À écouter : Tell Me You Love Me - Demi Lovato
Le blondinet
- Chéri c'est l'heure.
Je grimace et enfonce ma tête dans mon oreiller moelleux. Le rire que j'aime tant depuis plus de quatre ans résonne dans la chambre et je me décide à ouvrir progressivement les yeux pour éviter tout problème avec le soleil entrant par la fenêtre.
- Bonjour, je marmonne et embrasse la joue de ma petite amie que je viens d'attirer contre mon torse.
Elle sourit de ses belles dents et me signale qu'il est l'heure pour moi de me préparer à aller travailler. Je sors alors de notre lit, précédé de Savannah et me rends directement dans la salle de bain où m'attendent mes vêtements. Je n'ai pas de tenue particulière à mettre pour le travail étant donné que je serai en blouse toute la journée. C'est bien un des avantages de mon boulot.
Habillé d'un polo noir et d'un pantalon simple, je sors de la salle de bain et pars rejoindre la fille qui me rend toujours aussi heureux. Savannah porte une robe grise ainsi qu'un collant noir. Comment fait-elle pour ne pas avoir froid en plein mois de décembre ?
- Quoi de prévu pour la journée ? Je l'interroge alors que j'entoure sa taille de mes bras.
Je viens déposer quelques baisers dans son cou et me laisse transporter par sa merveilleuse odeur. Elle bouge dans mes bras et se détache pour s'éloigner prendre des pancakes dans un plat.
- Je vois une amie ce matin, on va déjeuner ensemble, elle se racle la gorge et me sourit.
Je ne relève pas son attitude étrange et lui souris à mon tour. Savannah a toujours été discrète sur ses sorties, ses relations et ce depuis plusieurs années déjà. En fait depuis le lycée, depuis que je la connais.
- Hum tu n'as pas oublié pour Noël ? Chez mes parents ?
- Je serai là, elle m'indique simplement et je soupire.
Je l'aime, beaucoup. Mais malheureusement pour moi, elle n'a jamais vraiment été heureuse de voir mes parents et j'ignore encore la raison aujourd'hui. Ça a commencé une fois quand nous les avions vu pour mon anniversaire il y a deux ans et depuis ils ont du mal à s'entendre. Mais je persiste à croire qu'ils peuvent se rabibocher.
Dans le plus grand des calmes, nous prenons notre petit-déjeuner dans la cuisine, elle regardant son téléphone, moi lisant le journal quotidien. Apparement beaucoup de vols ont été annulés ou reportés à cause d'un mauvais temps. J'espère que d'ici samedi tout ira mieux. J'aimerais vraiment que notre trajet jusque chez mes parents se passent bien. Ma mère a insisté pour que je vienne et j'ai moi-même très envie de les voir.
Je dépose ma tasse dans l'évier et pars dans l'entrée mettre ma veste. Prenant ma sacoche, je fais un rapide détour par la cuisine et embrasse la joue de ma chère et tendre. Elle sourit et reporte à nouveau son attention sur son mobile.
- Je t'aime, je lui souffle.
- Moi aussi.
Sur ces mots, je franchis les portes de notre appartement et me rends à mon travail en taxi.
*
- Bonjour Asher, vous allez bien ? Me salue la secrétaire et je lui fais la conversation avant de m'engager dans le couloir menant à mon bureau.
J'ouvre la porte de ma pièce de travail et dépose mon sac sur une chaise proche de moi. J'attrape ma blouse sur le portemanteaux et l'enfile, analysant les alentours. La pièce est toujours aussi blanches, stérile et simple. Certains trouveront ça sans goût, sans décoration mais j'aime la simplicité.
J'allume mon ordinateur et ouvre les stores pour illuminer la pièce. Mes converses sur le carrelage gris grincent, étant donné que je viens de me les racheter. Je déballe mon matériel habituel sur ma table d'auscultation et mets des gants. Il est neuf heures, les premiers patients doivent déjà être là.
