À écouter : I Feel Like I'm Drowning - Two Feet
Un Joyeux Noël...
Blaise
J'ai passé une bonne nuit. Enfin si on ne compte pas les deux heures qui ont suivi notre arrivée dans la chambre. Je suis restée à fixer le plafond pendant au moins une bonne heure avant de fermer les yeux. Mais s'en est suivie une période où je n'ai pas réussi à plonger dans le monde des rêves, me souvenant qu'Asher était juste à côté de moi.
Pourquoi ne m'a-t-il pas embrassé ? Je pensais pourtant que le message était clair mais il n'a rien fait. Au bout d'un moment j'ai laissé tomber et la colère est venue s'installer en moi, me faisant froncer les sourcils. Mais je n'étais pas en colère contre Asher, non. J'étais en colère contre moi pour ne pas avoir comblé ces quelques centimètres qui nous séparaient. Peut-être qu'il avait juste peur de le faire. Ou peut-être qu'il ne ressentait pas l'envie de le faire...
Sans bruit, je me lève du lit en faisant attention à ne pas réveiller la marmotte à côté de moi. Je n'ai pas envie de lui faire face ce matin, donc le plus vite je serai partie, le plus de temps je pourrais être loin de lui. Même si j'adore la présence d'Asher en temps normal, depuis hier une part de moi a envie de partir en courant rien qu'à l'évocation de son prénom.
Je descends les escaliers grinçants et me rends dans la cuisine où s'affaire déjà Monica.
- Bonjour Blaise ! Bien dormi ?
Je lui souris et lui réponds, en oubliant pas de lui demander à mon tour.
- Bien, elle m'apprend, j'ai voulu me lever tôt pour que tout soit prêt pour ce soir !
La voir naviguer dans sa cuisine, son tablier autour du cou me rend nostalgique. Ma mère faisait la même chose quand nous étions en période de fêtes. Mais depuis que mon frère et moi sommes partis de la maison, les liens se sont coupés et nous fêtons tous noël de notre côté. Enfin si on peut dire « fêter ». Mes parents partent en voyage, mon frère reste avec la belle-famille de sa femme et moi je bois mon chocolat chaud devant un téléfilm de noël. Mais visiblement cette année les habitudes ont changé et ça ne me déplaît pas tellement.
- Je peux vous aider ? Je l'interroge alors que je la regarde sortir des plats des placards.
Monica grimace et gratte ses cheveux, un toc que l'on a tous quand on réfléchit. Elle pousse un petit cri et fouille dans un de ses tiroirs pour en sortir du fil et une aiguille.
- Je vous aurais bien dit oui mais vous devez aller au centre commercial avec Vanessa aujourd'hui, elle me lance un clin d'œil et je manque de m'étouffer lorsque je me souviens.
- Mince ! J'avais oublié !
- Ne vous inquiétez pas, il n'est que huit heures. Vanessa ne descendra que vers-
- Bonjour tout le monde ! S'exclame une voix derrière mon dos et je sursaute.
- Maintenant apparemment, complète Monica et elle reprend son activité qui consiste à préparer ses ustensiles.
Vanessa fait le tour de l'îlot central où je suis installée et attrape une pomme dans sa main. Elle a relevé ses cheveux blonds en un chignon et porte des habits décontractés, un simple jean ainsi qu'un chemisier.
- Vous avez besoin de combien de temps Blaise ? Elle me demande en regardant ma tenue.
Comme elle, mon regard descend sur mon corps et je grince des dents. Non, je ne peux définitivement pas aller faire du shopping en vieux jogging et débardeur.
- Je fais vite !
Je me lève précipitamment du tabouret et cours jusqu'à l'étage me préparer. Toujours en évitant de faire du bruit, je prends des affaires au hasard dans ma valise, ma trousse de toilette et pars m'enfermer dans la salle de bain libre par chance.
