EPISODE 4: Le camp des rebelles
Je souffre d'une migraine lorsque je reprends conscience. Je vois flou, mais l'espace qui m'entoure prend forme petit à petit. La lumière brille au-dessus de mes yeux. Je ne sais plus ce qui m'est arrivé, j'ai une douleur atroce au cou et j'ai la nausée.
― C'est parce que nous t'avons injectée un anesthésiant puissant et... que nous t'avons retiré ta puce. Rassure-toi, les effets indésirables passeront d'ici une heure. Tu as dormi deux jours.
Je tourne la tête. La rebelle est là, à côté de moi. Elle porte son masque et sa capuche recouvre sa tête.
― Désolée, annonce-t-elle, par simple précaution, nous avons dû t'endormir et te retirer cette puce que tu avais dans le cou. Mes hommes t'ont amené à notre repaire, tu n'as rien à craindre.
Je fronce les yeux, je ne suis pas seule dans cette histoire. Je devais retrouver Pan, Alaska et... Flame qui est malade.
― Ne t'inquiète pas, tes amis sont là. Pan et Alaska ont été retrouvés, il y a trois jours dans la nuit. Ils ont failli être tués par un prototype qui avait survécu à cette avalanche. Et ton ami Flame, est dans une chambre en soin... intensif, dit-elle sur un ton faussement intéressé. Tu veux peut-être la voir, ton amie ?
Elle se dirige vers une porte et l'ouvre, Alaska entre. Elle me saute au cou et je crie de douleur.
― Oh ! Pardon ! s'écrie-t-elle. Je sais que c'est douloureux, j'ai eu droit à ça aussi, il y a trois jours ! Mais ça va vite s'estomper, crois-moi ! Je suis contente de te voir ! Je croyais que nous n'allions plus....
― Moi aussi, je réponds. J'ai cru que des sentinelles m'avaient kidnappée.
― Nous sommes obligés de nous faire passer pour des sentinelles pour ne pas se faire repérer, explique la rebelle. Je m'excuse de t'avoir fait peur.
― Merci, dis-je, en m'asseyant sur le lit. Je m'attendais à vous voir en rêve pour savoir comment nous allions nous rencontrer... Je suis soulagée qu'il s'agisse des rebelles.
Mon estomac se met à grogner. Je rougis.
― Tu as faim ? Je vais te chercher quelque chose, dit la rebelle en sortant de la pièce.
Je regarde tout autour de moi, et en fait, nous sommes dans un grand hangar souterrain qui fait office de dortoir avec une vingtaine de lits.
― Ça va ? demandé-je à Alaska.
― Oui, t'inquiète, j'étais très déboussolée moi aussi mais... ils sont sympas... La plupart... ce sont d'anciens étudiants. Alors imagine un peu quand tu recroises des têtes que tu croyais mort.
― Pan ?
Alaska hoche de la tête. Nous avions entendu leur conversation entre Flame et lui, à propos d'un frère qu'il avait perdu. Ça doit être un choc pour lui.
La rebelle revient avec une canette de conserve. Ce sont des haricots avec quelques morceaux de viande que je ne connais pas. Je la remercie.
Une femme portant un pantalon militaire gris et un débardeur noir apparaît à la porte. Je l'ai déjà vue quelque part avec la peau mate claire, des lèvres pulpeuses très rouges, des cheveux courts et bruns... Oui, je l'ai vu dans un magazine ! Une ancienne actrice.
― Emeraude, désolée de te déranger, dit-elle, mais l'Ancienne veut te voir.
Emeraude ? C'est comme cela que s'appelle cette rebelle ? C'est un très joli prénom. Mais, je me demande pourquoi elle se cache le visage.
― Désolée, Améthys, je reviens, dit Émeraude.
― Je vais m'occuper d'elle, ne t'inquiète pas, lui souffle l'actrice.
Emeraude acquiesce et s'en va.
― Tu as vu, soupire Alaska, c'est Paloma Quintrell !
― Je ne savais pas que j'étais connue sur Cirth ? Je suis censée, ne plus exister là-haut.
