Le Premier Jour De Ma Vie

By JenHeavennm

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Blaise est une jeune femme de vingt-six ans. Travaillant dans l'entreprise des amis de ses parents, elle n'ac... More

Prologue
Un - Blaise
Deux - Asher
Trois - Blaise
Quatre - Asher
Cinq - Blaise
Six - Asher
Sept - Blaise
Huit - Asher
Neuf - Blaise
Dix - Asher
Onze - Blaise
Douze - Asher
Treize - Blaise & Asher
Quatorze - Blaise
Quinze - Asher
Seize - Blaise
Dix-sept - Asher
Dix-huit - Blaise
Dix-neuf - Asher
Vingt - Blaise
Vingt-et-un - Asher
Vingt-deux - Blaise
Vingt-trois - Asher & Blaise
Vingt-quatre - Blaise
Vingt-cinq - Asher
Vingt-six - Blaise
Vingt-huit - Blaise
Vingt-neuf - Asher & Blaise
Épilogue
Bonus

Vingt-sept - Asher

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By JenHeavennm

Une vulgaire breloque

Cinq heures plus tôt - New-York

- Je vais y aller Finn, j'annonce à mon collègue qui termine tout juste de peindre un pend de mur.

Oui, de la peinture. Comme si racheter des meubles et du matériel n'était pas suffisant, Finn a pensé que repeindre les murs serait une bonne idée pour fidéliser la clientèle. Je ne vois toujours pas le rapport mais bon...

- Oh monsieur va retrouver sa princesse, il agite son pinceau et s'amuse à sautiller, comme une fée.

- Très drôle, je marmonne et enlève la dernière tâche sur mon front.

- Vous allez faire quoi ?

- J'aimerais l'inviter à déjeuner ce midi.

Ouais, c'est bizarre venant de moi. Ce courage soudain. Mais j'ai vraiment envie de faire les choses bien et je voudrais commencer par l'amener se balader avec moi dans un parc ou un truc comme ça. Notre rendez-vous de samedi approche déjà et je ne sais toujours pas où l'amener. Dans un grand restaurant, un pique-nique ou un simple bar ? Je n'ai aucune idée et j'aimerais profiter d'aujourd'hui pour tâter le terrain.

- Bon appétit alors, il me crie lorsque je passe la porte d'entrée.

Dehors, les gens s'agitent, les hommes dans leurs costumes parfais me bousculent, pressés comme habituellement. Des femmes protestent contre une réforme dont je n'arrive pas à lire le nom sur leurs écriteaux, des chanteurs installés sur le trottoir amènent un peu de musique dans notre ville.

Il y a de ça plusieurs années, je ne m'imaginais pas venir vivre à New-York. Pourtant retourner dans mon pays d'origine m'est impensable aujourd'hui.

Il est onze heures trente lorsque j'arrive devant le bâtiment de Blaise. Là aussi, de nombreuses personnes se bousculent, entrent et sortent, habillées de leurs tailleurs et de leurs belles chemises blanches. Je fais tâche devant leur grande classe, avec ma veste en cuir et mon simple pantalon noir. C'est sûrement pour ça qu'ils me regardent si bizarrement.

- Désolé ! S'exclame une voix masculine à l'instant même où je me fais percuter par une épaule.

- Pas grave, je soupire et pose ma main sur le haut de mon dos.

Un simple accrochage et une douleur apparaît. Des fois j'ai vraiment l'impression d'être faible.

L'homme aux cheveux légèrement bouclés à mes côtés s'excusent à nouveau avant de me quitter pour se précipiter dans l'entrée de l'immeuble. J'ignore qui il peut bien être mais vu sa veste en jean, il ne fait pas partie de cette entreprise.

Mon téléphone à la main, je me décide enfin à composer le numéro de ma belle rousse et le porte à mon oreille. Son répondeur retentit dans mon oreille et je ferme les yeux. Moi qui croyait qu'elle serait déjà en pause, je me suis trompé.

Dix minutes plus tard, je tente une nouvelle fois et lui envoie un message.

Envoyé aujourd'hui à 11h43 : Ça te dirait un déjeuner ce midi ?

Mais toujours aucune réponse. Appuyé contre une voiture qui stationne devant son travail, je range mes mains dans mes poches. J'ai l'espoir de la voir sortir rapidement, même si la connaissant elle voudra certainement travailler sans s'arrêter.