*
Quinze minutes après je suis prête. Bon je ne suis pas maquillée mais je suis habillée, coiffée et propre buccalement parlant. J'ai décidé d'attacher mes cheveux en une queue de cheval haute qui me permet de ne pas avoir de cheveux dans les yeux, très pratique quand on doit vagabonder entre les rayons et lire des étiquettes toute la journée. Je plisse mes vêtements de mes mains, un pantalon noir et un t-shirt bordeaux que j'ai rentré dans mon pantalon pour faire un minimum classe. Côté chaussure je n'aurais qu'à attraper mes converses noires dans la chambre au passage.
Je sors en vitesse de la salle de bain, ma trousse de toilette à la main et pars discrètement jusqu'à ma chambre pour la déposer et prendre mes chaussures. Quand j'y arrive, Asher dort toujours le plaid recouvrant son corps, ses genoux ramenés contre son torse. Ça manière de dormir est mignonne, comme un enfant.
Je dépose mes affaires de toilette sur ma valise et saisis mes chaussures ainsi que mon sac à main.
Je ferme les yeux et pince mes lèvres quand la voix endormie d'Asher résonne dans la pièce.
- Vous allez où ?
Paniquée à l'idée de me retourner, je continue d'avancer vers la sortie et marmonne des mots incompréhensibles.
*
À peines sorties d'un magasin, Vanessa m'entraîne dans un autre. Elle et sa mère débordent toutes les deux d'énergie, ça en est incroyable.
- Est-ce qu'on peut faire une pause ?
Mes mains sur mes genoux pour reprendre ma respiration, j'ai l'impression d'avoir couru un marathon. Enfin c'est presque ça puisque nous courons dans les magasins depuis plusieurs heures déjà. Une chance que je sache déjà quoi offrir à Asher pour le remercier, sinon je devrais supporter encore beaucoup trop longtemps ce centre commercial.
Vanessa regarde sa montre et son visage m'indique qu'elle réfléchit.
- J'ai besoin de voir un dernier magasin et nous irons manger.
Je soupire et me laisse à nouveau entraîner par Vanessa, ses nombreux sacs remplis de cadeaux à la main. Cette fois-ci, nous n'entrons pas dans un magasin de vêtements sinon un magasin de chaussures.
- Vous allez offrir des chaussures pour noël ? Je lui demande et elle secoue la tête en levant les yeux au ciel.
Son regard s'arrête sur une première paire de talons hauts qu'elle prend dans ses mains pour l'inspecter.
- Je me suis permise de regarder dans votre valise et vous n'avez pas de talons pour ce soir.
- Pardon ? Vous avez regardé dans ma valise ? Vanessa je vous aime bien hein mais ça ne se fait pas ça.
En plus je déteste les chaussures à talons.
- Je suis désolée, elle soupire, mais... écoutez je veux que tout soit parfait ce soir.
Elle repose les chaussures sur leur présentoir et attrape de ses mains mes épaules pour me regarder dans les yeux.
- Je veux vraiment que tout soit parfait.
Elle relâche mes épaules et son regard dérivé au loin du magasin. Une vendeuse vient nous interroger mais je la renvoie poliment. Vanessa est bizarre. Je sais qu'il se passe quelque chose mais j'ignore encore quoi.
- Vanessa qu'est-ce qu'il y a ? Je saisis son bras pour l'arrêter dans sa course entre les rayons.
Elle baisse son regard sur son corps tandis que je remarque des larmes qui se forment au coin de ses yeux. Une de ses mains vient se poser sur son ventre qu'elle caresse tendrement avant de me regarder à nouveau dans les yeux.
Oh merde.
- Vous êtes...?
- Enceinte, elle termine et me sourit alors que ses larmes coulent, Sarah va avoir un petit frère ou une petite sœur.
- Mais qui est au courant ?
- Vous, elle hausse les épaules. Je voulais l'annoncer demain quand on ouvrira les cadeaux.
- C'est génial Vanessa, mes bras viennent entourer sa taille et caressent son dos pour la calmer, Johan va être tellement heureux. Et Sarah n'en parlons pas.
Notre étreinte prend fin et dans la joie et la bonne humeur, nous cherchons une paire de chaussures pour que tout le monde soit parfait ce soir aux yeux de Vanessa.
Bien que je n'ai envie d'être parfaite qu'aux yeux d'une personne.
*
- Comment vous allez faire pour éviter de boire de l'alcool ce soir ?
