Tom vient de rentrer chez lui, là où Bill, Gustav et Georg l'attendent dans leur mini studio.
- Les mecs, je suis là, dit-il en jetant ses clés sur la commode d'entrée.
Il s'étale sur le canapé en attendant que l'un d'entre eux arrive avant de poser une jambe sur la table basse. Sa main, elle, lui sert de repose tête en étant placée sur sa joue et la fin de son front.
- Tom. On arrivera jamais à rien à cause de toi.
- Est-ce que tu sais dire bonjour ?
- Et toi tu sais respecter les gens ?
Tom sort une cigarette de son paquet et l'allume, il tire plusieurs lattes pendant que son frère lui donne des leçons de morale, chose qui l'ennuie fortement.
- C'est ma vie Bill. Je me fiche royalement de ce qui est bon ou pas. Tu n'avais pas compris ça ?
- Excuses-moi de m'en faire pour mon frère. Je ne savais pas que c'était interdit.
- Ton frère c'est ça.
Bill resserre discrètement son poing en se retenant de lui dire des mots blessants. L'attitude de son frère l'agaçait au plus haut point. Il y a deux mois de ça, Hazel était partie loin de tous. C'était une fille que chacun d'entre eux appréciait. Elle était devenue très proche de Bill, qui la considérait comme la sœur qu'il n'avait jamais eu. Son décès le fait tout aussi mal que Tom, malgré les erreurs qu'elle a pu faire, encore une fois. Bill regarde son frère fumer, la tête vers le haut. Il prend sur lui et vient s'asseoir à son tour en le regardant, pendant que ce dernier ne lui porte pas attention.
- T'as un doute sur ça ? Bien sûr que je le suis. Et je serai toujours là pour toi.
- Ah ouais; dis Tom en regardant Bill cette fois; et quand tu savais ce qu'elle a fait tu étais où ? Tu m'as averti de toutes ces conneries qu'elle prenait, de ce connard qui la harcelait et de tout le reste?, dit-il en s'emportant.
- Tom, j'allais t'en parler mais j...
- Mais tu ne l'as pas fait ; dit-il en le coupant d'un ton sec.
Il réalise qu'il était en train de rejeter la faute sur son frère, ce qui le calme instantanément. Après tout, Bill était le seul à vraiment ressentir ses émotions, sans doute expliqué par ce lien gémellaire qui les unit.
- Écoutes, je m'en fiche c'est du passé tout ça. J'ai juste besoin de temps. Laisse-moi faire ce que j'ai à faire. Après tout ce n'est pas toi...
Et il ne finit pas sa phrase. Tom ne s'était jamais exprimé depuis l'accident, sur ce qu'il ressentait, comment il le prenait. Il refusait d'aller voir un psychologue en disant qu'il n'est pas fou, qu'il n'en a pas besoin et qu'il s'en sortira tout seul avec le temps. Bill tentait tant bien que mal de faire parler son frère à chaque fois qu'il en avait l'occasion.
- Ce n'est pas moi qui quoi... Tom? Dis-moi.
Il termine sa cigarette avant de l'écraser fortement dans le cendrier. Il pose sa jambe au sol pour la dégourdir et se retrouve donc assis en faisant face à la table devant lui, son regard fuyant celui de Bill. Sa voix était basse et son frère peinait à l'entendre.
- C'est pas toi qui l'a tuée Bill... Tu peux pas me comprendre.
- Tom... Tu ne l'as pas tuée. C'était un accident. Regardes moi.
Chose que Tom refuse de faire. À la place, il sent un nœud désagréable qui prend place au niveau de sa gorge. Son cœur se met à battre de plus en plus fort, et c'est finalement en regardant son frère qu'une fine larme se met à couler. Ses yeux étaient rougis par sa tristesse, son regard était vide de toute expression. Il détestait pleurer, et à peine les larmes glissaient sur ses joues, il les essuyait d'un revers de la main.
- Elle est morte à cause de moi. Je ne me le pardonnerai jamais.
C'est une situation tellement délicate que Bill ne savait pas comment réconforter Tom. Son cœur se brise en mille morceaux à l'entente de ces mots. Tom n'est pas un homme très ouvert quand il s'agit d'exprimer ce qu'il ressent, et le fait que Bill assiste à la plus grande tristesse dans laquelle sa moitié se noyait, il se brise encore plus. D'un geste tendre, il vient prendre son jumeau dans ses bras. Tom hésite un peu avant de répondre à ce geste et ils s'enlacent en ressentant chacun la douleur de l'autre. Bill sait très bien que cette étreinte n'allait pas arranger les choses, mais il s'assure de faire comprendre à son frère qu'il sera toujours là pour lui, quoi qu'il arrive. Et s'il devait souffrir avec lui, alors c'est ce qui arrivera. Il serre une dernière fois Tom dans ses bras avant de difficilement reprendre. Bill est quelqu'un de très sensible, et c'est donc les yeux embués de larmes qu'il regarde son frère.
