La semaine suivante, la vie à Fondcombe avait reprit son cours. Ariane continuait les entraînements avec Glorfindel — désormais deux fois plus intensifs. Elle avait des courbatures sur chaque muscle et rentrait toujours en sueur des séances de maniement d'épée mais cela ne l'empêchait pas de garder le sourire. Elle se sentait libre, désormais.
Lìriel lui avait confectionné une tenue de combat sur la demande de Glorfindel. Elle se composait d'un pantalon moulant de couleur marron, d'une chemise blanche légère et d'un corsage en cuir par dessus. Bien entendu, elle ne portait pas de soutien-gorge en dessous. Elle avait eu du mal à s'y faire, mais finalement elle se sentait mieux comme ça. De toute manière, elle n'avait jamais eu une imposante poitrine. En plus de tout ça, on lui avait donné une paire de bottines à lacets en cuir brun qui étaient extrêmement confortables.
Aujourd'hui, Ariane se réveilla de bonne humeur. Elle enfila sa tenue de combat — elle avait désormais abandonné définitivement les robes.
Elle avala le plateau de petit-déjeuner que Lìriel lui avait apporté et se mit en route pour la terrasse sud où l'attendait Glorfindel comme à chaque fois qu'il l'entraînait. Le soleil perçait à travers les nuages. Il était encore tôt. Lorsqu'elle fut arrivée, elle salua Glorfindel et Arwen, qui assistait parfois à son entraînement.
— Je vois que tu as oublié de prendre ton épée... fit Glorfindel, un sourire au coin des lèvres. Tu vas pouvoir aller la chercher à l'armurerie.
Ariane perdit son sourire.
— Mais... c'est trop loooiiin, l'armurerie !
— Tu perds du temps.
Ariane se retint de soupirer et repartit d'un pas lent vers l'armurerie. Sur le chemin, elle croisa Elrohir et Legolas. Elle sourit à l'aîné d'Arwen et hocha poliment la tête en direction de Legolas. Elle reprit sa route sans s'attarder. Elle entra dans l'armurerie et eut une quinte de toux due à la poussière. La pièce n'était plus utilisée depuis des lustres. Son épée était rangée sur le côté droit. Elle se distinguait facilement des autres, de par sa récente utilisation. Ariane la saisit précautionneusement. Il lui était déjà arrivé de créer un vacarme assourdissant en faisant tomber deux ou trois épées au sol. Elle avait été chanceuse que personne ne fut passé par là au même moment.
Lorsqu'elle eut son épée en main, elle la fit tournoyer dans sa main. Elle était légère et facile à manier. Ariane avait été touchée de ce cadeau, elle avait déjà assez reçu de la part des elfes de Fondcombe... Mais il semblait bien qu'ils l'avaient adopté.
Ariane ressortit de l'armurerie, sans oublier de fermer la porte derrière elle. Elle revint auprès de son cher entraîneur.
— Dix-sept minutes aller et retour, tu t'améliores ! la taquina Glorfindel.
Elle lui tira la langue, faisant preuve de toute la maturité qui la caractérisait. Elle entendit un rire du côté du "public". Elle se retourna et se figea. Deux nouvelles personnes s'étaient assises à côté d'Arwen. Ariane interrogea Glorfindel du regard. Il fronça les sourcils. Elle chassa l'air de sa main. Elle réussirait bien à faire abstraction.
— Commençons, dit-elle.
— Tu es sûre que ça va ? s'inquiéta son mentor.
— Oui, pourquoi ? demanda-t-elle d'un ton qui se voulait détaché.
Glorfindel la fixa d'un air soucieux puis se ravisa.
— Pour rien. Commençons.
Ariane leva son épée devant elle, on ne peut plus sérieuse. Glorfindel attendit quelques secondes avant de l'attaquer par surprise. Cela fonctionna. Ariane sursauta et fit tomber son épée au sol. Elle la ramassa rapidement et se remit en place.
— Tu n'as pas l'air concentrée... soupira Glorfindel. Tu sais, on peut remettre la séance à demain.
— Tout va bien. Recommençons.
Glorfindel reprit sa place et réitéra son mouvement d'épée. Cette fois-ci, Ariane parvint à le parer. Toutes les autres attaques aussi, d'ailleurs. Mais son point faible était l'attaque. Glorfindel lui laissa souvent l'occasion de l'atteindre mais rien n'y faisait. Ariane l'appréciait et avait sans cesse peur de le blesser. Elle le savait très bon combattant, mais elle savait aussi qu'un coup mal placé pouvait être irréversible. Glorfindel était déjà mort une fois, et elle refusait d'être la cause de son second trépas...