Assise autour d'une petite table d'un snack dans le centre commercial, nous mangeons des pizzas. Enfin j'ai pu m'asseoir. Je ne vous dis pas combien mes jambes attendaient ce moment.
- Vous pourriez m'aider ?
- Comment ? Je lui demande et croque dans une nouvelle part de ma pizza chorizo.
Hum ma pizza préférée.
- Vu qu'ils ne vous connaissent pas trop vous pourriez dire que vous n'aimez pas l'alcool. Comme ça rien dans votre verre mais vous buvez dans le mien.
C'est pas une si mauvaise idée. J'espère juste que ce n'est pas une famille d'alcooliques, je ne tiens pas forcément super bien l'alcool.
- Ça me va, j'acquiesce.
Dans mon sac à main, mon téléphone se met à vibrer et je me dépêche de le sortir, devant le regard interrogateur de Vanessa.
- Hum désolée je dois le prendre, lui dis-je en agitant le téléphone devant moi.
Je me lève en vitesse et m'éloigne un peu du petit restaurant pour décrocher à l'appel de Faith.
- Faith ?
- Blaise...
Oula, petite voix, reniflement, en fond la télévision qui repasse Grease... Pas de doute, elle vient de se faire larguer.
- Me dis pas que James t'a posé un lapin, je grogne et ses reniflements reprennent.
- Il, elle calme ses pleurs et reprend, il avait autre chose à faire.
Je me cale sur un des bancs du centre commercial et passe ma main libre sur mon visage. Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais James semble tellement gentil. Pourquoi est-ce qu'il lâcherait Faith au dernier moment ?
- Écoute Faith, tu vas faire ce que je te dis. Tu vas enfiler la plus belle robe que tu aies et te rendre chez ton père pour fêter noël comme prévu. Mais connaissant ton père, vers vingt heures il ira dormir. Je veux que tu te rendes en boîte pour te trouver un beau mec avec qui finir la nuit.
- Tu comprends pas Blaise, elle renfile à nouveau et je l'imagine blottie sous ses draps, je voulais vraiment que ce noël change.
Une boule au ventre s'installe en moi et je grimace. Je n'aime pas la savoir seule comme ça, surtout aussi déprimée.
- Je, je passe une main dans mes cheveux et réfléchis à une autre éventuelle solution, je vais essayer de trouver un avion. J'arrive Faith.
- Quoi ? Non Blaise ! Toi tu vas rester là où tu es ! Arrête de penser tout le temps aux autres. Tu mérites d'être heureuse et apparement tu l'es Blaise. J'ignore ce que cette famille t'a fait, mais j'entends la joie dans ta voix ! Alors tu vas profiter et moi je vais mettre ton plan en action.
- Faith...
- S'il te plaît Blaise, elle insiste, tu mérites de passer un bon noël.
- Je t'aime Faith.
- Je t'aime aussi. Passe une bonne soirée, je t'appelle demain matin. Tu me manques !
Elle raccroche aussitôt et je ferme les yeux. J'ai tellement de chance de l'avoir. Pourquoi un homme ne peut pas se rendre compte qu'elle est exceptionnelle ?
- Tout va bien ? M'interroge Vanessa alors que je me rassois à ma place.
- Oui oui, je hoche la tête, on finit de manger et on reprend le shopping ?
*
Finalement, nous avons traîné encore une bonne partie de l'après-midi dans les magasins. Mais le côté positif, c'est que j'ai trouvé un petit cadeau pour Monica et Roger, Scott et même Sarah. J'espère qu'elle aimera cette nouvelle poupée. Le cadeau de Faith m'attend chez moi tandis que celui d'Asher est à New-York. Enfin je vais devoir aller me renseigner avant de le prendre, pour éviter tout problème.
Vanessa ouvre la porte de la maison et nous y pénétrons, les bras chargés de sacs. Nous sommes accueillis par les rires de Scott et Sarah dans le salon, qui jouent visiblement au « Qui est-ce ? ». Je dépose ma veste en jean sur le portemanteaux et me rends dans la cuisine pendant que Vanessa part dans le salon retrouver sa fille.
Dans la cuisine, Monica dicte aux garçons présents les étapes de préparation de la dinde et je ne peux m'empêcher d'éclater de rire quand je vois la tête de Roger qui a l'air de souffrir. À l'entente de mon rire, Asher, Johan et Roger relèvent leurs têtes du plan de travail et me lancent un regard noir. Vêtus de leurs tabliers de cuisine, je me maudis intérieurement de ne pas avoir de caméra pour filmer ça.
Monica me sourit et continue de montrer aux garçons quoi faire. Je remonte la manche de mon chemisier et regarde l'heure. Il n'est que seize heure trente.
- Je peux aider ? Je propose à Monica pour soulager un peu les garçons et je vois Johan me remercier du regard.
- Il faut mettre la table si vous en avez envie, elle m'indique et me montre du doigt les assiettes et couverts déjà sortis sur la table de la salle à manger.
Je quitte la pièce et me rends jusqu'à la table pour commencer à déplier la nappe, une belle nappe rouge.
Je me demande ce que ça ferait de fêter noël avec ma famille. Ça fait tellement longtemps que ça n'est pas arrivé que j'ose me demander si ça arrivera dans un futur. Dire que je ne sais même pas si ma famille est vraiment encore une famille. Quand je vois celle d'Asher, je me dis que la mienne est fichue.
- Hey ça va ?
J'efface mes pensées moroses et aperçois Asher de l'autre côté de la table, face à moi. Il porte toujours le tablier autour de sa taille. Je hoche la tête sans même le regarder dans les yeux. Je sais que si je le fais, les images de la veille vont envahir mon esprit et je n'ai certainement pas envie de me faire à nouveau des idées.
Pendant que je m'applique à disposer les assiettes devant chaque chaise, Asher ne bouge pas et m'observe, je sens son regard dans mon dos pendant que je fais le tour de la table. Concentrée sur le placement des différents couverts, je ne fais pas attention au jeune homme d'une trentaine d'année, jusqu'à ce que je le vois placer des décorations préalablement posées sur la commode près de la table. Je secoue la tête et tente de rester concentrée sur mes fourchettes.
Est-ce qu'au moins il a ressenti la même chose que moi quand nos lèvres se sont frôlées ?
Je relâche la dernière fourchette et quitte la pièce. Je ne dois pas le laisser prendre une trop grande place dans ma tête, sinon je vais encore souffrir, je le sais.
*
Cette robe me va mieux que je l'avais pensé. La couleur rose pâle va étonnement bien avec la couleur de mes cheveux que je me suis appliquée à redresser sur ma tête en une couronne tressée. Vanessa m'a avoué adorer cette coiffure lorsqu'elle m'a vu me maquiller. Ses yeux brillants m'ont tout de même indiqués que ses hormones devaient être en ébullition. Elle a eu une drôle de réaction quand je lui ai demandé si elle avait besoin d'aide pour fermer sa robe rouge à volants. Disons que je ne pensais pas que ma question la ferait pleurer...
- Oh vous êtes magnifiques ! S'exclame Monica en entrant dans la chambre de Vanessa alors que j'essaie de terminer la coiffure de cette dernière.
Ses cheveux blonds d'ordinaire lisses sont maintenant bouclés et retombent tout juste sur ses épaules. Monica vient embrasser la tempe de sa fille avant de s'approcher de moi pendant que je tente de mettre les chaussures à talons achetées avec Vanessa ce jour.
- Vous êtes très jolie Blaise, elle m'avoue et je ne peux m'empêcher de lui retourner le compliment.
Dans sa robe bordeaux toute simple, Monica ne fait pas du tout ses soixante ans. Ses cheveux bruns relâchés et lisses, son maquillage léger font que nous ne lui donnons que cinquante ans, et encore.
- Bien si vous êtes prêtes nous pouvons retrouver les hommes en bas, Monica frappe dans ses mains et nous demande de la suivre.
Nous récupérons au passage Sarah qui attendait patiemment dans sa chambre. Habillée d'une robe rouge comme sa mère, elle ressemble à une petite princesse.
À cette pensée, le visage de Jude me revient en tête et je frissonne. Elle me manque tellement que ça en est maladif. Comment est-elle habillée ?
