La première était : Je ne te ferais jamais souffrir Ruby.
La seconde : Nous serons toujours là pour toi ma chérie, quoiqu'il arrive.
Deux promesses brisées, détruites par les aléas de cette foutue vie.
Dimitri avait trahi en premier cette promesse en partant et en me brisant le cœur en milles morceaux et mes parents avaient mis un terme à la deuxième. Ce n'était pas voulu, peut être pour aucun des deux parties mais chacun avec faiblis à leurs paroles.
Dans ma foutue existence, je me suis toujours rattaché à des mots, des paroles en l'air le plus souvent et aujourd'hui, il m'est difficile d'accorder ma confiance à une promesse. Malgré la sincérité des paroles de Dimitri hier soir, ses mots ont suffit à bloquer l'une de mes barrières de sécurité que j'avais pourtant failli levée pour lui quelques heures plus tôt.
Je me dirige d'un pas ferme vers le Cactus Bar. On est vendredi et mes collègues de Sportium n'ont pas eu ma chance de bénéficier de quelques jours de congés. Je m'assois en terrasse la ou quelques rayons de soleil pointent leurs nez et commande un expresso allongé. Je jette un coup d'œil furtif à mon téléphone, il va bientôt arriver. Hier soir, après avoir bu mon chocolat préparé avec soins par mon super voisin, nous avons beaucoup parlé Dimi et moi. J'ai vidé mon sac comme on dit et j'ai laissé sortir tous les tourments qui me taraudent dans ma misérable vie. Ça m'a fait un bien fou, et maintenant je me sens prête de partir du bon pied et d'avancer. J'attrape mon miroir de poche dans mon sac et regarde mes yeux fatigués à travers mon reflet. Je fais peur à voir. Je n'ai dormi seulement que trois petites heures et seule en plus. Dimitri est resté contre moi la moitié de la nuit à m'écouter tout en m'offrant de douces caresses dans mes cheveux. Quand j'ai commencé à fatiguer, il a trouvé bon de partir.
-On a grillé une étape en se sautant dessus, maintenant que tout est mis à plat, prenons notre temps. Dors bien mon Loup...
Ses douces lèvres ayant quitté les miennes, il avait à peine refermé la porte que je dormais paisiblement, un moment précieux pour moi, dormir.
Je glisse mes lunettes de soleil sur mon nez pour cacher la catastrophe de toute cette fatigue accumulée et de mes pleurs qui ont rendu mes yeux rouge et gonflé. Quand je relève la tête, il est là.
-Salut Ruby.
C'est incroyable comme il a pu changer lui aussi. Il n'a plus le visage du gamin rebelle d'autrefois, il est détendu ses traits l'ont fait gagner en maturité. Sa voix est devenu basse mais chaleureuse et son attitude dégage de lui qu'il est une personne simple.
-Étienne, assied toi je t'en prie.
Il s'exécute et profite du moment que le serveur me dépose ma commande pour commander la même chose.
-La nuit a été courte ? me demande til avec un petit sourire.
Je me sens prendre un fard.
-Oui mais pas pour ce que tu crois...
-Je sais, dit-il, Dimitri m'a un peu raconté quand je l'ai croisé ce matin. Je devais lui parler d'une chose avant de venir te voir, je préférais qu'il soit au courant.
-Ca fait bizarre... Dimi et toi... Vos retrouvailles, en moins de deux vous avez tout oubliés est êtes redevenu potes.
-Je ne vais pas dire que c'est oubliés, disons que j'ai tourné la page. Et puis, nous sommes devenus des personnes matures. Je pourrais dire la même chose concernant vos retrouvailles à vous aussi.
J'acquiesce et il change de sujet.
-J'ai du te réveiller avec mon message, désolé, mais je ne reste pas longtemps, je repars demain matin. Je voulais qu'on discute toi et moi.
-Je t'écoute, je dis simplement.
Il laisse le serveur lui déposer sa tasse de café. Il attrape la petite cuillère puis se met à touiller le regard rivé dans le breuvage noir tournoyant.
-Je voulais te dire que je te pardonne, finit-il par me dire en relevant la tête.
Je ne m'attendais pas à...ça.
-Je, hé bien oui. Moi aussi je te pardonne.