Je vérifie rapidement mon apparence pour ne pas paraître négligé devant eux. Mes cheveux bruns courts sont bien coiffés, ma blouse cintrée. Tout est parfait.
Je sors et me rends dans la salle d'attente, dans laquelle sont postées deux personnes, une vieille femme et son chihuahua beige et un homme avec un perroquet. Je prends la feuille de rendez-vous que me tend Marisa, la secrétaire de quarante ans et observe les noms présents. Putain ma journée ne se terminera pas avant vingt heures, encore une fois. Pas que ça me dérange mais je voulais vraiment faire une surprise à Savannah en rentrant un peu plus tôt.
- Madame Swarzen, je lis sur la feuille et lui souris.
Elle se lève doucement de son fauteuil et je lui fais signe d'aller jusqu'à mon bureau. Je salue au passage l'homme au perroquet, un client habituel qui doit certainement aujourd'hui être celui de mon meilleur ami et collègue, Finn, qui n'est pas encore arrivé et qui sera encore en retard, comme depuis le début de la semaine.
Je rejoins madame Swarzen dans mon bureau et commence à ausculter son petit chien qui pète beaucoup depuis plusieurs jours...
*
Je referme la porte de mon bureau en soupirant devant mon téléphone. Il est treize heures trente, je m'accorde enfin une petite pause pour manger. Au même moment, comme nous le faisons tout le temps, Finn sort de sa pièce et me sourit avant de me demander comment se sont passés mes rendez-vous. Puis la discussion se poursuit jusqu'au snack à côté de notre cabinet. Finn me raconte qu'il a rencontré une fille, Tara, en boîte de nuit, la dernière fois que nous y sommes allés lui, Savannah et moi. Il me confirme aussi mes soupçons en m'avouant que ça fait presque une semaine qu'elle dort chez lui et qu'il est donc en retard tous les matins.
Nous commandons au comptoir et nous installons à une des tables disponibles devant la petite entreprise.
- Donc tu nous la présentes quand ? Je lui demande et avale un morceau de mon sandwich au poulet.
- Hum demain elle doit passer me voir à midi. Elle peut manger avec nous si tu veux ? Finn boit une gorgée de sa cannette.
Je hoche la tête et lui apprends que je demanderai ce soir à Savannah si elle veut se joindre à nous. J'ai connu mon meilleur ami au lycée, un peu avant de connaître l'amour de ma vie. Quand eux-mêmes se sont rencontrés, ils se sont bien entendus, ce qui m'a permis de les voir souvent en même temps.
- Et toi alors avec Savannah ?
- Ça va bien, je lui souris. On va chez mes parents pour Noël.
- Vous partez samedi du coup, c'est ça ?
- C'est ça.
Nous finissons de manger en vitesse. Il est déjà treize heures quarante passées quand nous revenons au centre vétérinaire où nous travaillons Finn et moi. Ce petit bijou nous a coûté beaucoup à monter mais depuis six ans que nous le dirigeons tous les deux, tout va pour le mieux.
*
Je dépose ma sacoche sur le parquet du salon et m'assois lourdement sur le canapé. Cette journée était épuisante, bien que très productive à mes yeux. Soigner des animaux a toujours été ma passion et ce depuis que mon grand-père m'avait demandé de m'occuper de son vieux chien quand j'étais encore tout petit.
N'entendant aucun bruit dans l'appartement, je me relève les sourcils froncés et me dirige vers la cuisine, où Savannah aime se préparer un chocolat chaud pendant que je rentre. Mais cette fois-ci elle n'y est pas. Pourquoi n'est-elle pas là ? Elle a ses habitudes, habitudes que j'aime car justement ce sont des habitudes donc ça ne change pas. Normalement en tout cas.
- Savannah ?
Je fouille toutes les pièces de l'appartement, à la recherche de ma petite amie mais elle n'apparaît pas. Ça valait vraiment le coup de fermer le cabinet une heure avant. Déjà que je n'aime pas changer mes routines, si c'est pour qu'elle ne soit même pas là...