- Vous venez Blaise ? M'interrompt Vanessa dans mes pensées et je remarque que je me suis arrêtée en plein milieu du couloir.
Je reprends mes esprits et les suis dans la descente des marches. Lorsque nous arrivons dans le salon, les garçons discutent de sport, certainement, et s'arrêtent de parler lorsque Scott fait signe à Johan de se retourner pour regarder sa femme. Le regard fier qu'il dirige droit sur Vanessa me fait chaud au cœur, encore plus lorsqu'il vient la prendre dans ses bras pour l'embrasser tendrement.
C'est ce genre de regard que j'aimerais avoir.
Mes yeux osent détailler chacun des hommes et je dois dire qu'ils se sont tous surpassés. Leurs tenues sont classes sans avoir besoin d'être des costards.
Timidement, je m'attarde sur Asher, dont la pose mains dans les poches me rappelle celle d'un mannequin de magazine. Ses vêtements sobres et élégants le rendent d'autant plus sexy qu'il porte une chemise noire qui n'est pas entièrement fermée et laisse entrevoir une partie de son torse. Mes yeux s'aventurent plus haut encore et c'est avec surprise que les yeux d'Asher s'accrochent sans attendre aux miens. Son sourire chaleureux et tendre laisse exploser une sensation nouvelle dans mon bas ventre et je comprends enfin ce qu'a pu ressentir Vanessa lorsque Johan l'a regardé entrer dans cette pièce.
Asher
J'ai passé la journée la plus longue de ma vie. Bien que j'adore ma mère, en ce vingt-quatre décembre, elle a du se transformer en monstre. Trop pleine d'énergie, elle nous l'a bien fait comprendre aujourd'hui : pas le droit à l'erreur pour les fêtes de noël.
Je sais que ces fêtes lui tiennent à cœur et je sais qu'elle s'est toujours démenée pour nous faire passer sa passion pour cette période. Même si je ne suis pas aussi épris qu'elle, j'aime m'atteler à la préparation de la dinde ou encore décorer la table.
Mais. Pas. Toute. La. Journée.
Surtout que ma place aurait dû être avec Blaise au centre commercial. Je mourrais d'envie d'envoyer balader ma mère mais en bon fiston, je n'ai pas ouvert la bouche pour éviter de dire des choses que je regrette. Mon père lui, a bien compris que je n'avais aucune envie d'être là. Et j'ai bien compris que lui aussi en avait marre. Du coup nous avons fini par nous soutenir à chaque pique que nous lançait la maniaque de noël.
Scott a bien ri quand il nous a vu exécuter les ordres de notre maternelle, lui qui s'est sagement occupé de Sarah. Il rira moins quand ça sera son tour pour le nouvel an.
J'avoue avoir légèrement perdu ma patience quand elle nous a déclaré que les filles auraient mieux fait que nous. Juste au moment où j'avais réussi à l'oublier pour quelques minutes, son prénom revenait à nouveau dans mon esprit.
Blaise.
Blaise.
Blaise.
Quand je vous dis que je dois être accro ce n'est pas une blague. Elle est tout le temps dans ma tête depuis quelques temps. Encore plus depuis ce presque baiser d'hier soir.
Comment j'ai pu laissé passer la chance de l'embrasser ? Est-ce qu'au moins elle en avait envie ?
Mais toutes ses questions n'ont plus lieu d'être quand je la regarde, à deux mètres de moi. Elle n'a jamais été aussi belle que maintenant. Si je la trouvais jolie l'autre jour dans le magasin de vêtements, là elle est beaucoup plus que ça : elle est incroyablement sexy. Pas sexy provocante, non, sexy mais classe. Tellement que ça devient dur de rester si loin d'elle sans pouvoir la toucher.
Et je regrette de ne pas l'avoir embrassé. Pourtant, sauter dans l'inconnu devrait me faire peur après avoir fini trahi. Mais je n'ai pas peur de sauter dans l'inconnu avec elle.
