable – et leurs sourcils froncés le prouvaient, leurs cauchemars étaient sombres.

Lorsque Laura ouvrit la porte, suivie de près par Julian, Aria se réveilla d'un coup et se mit debout, faisant grogner son Ange.

La blonde, les larmes aux yeux, dévisagea sa meilleure amie.

- Aria... J'ai fait aussi vite que j'aie pu...

Et la jeune adolescente se précipita vers elle pour la serrer dans ses bras, sanglotant pour la première fois depuis bien longtemps.

Julian adressa un mouvement de tête à Daniel, qui y répondit vaguement. Liam sortit enfin de sa chambre, salua le démon originel, et s'assit contre le mur. Aria se sépara de sa meilleure amie, une boule au ventre.

- Allons voir ton frère. Je crois qu'il a besoin de ton aide.

Elle grimaça, sachant d'avance qu'elle ne pourrait rien faire pour alléger sa conscience. En entrant, ils découvrirent un Cam sombre aux traits tirés et aux cernes violacées, qui ne releva même pas la tête. Il était silencieux, alors même que le médecin avait dit que parler aiderait Mélina.

- Cameron... Comment... Comment te sens-tu ?

Aria se mordit la lèvre, incertaine de l'effet qu'aurait la question de Laura sur Cam. Il souffrait visiblement, et il ne fallait pas être médium pour le voir.

- Comme si quelqu'un m'enfonçait régulièrement une épée dans le cœur, comme s'il saignait un peu plus à chaque épée. Comme si j'allais mourir.

Et il se redressa, comme pris d'une idée. Il se tourna alors vers Aria, qui secoua négativement la tête.

- Ça ne résoudra rien, Cam.

L'Elue, en cet instant, aurait tellement voulu ne pas avoir pu comprendre de quoi il parlait, ne pas avoir pu comprendre à quel point il avait mal et était désespéré pour sauver Mélina.

- Bien sûr que si. Moi qui meurs, ça romprait la malédiction, et ça sauverait... ça la sauverait.

Il était même incapable de prononcer son nom. Il se sentit faiblir un instant, s'affaissa sur son siège, mais releva les yeux vers Aria.

- Tu peux me tuer. Tu possèdes l'Arme Mortelle, au moins quelques fragments. C'est une arme imprégnée de magie astrale...

- ... qui ne te tuerait pas ! s'énerva Laura. Tu sais bien que tant qu'elle n'est pas complète, elle n'est qu'une vulgaire arme ! Elle n'aura pas d'effet sur toi, Cameron !

Son visage se teinta de colère et d'amertume, tentant de recouvrir la douleur qui le tenaillait.

- Mais j'essaie de trouver des solutions, Laura ! Tu en as une meilleure, peut-être ? A ce rythme-là, elle sera morte dans une journée !

- Et on ne peut rien y faire, souffla sa sœur. Le médecin m'a parlé de son état, Cam. Même s'il arrêtait de se dégrader, il ne pourrait pas revenir à la normale, et tu le sais. Tu es médecin, non ? Tu sais qu'il n'y a plus rien...

- Tais-toi ! hurla le démon.

Il se prit la tête entre les mains, s'agrippa les cheveux à s'en faire mal, et jura contre ses amis, contre les larmes qui roulaient sur ses joues et qu'il était incapable d'arrêter. Il ne savait pas les maîtriser, il n'avait jamais été préparé à ressentir autant de souffrance, d'impuissance et de tristesse en une seule fois.

- Dégagez ! Laissez-moi... tranquille...

Il serra les poings contre son visage, qu'il laissa retomber contre ses genoux en s'abandonnant aux larmes, espérant que ça atténuerait sa douleur, juste une seconde. Il aurait pu mourir, juste pour que ça cesse, mais il espérait toujours. Malgré lui, il pensait toujours qu'elle pouvait revenir, alors qu'il savait pertinemment que son corps était perdu.

- Mélina... Tu ne peux pas me laisser... pas maintenant, pas comme ça... (Un sanglot lui déchira la gorge.) Tu ne peux pas...

Dehors, juste derrière la porte, sa sœur s'était laissée glissée au sol et retenait ses larmes en enfonçant ses ongles dans sa paume, aussi fort qu'elle le pouvait.

- Tu ne peux rien faire ? demanda-t-elle à l'adolescente aux cheveux bleus et noirs.

- Je suis aussi impuissante que toi. Il n'y a que Cam qui puisse la sauver.

Alors elle s'assit à son tour, se serra contre celui qu'elle aimait. Elle ferma les yeux, tentant d'omettre le monde cruel autour d'elle et les pleurs déchirants d'un démon qui ne savait que faire de toutes ses émotions.