Pourtant, cinq minutes plus tard, elle sort enfin du bâtiment, son sac à l'épaule, accompagnée du bouclé de tout à l'heure. Les deux marchent côte à côte, les mains dans leurs vestes respectives, le loin du trottoir. Pas une seule fois j'aperçois les yeux de Blaise qui restent rivés sur le sol.

Reçu aujourd'hui à 12h50: Désolée, trop de boulot mais demain si tu veux !

Je ne devrais pas avoir le cœur qui bat à cette vitesse, l'envie de tout casser, l'estomac qui me torture. Mais la colère que j'éprouve en ce moment même est trop forte pour que je reste là, à les observer s'éloigner.

Une fois de plus, je finis par rentrer chez moi, le cœur piétiné.

*

Ma vie est vraiment pourrie. Chaque fois que je m'intéresse à une fille, il faut qu'elle me le fasse à l'envers. Franchement, je pense pas être un mauvais garçon. Alors pourquoi j'arrive pas à me trouver une fille honnête ?

Ça doit faire au moins trois heures que je suis devant cette télévision, à regarder des films barbants de noël. L'amour par ci, l'amour par là. Qu'est-ce qu'ils cherchent à faire croire aux enfants ? On vit pas dans un monde parfait, dans un monde de bisounours où tout finit bien et les deux protagonistes finissent mariés et avec deux enfants, comme une petite famille parfaite.

C'est pas ça la vie.

La vie c'est se faire larguer, se faire tromper, perdre sa maison, son boulot. Quelque fois aussi c'est bien. Pauvres enfants qui sont complètement amenés dans un monde qui n'existe pas.

Contrairement aux personnages de ce film à deux balles, je me retrouve seul, allongé sur le canapé, une bouteille de vin sur la table basse.

Heureusement que l'alcool existe.

Je ne sais pas combien j'en ai bu mais disons que l'envie de retourner au boulot de Blaise pour assassiner ce type est moins présente.

- Putain, je grogne et attrape mon téléphone qui ne cesse de sonner.

Tient, si c'est pas drôle ça. La rousse m'appelle maintenant.

Vas te faire voir. Allez toutes vous faire voir.

Une deuxième fois, mon téléphone sonne et le visage de mon meilleur ami apparaît. L'envie me prend de l'envoyer chier mais je ne peux pas. Il ne m'a rien fait de mal, il est toujours là pour moi, même quand je le fais chier avec mes histoires de merde.

- Ouais, je décroche et soupire.

- Putain tu nous as fait peur mec.

Nous ?

- Nous ? Et pourquoi t'as eu peur d'abord ?

- Oui, nous. Blaise est avec moi au cabinet là.

Oh super bien sûr il fallait qu'elle soit avec lui. Elle va tous se les faire ou quoi ?

- Putain, je jure et me redresse. Désolé je dois y aller.

- Hein ? Mais Asher !

Sans perdre plus de temps, je raccroche et jette mon mobile sur le fauteuil à côté de moi. J'en ai plus qu'assez. Assez qu'on se moque de moi, qu'on joue avec ce que je ressens.

Si seulement Blaise ne m'avait pas menti peut-être qu'on en serait pas là. Et je vois les gens venir, on ne peut pas dire que je n'ai pas raison d'agir comme je le fais. Elle m'a menti pour aller déjeuner avec ce mec aux cheveux noirs. Pourquoi elle aurait fait ça si c'était juste un ami ?

- Mais c'est pas possible, je marmonne et me lève de mon siège.

Les gens ont tous les jours pour venir me voir et il faut que ça soit maintenant, quand je suis en déprime et que je me suis enfilé presque la moitié d'une bouteille de vin.

- Quoi ? Je grogne quand j'ouvre la pièce et la personne derrière celle-ci me donne plus envie de tout envoyer balader. Qu'est-ce que tu fais là ?

- Salut, Savannah me sourit faiblement et je passe mes mains sur mon visage. Je te dérange ?

- Oui, je réponds franchement et elle hausse un sourcil.

- Tu es en jogging t-shirt, une haleine qui pue le vin et les cheveux décoiffés. Donc à moins que tu fasses une pyjama party, la seule raison ça serait que tu te consoles, elle rétorque et ses cheveux blonds valsent dans le vide.

- Je vais pas répéter ma question Savannah.

- J'ai dû laisser des affaires dans la salle de bain et j'aimerais les récupérer si c'est possible, la blonde ramène son sac à main sur son épaule.