Une demi heure plus tard, alors que je suis assis sur le canapé, la porte d'entrée s'ouvre doucement et un rire résonne dans la pièce. Son rire. Je l'entends fermer la porte à clé et les déposer sur la commode.
- Moi aussi, à demain.
Son rire s'arrête quand elle remarque que je suis debout devant elle. Elle marmonne des excuses à son correspondant et raccroche rapidement.
- Je ne savais pas que tu rentrerais aussi tôt aujourd'hui, elle sourit et je hausse un sourcil.
- Moi non plus mais je voulais faire une surprise à ma petite amie.
Toujours dans sa longue veste marron, elle vient entourer mon corps de ses bras et dépose sa tête sur mon torse.
- Je suis désolée mon amour. Ella m'a appelé pour qu'on aille boire un café toutes les deux.
Mes nerfs se détendent et je la serre plus contre moi. Je ne sais pas comment elle fait mais ses beaux yeux bleus m'ensorcellent. Elle secoue ses cheveux blonds mi-longs et vient embrasser ma bouche, chastement.
- Je peux me faire pardonner ? Elle m'interroge d'une voix mielleuse que je reconnais très bien.
Avec mon aide, elle enlève mon polo et le jette par terre. Savannah me fait basculer sur le canapé et elle me rejoint peu après, vêtue seulement de sa robe grise que j'ai envie de lui arracher. Ses jambes de chaque côté des miennes, elle passe sa tenue au dessus de sa tête et se retrouve uniquement en sous-vêtements devant moi, qu'elle se précipite d'enlever. Ses belles mains passent sur mon torse et remonte doucement vers mes cheveux qu'elle caresse. Ses yeux dans les miens, elle défait la ceinture de mon pantalon et la fait rejoindre mon t-shirt et bien vite mon bas.
Rien à dire, Savannah sait se faire pardonner. Et très bien même.
*
Quand je me réveille ce matin, Savannah n'est pas dans le lit. Le réveil matin indique six heures vingt-trois, j'ai une heure d'avance sur mon heure habituelle. Je déteste ça.
Toutefois, je sors du lit et ronchonne jusqu'au salon où Savannah est posée. Ma petite amie est une lève tôt. Elle n'arrive pas à dormir au-delà de six heures du matin, une tragédie pour elle mais pas pour moi. J'ai le droit à un bon petit-déjeuner préparé une heure à l'avance.
Je m'approche du canapé et me laisse tomber sur celui-ci. Savannah à côté de moi fronce les sourcils et renferme son gros plaid sur elle.
- Tu te réveilles tôt aujourd'hui, elle remarque et je grogne.
- Je n'arrivais pas à dormir.
Elle reprend son activité, regarder la télévision, tandis que je pars dans la cuisine me faire un bon café chaud. Le mug posé sur l'îlot central, je lis attentivement le journal, du moins les nouvelles importantes.
Savannah entre dans la pièce, emmitouflée dans sa couverture et se sert elle aussi un café. Elle vient se poser au bar et le boit tout en tapotant sur son mobile.
- Finn voudrait qu'on vienne manger avec lui à midi. Il veut nous présenter sa nouvelle copine.
Elle relève la tête, se mord la lèvre et secoue la tête.
- Je ne peux pas, je vois Ella aujourd'hui.
- Tu l'as vu hier 'Annah. Ça peut attendre plus tard, je croise les bras.
- Désolée mais non. C'était prévu depuis longtemps et je ne peux pas annuler.
Elle baisse la tête et reprend la lecture de son téléphone. J'en ai assez. Hier elle rentre tard pour voir Ella, aujourd'hui elle ne vient pas à nouveau à cause d'elle... Ça suffit merde.
*
- N'oubliez pas de passer de la bétadine sur sa plaie, trois fois par jour, je dicte à l'homme qui sort de mon bureau et regarde le petit chien mordu à la patte. Et toi mon grand repose toi bien.