― Nous vous avions vue dans un magazine quand nous étions à Undfallpolis, répondis-je.
― Vraiment ? Vous avez pu entrer et sortir de cette ville sans encombre ?
― Non, nous sommes passés par des égouts et nous avons attrapé un microbe, lance Alaska.
Paloma ricane.
― J'ai entendu dire que vous y aviez fait exploser leur centrale à gaz. Ça les a vraiment perturbés, et ils ont cru que c'était nous ! Et c'est une première ici. Des étudiants qui s'attaquent aux boudjelaihs sans avoir rejoint notre équipe ! Bravo.
― Ils faisaient quoi, là-bas ? interrogé-je. La Science Building ? À quoi sert-elle ?
― Ils y confectionnent des armes biologiques. Vous avez eu de la chance de ne pas avoir été attrapés ! Surtout toi, dit-elle en me souriant.
Je termine ma canette de haricots.
― Je voudrais voir Flame. Est-ce que vous pourriez m'y conduire ?
― Pas tant que l'Ancienne aura décidé de ce qu'on fera de lui.
― L'Ancienne ? Décider de quoi ? ! interrogé-je.
― Eh bien, nous avons attrapé un gros poisson. Ton ami est le fils du Commandor Eminent. Qui nous dit que votre venue ici, n'est pas... un piège du Commandor ?
― Flame n'a rien à voir avec son père ! m'écrié-je. Où est cette Ancienne ? Je veux la voir ! C'est moi qui suis entrée en contact avec l'une des vôtres !
x Flame x
Je suis éreinté. On m'attrape les bras et on me traîne au sol. C'est douloureux. J'essaie de comprendre ce qui se passe. Tout ce dont je me souviens c'est de la sentinelle qui m'a attaqué... Je lève légèrement la tête vers la droite puis la gauche. Deux sentinelles me traînent le long d'un tunnel. Ils portent des pistolets lasers sur les épaules. Ils s'arrêtent devant une porte qu'ils ouvrent. Je dois trouver un moyen de sortir de là et retrouver Améthys. Mais pour l'instant, je suis encore amorphe. J'espère qu'ils ne l'ont pas infectée !
On m'emmène dans une pièce blanche et on m'enchaine les mains à une poutre. Une femme ridée, assise sur un petit autel, le dos droit, les jambes croisées, vêtue d'un sari blanc, ouvre les yeux.
― Flame Aegnor ! dit-elle. Ce nom n'apporte que malheur et désolation. Qu'es-tu venu faire ici ? Est-ce ton père qui t'envoie ?
Je suis hérissé. Mon père ? M'envoyer ici ? Je suis là parce que j'ai 16 ans et que je dois passer l'épreuve pour, soi-disant, devenir un soldat et grandir.
Soudain, une femme masquée entre alors dans la pièce. Je la reconnais, c'est la rebelle des rêves d'Améthys. Celle qui nous a conduits jusqu'ici.
― Dame Priroda ? Vous êtes déjà en train de le martyriser, dit-elle. Vous auriez pu... attendre qu'il se soit remis.
Dame Priroda ? C'est étrange, ce nom, me dit quelque chose.
― Pensez-vous que Agni ait attendu que nos amis, nos familles se rétablissent avant de les martyriser ! Je ne le crois pas, non ! Avant toute chose, nous devons savoir quelles sont ces intentions. Et croyez-moi, ce petit renferme bien trop d'énergie pour pouvoir mourir facilement. C'est le digne fils de son père et... de sa mère. Prenez un peu de son sang !
Ça m'exaspère ! Je ne suis pas le digne fils de mon père et... ma mère, je ne l'ai jamais connu. Et... pourquoi prendre un peu de mon sang ?
La rebelle s'approche de moi après avoir pris une seringue sur une table au fond de la salle. Elle retire ma veste et me pique dans le cou. J'avale ma salive en sentant la douleur. Elle retire ensuite l'aiguille une fois le tube à éprouvette rempli et le place dans une mallette sur la table.
Elle me rejoint et met la paume de sa main droite sur mon front. Elle arrive à me toucher sans exploser ! C'est... une guérisseuse comme Améthys !