Le médecin n'osa pas revenir apporter d'autres mauvaises nouvelles. Il observa une dernière fois sa feuille sur laquelle les anomalies se rajoutaient, puis tourna le dos à la porte de l'espace confinement. Il ne pouvait pas les briser encore plus, pas alors que ces adolescents, qui n'étaient encore que des enfants, se rendaient compte peu à peu qu'il ne restait plus d'espoir.

Ils durent réanimer Mélina, une fois, alors qu'il restait encore dix heures. Rien n'avait bougé, Cam s'était endormi au chevet de la mourante, en lui tenant la main – il n'arrêta pas de pleurer, gémir et hurler à s'en briser la voix, si bien qu'avec son pouvoir de persuasion, Aria l'avait forcée à s'endormir. Elle n'avait pas prévu qu'il s'accrocherait à Mélina et entraînerait sa chute.

Mais elle l'avait rapidement constaté, lorsqu'après une réanimation de justesse, son horloge interne n'affichait plus dix heures mais une. Elle écarquilla les yeux vers Cam, qui avait les yeux rouges et presque vides.

- Je l'ai encore fait plongée, pas vrai ?

Ce n'était même pas une question. Il connaissait déjà la réponse, mais était-il prêt à entendre que le temps s'était réduit de cinq fois ?

- Combien ?

Elle secoua la tête, une larme roula sur sa joue et son cœur se déchira en deux quand elle avisa la mourante, qui ne semblerait qu'endormie si elle n'était pas branchée à tant d'appareils et de perfusion.

- Combien ? répéta le démon, la voix brisée.

Le médecin choisit cet instant pour entrer, obligé d'avertir les adolescents qu'ils avaient moins de temps que prévu.

- Faites-lui vos adieux, déclara-t-il abruptement. Je suis désolé de devoir vous le dire, mais... elle ne passera pas les deux prochaines heures.

Il tenta de leur adresser un sourire compatissant, mais rien ne pouvait préparer à la mort, rien ne pouvait empêcher la tristesse d'être présente. Alors il sortit, décidant de les laisser.

Un éclat de douleur noircit les yeux du démon, et un râle s'échappa de sa gorge.

- Une heure ? demanda-t-il d'une voix blanche.

Aria hocha la tête, laissant toute sa tristesse dévaler ses joues. Ce fut Liam qui s'approcha en premier de Mélina, tandis que Cam regagnait son siège, à son chevet, remontant ses genoux sous son menton.

- Tu ne devrais pas partir, Mélina. Enfin... je ne sais pas si je suis sensé dire ça. Est-ce que je devrais t'accompagner ? J'imagine que c'est ce qu'on est supposé faire... (Il sécha une larme.) Alors... Il faudra qu'on s'en remette, j'imagine. Ça prendra du temps, beaucoup de temps, et sache qu'on ne t'oubliera pas.

Cam laissa s'échapper un sanglot, se recroquevillant un peu plus sur lui-même. Liam, un regard rempli de pitié et de larmes, continua après un bref silence.

- Je... J'ai passé de bons moments avec toi, et j'aurais aimé en passer encore d'autres. Mais... tu peux partir en paix, d'accord ? On s'occupera de sauver le monde, de laisser une possibilité aux vivants de le rester. Je... Tu vas me manquer, Mélina.

Il détourna les yeux, fixa le plafond pour chasser les gouttes salées, mais finit par sortir après un reniflement. Laura s'approcha alors, prit les mains de Mélina.

- C'est comme ça que ça marche, les au-revoir ? Accepter le départ d'une personne qu'on aime ? Je suis désolée, mais je... je n'en suis pas capable. Ne pars pas, Mélina. Tout le monde en sera si blessé... Pas seulement Cam, nous tous. Nous tenons à toi ! Nous tenons à toi. Tu n'as pas le droit de partir. Pas le droit de laisser ta présence être comblée par le vide et la mort. N'abandonne pas, jamais, même si tu es déjà loin, fait demi-tour. Fais demi-tour ! Nous t'attendrons.

Le souffle de Cam se fit encore plus court, et sa sœur se précipita pour le prendre dans ses bras. Il releva son visage, une seconde, plein de larmes, et ses bras s'écartèrent d'eux-mêmes tandis que sa sœur le serrait contre elle, en lui chuchotant des choses qu'Aria n'avait pas envie d'écouter. Daniel posa alors une main sur l'épaule de celle qu'il aimait.

- Je vais t'attendre dehors. Je n'ai rien... Rien à dire, rien à faire là. Ce n'est pas sa mort qui me rend si triste, mais ta propre tristesse et celle de Cam. Je n'ai pas le droit de me tenir dans cette pièce avec vous.