Je lui gratte la tête et le mâle me lèche la main. J'aime tellement ce boulot. Les petits animaux me rendent autant heureux qu'un enfant pourrait le faire.
Je souris et salue le dernier client de la matinée. Je m'enferme dans ma pièce d'auscultation et m'assois lourdement sur ma chaise noir, devant ma table. L'horloge de mon ordinateur affiche désormais midi quarante, j'ai rendez-vous avec mon meilleur ami et sa chérie dans vingt minutes.
Mon smartphone se met à vibrer sur le bureau et je le saisis rapidement lorsque je vois l'auteur de l'appel.
- Salut maman !
- Bonjour mon chéri, elle s'exclame et je suis presque sûr qu'elle sourit grandement de l'autre côté du téléphone, comment tu vas ?
- Bien, je sourire, je viens de finir ma matinée. Et vous ?
- Ça va, elle se gratte la gorge. Vous venez toujours demain hein ?
- Bien sûr maman, je la rassure, nous n'avons pas oublié.
Il faut absolument que j'envoie un message à Savannah pour lui rappeler. Elle a tendance à vite oublier quand il s'agit de mes parents.
- Super alors ! J'ai hâte de te voir mon grand. Tu nous manques, tu sais ?
- Vous me manquez aussi maman.
L'appel dure encore quelques instants et je raccroche. J'adore ma mère, même si elle peut être très sévère quand je fais une bêtise.
Je reprends vite mes esprits et envoie un message à Savannah. J'ai besoin qu'elle me confirme qu'elle viendra bien avec moi, qu'elle n'a pas oublié. Elle est capable de laisser ça de côté dans sa tête et de prévoir quelque chose demain avec son amie.
Au bout de dix minutes elle ne répond pas et je commence à m'inquiéter. Ce n'est pas son genre, elle qui ne passe pas une minute sans son mobile. Je prends la décision d'envoyer un message à Ella pour lui demander de dire à ma copine de regarder son écran.
De Ella : Salut Asher ! Désolée mais Savannah n'est pas avec moi. D'ailleurs je ne l'ai pas vu depuis un moment. Il y a un problème ?
Je fronce les sourcils et tape rapidement une réponse. Je n'aime vraiment pas ça.
À Ella : Elle m'a dit que vous vous étiez vu hier et que vous alliez vous voir aujourd'hui...
De Ella : Oh... Désolée Asher mais je n'ai aucune idée d'où elle est. Essaie de joindre son travail ; )
J'applique les conseils de son amie et m'empresse de téléphoner à sa boîte.
- Bonjour est-ce que je pourrais parler à Savannah Dolorean s'il vous plaît ?
Ma voix doit me trahir. J'ai peur de ce qui va se passer après. J'ai peur de ce que je vais entendre.
- Je suis désolée monsieur mais elle vient de partir en pause, m'apprend une jeune femme.
- Est-ce que vous savez où je peux la trouver ?
- Elle vient de partir avec son petit ami. Ils vont sans doute au petit restaurant à côté de la parfumerie comme d'habitude.
Petit ami ? Bordel c'est une blague ?
Je raccroche et presse le pas pour attraper toutes mes affaires. J'envoie un message à mon meilleur ami même s'il se trouve dans la pièce d'à côté. Je ne mangerai pas avec lui et son amie aujourd'hui.
Je dois vérifier que je me trompe et que Savannah n'a pas fait ce que je crois.
*
Je remercie le chauffeur de taxi et sors en calquant la porte du véhicule. Il baisse la vitre et me regarde dans les yeux.
- Je peux partir monsieur ?
- Non restez là s'il vous plaît, je lui demande poliment, je n'en ai pas pour longtemps.
Il acquiesce et je pars rejoindre le restaurant près du travail de ma petite amie. Mon cœur bat à cent à l'heure, je suis sûr qu'il va lâcher. Mes pieds me guident automatiquement jusqu'au bâtiment et j'y arrive rapidement. Pourtant je ne m'avance pas plus et reste caché derrière un panneau publicitaire non loin de la terrasse. Mes yeux cherchent la fille que j'aime et quand je croise ses beaux cheveux blonds, je déglutis.