Las, j'ouvre la porte et la laisse entrer dans l'appartement désordonné. Son regard passe dans tous les recoins et l'air de son visage me montre qu'elle n'est pas contente de ce qu'elle voit.

- Donc tu es vraiment dans une période laisser aller, elle se confirme à elle même et je soupire. C'est la rousse que j'ai vu la dernière fois ?

Mais c'est quoi son problème ? La dernière fois que je l'ai vu, elle était en pleurs devant moi et avait foutu la merde entre mes parents et moi. Et maintenant elle se ramène comme une fleur.

- Ça te concerne pas Savannah.

Tandis qu'elle décide de s'installer sur mon canapé, je pars dans la salle d'eau près de ma chambre et m'occupe de fouiller les placards à la recherche de ses affaires. Dans un sac cabas, je dépose des dizaines de produits de beauté, des shampoings ainsi que certains de ses bijoux que je n'avais pas vu depuis longtemps, dont un plus précisément.

- Tu peux aller ouvrir s'il te plaît ? Je l'interroge quand j'entends la sonnette de mon appartement retentir.

Ses talons résonnent sur le sol et je profite qu'elle ne soit pas là pour observer la bague dans mes mains, une bague que j'avais prévu de lui offrir pour notre anniversaire. J'avais prévu depuis un moment de faire ma demande, j'avais l'espoir qu'on puisse se marier et construire notre famille. Ce bijou représente beaucoup pour moi et ce depuis que mon paternel m'a demandé de l'offrir à la femme de ma vie. C'est avec cette bague qu'il avait fait sa demande à ma mère la première fois, avant de lui en offrir une autre pour pouvoir conserver celle-ci pour moi, comme lui avait demandé ma grand-mère.

- C'est quoi ? J'entends et je remets le bijou dans ma poche.

- Une vulgaire breloque. C'était qui ?

- Un vulgaire inconnu, elle me sourit et s'appuie contre l'embrasure de la porte. Tu as tout trouvé ?

- Je pense que tout est là, je lui tends le sac cabas et elle l'attrape.

- Merci.

De nouveau dans le couloir, elle ramasse son propre sac et s'avance pour ouvrir la porte.

- Je suis désolée Asher. J'espère que tu me pardonneras un jour.

Ses yeux tristes me suivent du regard alors que je m'éloigne d'elle et m'assois sur le canapé, écoutant la porte se refermer progressivement.

C'est pas une vie ça.

*

Les jours qui suivent passent à une l'allure impressionnante. Finn et moi avons beaucoup avancé dans la réalisation de nos travaux, à tel point que nous envisageons de réouvrir le cabinet d'ici trois semaines au lieu du mois et demi que nous avions prévu.

Plus les jours passent, plus j'ai du mal à continuer de faire semblant, à sourire comme j'y arrivais. Quand j'ai rompu avec Savannah, tout était plus facile. Blaise était là pour moi, elle m'aidait à oublier. Mais maintenant, qui va m'aider à l'oublier elle, celle qui m'a sauvé la première fois ?

J'ai tout essayé pour me la sortir de la tête. Mais elle revient quoi que je fasse. Tout me la rappelle. Les taxis que je dois prendre le matin, les comédies musicales qui passent à la télévision le soir. Même la bague que je garde dans ma poche me fait penser à elle alors que je ne devrais pas. Je réserve cette bague à la femme de ma vie. Et même si j'ai été grandement attiré par Blaise, elle ne l'est pas.

D'ailleurs j'ai l'impression qu'elle a réussi à m'oublier de son côté. Je n'ai reçu aucun appel, aucun message, aucune visite au cabinet. Elle n'a même pas cherché de réponse à mon rejet de son appel alors que la connaissant, ça devrait la travailler. Mais visiblement je me suis trompé, comme je me suis trompé sur le fait qu'elle n'était pas comme Savannah. Elle aussi m'a menti. Je sais que nous n'étions même pas en couple, mais je pensais que notre début de relation était important à ses yeux, autant qu'aux miens. Apparemment je me suis bien trompé puisqu'elle ne semblait pas vouloir de cette relation. J'ai vu ce que j'ai vu, j'ai lu ce que j'ai lu et son mensonge m'a paru assez clair.

Elle et Savannah sont les mêmes. Elles cherchent juste à jouer avec mes sentiments.

Même si j'essaye de m'en convaincre, j'espère secrètement me tromper.

*

- Parfait ! S'exclame Finn et je dois reconnaître qu'il a raison.

La dernière couche de peinture a été posée, les meubles sont tous montés. Il ne reste plus que le matériel médical qui n'arrivera pas avant un certain temps...

- C'est super, je confirme et pose mon rouleau dans le bac prévu à cet effet.

C'est plutôt joli au final, même si ce n'était pas une obligation que de reprendre tous ces murs.

- Bon je vais aller rejoindre Tara, mon ami m'apprend et je hoche la tête tandis qu'il enlève ses vêtements usés par la peinture. Tu fais quoi du coup toi ? Il est que deux heures de l'aprem.

- Je vais rentrer chez moi et me boire une bonne bière, je soupire et lui souris faiblement.

Mais ça n'a pas l'air de le convaincre puisqu'il croise les bras et soutient mon regard. Je sais qu'il a bien vu que ça n'allait pas. Et même s'il a compris que ça venait de Blaise, il n'a pas posé de questions. Enfin jusqu'à maintenant.

- Ok bon tu vas me dire ce qu'il se passe ? Ça fait trois jours que tu traines ici. Tu passes un maximum de temps dans le cabinet et tu rentres directement chez toi. Tu veux même plus venir boire de verres avec moi. Sans parler du fait que je n'entends même plus parler de Blaise.

- Laisse tomber j-

- Non ! Il hurle et je fronce les sourcils. Mais c'est quoi ton problème ? C'est plutôt Blaise qui devrait ne plus te parler plutôt que l'inverse.

- Quoi ?

De quoi il parle ? Qu'est-ce que j'ai fait encore ? Qu'est-ce que Blaise lui a dit ?

- De quoi tu parles putain ?

- Blaise l'a vue, il soupire et finit par s'assoir sur une des chaises tandis que je reste debout devant lui, rempli d'incompréhension.

- Elle a vu qui ?

- La connasse qui te sert d'ex.

- Savannah ?

Blaise a vu Savannah. Elle l'a vue. Comment s'est possible ? Et puis qu'est-ce que ça pourrait lui faire ? C'est pas grave, non ?

- Il est où le problème ?

- T'es sérieux Asher ? Il me répond, calmement mais je sens dans sa voix que je le déçois. Elle était dans ton appartement, sa poitrine à l'air quand elle a ouvert la porte à Blaise. Il est là le problème.

Oh. Merde. Putain. De. Merde.

Elle ne m'appelle plus, je n'ai plus aucune nouvelle d'elle. Et ce point de vue explique tout...

- Je te jure qu'il s'est rien passé, j'agite les bras dans tous les sens, à cause de la panique. Elle est juste ven-

- C'est pas à moi que tu dois dire ça Asher, Finn se relève et enfile sa veste. J'espère que tu te rends compte que tu l'as blessée.

Alors qu'il jette son sac de sport sur son dos, je m'écroule sur la chaise, la tête dans les mains.

- L'autre jour quand je suis allée la chercher à son travail, elle était avec un mec. Elle m'a menti pour partir de l'entreprise avec lui.

- Et ? Ça veut rien dire Asher. C'était peut-être juste un collègue et elle voulait pas te faire de peine.

Je ne trouve plus rien à lui répondre alors qu'il franchit la porte du cabinet. Quel con putain.

Il a raison, Finn a raison. J'ai peut-être tiré des conclusions hâtives. Au lieu de parler avec elle, j'ai préféré l'éviter et maintenant Blaise doit bien m'en vouloir.

Et punaise qu'est-ce que je la comprends.

*

Il est dix-sept heures lorsque je finis de replacer les dernières étagères aux murs. Presque toute la salle d'attente est prête, il ne reste qu'un ou deux cadres à ajouter pour donner un peu de gaité à la pièce.

Pour la cinquième fois depuis moins d'une heure, j'observe mon téléphone posé sur le comptoir, avec l'espoir de recevoir un coup de fil. Le sien. Mais pourquoi elle m'appellerait ? Après ce qu'elle a dû voir et ce que Savannah a pu lui dire, elle doit certainement me détester. Et putain je me déteste aussi.

- Toi ! J'entends et n'ai pas le temps de réagir que je suis projeté contre le mur près de moi.

Une main autour de mon cou, je peine à distinguer le visage qui s'affiche face à moi. Pourtant quand je le reconnais enfin, j'ouvre grand les yeux.