- Ce n'est pas de ta faute Tom, dit-il pendant qu'une perle s'échappe finalement de chacun de ses yeux. Je sais que tu dois penser le contraire, que tu n'aurais pas dû emprunter cette route en roulant à cette allure là mais...
Bill s'arrête de parler. Il était en train de s'enfoncer, ce qu'il disait ne faisait que remuer le couteau dans la plaie.
- Elle est partie, mais tu n'es pas obligé de l'oublier, ni elle, ni votre histoire. C'était son destin. Si tu es toujours en vie, c'est qu'il y a une raison. Alors vis pour elle, ne te laisse pas tomber si bas. T'amuser comme tu le fais ne t'aidera pas. S'il te plaît... Arrêtes ce que tu fais, ça me tue de te voir te dégrader comme ça. Et cette drogue que tu voulais reprendre la semaine dernière, et ce mec que tu as tabassé dehors... non Tom... Tu.
- Bill, je t'ai dit que tu ne comprenais pas. C'est peut-être bizarre de te dire ça mais, si je fait tout ça, et aussi souvent, c'est parce que c'est vraiment le seul moment où je ne pense à rien. Tu veux que j'arrête d'y penser... à elle, à l'accident... Hein ? Alors laisses moi gérer comme je veux s'il te plaît.
Tom regarde son frère une dernière fois avant de se lever d'un coup, ne laissant pas le temps à Bill de répondre. Il monte rapidement dans sa chambre, et une fois la porte fermée, il part s'allonger sur son lit bien trop vide à son goût, ses yeux fixant le plafond. Ses mains sont posées sur son torse et il tapote de tous ses doigts l'un après l'autre sur ce dernier. Il s'ennuyait. Il y pensait sans cesse... Il était submergé de questions.
Il se lève finalement avant d'aller chercher sa guitare, posée près de la fenêtre. En se rasseyant, ses doigts commencent à gratter les premières notes de leur chanson, ''Rette mich''. La musique était le seul échappatoire pour lui, mais également le seul moyen d'exprimer clairement ce qu'il pensait. Il ferme les yeux afin de ressentir tous les sentiments possibles en chantant les paroles dans sa tête. Ces dernières étaient exactement ce qu'il éprouve en ce moment. Il veut être sauvé de cette noirceur qui prend place dans son cœur, il cherche à s'en sortir, il veut revenir deux mois en arrière et changer le passé. Il aurait tellement voulu éviter de rouler à pleine vitesse sur cette maudite route qu'il détestait prendre à présent. Si seulement... Si seulement.
Sa tête bouge au rythme de la musique pendant qu'une larme non désirée coule le long de sa joue. Rongé par les remords, il ne s'attarde pas sur la chanson. Il expire fortement avant de reposer délicatement sa guitare au sol, sur son support. Les garçons pouvaient entendre Tom jouer de là où ils se trouvaient, et les trois se sont compris en un regard. Cette situation les attristent tous et ils voulaient tout faire pour retrouver le Tom qu'ils connaissaient, celui qui raconte des blagues à tout va, qui possède un grand amour-propre sans s'en cacher, celui qui prend soin de tous, et la liste n'en finit pas... Mais c'était ce Tom là qu'ils voulaient revoir. Ils attendent ce jour avec tellement d'impatience qu'ils le laissent vivre sa peine comme bon lui semble.
D'un pas furtif, Tom se lève et redescend au salon. Il passe rapidement reprendre ses clés et sort de chez lui en se dirigeant vers sa voiture. Il voulait s'éloigner de cet endroit où l'ombre d'Hazel le suivait partout. Sa chambre lui rappelait constamment qu'elle était présente ici, il n'y a pas si longtemps que ça. Ses vêtements étaient encore accrochés dans son armoire. Il sentait son odeur à chaque recoin de sa chambre, mais aussi sur le lit qu'ils partageaient quand ils se retrouvaient et il ne pouvait plus rien supporter. Il se répète sans cesse qu'il l'a tuée et cette pensée le brise un peu plus à chaque fois.
Une fois dans sa voiture, il démarre et se laisse guider par ses roues, sans même savoir quand il s'arrêtera.