Elle est là.
Et elle tient la main d'un grand blond musclé.
Et moi je suis là, caché, à les observer de loin pour ne pas me faire repérer.
Mon cœur se serre d'autant plus lorsque la bouche de l'homme s'approche de la sienne et que leurs lèvres se scellent amoureusement.
Bordel j'ai mal. J'ai tellement mal. J'ai envie de crier, de pleurer. Elle m'a trahi. Elle m'a trompé, sans aucun remord. Elle m'a laissé l'aimer alors qu'elle en aimait un autre. C'est quoi le problème avec moi ? Je ne suis pas assez beau ? J'aurais tout fait pour l'être. Je ne suis pas assez musclé ? Je me serais mis au sport. Je ne suis pas blond ? Je me serais fait teindre les cheveux pour elle.
Je l'aime à en mourir et elle, elle est dans les bras d'un autre, à dix mètres de moi.
Mes poings se serrent. L'envie me prend d'aller éclater la gueule de ce connard blondinet et d'insulter la femme qui compte le plus à mes yeux. Mais non, je ne le fais pas. Je reste là, les yeux embués, les poings serrés, à les observer.
Depuis quand ne ressent-elle plus rien pour moi ? M'a-t-elle réellement aimé un jour ? Je n'étais qu'un jeu ? Un bon plan ?
Je fais finalement demi tour quand la main du blond remonte le long de la cuisse de ma chérie. J'ai envie de vomir mais je me retiens, comme je me retiens de pleurer. J'ai un travail à assurer cet après-midi, le cœur en miettes ou non.
*
Il est dix-huit heures quand je rentre chez moi. Dans notre appartement. Je jette violemment ma sacoche au sol et pars à la cuisine me servir un verre d'eau. Je sais que je dois me calmer, je suis beaucoup trop énervé.
En voyant mon état de tristesse et d'énervement, Finn n'a pas posé de question et a décidé de prendre tous mes rendez-vous de la soirée pour que je puisse rentrer chez moi, quitte à finir deux heures plus tard.
Je me rends dans notre chambre et contemple le lit parfaitement fait, le sol propre, la petite coiffeuse de Savannah où repose ses parfums préférés. Je m'avance vers cette dernière et saisis un des parfums qui m'a coûté la peau du cul, presque un mois de salaire pour cette connerie.
Maladroitement ou non, la verrerie tombe de mes mains et le liquide se déverse sur le tapis. Tout comme certains autres que je jette au sol. Je me dirige vers le dressing et ouvre le tiroir des sous-vêtements de ma petite amie. Tous sous saillants, si sexy, si chers. Et moi qui ai cru que c'était pour moi. J'en tiens un dans mes mains et un sourire s'étire sur mon visage. Désolée Savannah mais tu ne pourras plus les remettre pour lui. Ou pour qui que ce soit d'ailleurs. Je le déchire et en prends un autre, puis un autre, puis encore un. Tous subissent le même sort.
Vous pensiez que seule une femme était capable de faire ça ? Vous vous trompiez bien.
Plus que déchaîné, j'attrape une valise sous le lit et l'ouvre pour y jeter toutes ses affaires, ses vêtements, ses produits de beauté que je déverse sur les tissus. Bizarrement l'ordinateur, enfin ce qu'il en reste, n'a pas survécu à la petite chute du haut de notre armoire. Je le place lui aussi dans le bagage et il est vite rejoint par le dernier parfum que je verse sur le contenu. Je saisis les chères chaussures de ma petite amie et ouvre la fenêtre de la chambre, qui donne sur une des grandes rues de la ville. Je fais attention à ce que personne ne passe en dessous et les laisse tomber sur le goudron. Espérons que ses putains de talons n'aient pas survécu.