Elle n'essaya pas de le retenir, ni même Julian qui sortit. Pas parce qu'elle pensait qu'il avait raison, elle se sentait juste trop vide pour réagir, comme si le monde entier s'était arrêté juste pour attendre la mort de son amie.

Laura s'écarta de son frère, lança un coup d'œil désespéré à Aria, mais celle-ci ne le lui rendit rien. Elle ne pouvait rien faire, et voir l'espoir dans tous ces regards la détruisait. Elle ne pouvait rien faire ! Alors elle retint ses larmes en voyant celle du démon, s'avança encore mais ne saisit pas la main de Mélina.

- Tu sais... Je ne dirais pas que c'est de ma faute si tu es dans cet état, mais... j'imagine que c'est la fin de ma malédiction qui a entraîné la tienne. Si j'étais morte comme toutes les autres fois, tu n'en serais pas là, hein ? Evidemment, si on cherche vraiment le fautif... Lucifer est bien placé, j'imagine.

Elle détourna le regard, c'était plus fort qu'elle. Pas qu'elle se sente réellement coupable, mais elle aurait voulu être capable de l'aider, de faire quelque chose plutôt que de la laisser mourir. Elle se mordit la lèvre.

- Ne renonce pas, Mélina. On s'est toujours sorti de situations difficiles, non ? Laura l'a dit, nous t'attendrons le temps qu'il faudra, même si ça prend des siècles. Alors courage ! Tu ne dois rien lâcher, bats-toi, même si tu ne t'en sens plus capable, même si la mort est déjà là, au bout du chemin. Tu dois continuer ta route avec nous.

Elle l'observa une dernière fois, un sourire léger aux lèvres, qui fut vite remplacé par une mimique inquiète.

- Mais... je ne t'en voudrais pas si la maladie est trop forte, si la mort est trop proche et t'as déjà rattrapée. On n'y peut pas grand-chose, hein ? Tu es enfoncée si profondément, ton corps est si brisé... Quand la douleur est trop forte, il faut peut-être lâcher...

- Non, Aria, souffla Cam.

Il secouait la tête, toujours sur ses genoux, il sanglotait.

- Ne dis pas des choses pareilles. Il y a toujours de l'espoir.

Le regard de l'Elue se remplit de pitié et de tristesse, des larmes se formant dans les coins.

- Je ne peux pas la forcer, Cam. Je suis désolée.

Il ne répondit pas, mais tout son corps lui hurlait de continuer à s'acharner pour sa vie, tout son être était tendue pour elle.

Ariana quitta la salle, sans un mot, alors qu'il restait encore plus de trente minutes à son amie. Mais rester dans cette pièce... ça allait la tuer intérieurement. La douleur de Mélina, elle ne la sentait plus – et c'était peut-être pire – mais celle de Cam... elle n'y avait jamais été préparé, alors quand elle pensait à ce qu'il ressentait, c'était trop. Trop pour lui, trop pour elle.

- Je suis désolée, répéta-t-elle à peine sortie, les lèvres mordues pour ne pas pleurer, pour ne pas laisser les larmes qui coulaient déjà continuer leur route.

Cam ne parla pas, ne pleura pas, ne bougea plus, pendant plus de vingt minutes. Laura s'inquiéta, d'une façon de plus en plus prononcée, mais ne rentra pas dans la pièce. Ils étaient tous recroquevillés dans le couloir, sur des fauteuils rouges qu'ils n'avaient pas osé toucher avant, Aria effondrée contre un Daniel qui ne paraissait pas mieux, Liam et Laura à côté, avec Julian qui observait la jeune fille avec inquiétude.

- Pourquoi ne dit-il pas quelque chose ? demanda Laura pour la dixième fois. Pourquoi... pourquoi est-ce qu'il est aussi silencieux ?

- Chacun sa façon de dire au revoir, souffla Daniel.

- Il ne dit pas au revoir, contra Aria avec une voix brisée. Il ne parle pas, tout simplement parce que s'il le fait, il acceptera qu'elle renonce, et que lui le fasse aussi. Et il ne peut pas s'imaginer accepter qu'elle meure.

- Mais il lui reste à peine dix minutes !

Laura frapper le siège, sanglotant.

- Il doit abandonner. Il doit...

Mais il commença à parler. Personne n'entendit ce qu'il disait, mais tout le monde le sut, tout le monde se tendit. C'était fini, pour elle comme pour lui.

Cameron s'était levé et approché du lit. Il frôla son visage de ses longs doigts, remit une mèche de cheveux en place, qui n'en avait pas besoin.