-Ah bon et de quoi ? C'est vrai ça de quoi ? C'est quand même moi qui ai subit ta manipulation. Bon d'accord je t'ai jeté comme une sous merde, mais franchement, ce n'était rien par rapport au mal que tu m'as fait Ruby.
Je baisse la tête. Toute ses années je ne me suis jamais demandé ce qu'avait pu ressentir ne serait-ce qu'une seconde Étienne. Je m'en contre fichais enfaite. Mais là, maintenant qu'il m'en parle je me sens honteuse. Quelle garce j'ai pu être. L'utiliser, le manipuler, le faire espérer et, me faire jeter. Alors que ca aurait pu être moi, mais je pense que le fait que ça soit lui qui est pris cette initiative m'a fait du bien. Enfin je pense. À l'époque je ne le savais pas mais en y repensant aujourd'hui, cette rupture avec lui m'avait foutu un gros coup de pied au cul, pour me dire que malheureusement je n'oublierais jamais Dimitri... Nous avons ensuite suivi notre bout de chemin chacun de notre côté. Moi j'ai foiré mes années d'études et j'ai bossé pour oublier. Aujourd'hui je me retrouve dans une carrière de vendeuse d'article de sport alors que je suis loin de mes rêves.
-Tu sais, si je suis là c'est avant tout pour toi. Jetsen m'a dit que tu n'as toujours pas fait ton deuil...
Mon frère... Ou qu'il soit et avec qui, il faut qu'il l'ouvre celui là, et en plus pour raconter ma vie. Qu'est-ce qu'il raconte, je vais très bien !
-Je ne le fais pas non, je vis mon deuil au jour le jour. Jetsen a réussi à tourner la page du jour au lendemain, moi non, je ne peux pas. Chacun son rythme.
-Ca fait plus de cinq ans...
Oui je sais, je m'en souviens comme ci c'était hier...
-Et alors ? je dis en commençant à fulminer.
-J'appelle ça du déni.
-Et moi avancer par étape.
-Tu n'as jamais accepté leurs morts Ruby. Je n'ai entendu que les plaintes et les craintes de ton frère sur ton état et je ne suis là que depuis hier mais je le vois, tu vis dans la colère, le marchandage et tu restes dans ta dépression. C'est devenu ton mode de vie, ton confort.
Je lâche un rire sec. Il ne va pas commencer à me chauffer, non mais je rêve ! C'est quoi ce bordel !
-N'importe quoi ! T'es psy maintenant ? je crache.
Il hoche la tête doucement et j'entrouvre les lèvres sans savoir quoi dire. Il est sérieux ? Je le fixe un long moment et il ne tique pas une seule seconde. Putain oui ! Il pose ses coudes sur la petite table qui nous sépare et m'observe.
-Peu importe mon job, je suis là pour t'aider...Tant que tu n'accepteras pas, ton esprit ne sera jamais apaisé. Je ne te dis pas d'oublier, mais d'accepter Ruby.
-Enfaite Jetsen a bien calculé son coup en t'envoyant ici hein. L'enfoiré... Pourquoi il ne m'en a pas parlé au lieu de t'envoyer ici ? Qu'est-ce qu'il a fait, il t'a payé le voyage pour m'offrir une psychanalyse ?
Il hausse les épaules mais ne lâche pas son regard insistant sur moi. Je secoue la tête et m'affaisse un peu plus dans ma chaise. Prise au piège par mon propre frère, je le déteste, attends qu'il m'appel ce con, il va m'entendre. J'ai envie de me barrer, cette situation m'énerve, je me sens comme dans une fosse ou aucune prise n'est possible pour en sortir. Je détourne les yeux pour fixer la tasse devant moi mais Étienne l'a décale et tend sa main pour tenter d'attraper la mienne. Je la dégage.
-Ruby... Ton frère s'inquiète pour toi c'est normal...
-Je n'ai pas besoin d'aide ! je dis en levant la main. Je me débrouille très bien toute seule !
-Ah oui ? En quittant tout derrière toi pour venir vivre dans un pays complètement inconnu ? Une chance que Dimitri soit là finalement.
-Et si c'était le destin ?
-Le destin a donc choisi pour tes parents.
Je secoue la tête, je ne parle pas de ça bon sang !