Elle essaya quelques fois d'attaquer d'elle-même mais elle portait des coups trop faibles. Glorfindel lui fit bien remarquer à la fin de la séance :
— C'est bien, Ariane, mais tes attaques ne sont pas assez puissantes et rapides. Un ennemi pourrait les parer et te reporter un coup derrière très facilement. Il faudra vraiment travailler ça, durant le mois qu'il nous reste...
Ariane acquiesça. Le départ de la Communauté était prévu au 25 décembre. D'ici là, elle ferait tous les efforts possible pour rendre son mentor fier d'elle. Lorsqu'elle repartit d'un pas plus confiant vers l'armurerie pour y ranger son épée, elle fut rattrapée par la dernière personne à qui elle avait envie de parler — à cause du souvenir honteux qu'il engendrait. Elle se retourna tout de même vers lui.
— Oui, Monseigneur ? fit-elle d'une toute petite voix.
— Je vous en prie, pas de cela avec moi. Après tout, nous sommes compagnons de route. Appelez-moi Legolas.
— Ariane. Enfin, je veux dire, appelez-moi Ariane. Vous n'êtes pas... contre le fait que je voyage avec vous ?
— Je vous avoue qu'au début j'étais un peu surpris de la décision d'Elrond de vous laisser venir. Mais j'ai appris par la suite que vous étiez l'apprentie de Gandalf, alors ce fut tout de suite plus compréhensible.
— Ah, oui... rit nerveusement Ariane.
Devait-elle lui révéler la vérité ? Il lui était sympathique, finalement... Il semblait avoir oublié leur carambolage dans l'un des couloirs de la cité.
— Et puis, je pensais que vous étiez un peu maladroite mais finalement vous êtes très habile avec une épée !
Apparemment pas.
— Vous m'avez impressionné durant cet entraînement.
— Merci... Mais je ne m'en sors pas aussi bien que Glorfindel.
— Ça viendra. Et puis, vos attaques seront d'autant plus puissantes lorsqu'elles seront liées à vos sentiments.
— Comment ça ?
— La colère et la haine sont des sentiments forts et souvent ceux qui animent une bataille. Ils vous feront atteindre votre cible à chaque fois.
Bon, il avait tout de même l'air un peu étrange mais il était gentil. Elle culpabilisait de plus en plus de le cacher à tous... Surtout à Glorfindel et à Lìriel. Ils étaient les deux elfes dont elle était le plus proche ici. Ils l'avaient énormément aidé. Elle redoutait surtout leur réaction lorsqu'ils apprendraient qu'elle leur avait menti.
— Merci pour tous vos conseils, Monseigneur.
— Legolas, rectifia-t-il.
— Legolas, répéta-t-elle.
Il lui sourit.
— Vous m'excuserez, je suis attendu, lui dit-il finalement. Nous nous reverrons.
— À bientôt, alors.
Il s'inclina, la main sur le cœur et tourna les talons. Ariane le regarda partir de sa démarche féline, puis reprit tranquillement son chemin jusqu'à l'armurerie.
En revenant dans sa chambre après le repas, elle se déshabilla et plongea immédiatement dans la baignoire remplie d'eau parfumée qu'avait gentiment préparé Lìriel. Ses muscles se détendirent immédiatement.
Après son moment solitaire, Ariane décida d'aller voir Bilbon. Il était en compagnie de Frodon. Elle hésita à repartir tant qu'ils ne l'avaient pas vu mais Bilbon fut plus rapide.
— Venez, ma chère, venez !
Ariane sourit et s'avança vers eux.
— Cela me fait plaisir de vous voir, cela fait longtemps !
— Excusez-moi Bilbon, mais avec l'arrivée de Frodon je me suis dit que c'était mieux que vous passiez le temps avec lui plutôt qu'avec moi...
— Sottises ! lança Bilbon. Votre compagnie m'a manqué, jeune fille, et j'espère bien que vous reviendrez plus souvent avant votre départ.
Ariane ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois. Elle regarda Frodon qui haussa les épaules, amusé.
— Je vous le promets, Bilbon.
Elle s'installa alors sur le banc à côté d'eux. Ils discutèrent tranquillement jusqu'à l'heure du dîner. Ils y allèrent ensemble, Bilbon en tête et Frodon et Ariane derrière.
J'espère que ce chapitre vous a plu ! Il sert un peu de transition haha 😅 dites moi tout ! À bientôt 👣