Ses yeux émeraudes dans les miens, nous nous fixons à quelques mètres de distance. Je me permets de rompre le contact pour mieux observer son magnifique corps habillée de la jolie robe pâle. Ses cheveux relevés sur sa tête lui donne un air angélique, qu'elle porte à merveille. D'où je suis, je peux dire que ses talons ne la grandissent que de deux ou trois centimètres, assez pour qu'elle soit presque aussi grande que moi. Le collier en or autour de son cou tombe sur sa poitrine mise en valeur par le haut de la robe, légèrement plus foncé que la jupe.
Je comprends que j'ai du me montrer trop insistant lorsque je me rends compte de la rougeur qu'ont prises ses joues. Un sourire amusé s'étire sur mon visage et je passe une main dans mes cheveux, dans l'espoir de me donner une meilleure coiffure.
Je me demande si elle aime la façon dont je suis habillé. Bon je n'ai pas fait énormément d'efforts mais quand même. J'ai bien pris dix minutes à choisir une chemise bien ne fasse pas trop premier de la classe. Et bon c'est vrai que j'ai enfilé le pantalon noir que m'a ordonné Vanessa de mettre. Même si je voulais mettre mon jean, j'ai décidé d'y renoncer quand j'ai vu ses yeux se noircir.
Elle doit être dans sa période, ça doit être ça.
Johan était aussi stressé que moi par sa petite femme puisqu'il est arrivé tremblant dans ma chambre en me demandant de l'aider à attacher les boutons de ses manchettes. Vanessa a vraiment effrayé tout le monde. Même ma mère n'était pas aussi stressée !
Bref.
Du coin de l'œil, j'aperçois Scott faire la même chose que moi il y a deux minutes, c'est-à-dire lorgner sur le beau corps de la belle rousse. Ou blonde vénitienne, comme vous voulez.
D'un geste qui se veut discret, je lui écrase le pied et il sursaute avant de me lancer un regard noir.
Je sais très bien ce qu'il se passe dans sa tête et c'est hors de question. Blaise n'est pas à lui.
- Ne t'inquiète pas, je te laisse ta belle princesse, me chuchote Don Juan et je grogne.
Tandis que nous sommes tous à nos discussions, ma mère nous interrompt et nous invite à nous installer autour de la table pour prendre l'apéritif. Enfin une bonne nouvelle !
Nous partons tous nous installer et alors que j'allais m'assoir près de Blaise (pour espérer pouvoir lui demander la raison de son départ précipité de tout à l'heure), une petite main pince ma fesse droite et me fait lâcher un cri pas du tout masculin.
- C'est moi à côté de Blaise !
Contraint et forcé, je laisse ma place à Sarah qui se fait une joie d'être à côté de la plus belle fille de la soirée. Cette dernière me lance un regard désolé et m'indique le siège face au sien, puisque celui à sa droite est aussi pris par Vanessa. Je m'assieds donc en face de notre invitée et observe ma famille. Les deux parents sont chacun à une extrémité alors que nous, les enfants, sommes tous installés les uns face aux autres. Je suis donc assis entre Scott et Johan, mais face à Blaise, pour mon plus grand plaisir.
L'apéritif se déroule donc dans la bonne humeur, sous les anecdotes de mon paternel qui se donne à cœur joie pour raconter à Blaise comment Scott et moi avons détruit l'arbre de noël de la voisine quand nous avions respectivement neuf et sept ans. Oui, ça a l'air de beaucoup l'amuser de nous humilier. Le point positif, c'est qu'il ridiculise aussi Scott et que donc, il ne gagne pas plus de points que moi après de Blaise.
J'ai toujours un peu peur que Scott retourne le jeu à son avantage, même s'il m'a fait comprendre qu'elle ne l'intéressait pas. Après tout, Blaise est intelligente, drôle, mignonne, sexy... tout ce qu'un homme cherche chez une femme. À la différence que Scott lui se lasse de la fille au bout de trois mois.
- Asher ?
Je relève la tête de mon morceau de dinde et croise le regard tendre de ma mère. Est-ce qu'elle a dit quelque chose ?