-Arrête de parler de mes parents !
-Pourquoi ? Parce que tu n'acceptes pas ce qui leur est arrivé ?! Tu l'as dit toi même Ruby, c'est le destin !
-Le destin s'était qu'ils devaient vivre leur vies, avec nous, être à nos côtés dans chaque étapes compliqués de notre foutue vie, ils devaient vieillir simplement ! PAS MOURIR !
J'ai hurlé ses deux derniers mots. Je plaque une main sur ma bouche, choquée. Étienne souffle, comme soulagé mais moi, je ressens comme une fissure à l'intérieur de moi et toutes mes pensées heureuses que j'aie réussi à absorber ses dernières quarante huit heures disparaissent. Je me sens désemparé et l'attitude insistante d'Étienne sur moi ne m'aide pas. Je tente de ravaler cette boule qui me noue la gorge et qui me bloque la respiration, je cligne des yeux plusieurs fois pour refouler mes larmes mais l'une d'elles réussit à s'échapper et part glisser le long de ma joue.
-Tu es traumatisé Ruby...
C'est la conclusion du doc ! Il termine de m'achever, je fonds en larmes. Je n'arrive plus à parler, mes pleurs sont tellement puissants que j'en hoquète pour réussir à reprendre un peu de respiration. Merde, comment il a fait ça ? Ses choses que j'ai toujours pensées mais que j'ai toujours gardées en moi. Ils n'avaient pas le droit de mourir, non, ils devaient rester pour assumer leur rôle. J'ai perdu mes parents à dix sept ans, la période la plus importante de ma vie, là ou, j'avais le plus besoin d'eux.
-L'annonce du décès de tes parents à été un choc pour toi. D'après ce que j'arrive à en extraire, tu as été sidéré par cette nouvelle qui pour toi était impossible. Tu n'y as pas cru, pas au début, jusqu'au jour où tu as pu en avoir des preuves.
-Je n'ai ja...jamais pu vo..voir leurs corps ! je dis entre deux hoquets.
-Cette phase t'a donc mis dans le déni. C'est une réalité courante tu sais, énormément de gens réagissent comme tu le fais Ruby, tu n'es pas un cas appart. Mais il faut que ce mauvais rêve s'arrête mais pour ça, c'est toi et toi seule, qui y parviendra.
-Pourquoi je suis comme ça ? je demande. Je ne suis plus la même depuis tout ça.
-Tes parents sont-ils la seule cause de ton changement de personnalité.
Il tente de m'offrir un sourire bienveillant et je comprends ou il veut en venir... Dimitri.
-Il y a eu le départ de Dimitri juste avant.
-Son abandon tu veux dire.
Mon cœur se serre. Putain, il a encore juste. J'ai vécu ça mais d'une manière pire qu'un abandon, comme si il m'avait enfermé à double tour tout en m'arrachant le cœur, pour ne plus jamais me revoir et que je ne ressente plus jamais rien de ma vie. J'acquiesce simplement.
-Après en avoir discuté avec lui, je sais que la décision de Dimitri à cet époque a été l'une des plus compliqué qu'il a du prendre dans sa jeunesse. Mais regarde aujourd'hui, sa carrière est grimpante et même si cela m'a fait autant de mal qu'à toi de le voir partir, je pense qu'aujourd'hui, il mérite tout ce pourquoi il est parti. Il a réussi son accomplissement. Nous n'aurions jamais pu l'en empêcher.
Je ne sais pas quoi répondre à cela.
-Peut-être que tout ce que je te dis ne te revient pas mais tout vient de là.
-Je ne comprends pas... je dis complètement paumé.
-Pendant toutes ses années, tu t'es créée une protection psychique. Le tumulte de ton chagrin, toute cette culpabilité que tu as accumulé en toi, t'as déstructuré. Aujourd'hui, si tu ne pardonnes pas le passé, jamais tu ne réussiras à te restructurer. L'état dans lequel tu te mets à cette période de l'année n'est qu'un prétexte. Tu ne penses qu'à toi. Certes tu as le droit de pleurer pour la perte de tes parents, mais tu n'as pas le droit de tomber en état de dépression à chaque fois. Pense à ton frère qui subit ce stress loin de toi... Tu es déjà dépressif Ruby. Tu profites de cette période, pour ressortir tout tes malheurs passés, ceux que tu n'as jamais accepté et ça ne fais qu'amplifier cet état. Retrouve dans ton cœur tes petits coins de ciel bleu, met ton passé de côté Ruby et apprends à vivre ! Tu dois grandir, te sentir vraie et vivante. Je n'ai jamais vu une fille autant hargneuse que toi. Lorsqu'on te voit on croirait voir un bouledogue enragé.