Une heure plus tard.
Tom avait roulé pendant de longues minutes avant d'arriver à destination. C'était son endroit secret, là où personne ne pouvait le suivre ni même le rejoindre. Il s'installe sur cette grande parcelle blanche, là où il peut profiter de cette vue à en couper le souffle. Il sort encore une fois une cigarette de son paquet, comme pour se calmer intérieurement.
POV Tom.
Me revoilà ici, assis sans rien faire. À réfléchir. Mais à quoi dois-je réfléchir au juste ? Je suis tellement fatigué, je n'arrive plus à dormir et j'en ai marre de me donner aussi souvent pour quelqu'un que je ne reverrai plus jamais. J'en ai marre de cogner le premier mec qui me fait chier. J'en ai marre d'avoir envie de cette putain de poudre blanche. Je ne sais pas ce qui me retiens d'ailleurs. Peut-être bien que je pense à Bill. Ça m'embête de lui faire vivre ma peine comme ça mais je n'y peut rien. Hazel me manque. Sa bonne humeur, sa fainéantise, son sublime regard vert dans lequel j'adorais me noyer, ses lèvres pulpeuses que j'adorais embrasser. Chaque soir je regarde ce ciel sombre dans lequel je peine à la trouver. Ne dit-on pas que lorsqu'un être s'éteint, sa bonne étoile vient éclairer ceux qu'il aime ? Alors pourquoi elle ne se montre pas... Elle m'en veut c'est ça ? Je lui ai volé sa vie, alors qu'elle était trop jeune pour mourir. Je ne mérite même pas d'exister.
Son absence me détruit. Je ne pensais pas que je l'aimais autant, mais depuis que... Depuis qu'elle n'est plus là, je réalise que malgré tout je l'aimais. Je l'aime toujours, d'ailleurs. On ne s'en rend jamais compte au moment présent, mais une fois qu'une personne n'est plus autour de nous, c'est là qu'on se dit qu'il est trop tard, et ça fait vraiment très mal. Je ne lui ai jamais dit clairement ces deux mots, simples mais forts. J'ai toujours pensé qu'elle le savait. Elle doit me détester de là où elle est. Mais je suis comme ça, je n'arrive pas à m'exprimer tendrement, tout est dans mes gestes, les mots ne sortent pas mais j'aurai vraiment du le faire...
Fin POV Tom.
Il reste assis pendant deux longues heures à ne rien faire. Il se contentait juste de regarder devant lui. Parfois, il contempla quelques photos de sa regrettée Hazel sur son mobile, en se remémorant chaque moment où une photo d'elle a été prise. Cela le fit regretter encore plus et il s'arrête d'un coup car il se faisait mal à lui-même. Il se lève enfin avant de reprendre le volant de sa voiture, en sachant très bien où il allait aller cette fois.
Quelques temps après, il se gare sur le parking du ''Motel 6'' et reste à l'intérieur du véhicule. Il reste allongé sur son siège et ferme parfois les yeux sans pour autant s'endormir. Il observe chaque personne pénétrer l'établissement. Parfois accompagné de musique dans sa radio, il montre son impatience en tapotant ses doigts sur le volant.
Le soleil commence à se coucher. Il n'en peut plus d'attendre et se demande pourquoi il était là à essayer de séduire une femme qui n'en a visiblement rien à faire de lui. Ce qu'il faisait, lui-même ne le comprenait pas. Mais il se devait de le faire, même s'il ne savait pas pourquoi.
Vingt heures passées, il se donne encore quinze minutes avant de partir définitivement. C'était peine perdue, il pense qu'elle ne reviendra pas. À sa grande surprise, une jeune brune fine et élancée de par ses séduisants talons traverse le parking. Il tente à ce moment-là de capter son attention en lançant plusieurs appels de phares.
Defne, éblouie, pose une main devant ses yeux et cherche d'où vient ce signal lumineux. Une fois la source trouvée, elle aperçoit la silhouette d'un brun barbu au volant de sa voiture, qui lui fait signe de venir vers lui. Elle se stoppe en faisant non de la tête. Tom sort la sienne par la fenêtre et l'interpelle en parlant légèrement fort, afin qu'elle puisse l'entendre.
- Bonsoir, c'est moi, on s'est croisés ce matin.
Defne était très intriguée par sa présence, c'est alors qu'elle se déplace de manière hésitante vers lui.
- Bonsoir. Tu fais quoi ici ?
- Je t'attendais.
- Et pourquoi ça ?
