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Alaska et Dragonia amènent leur matelas dans le salon. Nous préférons dormir tous ensemble dans une même pièce car la baie vitrée de la chambre fait un peu flipper.

― Je prends le canapé, annonce Pan.

― Tu peux dormir sur le lit, c'est moi qui ai proposé... réplique Flame.

― Ça ira, lui répond Pan en lui tapant sur le dos. (Il le fixe un moment comme s'il lui parlait par télépathie.)

Flame arque un sourcil et semble approuver ce que Pan lui dit.

― Ça ne me dérange pas de dormir à côté d'un garçon, dit Dragonia en regardant Pan.

― Ça ira, je préfère le canapé.

Dragonia hausse les épaules et s'assied sur le matelas à côté d'Alaska qui la regarde avec surprise avant de me tendre une couverture. Elle sent la poussière mais, pour la nuit, elle fera l'affaire.

― Je peux faire la garde en premier, propose Alaska. Jusqu'à 22 heures 30 si vous voulez.

Les garçons s'étonnent.

― Je préfère commencer, comme ça, je pourrais dormir jusqu'au petit matin, répond-t-elle.

― Ok. Je prendrai la relève ensuite, dit Flame qui allume sa montre et met l'alarme. (Il va fermer la porte de la chambre.)

― Réveille-moi à 1 heure 30, intime Pan.

― Je peux prendre la relève à 4 heures 30 demain matin, dis-je.

― Et moi ? Je peux faire un tour de garde aussi si vous voulez, annonce Dragonia.

― Ça sera pour notre prochaine nuit. Au moins l'un d'entre nous pourra faire une nuit pleine. Nous le ferons à tour de rôle, conseille Flame.

Je m'allonge sur le matelas, c'est vraiment confortable que je m'endors de suite.

Une alarme retentit. J'ouvre les yeux et m'assied. La petite bougie allumée sur la table basse éclaire toujours. Il fait toujours nuit.

― Désolé, chuchote Flame, c'est mon réveil qui t'a réveillée, tu peux te rendormir, il n'est que 22 heures 30.

― Je me disais que c'était bien trop court.

J'entends un ronflement, c'est Pan, il est assis sur le canapé, son dos posé contre le fauteuil. Je ne l'avais jamais entendu ronfler avant. Sa bouche est grande ouverte et il bave. Alaska, à sa gauche, est allongée sur le côté, un oreiller sous la tête, lui donne un coup de pieds.

― Tais-toi ! chuchote-t-elle tout en dormant.

Il s'arrête. Le spectacle est assez amusant.

― Je ne savais pas que Pan ronflait, murmuré-je.

― Uniquement s'il est dans ce genre de position, ricane-t-il.

Il se lève et ouvre le buffet du salon. Il y ressort des magazines.

― Ils laissent traîner des magazines pour les clients en général. La lecture va nous permettre de rester éveillés. J'aurais dû lui en donner un, (il jette un œil vers Alaska), elle ne se serait pas endormie.

Je souris et prends un magazine. Il date du 27 KYRYO 3500, le Tétra News. En gros titre : « Mort de l'Archiduc Lorgan, fin de la Constitution Royale, son fils, le Sénateur Lorgan reprend uniquement la tête du Consul ». Je plisse le front, Lorgan, L'archiduc Lorgan ? Le créateur de l'académie Lorgan. Si je m'en souviens Niniel et son ami m'avaient parlé de lui. Mort il y a 16 ans, tué par des rebelles lors de la Révolte Noires. Mais ici, l'histoire est différente, l'Archiduc avait un fils et il était à la tête d'un Consul et des rebelles ? Je me rends directement à la page du News. Je vois le portrait d'un homme. Il a les cheveux blond-blanc, coupés à mi longueur, ramenés sur un côté en vagues souples et disciplinées, ses yeux sont violets. Il doit avoir une trentaine d'année, peut-être plus, car les cirthians restent avec un visage jeune pendant très longtemps. Sur la page d'à côté, il y a un autre homme qui lui ressemble, mais lui, a des rides et une barbe. J'en conclus que le plus jeune est le Sénateur Lorgan, et le plus vieux l'Archiduc. Je commence à lire l'article. La révolte Noire a commencé trois ans plus tôt, avec l'assassinat de l'Ambassadeur de la Terre Ben O'Quinn, lors de son voyage diplomatique sur Cirth. L'assassin s'est donné la mort, son identité n'a pas été révélée mais toutes les preuves portent à croire que c'est un complot des rebelles qui veulent retrouver leur indépendance. L'Archiduc Lorgan a nié cette affaire et a accusé les boudjelaihs qui réclamaient que la planète Saturne ne leur soit pas destituée. Le Général AEGNOR soutient le peuple boudjelaih et estime que l'Archiduc a inventé toute cette histoire et qu'il faut le révoquer de ses fonctions.