Les discussions autour de nous ne s'arrêtent pas tandis qu'elle me demande si je veux encore des pommes de terre. Je la remercie et reprends le cour de mon repas, tout en écoutant Blaise raconter à mon père comment sa mère a failli cramer sa maison lors de ses douze ans. Alors qu'ils devraient émettre beaucoup de joie, ses beaux yeux ne montrent que tristesse et nostalgie. Mon père a l'air de l'avoir lui aussi remarqué puisqu'il lui sourit sincèrement.
Je remarque aussi que Blaise a refusé tous les verres d'alcool qu'on lui a proposé au cours de la soirée. Donc elle n'aime pas ça ?
Le repas se termine alors qu'il est vingt-deux heures passées. Sarah s'est endormie petit à petit jusqu'à finalement poser sa petite tête blonde sur les jambes de Blaise, qui lui caresse les cheveux depuis un moment déjà. Pendant que Johan et Vanessa aident ma mère en cuisine, je décide d'amener Sarah jusqu'à sa chambre pour qu'elle puisse se reposer dans le silence. Arrivés dans la chambre de Scott, je remarque que Blaise m'a suivi jusqu'ici, l'ourson en peluche de la petite dans sa main. Je la pose délicatement sur le lit et rabats les couvertures sur son corps endormi. Blaise dépose le doudou sous un de ses bras tandis que son autre main suce son pouce. Je laisse la belle femme lui embrasse le front et nous nous redressons pour la regarder dormir.
Les bras croisés contre sa poitrine, Blaise l'observe tendrement, d'un air protecteur que j'ai rarement vu sur son visage, si ce n'est la fois où elle était au téléphone avec sa nièce.
- Elle est tellement mignonne, elle murmure tout en me jetant un coup d'œil.
- Un vrai petit ange, j'ajoute et nous nous sourions.
Nous sortons de la chambre et quand j'en ferme la porte, je suis surpris de voir que Blaise ne m'a pas attendu et descend déjà les escaliers. En bas, je m'aperçois qu'elle s'obstine à vouloir aider ma mère en la suppliant de lui donner un torchon pour essuyer la vaisselle.
Je jette rapidement un œil au salon et constate que Scott et mon père s'y trouvent en train de regarder la rediffusion d'un vieux match de basketball. Alors que j'allais m'y rendre, la sonnette de la maison se fait entendre et je me retrouve à froncer les sourcils. Qui peut venir chez nous un vingt-quatre décembre ?
- Quelqu'un peut ouvrir ? Crie ma maternelle depuis la cuisine et je lui réponds.
- J'y vais !
Lentement je déverrouille la porte et l'ouvre jusqu'à dévoiler la seule personne que j'espérais ne pas voir. Ses yeux bouffis et rouges me montrent qu'elle n'a pas dormi depuis plusieurs jours au moins. Elle ne porte qu'un vulgaire pantalon marron ainsi qu'un gilet beaucoup trop grand pour elle. Ses cheveux blonds sont ramenés en un chignon fait vite sur le haut de sa tête, son maquillage a coulé sur ses joues déjà inondées de larmes.
La main sur la poignée, je ne parviens pas à ouvrir la bouche. Pourquoi est-ce que la porte est encore ouverte d'ailleurs ? Allez Asher on porte ses couilles et on agit comme tout homme agirait.
- Ash...
- Ne m'appelle plus comme ça, je grimace et elle baisse la tête avant de me regarder de ses yeux bleus perçants.
- J'ai besoin de te parler, s'il te plaît.
- J'ai assez donné merci, je gronde sévèrement et essaie de me montrer le plus froid possible.
Malheureusement, je le sais. Je ne suis pas aussi insensible que je le pensais. La revoir ici, devant moi fait revenir des souvenirs que j'espérais avoir jetés à la poubelle en même temps qu'elle a brisé mon cœur. Mais visiblement je n'ai pas réussi.
Comment peut-elle venir ici ce jour précis ?
Des pas derrière mon dos m'indiquent la présence d'une personne et je prie pour que ça ne soit pas Blaise. Je ne veux certainement pas qu'elle la voit ni qu'elle me voit dans une situation de faiblesse.
- Qu'est-ce que tu fais là toi ?