- Je t'interdis de partir, Mélina. Je t'interdis d'écouter ce que les autres ont dit, ce ne sont que des abrutis, tous.

Il sentit une nouvelle larme perler, mais, comme pour toutes les autres, ne prit pas la peine de l'essuyer. Il n'en pouvait plus de tout ça, tout ce que son cœur et son esprit ressentaient. Ses mains se refermèrent sur son propre visage qui se laissa envahir par les sanglots.

- Tu devais rester avec moi, gémit-il. Tu devais rester, tu me l'as promis, et même si tu ne l'avais pas fait, tu aurais dû rester. Tu dois continuer de vivre, ce n'était pas assez long ! Seize ans, ce n'est pas suffisant. Tu dois grandir, découvrir le monde, rencontrer l'homme de ta vie et avoir au moins cinq enfants.

Il se sentit faiblir, tenta de se déchirer les lèvres pour faire partir la douleur, mais rien n'y faisait.

- J'ai si mal ! Si mal. Cet homme, celui qui aurait passé le reste de sa vie avec toi, ça aurait été moi. J'aurais aimé que ce soit moi, que tu me choisisses encore et encore, que tu souries en me voyant... Je voulais te rendre heureux.

Il frappa le matelas, s'effondra dans un gros boum qui résonna dans tous l'hôpital. Dehors, Aria retint sa meilleure amie de rentrer. La fin approchait, mais ce n'était pas à eux d'être là à ce moment-là.

- Au lieu de ça, je suis en train de t'amener à ta mort, avec des siècles d'avance ! Putain, je suis prêt à donner ma vie contre la tienne, alors pourquoi ne reviens-tu pas ? Qu'est-ce que je dois faire ? hurla-t-il.

Son poing se serra.

- Chaque moment passé ensemble était précieux. Même nos galères, et il y en eu beaucoup, même les pleurs et les coups durs, et surtout tous ces moments magiques. C'est pour eux que tu ne peux pas partir. Tu n'as pas le droit ! Bats-toi...

Il n'osa pas regarder l'horloge, mais s'il l'avait fait, il aurait vu l'aiguille passer sur le vingt-et-un, et celle des secondes qui ne ralentissait pas, avançant toujours plus vers l'échéance.

Moins d'une minute.

- La douleur, je n'y étais pas préparé, sanglota-t-il, parce que je n'étais pas préparé à ta perte. Ça ne devait pas arriver ! La douleur, la douleur... C'est ça, être humain ? Aimer et perdre ? Ça n'a aucun sens, aucun, de perdre ceux qui nous sont chères ! Reste encore un peu, je trouverais le moyen de te ramener ! Je t'en supplie, ne me laisse pas... Je ne pourrais pas vivre sans toi, Mélina. Je ne...

Ses yeux s'écarquillèrent et ses yeux déjà pleins de larmes se firent inonder de nouveau. L'électrocardiogramme, il devait être cassé. Le trait était droit, régulier, le bruit infini et perçant. Son cœur avait lâché, les médecins ne tarderaient pas. Sauf qu'ils n'arriveraient pas à la réanimer, cette fois.

- Non ! protesta Cam. Non, non, non ! Tu ne peux pas partir, Mélina. Tu ne peux pas !

Ses cris et ses larmes redoublèrent tandis que la machine continuait de hurler la mort de celle qu'il...

- Je t'aime, putain ! Je suis tombé amoureux de toi, Mélina, alors tu ne peux pas partir ! Tu ne peux pas... J'aime tout chez toi, tes sourires et tes larmes, tes joies et tes pleurs. Je ne fuirais plus mes sentiments, je ne te laisserais plus jamais tomber, et même si tu le fais, je serais là pour te tendre la main et t'attraper. Depuis le début, je savais que j'allais tomber amoureux, et ça m'a fait peur, mais... nous pourrons partir, loin, très loin, n'importe où, mais reste avec moi...

Les médecins rentrèrent à cet instant, en panique, et le démon s'effondra au sol, se fit écarter en une seconde. Ses oreilles sifflaient, ses yeux étaient ouverts et écarquillés, il ne savait pas comment réagir, comment faire pour que sa douleur cesse.

- Mélina, je t'aime...

Il aurait voulu que ça ne sonne pas comme un adieu. Mais quand il releva la tête, quand un médecin l'appela et qu'il se rendit compte qu'il n'y avait plus un bruit, plus un mouvement de tous ces médecins autour du lit, il sut que tout était perdu.

Mélina l'avait quitté.


[Oh là là, je suis désolée, tellement désolée, j'en pleure encore bon sang! Ne m'en voulez pas trop >_<]

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