- Ben ? J'articule difficilement et il relâche un peu son emprise.

- Je pensais que t'étais un mec cool Asher. Vraiment. Mais t'es comme les autres en fait.

- Lâche-moi putain, je grogne de douleur et il daigne enfin retirer sa main de mon corps. Mais qu'est-ce qu'il te prend ?

- Ce qu'il me prend ? Blaise est anéantie. Et même si elle ne m'a pas dit que c'était toi, la dernière fois que je l'ai vu comme ça, c'était à cause d'un mec.

- J'ai jamais voulu lui faire de mal, je marmonne et passe la main sur mon cou.

Je suis presque sûr d'avoir une marque maintenant.

- Les mêmes excuses...

- Je te le jure. Ben, ta sœur comptait pour moi.

- Comptait ? Il s'étonne et je baisse la tête.

- Je suis sûr qu'elle ne voudra plus jamais me revoir maintenant.

Pourquoi elle voudrait me revoir de toute manière ? Après ce qu'elle a vu, il n'y a aucune chance qu'elle veuille m'écouter. Je sais que je l'ai déçue et Dieu sait combien ça me fait mal au cœur. L'imaginer pleurer à cause de moi me donne envie de tout casser. Mais la seule raison qui fait que je ne vais pas le faire, c'est parce que j'espère que Ben me dira que j'ai encore une chance avec elle.

- Tu l'aimes ?

Je devrais être étonné par sa question. Pourtant je ne le suis pas. Parce que moi-même je me le demande. Je l'ai rencontré il y a quelques semaines et Blaise a déjà pris une place considérable dans ma vie. Dans mon cœur aussi.

- J'en sais rien, je secoue la tête et Ben soupire. Je sais juste que j'ai pas envie de la laisser partir.

- Écoute, il se met à ma hauteur et passe ses mains sur son visage, je devrais te détester pour ce que tu as dû lui faire mais t'as pas l'air de me mentir alors...

C'est quand il me tend la carte d'un fleuriste que je comprends que lui me laisse une chance.

- Elle finit dans une heure. T'auras une chance Asher. Pas deux.

*

Dix-huit heures passées de quelques minutes. Je suis devant son bâtiment depuis presque vingt minutes, dans le froid, de légères gouttes qui commencent à tomber. Le bouquet de roses rouges que je tiens à la main est plutôt voyant, à tel point que certaines femmes passant devant moi me regardent bizarrement. Quoi ? Je serai prêt à tout pour qu'elle me pardonne. Même si en soit je n'ai rien fait de mal.

Dix-huit heures quatorze, elle sort enfin du bâtiment. Elle porte une grosse veste noire qui lui arrive aux cuisses, une écharpe grise qui cache son cou. Ses cheveux sont relevés, son sac à main posé sur son épaule. Elle ne m'a pas encore aperçu, elle semble en grande discussion avec une femme à ses côtés que je ne parviens pas à reconnaître. Du peu que je vois, elles n'ont pas l'air de s'aimer.

Posté près d'une voiture qui stationne encore devant le building, j'attends qu'elle s'approche pour prendre le chemin retour jusqu'à chez elle.

Quand ses yeux croisent enfin les miens, j'ignore ce qu'elle a pu ressentir mais je sais que mon cœur bat rapidement, trop rapidement. Je suis stressé, j'ai peur qu'elle ne veuille pas me parler. Et ça se confirme quand elle salue sa collègue et s'éloigne de l'entreprise, aux pas de course.

- Blaise !

- Laisse moi, elle me crie toujours dos à moi, pressant ses pas.

Je cours le plus vite que je le peux. Je ne dois pas la laisser filer. Pas maintenant.

- S'il te plaît écoute moi, j'attrape son bras et elle est obligée de se retourner pour essayer de se libérer de mon emprise.

- Lâche-moi.

- Écoute moi Blaise. Je te jure que j'ai jamais voulu te faire du mal.

- Dis pas ça, elle secoue la tête et j'aperçois des larmes se former aux coins de ses yeux, pas toi aussi.

Putain j'ai envie de me frapper.

- Je te mens pas. Laisse moi t'expliquer.

Je lâche doucement son bras lorsqu'elle semble plus détendue. Elle parait hésiter, pendant plusieurs minutes mais enfin elle hoche la tête. Ensemble, nous finissions par nous diriger jusqu'à mon immeuble, dans le silence.

_________________________

À écouter : Droplets - Lewis Watson

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