Je ferme la valise et me rends dans l'entrée pour attendre ma chère et tendre. Trente minutes plus tard, elle rentre tout sourire. Elle déverrouille la porte et garde les clés dans sa main quand elle me voit debout à côté du bagage. Ses sourcils se froncent, ses bras retombent le long de son corps.
- Asher ? Tu pars ?
- Non, je secoue la tête catégoriquement, c'est toi qui dégage.
- Pardon ?
Je jette la valise à ses pieds et elle baisse la tête pour la regarder. Ses yeux remontent jusqu'aux miens et s'y accrochent. Autrefois si hypnotisants.
- Et désolé mais ton ordinateur n'a pas réussi à survivre d'une chute d'au moins un mètre soixante. Et tes parfums non plus.
- Mais-
- De toute manière, ils ne pourront pas être plus brisés que mon cœur, non ? Je lâche un rire moqueur et ses épaules se redressent. Comment va blondinet ? Oh et Ella voudrait que tu ailles la voir, ça fait longtemps que vous ne vous êtes pas vues.
Ses yeux s'ouvrent en grands et ses lèvres tremblent. Fier du résultat, j'entends qu'elle saisisse la valise mais elle ne le fait pas.
- Je peux t'expliquer Ash je-
- Il n'y a rien à expliquer, je lui déclare fermement, ne m'appelle plus Ash. Et donne moi tes clés.
Je les arrache de sa main et les jette sur le canapé. Les bras croisés, je lui ordonne une première fois de sortir de notre appartement. De MON appartement.
- Sors Savannah. Tu n'es plus la bienvenue ici.
Ses yeux embués, elle se penche pour prendre la valise et me regarde pour vérifier sans doute que je ne rigole pas.
J'attrape le gros sac et un sourire s'inscrit sur son visage. Je passe à côté d'elle et ouvre la porte en grand pour y jeter la valise qui frappe contre le mur du couloir de l'étage.
- Au revoir Savannah.
Elle sursaute à mon ton et finit par sortir de l'appartement. Je claque la porte et m'y appuie, dos à celle-ci.
Je prends mon téléphone dans ma poche et tape un message de remerciement à mon meilleur ami et lui souhaite de bonnes fêtes, sans lui dire ce qu'il passe. Je sélectionne le contact de ma mère.
À Maman : Je prends le premier avion qui part. À très vite. Xxx
*
Dans le froid de New-York, j'attends le taxi qui doit m'amener jusqu'à Miami, où vivent mes parents. Malheureusement pour moi, tous les billets étaient déjà vendus. Mais un gentil chauffeur a accepté de m'y amener avant les fêtes de Noël car selon lui, il pourra faire un beau cadeau à sa fille avec l'argent que je vais lui donner. Au moins, j'aurais fait un heureux.
Un taxi s'arrête brutalement devant mon immeuble et je comprends qu'il s'agit du miens. Je saisis mon gros sac de sport et me dirige vers le véhicule. J'ouvre la porte et entre, le sac d'abord, puis moi.
Je referme la portière et boucle ma ceinture. Je salue vaguement l'homme que j'ai eu au téléphone un peu plus tôt et finis par tourner la tête lorsque j'aperçois du mouvement près de moi. Deux yeux m'examinent et je fronce les sourcils.
- Qu'est-ce que vous faites là ?
- C'est plutôt à moi de vous demander ça, elle me réponds sèchement, c'est mon taxi.
- Non c'est le mien, je la contredis, je l'ai réservé il y a une heure.
- Moi aussi.
- Vous l'avez réservé en même temps et pour la même destination, le conducteur finit par intervenir.
- Et ? Je le questionne. Pourquoi sommes-nous dans le même taxi ?
- Vous allez au même endroit, vous me payez correctement et j'ai une course de moins à faire. C'est bénéfique pour tout le monde.
- Sauf pour nous, la rousse et moi répondons au même moment.
Je la foudroie du regard et serre les poings. Ma journée ne pouvait pas être plus pourrie...
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