Une lueur blanche sort de mon front, je vois tous mes souvenirs défiler dans ma tête. Elle est en train de me lire, de traverser mes pensées les plus intimes.
Soudain, elle me gifle à en avoir des larmes aux yeux.
― Tu l'as imprégnée ? ! s'écrie-t-elle de colère.
Je fronce les yeux. Imprégnée ? Je me suis juste imprégné de l'odeur d'Améthys pour pouvoir la retrouver n'importe où. Ce n'est pas une raison de me gifler ! Et qu'est-ce qu'elle a à se mettre en colère comme ça ! ?
― Calmez-vous, Emeraude, dit Dame Priroda. Nous savons bien que les Aegnor ne réfléchissent jamais à ce qu'ils font... Il n'a même pas conscience de ce qu'il a fait. Il est encore jeune et arrogant.
― Arrêtez de me comparer à mon père ! finis-je par lancer. J'ai réfléchi en venant ici ! Je ne suis pas un piège tendu par lui ! Je haie cet homme !
― Tais-toi ! lance Dame Priroda. Qui t'as donné la permission de parler ? Petit insolent !
Petit insolent ? Je ne l'ai même pas insulté cette vielle !
― Surveille tes paroles ! J'entends tes pensées ! Brayon ! Jord ! Ramenez-le dans sa chambre et enfermez-le. Nous allons réfléchir à ce que nous ferons de lui.
Décider de quoi ? Pensé-je. De ma mort ? Si ces deux sentinelles sont là, c'est qu'on s'est fait berné par cette rebelle. Si j'avais su...
― C'est vous l'Ancienne ! ? crie une voix familière.
Je jette un coup d'œil vers la porte, Améthys, Alaska et une femme à la peau mate sont là.
― Désolée, dit cette dernière, je n'ai pas pu l'empêcher de venir, Emeraude.
― Ne faîtes rien à Flame ! Il n'est pas celui que vous croyez ! crie Améthys. Il n'a rien comploté avec son père ! Il n'a pas de mauvaises intentions ! Pourquoi m'avoir fait venir ici, Dame Emeraude ? Je pensais que vous étiez d'accord pour nous aider à détruire cette base militaire ? Je vous faisais confiance. Mais si vous touchez à Flame, je ne pourrais plus vous faire confiance ! Je n'ai que mes amis dans la vie.
― Petite effrontée comme jadis l'était ta mère ! s'exclame Dame Priroda.
― Dame Priroda ! s'écrie Emeraude. (Elle fait une pause avant de se tourner vers Améthys.) Nous n'avons nullement l'intention de tuer ton ami, Améthys. Mais détruire cette base n'est pas une décision à prendre à la légère. Un de nos abris a été découvert et nous avons perdu beaucoup des nôtres. Et... (Elle se tourne vers moi) Tuer le cerveau de cette base ne sera pas facile pour toi, jeune insolent !
― Je suis venu ici pour découvrir cette base et pour la détruire ! Je ne fais pas les choses à moitié ! répliqué-je.
Dame Priroda et Emeraude restent silencieuses un moment.
― Emmenez-les ailleurs, finit par dire la vielle femme ridée. Nous devons réfléchir !
Les deux sentinelles me détachent. Le plus costaud me soulève.
― Le petit monstre n'a pas changé, dit-il en retirant son casque.
J'écarquille les yeux, un ancien majestueux au don gravitationnel : Brayon. Il avait passé l'épreuve il y a trois ans.
― T'es pas... un infecté ? interrogé-je surpris.
― Non, c'est juste, un camouflage. Désolé si nous t'avons fait peur, mais c'est la procédure.
Améthys me rejoint et m'aide à avancer en m'attrapant le bras.
― Je suis désolée, dit-elle.
― J'ai cru que nous étions chez les sentinelles et que... je ne te reverrai pas.
― Je suis là, dit-elle d'un sourire réconfortant.
Je me tourne vers Alaska.
― Pan ?
― Avec son frère.
Mes yeux s'arrondissent, le drame de sa vie, ce qui l'effrayait s'est produit.