Le ton haineux qu'a pris ma mère me montre qu'elle n'est pas plus heureuse que moi de la voir ici. Alarmé par les dire de sa femme, mon père se joint à nous. Son bras s'accroche à la taille de sa femme d'un geste protecteur et lance un regard noir à la blonde face à nous.
- Il me semble que ma femme t'a posé une question, réplique mon père et elle semble ne plus avoir où se mettre.
Après avoir fixé intensément et méchamment mes parents, Savannah dévie son regard sur moi et je comprends qu'elle n'en a pas fini.
- Écoute moi Asher s'il te plaît.
- Pourquoi ? Je l'interroge hargneusement. Pour que tu me mentes ? Encore ? C'est terminé tout ça, rentre chez toi.
- Je t'aime, elle murmure et je ris jaune, c'est la vérité Asher, je te le jure. Je n'ai jamais cessé de t'aimer.
- C'est pour ça que tu m'as trompé ?
Aie, ça fait très mal à dire.
- J'ai réalisé trop tard que j'avais fait une bêtise mais je veux te récupérer. Tu es tout pour moi Asher.
Je devrais la croire. Je pourrais la croire si elle n'avait pas fait ce qu'elle a fait.
- Tu m'as trahi, je secoue la tête et ferme les yeux tout en passant mes mains sur mon visage. Comment tu peux penser une seule seconde que je vais te pardonner ?
Ses sourcils se froncent et d'un regard sournois que je ne connaissais pas avant, elle intercepte sans doute ceux de mes parents.
- Pourtant tu leur pardonnes à eux, Savannah les pointe du doigt et mon visage se tord d'incompréhension.
De quoi elle parle ?
- De quoi elle parle ? Je leur demande en me retournant pour regarder leurs visages se décomposer.
- Tu m'accuses de t'avoir trahi mais ils ont fait la même chose, m'annonce Savannah d'une voix tranchante.
- Asher on est désolé, commence ma mère mais je l'interromps.
- De quoi elle parles ?!
Si au début j'étais calme, je ne le suis plus du tout. J'ignore de quoi parle Savannah mais la mine effrayée de ma mère ne me rassure pas.
Voyant que ma mère ne se décide pas à me parler, j'ose affronter le regard désolé de mon père.
- Explique moi.
- Il y a deux ans, quand nous sommes venus pour ton anniversaire, ta mère et moi l'avons surprise en train d'embrasser ce type et-
- Vous étiez au courant ?
Ma voix n'est plus que murmure. Je n'arrive plus à réfléchir. Deux ans. Deux ans.
- Vous étiez au courant depuis deux ans, je constate et une larme roule sur la joue de ma maternelle. Vous m'avez menti pendant deux putains d'années.
- Tu étais heureux, tente ma mère mais je la contre.
- J'ai l'air heureux maintenant ?
C'est pas possible, c'est un cauchemar. Je dois rêver, oui c'est ça je rêve sûrement.
- Oh y a un problème ? Intervient mon frère derrière mes parents et j'aperçois Blaise à ses côtés.
Super, il fallait qu'elle soit là celle-là. Juste maintenant.
Sans que je ne le contrôle, un rire nerveux sort de ma bouche. Je vais exploser si je ne pars pas d'ici tout de suite.
J'attrape rapidement ma veste, les clés de voiture de mon père laissées sur la commode d'entrée et me précipite dans la rue, malgré les cris de ma mère. Je suis bien trop énervé pour rester avec eux et leur parler.
Je grimpe dans le cabriolet et mets le contact après avoir fermé la porte. Une autre claque et je remarque qu'une personne s'installe sur le siège à côté de moi.
- Sortez d'ici, je lui ordonne sans être trop méchant.
- Non. Maintenant que c'est clair, démarrez cette voiture.
La mâchoire serrée, les mains emprisonnant le volant, je tente de garder mon calme. Son regard insistant me prouve qu'elle ne bougera pas de son siège. Pris au piège, j'appuie sur la pédale de droite et sors de la rue, sous le regard triste de ma famille.
Je les déteste tellement.
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[ Un double chapitre pour vous servir ! J'espère que vous avez aimé ! Dans le prochain chapitre, quelque chose va tout changer ;) ]