- Je ne sais pas, j'avais envie de te voir.
- Pour te foutre de moi encore une fois ?
- Non... Non je n'ai pas attendu pour ça.
- Alors... ?
Tom ne savait pas quoi répondre. Il devait trouver n'importe quelle excuse afin de rester avec elle. D'ailleurs, si elle a accepté de venir vers lui, c'est qu'elle n'a pas vraiment l'air de le repousser.
- Je suis venu m'excuser..., invente Tom.
- Et bien c'est gentil de ta part. Tu peux repartir le cœur léger maintenant. Bonne soirée.
Defne est une femme qui a beaucoup de caractère, sans en oublier sa fierté, et une fois qu'on ne la traitait pas comme il se doit, il était hors de question pour elle de revenir en arrière. Puis elle trouvait tellement impoli de la part du brun de rester dans sa voiture pendant qu'il lui parlait. C'est ainsi qu'elle tourne les dos à Tom en continuant son chemin. Ce dernier sort instantanément de la voiture et précipite ses pas pour arriver à ses côtés. Elle s'arrête d'un coup, le forçant à se stopper à son tour.
- Qu'est-ce que tu veux à la fin ?!
- Je te l'ai dit, je voulais m'excuser.
- Chose que tu as faite, laisses-moi tranquille maintenant.
- Non, je... Je voulais qu'on aille boire un verre ensemble.
Defne détestait ce genre de garçons. Les pots de colle, les mecs trop avenants et surtout très sûrs d'eux. Cela l'agaçait fortement. Elle regarde Tom sans lui donner réponse. Il plante son regard noisette dans les yeux de la jeune brune, qui a les yeux de la même couleur. Puis, il regarde son visage, qui a de jolis traits fins. Elle a un grain de beauté plutôt voyant sur sa joue droite, ce qui la rendait encore plus attrayante qu'elle ne l'était déjà. Enfin, il s'attarde sur ses lèvres magnifiquement pulpeuses, qu'il avait fortement envie de goûter. Très vite, il reprend ses esprits et la regarde à nouveau dans les yeux, en voyant qu'elle aussi était perturbée par l'observation que Tom avait sur elle.
- Allez, ça n'engage rien. Et comme ça j'arrêterai de t'embêter, promis.
Proposition très alléchante pour Defne. Elle ouvre la bouche en espérant dire non, mais Tom avait décidé de pencher sa tête de côté à cet instant en haussant les épaules, un sourire aux lèvres. Ahh... Il était tellement séduisant. Elle ne répond toujours pas mais un sourire naquit timidement sur ses lèvres.
- La dernière fois je n'étais pas dans mon état normal, ni ce matin. Je t'assure. Je suis plutôt sympa en vrai, se justifie Tom.
- Bon... Si tu promets de me laisser tranquille après, alors j'accepte. Laisses moi juste le temps d'aller me changer, j'ai les pieds en feu avec ces talons, lui dit-elle en montrant une de ses chaussures.
- Tu vois quand tu veux, dit-il, un léger sourire aux lèvres. D'accord, je t'attends dans la voiture.
Elle acquiesce de la tête en mettant une main dans la poche de son manteau, l'autre tenait son sac. Elle se précipite à sa chambre après avoir pris les clés à l'accueil, se change en enfilant un jean noir légèrement déchiré de part et d'autre de ses jambes, un pull court et chaud de couleur blanche, des baskets de la même couleur, et se couvre d'une veste en cuir et d'un bonnet. Rien de bien séduisant. Elle allait sortir avec Tom Kaulitz, mais n'avait pas envie de s'apprêter.
Une fois redescendue, elle s'approche de la voiture. Tom l'attendait toujours. Il la trouve tellement différente de toutes ces femmes qu'il côtoyait.. Elle a son propre caractère et est vraiment très charmante. Defne est une femme naturelle et sans artifices, et le fait qu'elle était habillée de la sorte lui plait un peu plus. Il descend de la voiture pour faire ce geste galant que font les hommes. Il lui ouvre sa portière, elle lui sourit en guise de remerciement et monte à l'intérieur du véhicule.
Une fois remonté lui aussi, il boucle sa ceinture, et c'est amusé qu'il la regarde.
- Bonsoir, je m'appelle Tom.
- Bonsoir, moi c'est Defne.
Cette dernière était amusée par cette fausse première rencontre, ce qui la fait sourire de manière légèrement ridicule. Tom, quant à lui, venait enfin de mettre un nom à ce joli visage qu'il appréciait regarder depuis la première fois. Defne.