J'arrive à rire.
-C'est vrai... Tu es tellement belle. Montre-le, encore plus au gens qui t'aime.
Un silence s'installe. Je viens de me prendre une claque et une sacrée. Si j'avais su qu'en me forçant à me lever ce matin pour venir boire un café avec Étienne j'allais me faire secouer comme un vrai prunier je me serais peut-être abstenu mais pour dire vrai, la vérité ne fais pas de mal à entendre surtout lorsqu'elle est dite quand on ne s'y attend pas et par quelqu'un que l'on connaît et que l'on a apprécié. Pendant quelques minutes, je reste la tête basse a regardé le bout de mes baskets. Étienne a de belles Timberland en cuir aux pieds, moi le tissu de mes converses et déchiré de chaque côtés. Je fais pitié même niveau vestimentaire. Je dois me reprendre en main, vraiment.
-Hier soir, j'ai dis à Dimitri que je lui pardonnais... je dis, ce qui le surprend.
Il hausse un sourcil et sourit.
-C'est super Ruby, c'est un très bon début. Tu dois prendre ton temps et...
-Oui, Dimi a dit que l'on devait prendre notre temps.
-Bien. Il a tout compris.
-Qu'est-ce que...
Il attend que je formule ma question. Putain ce n'est pas comme ça que je voyais une séance chez un psy moi ! Pas en terrasse d'un bar et autour d'un café. D'autant plus quand c'est votre ami qui devient votre psy !
-Qu'est-ce que je dois faire maintenant ?
-Avancer, doucement mais sûrement. Accepte ta vie comme elle se présente et fait en sorte qu'elle se présente comme tu aimerais qu'elle soit.
-Je veux être heureuse...
-Oui mais être heureux ne signifie pas que tout est parfait.
Je fronce les sourcils.
-On t'a jamais dis que tu pouvais être ennuyeux comme psy ?
Il éclate de rire et jette sa tête en arrière, je souris timidement. L'air de rien, il m'avait manqué, Étienne.
-Très bien alors je vais arrêter avec mes phrases de sage et je vais te poser une seule question : Qu'est-ce qui ferais que tu arriverais à avancer et tourner une page avec tes parents.
Je réfléchis un court instant car la vérité me vient immédiatement en pleine face. Je sais pourquoi je ne suis jamais parvenu à avancer, Jetsen lui à fait son deuil en organisant les funérailles de nos parents. Cet enterrement lui a permis de tourner une page mais moi... je n'y suis jamais allé, je n'ai jamais rien fait. Je ne pouvais pas voir deux tombes vides descendre sous terre, impossible.
-Je crois que je sais...Mais c'est compliqué.
-Qu'est-ce qui est compliqué ?
-Aller sur leurs tombes, en sachant qu'ils n'y sont pas ! je dis d'une voix tremblotantes.
-Leurs corps sont absents, mais leurs esprits sont là Ruby, toujours autour de toi, où que tu sois.
-Alors il faut que j'aille leur faire mes adieux, mais là-bas.
Il acquiesce plusieurs fois en se mordillant la lèvre.
-Donc tu rentres avec moi ? me demande t-il.
-Oui, je rentre avec toi.
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Fin du Chapitre.
Olà mes chats !!
Oui, oui, je sais, je débarque comme ça sans prévenir mais avouez vous êtes content tout de même de lire ce chapitre ?! Qu'en avez-vous pensé ?
Je sais que ses temps-ci je suis plutôt longue à publier mais je veux peaufiner au maximum ses derniers chapitres qui se préparent.
J'espère que vous ne serez pas déçu.
Gros bisous !
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N'oubliez pas --> ⭐
Mon Histoire écrite en collaboration : INKED MEMORIES 1 & 2.
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