« Les Boudjelaihs sont un peuple pacifique et ne cherchent qu'à innover les technologies pour améliorer la vie sur les différentes colonies. » A avoué le Général.

Cinquante ans après la Guerre Express qui a duré trois jours, de violentes manifestations ont vu le jour entre les diplomates et les consulants alors que nous devions fêter un siècle de paix avec les colonies et la Terre. Mais le drame s'est produit alors que l'Archiduc Lorgan se rendait sur Cirth, pour signer un armistice, son vaisseau a été attaqué. Les rebelles de Tétra et le Consul de Cirth ont désormais un nouveau leader, le Sénateur et Prince Lorgan. Pour certains, son amitié avec le Général AEGNOR pourra permettre une paix bien durable.

― C'est intéressant ce que tu lis ?

― Oui, ils parlent des causes de la guerre. À l'école, ils nous apprennent que les rebelles ont tué une figure importante, le représentant de la paix des colonies, qu'ils sont des hors la loi qui veulent le pouvoir, et ici... C'était à la base un parti politique, dont le leader était l'Archiduc Lorgan. Il voulait signer un armistice, malheureusement, il est mort et la guerre a continué. C'est différent de ce qu'on nous apprend. Et nous pouvons donner des noms aux différentes personnes ! Le représentant de la paix des colonies n'est plus Monsieur Paix, mais l'Ambassadeur Ben O'Quinn. Le seul nom dont nous pouvons prononcer à l'école est celui de ton père, pardon, je voulais dire, le Commandor Eminent.

― Oui, parce que c'est un dictateur... Nous connaissons l'histoire de notre planète, mais sans connaître le nom des fondateurs.

― Et toi ? De quoi ça parle ?

― De célébrités que je ne connais pas.

Flame me montre son magazine, Start people, du 18 HAURINKO 3495. Je l'ouvre et feuillette les pages. Sortie cinéma, actu people, concerts... Wah, je n'en ai jamais assisté.

― Tu es déjà allé au cinéma, ou à un concert ?

― Au ciné, quelque fois, avec Pan... mais très rarement... Je n'aime pas quand il y a foule.

― Je n'ai jamais vu de films de ma vie.

― Sans déconner !

― N'oublie pas qu'au Gouffre, nous n'avons pas de privilège. Mais Arwen m'a déjà fait écoutée de la musique.

Je tourne les pages et pense à mon amie. Que fait-elle en ce moment ? Se porte-t-elle bien ? Pourvu qu'elle réussisse sa mission !

― Quand nous serons rentrés, je t'amènerai au cinéma, poursuit Flame.

Je le regarde et sourit. Cela me ferait vraiment plaisir.

Subitement, une explosion fait trembler le bâtiment. Dragonia se réveille en sursaut.

― Maman ! crie-t-elle, paniquée.

― Qu'est-ce qui se passe ? demande Pan, d'un air serein, en essuyant sa bouche.

― Ne bougez pas, dit Flame en se dirigeant dans la chambre sans allumer la lumière.

Je le rejoins. Flame tire légèrement le rideau et regarde par la fenêtre. Je l'imite. Il y a des torches dans la rue. Je plisse les yeux et utilise mon don de clairvoyance.

― Il y a deux élèves qui courent vers la forêt on dirait, annoncé-je.

Mais tout à coup, j'aperçois deux grosses armures, avec des têtes dont les yeux lancent un rayon infrarouge.

― Ils sont poursuivis par deux prototypes !

L'un des prototypes tire et l'explosion a l'effet d'une bombe nucléaire ! Nous ressentons une secousse et perdons l'équilibre. Les tirs continuent. Je mets ma main sur mes oreilles pour ne pas entendre les explosions. J'ai l'impression que l'immeuble va s'effondrer. Flame s'approche et me prend dans ses bras.

― Ça va aller, me chuchote-t-il.

Les explosions terminés, Flame et moi rejoignons le salon où Dragonia est enfouie sous sa couverture. Pan et Alaska sont allongés sous la table. Ils se redressent et nous demandent ce que s'était.

― Deux prototypes. Ils viennent d'avoir deux élèves. Eteins la bougie, lance Flame. Ne faisons plus de bruit.

― Oh mon Dieu ! soupire Dragonia sous la couverture.

Nous nous retrouvons dans le noir. Flame me tient la main. Personne ne parle. La tension est monté d'un cran. Il ne faut pas qu'ils nous trouvent. 


Le fardeau_ Améthys II (TERMINE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant