La vie volée de Ruby

By LilyaRose

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Héléna est une jeune femme belle, forte et indépendante. Tout semble parfait quand, Dean, le plus beau parti... More

Trailer
Chapitre 1 - C
Chapitre 2 - C
Chapitre 3 - Partie 1 (C)
Chapitre 3 - Partie 2 C
Chapitre 4 - Partie 1 (c)
Chapitre 4 - Partie 2 (c)
Chapitre 5 - Partie 1 (c)
Chapitre 5 - Partie 2 (c)
Chapitre 6 - Partie 1 (c)
Chapitre 6 - Partie 2 (c)
Chapitre 7 - Partie 1 (c)
Chapitre 7 - Partie 2 (c)
Chapitre 8 - Partie 1 (c)
Chapitre 8 - Partie 2 C
Chapitre 9 - Partie 1 (c)
Chapitre 10 - partie 1 (c)
Chapitre 10 - Partie 2 (c)
Chapitre 11 - Partie 1 (c)
Chapitre 11 - Partie 2 (c)
Chapitre 12 - Partie 1 (c)
Chapitre 12 - Partie 2 (c)
Chapitre 13 - Partie 1 c
Chapitre 13 - Partie 2 (c)
Chapitre 14 (c)
Chapitre 15 - Partie 1 (c)
Chapitre 15 - Partie 2 (c)
Chapitre 16 - Partie 1 (c)
Chapitre 16 - Partie 2 (c)
Chapitre 17 - Partie 1 (c)
Chapitre 17 - Partie 2
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49 - Partie 1
Chapitre 49 - Partie 2
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66 - Partie 1
Chapitre 66 - Partie 2
Chapitre 66 - partie 3
Chapitre 67
Épilogue
Tome 2 !

Chapitre 9 - Partie 2 (c)

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By LilyaRose

Vingt ans plus tôt...

Brenda se tourna vers Brett et demanda les sourcils froncés :

- C'était quoi ça ? Hier c'est à peine si elle nous regardait et là on dirait qu'elle nous connaît depuis toujours !

- Je ne sais pas ma chérie.

Il se leva, enlaça sa femme et posa ses deux mains sur son ventre.

- Il semble que ça va se passer beaucoup mieux qu'on ne l'avait imaginé.

- Elle nous appelle papa et maman. C'est pas normal ! On dirait...

- Elle a raison. C'est notre fille maintenant. Coupa-t-il en lui embrassant la tempe.

- Tu ne crois pas qu'on devrait lui parler ? Elle doit être perturbée par tous ces changements, elle a sûrement besoin de...

- Chérie. Tu ne crois pas que si on lui parle ça va la perturber encore plus ? On devrait la laisser poser les questions à son rythme. Il faut la laisser gérer ça à sa façon. Pour l'instant c'est plutôt bien parti alors pourquoi tout gâcher ?

- Tu as peut-être raison. Elle en a déjà assez bavé comme ça. Elle a besoin de nous maintenant. »

A partir de ce moment-là, Héléna se comporta avec eux comme si elle était leur véritable enfant. Elle ne parla jamais de son passé. Rien, aucune allusion. Il était comme effacé. C'était une petite fille sage et très serviable. Elle parlait très peu et se faisait discrète. Très débrouillarde elle n'acceptait jamais d'aide pour s'occuper d'elle-même. Elle était très distante avec Brett et s'était attachée à Brenda.

Un jour, trois mois après son arrivée chez les Donnelle, ils lui offrirent un vélo. La jolie bicyclette rose était posée là au milieu du jardin. Deux rubans roses pendaient de chaque côté du guidon et un panier blanc était accroché devant. Elle tourna autour du jouet les yeux grands ouverts. Un sourire radieux retroussa ses lèvres et elle battit des mains.

« Elle est super cool ! Il a même pas de petites roues !

Elle se tourna vers Brenda et se mit sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser sur la joue. Puis elle entoura son ventre de ses petits bras et pressa sa tête dessus.

- Merci ma chérie, mais c'est ton père que tu dois remercier, moi je pensais que tu étais encore trop jeune.

Héléna s'approcha doucement de Brett, les mains dans le dos et posa rapidement un baiser sur sa joue et se recula. C'était le seul contact physique qu'elle accorderait à son père.

Brenda sourit attendrie et caressa son ventre arrondi.

- Je peux faire un tour ?

- Viens je vais t'apprendre. Il tendit le bras vers elle.

Héléna jeta un œil inquiet vers Brenda. Plus que les contacts physiques, elle évitait toujours d'être seule avec Brett.

Brenda et Brett en avait discutés ensemble. Héléna était déjà grande et vu la situation ils comprenaient que, malgré sa perte de mémoire, elle garde une certaine réserve vis-à-vis d'eux. C'était la seule ombre au tableau. Ils pensaient qu'avec le temps cela lui passerait. Brenda l'encouragea gentiment d'un signe de tête :

- Vas-y, je vous regarde.

Rassurée, Héléna sourit et grimpa sur le vélo. Elle tangua au début, ne maîtrisa pas tout de suite le guidon, chercha son équilibre et zigzagua. Elle était très concentrée et voulait réussir à pédaler seule tout de suite. Brett s'arma de patience trop heureux de passer un petit moment privilégié avec elle. Il la poussa pendant qu'elle pédalait tout en l'encourageant.

- Vas-y tiens le guidon droit...Regarde devant toi...Bravo oui comme ça !

Elle attrapa vite la technique et riait de bonheur.

Le téléphone sonna et Brenda rentra répondre. A ce moment-là, Brett lâcha le vélo et encouragea encore Héléna :

- Vas-y comme ça c'est super. Tu es super douée !

- T'as vu papa ? J'y arrive ! J'y arrive ! Je suis trop forte !

- Tu y arrives toute seule ma grande ! Bravo ! Il applaudit fier d'elle. Elle maintint maladroitement le vélo droit et s'exclama au bout d'un moment.

- Papa, pourquoi tu m'as lâché ? Je croyais que tu me tenais. Elle se déconcentra alors et prit peur.

- Parce que tu y arrives très bien toute seule chérie, vas-y reviens vers moi. Tourne à droite. A droite.

Le vélo tangua, Héléna maintenait l'équilibre les yeux fixés sur les roues.

- Maman ! T'as vu, j'y arrive toute seule ! Maman ?

Elle n'obtint pas de réponse, alors elle leva les yeux et s'aperçut que sa mère n'était plus devant la maison. Son absence la déstabilisa et elle tomba.

Brenda raccrocha et entendit le bruit de la petite sonnette du vélo d'Héléna. Un cri de fillette retentit puis il y eut le bruit d'une chute. Puis des pleurs d'enfant. Elle se précipita dehors et vit Héléna parterre à côté de son vélo. Une roue tournait encore lentement dans le vide, le vélo était renversé sur la route. Elle se releva seule, s'assit en pleurant et posa une main sur son genou en se balançant d'avant en arrière. Brett accouru à côté d'elle et voulut regarder la plaie. Elle hurla de la laisser tranquille et appela Brenda d'une voix suraiguë. Brenda accouru prêt d'elle et l'entoura d'un bras. Elle la cajola en lui demandant de lui montrer sa blessure. La petite fille sanglotait :

« T'étais où ? Tu devais me regarder ! Tu étais partie où ? Pourquoi tu m'as laissée ?

- J'étais juste en train de répondre au téléphone. Tu peux te relever ?

Le genou d'Héléna était tout écorché et saignait ainsi que la paume d'une de ses mains. La petite fille essaya de se relever mais elle poussa un gémissement de douleur.

- Attends je vais te porter.

Brett joignit le geste à la parole et tenta de la prendre dans ses bras.

- Non ! Cria Héléna. Me touche pas ! Maman ! Maman ! Le laisse pas me toucher !

Elle avait l'air complètement paniquée. Sa voix montait de plus en plus dans les aiguës. Brenda leva les yeux autour d'elle et déjà une voisine avait passé la tête par une fenêtre pour observer la scène. Elle croisa le regard de Brett et lui aussi l'avait vu.

- Je ne peux pas te porter ma chérie avec mon gros ventre. Tu es trop grande. C'est ton père voyons. Il veut juste t'aider.

- Non ! Le laisse pas faire. Le laisse pas me toucher !

- Alors je vais t'aider à te relever. »

Héléna se leva en serrant les dents et claudiqua jusqu'à la maison avec l'aide de Brenda. La petite fille préférait boiter et sautiller plutôt que d'être touchée par son père. Brett la regarda s'éloigner le regard triste. Il ramassa la bicyclette et ignora le regard que lui jetait la voisine.

Brenda appliquait l'antiseptique sur ses plaies. Héléna serrait les dents et gémissait.

« Pourquoi tu n'as pas laissé ton père te porter ? Il voulait juste t'aider.

Héléna ne répondit pas, les yeux baissés, fixant le pansement qu'elle lui appliquait sur son genou.

- Il ne va te faire de mal, tu sais ? Il t'aime. Comme moi je t'aime. Tu peux nous faire confiance Héléna. On ne te fera jamais de mal, ajouta la jeune maman avec douceur.

La petite fille leva les yeux, des larmes encore sur les joues et la fixa d'un regard étrange. Elle ne la croyait pas. Elle finit par articuler doucement et très clairement :

- Je ne veux pas qu'il me touche. Ne le laisse pas me toucher.

- Il voulait juste t'aider ma chérie. De quoi as-tu tellement peur ?

Héléna ne répondit pas et observa sa plaie, semblant se retrancher à l'intérieur d'elle-même. Elle dit très calme, dénuée de toute émotion.

- Merci de m'avoir soignée.

Brenda hocha la tête et rangea les cotons. Puis elle prit la petite fille sur ses genoux et la cajola.

- Ça va mieux ? La petite hocha la tête et elle murmura la mine boudeuse.

- J'ai réussi à pédaler toute seule ! Tu m'as même pas vue.

- Demain je te regarderais c'est promis !

Le bébé donna un coup de pied. Héléna se tourna et posa une main hésitante sur le ventre de sa mère. Brenda posa sa main sur la sienne.

- Le bébé te dit bonjour.

- C'est une fille ou un garçon ?

- On ne sait pas encore. Ça sera la surprise. Tu voudrais quoi toi ? Un petit frère ou une petite sœur ?

Héléna réfléchis un peu puis dit très sérieuse, les yeux toujours baissés sur le ventre, observant les soubresauts du bébé :

- Un petit frère.

- Pourquoi ? demanda Brenda, amusée.

- Parce que les garçons on ne les embête pas. On ne fait pas de mal aux petits garçons. »

Brenda sentit son sang se glacer. Elle ne répondit rien, bouleversée. Elle ne savait pas quoi dire à cette enfant si triste. Elle cacha la petite fille contre son sein et laissa couler une larme.

Elle rapporta les paroles de la petite fille à son mari, quand ils étaient seuls le soir. Ils parvinrent à la même conclusion tous les deux. Cette petite fille avait subis un traumatisme et ils n'osaient imaginé lequel. Brett décida de ne plus tenter aucun contact avec la petite fille.

L'homme avait bien spécifié qu'elle devait suivre sa scolarité dans des écoles privées, qu'il choisirait lui-même et qu'elle passerait les grandes vacances dans des camps privés pour enfants, des établissements hors de prix également payés par lui. Brenda se révolta :

« Cette petite fille à besoin d'amour, de se sentir entourée, aimée, protégée. Dans quelques semaines elle va aller dans cette école, où elle ne connaît personne. Il y a de quoi perturber n'importe quel enfant. Elle est déjà suffisamment triste comme ça. Il faut qu'elle reste prêt de nous.

- Je suis d'accord avec toi. Mais ce n'est pas nous qui décidons, tu le sais bien.

- Mais c'est criminel de faire ça. Elle va se sentir abandonnée. Comment veux-tu qu'elle apprenne à nous aimer, à nous connaître, si elle passe quasiment toute de l'année loin de nous ?

- Je sais bien. Mais il a été intraitable sur le sujet. Tu sais bien de quoi il est capable.

- Oui je sais...il a à peine voilé ses menaces. Mais cette petite me touche. Je l'aime déjà comme si c'était ma petite fille.

- Moi aussi.

Elle observa le visage de son mari. Il affichait une expression triste.

- Même si elle te rejette ?

- Ce n'est pas moi qu'elle rejette. Elle a peur de moi parce que je suis un homme. Elle a besoin de gagner confiance en moi. De voir que je ne lui ferais jamais de mal. Et tu as raison. Ça ne se fera pas si elle nous voit quasiment jamais.

- On est piégés. Constata sombrement Brenda.

- J'y ai beaucoup réfléchis. On peut toujours renoncer à notre arrangement avec lui. Ça voudrait dire prendre le risque qu'il mette ses menaces à exécution. Et il le fera ça c'est certain. Et on ne sait pas ce qu'il ferait d'elle. Si on fait ce qu'il dit, si on garde Héléna, on sera ses parents officiellement. On pourra s'occuper d'elle. Elle semble avoir oublié sa vie d'avant. Peut-être qu'elle s'en souviendra jamais. Et franchement je pense que c'est pas plus mal comme ça. Elle nous considérera toujours comme ses parents. De plus, il nous verse une jolie somme pour s'occuper d'elle.

- On peut toujours aller la voir aussi souvent que possible. Commenta doucement Brenda.

- Oui, bien sûr. On le fera. Il a dit que l'école ne serait jamais loin de notre domicile. Elle est très intelligente. Les écoles privées c'est pour son bien, pour qu'elle avance à son rythme.

Brenda hocha la tête.

- Et si jamais elle retrouvait la mémoire ?

- On lui expliquera tout alors. On lui expliquera que c'était pour son bien, pour qu'elle ne soit pas plus perturbée. Elle est trop jeune pour comprendre, trop...fragile pour l'instant. On ne peut pas lui en parler maintenant. Il va déjà falloir lui parler de l'école. Il y a la naissance du bébé. Ce n'est pas le moment.

- Tu as raison. Tu lui en parleras quand tu l'auras au téléphone, pour essayer de le faire changer d'avis ?

J'essaierais mais je sais déjà ce qu'il va dire. »

Héléna regardait sa mère défaire sa valise et ranger ces vêtements dans la petite armoire à côté de son lit, l'air sombre. Elle serrait machinalement Clochette dans ses mains, assise sur le lit. Elle n'avait pas articulé un mot depuis qu'ils étaient partis de la maison. Son père était dans le bureau du directeur pour finaliser l'inscription. L'année était déjà commencée. Héléna jeta un coup d'œil boudeur au lit de l'autre côté de la pièce. Il était parfaitement fait et des photos étaient accrochées au mur. Une fillette métisse souriait à côtés de ses parents, dévoilant des dents manquantes. Sur le bureau de l'autre petite fille, il y avait des livres et des cahiers de classe, ainsi que des livres d'enfants. L'occupante du lit avait abandonné un petit pull rouge sur le lit.

Brenda s'accroupit à ses pieds, attirant son attention.

« Ça y est j'ai tout rangé. Tu vas être bien ici. Je suis sûre que ta camarade de chambre est très gentille.

Héléna haussa les épaules et ne la regarda pas.

- C'est une très bonne école pour toi. C'est la meilleure pour la meilleure des petites filles.

Pas de réaction. Brenda eut la sensation de revoir la petite fille effacée qui était arrivée le premier jour.

- On viendra te voir ce week-end c'est promis. On ne t'abandonne pas Héléna. C'est pour ton bien.

Brenda n'était pas convaincue de ses mots là alors comment pouvait-elle en convaincre Héléna ?

La petite fille renifla et balança ses jambes. Brenda aurait préféré une crise de larmes et des cris plutôt que ce silence pesant. La petite fille s'était retranchée derrière un silence mutique depuis la veille. Depuis qu'ils lui avaient annoncé qu'elle irait en pension. Héléna lui lança un regard sceptique.

- Ma chérie, on ne t'abandonne pas, je te promets. On viendra tous les week-ends, et toi aussi tu rentreras et pendant les vacances aussi. Tu verras la semaine va passer très vite.

Brenda se leva péniblement et grimaça. Son gros ventre l'encombrait et elle avait des crampes de s'être accroupie. Elle s'assit à côté d'elle en soupirant et lui prit la main pour la poser sur son ventre.

- Et ne t'inquiète pas. Quand le bébé viendra au monde, tu pourras venir le voir à l'hôpital.

- C'est vrai ?demanda la fillette en levant les yeux sur sa mère, une petite lueur dans le regard.

- Oui bien sûr que c'est vrai. C'est le directeur qui l'a promis.

Héléna posa ses lèvres sur son ventre et le bébé donna un petit coup à cet endroit-là. Elle posa doucement la tête dessus et ferma les yeux.

- Tu crois qu'il va m'aimer ?

- Bien sûr. Il t'aime déjà. A chaque fois qu'il entend ta voix il bouge.

Héléna fit un grand sourire. Le directeur arriva à la porte accompagné de son père.

- Il est temps d'aller en classe Héléna, dit-il doucement. Je vous laisse encore cinq minutes.

Les yeux de la petite fille s'embuèrent, ses lèvres tremblèrent et ses épaules se voûtèrent. Mais elle ne protesta pas. Elle savait que ça ne servirait à rien. Elle ne pouvait rien contrôler de toute façon. Les grands faisaient ce qu'ils voulaient d'elle. Elle avait la sensation d'être un simple jouet, avec lequel on joue un instant puis qu'on laisse dans un coin.

Elle embrassa ses parents. Elle laissa même Brett la prendre brièvement dans ses bras.

« J'ai l'impression de l'abandonner ! Dit Brenda dans un sanglot quand ils furent hors de la vue d'Héléna.

-Elle comprendra, ne t'inquiète pas. Elle comprendra » essaya de la réconforter Brett.

Elle les regarda par la fenêtre s'éloigner dans la voiture. Elle était seule. Encore. Encore et toujours. Elle avait l'habitude maintenant de se sentir seule. Elle serra Clochette contre elle. Le directeur vint la chercher et elle dut laisser Clochette dans la chambre.

Ses parents tinrent leur promesse les premières semaines, il ne se passa pas un week-end sans qu'ils se voient. Ils l'appelèrent tous les jours. Héléna se sentait rassurée. Ils tenaient parole.Ils ne l'avaient pas abandonnée. Ils ne l'avaient même pas grondée après la grosse punition qu'elle avait eut le jour de la rentrée. Ils avaient payé tous les dégâts et s'étaient excusés pour son attitude, sans lui demander d'explication. Ils la gâtaient beaucoup et elle recevait régulièrement de petits colis .Ils tenaient à elle, elle commençait à y croire vraiment.

Après deux mois qui semblèrent interminables à Héléna, le directeur vint la voir après la fin des cours du jeudi après-midi.

« Héléna va préparer tes affaires. Ton papa vient te voir. Tu reviendras lundi.

- Maman a eut le bébé ? Demanda-t-elle pleine d'espoir.

- Oui, dit-il en souriant, tu vas aller le voir, allez vas vite ! »

Elle courut et confia son nouveau bonheur à sa camarade de chambre toute excitée de voir le nouveau bébé. Cette dernière ne réagit pas, mais cela n'entacha pas l'humeur d'Héléna. Son petit frère ou sa petite sœur était né ! Elle imaginait déjà ses petits pieds minuscules et ses tout petits doigts. Elle spéculait sur le prénom depuis des mois. Son papa arriva et l'embrassa. Elle remarqua qu'il souriait mais que ces yeux étaient tristes et son visage fatigué. Elle remarqua aussi que son front avait de nouvelles rides.

Sa joie retomba alors comme un soufflé, et sans savoir pourquoi Héléna se sentit inquiète. Elle garda le silence tout le trajet, et son père perdu dans ses pensées ne dit mot.

Quand ils arrivèrent à l'hôpital, il se tourna vers elle :

« Héléna, tu vas devoir être bien sage, d'accord ? Le bébé est né il y a quelques jours et les médecins ont découvert alors qu'il était malade. Ils se sont beaucoup occupés de lui pendant plusieurs jours, c'est pour ça que je suis pas venu te chercher tout de suite.

Héléna leva des yeux inquiets sur son père, le cœur battant.

-Maintenant, le bébé va mieux mais il est encore fragile. Maman est très fatiguée aussi. Tu comprends ?

Héléna hocha la tête et glissa un regard anxieux à ce grand bâtiment gris. Il semblait immense et froid. Elle réprima un frisson.

-Tu vas devoir enfiler une blouse et un masque. C'est pour protéger le bébé, pour pas qu'il attrape des microbes. Tu verras c'est rigolo. J'ai acheté un cadeau pour le bébé, il désigna un paquet à l'arrière de la voiture, Tu voudras bien lui donner ?

Héléna hocha la tête vigoureusement et sourit. Oui, ça elle pouvait le faire.

- T'es gentille. Il lui sourit. Allez viens on y va.

Ils sortirent de la voiture et Héléna prit le paquet précautionneusement d'une main et de l'autre serra celle de son père.

Ils prirent l'ascenseur et elle murmura en lui tirant sur la main :

- Dis papa. C'est un garçon où une fille ?

Il la regarda et lui fit un clin d'œil.

- Tu verras. Maman voulait te l'annoncer elle-même. »

Ils suivirent un long couloir blanc. Héléna ouvrait grands les yeux. Cette odeur aseptisée lui rappelait quelque chose et elle se sentit angoissée. Son cœur s'emballa. Une infirmière leur donna une blouse, un masque et des sur-chaussures. Ils se lavèrent les mains avec un gel antibactérien. Puis ils suivirent encore un autre long couloir vert. Elle entendait les nourrissons pleurer mais cela ne l'inquiéta pas. Ils s'arrêtèrent devant une grande porte jaune. Brett frappa deux coups doucement puis ouvrit la porte. Il laissa passer Héléna devant et elle entra doucement à petits pas en ouvrant de grands yeux. Brenda était allongée dans le lit, pâle, l'air très fatiguée. Elle se redressa et un sourire las se dessina sur ses lèvres. Le bébé vêtu d'une simple couche et d'un bonnet blanc était dans une grande boîte en plexiglas et dormait à poings fermés sous une lumière bleue. Héléna n'osa plus bouger, les yeux fixés sur cet extraterrestre.

Brett alla embrasser sa femme et demanda :

« Ils ne l'ont pas encore enlevée de là ? Je croyais que c'était bon.

- Oui, ils vont l'enlever. Ils arrivent dans quelques minutes.

Brett se tourna vers Héléna et la prit par la main.

- Tu ne m'embrasses pas Héléna ? demanda Brenda en tendant les bras.

Celle-ci tressaillit et s'approcha de sa mère et lui fit un bisou timide. Puis se retourna à nouveau vers la couveuse, les sourcils froncés.

- Ne t'inquiète pas chérie, c'est rien du tout ça.

Le bébé bougea et tourna la tête. Toujours endormie elle tétait un sein imaginaire.

Héléna sourit, amusée.

- Je te présente ta petite sœur Héléna. La petite fille regarda sa mère surprise.

- C'est une fille ?

- Oui tu n'es pas trop déçue ? Héléna réfléchit.

- Non. Pas du tout. Elle est toute bleue. C'est pour ça qu'elle est malade ?

Brenda rit.

- Non elle n'est pas bleue, c'est la lumière qui fait qu'on dirait qu'elle est bleue. Elle va beaucoup mieux maintenant. Mais elle est encore fragile c'est pour ça que tu es habillée de la sorte.

On frappa à la porte. Une infirmière rentra et leur sourit. L'infirmière poussait devant elle un autre petit berceau. Elle transféra le bébé dedans éteignit la couveuse. Brenda se leva avec difficulté et commença à habiller le bébé. Héléna la suivit en silence, et se posta à ses côtés, suivant avec un grand intérêt le moindre de ses gestes.

- Comment elle s'appelle ?

Brenda prit un petit bonnet rose qu'elle mit délicatement sur la petite tête du bébé. Puis elle regarda Héléna :

- Elle s'appelle Pauline.

- Quel joli prénom. Elle a de la chance. Elle est tellement petite !

Brenda retourna se coucher, le bébé lové dans le creux de ses bras. Brett avait sorti un appareil photo et mitraillait la scène l'air attendri. Héléna se colla à sa mère, dévorant le bébé des yeux.

- Je peux la toucher ? murmura-t-elle.

- Oui mais fait très doucement.

Héléna avança la main et frôla le petit pied de sa sœur. Le bébé sourit dans son sommeil et la fillette pensa que c'était la plus belle chose qu'elle n'avait jamais vu.

- Bonjour, petite Pauline. C'est moi Héléna. Ta grande sœur. Tu te souviens de moi ?

Héléna lui caressa la joue du bout du doigt. Le bébé tourna la tête vers elle et sourit de nouveau en ouvrant légèrement les yeux. Héléna poussa un petit cri ravi.

- Elle me reconnaît !

- Oui je te l'avais dit. Elle t'aime déjà.

- Moi aussi je l'aime ! On a un cadeau pour toi Pauline.

Elle se précipita pour prendre le sac et le tendit à sa mère. Elle sortit un ourson rose du sac. Héléna battit des mains.

Elle dévora sa sœur des yeux un long moment. Ses parents bavardaient à voix basse. Puis au bout d'un moment Héléna demanda en caressant la main de sa petite sœur :

- J'étais aussi petite qu'elle quand je suis née, maman ?

Brenda se raidit et chercha de l'aide dans le regard de son mari. Un long silence s'abattit sur la pièce si bien que la fillette leva un regard étonné sur les deux adultes face à elle. Il répondit doucement

- Bien sur chérie, tu étais tellement mignonne. Ta mère et moi on ne pouvait pas s'arrêter de te regarder. Mentit-il.

- Je trouve que Pauline te ressemble beaucoup Maman. Et moi à qui je ressemble ?

Elle les fixa de ses grands yeux candides.

- Tu ressembles un peu à papa un peu à moi. Tu as les yeux de ta grand-mère. Et papa avait une grand-tante qui avait les cheveux de la même couleur que toi.

Improvisa Brenda le cœur battant à la chamade. Héléna les regarda sceptique. Elle fronça les sourcils, très concentrée.

- Je l'ai jamais vue la tante de papa ? Et grand-mère non plus.

Brenda commença à transpirer. Héléna n'aurait pas pu choisir un pire moment pour poser ce genre de question. Brenda et Brett était épuisés par les événements de ces derniers jours.

- Elles sont mortes avant ta naissance. Nous n'avons plus de famille ta maman et moi.

- Ils sont où ?

- Ils sont morts. Il y a très longtemps avant que tu naisses.

Héléna hocha la tête, satisfaite de la réponse. Elle était rassurée parce qu'elle ne se souvenait pas d'avoir déjà rencontré ces personnes.

- Pourquoi tu nous poses toutes ces questions Héléna ? demanda Brenda doucement.

La petite haussa les épaules et caressa la joue de sa petite sœur.

- C'est que ma copine à l'école, elle m'a montré des photos de ses parents. Elle leur ressemble tellement. Elle a dit que c'est pas possible, que je ne vous ressemblais pas du tout. Que je devais être une fille adoptée. Alors on s'est disputées et on est fâchées maintenant.

Brenda écarquilla les yeux et regarda Brett. Il lui prit la main et la serra pour la calmer.

- Tu sais Héléna, ça arrive souvent que des enfants ne ressemblent pas traits pour traits à leurs parents. C'est pas pour ça qu'ils sont adoptés. Je ne trouve pas que ta copine ait un grand sens de l'observation. Tu as le magnifique sourire de ta mère et tu as mon nez. Et tu es rousse comme ta petite sœur et vous avez les mêmes adorables petites oreilles.

Brett prit le petit bébé dans les bras et retira doucement le bonnet, découvrant ses rares petits cheveux roux et ses oreilles. Héléna sourit rassurée et lui frôla la tête.

Brenda ouvrit les bras et serra Héléna.

- On t'aime, tu sais ? Ne l'oublie jamais d'accord ? »

La petite fille ne répondit pas et se laissa câliner.

Ce jour resta dans sa mémoire comme un des meilleurs souvenirs de son enfance.

La petite Pauline était malade du cœur et dut subir une opération quelques mois après. Elle était également asthmatique. Ses parents lui accordèrent donc tout naturellement la majeure partie de leur attention dès sa naissance. Les week-ends où ils venaient voir Héléna s'espacèrent petit à petit. Les appels se firent de plus en plus rares.

Quand elle était à la maison, ses parents était toujours aux petits soins pour Pauline. Héléna surveillait constamment sa petite sœur et elles ne se quittaient pas d'une semelle.

Brenda et Brett accordèrent beaucoup moins d'attention à Héléna. Pauline était leur fille naturelle et Héléna savait se faire discrète, ayant pleinement conscience des problèmes de santé de sa sœur. Elle s'effaça lentement de la famille.

Héléna n'était pas jalouse de Pauline. Mais elle commença à se sentir de plus en plus seule. Elle se renferma sur elle et ne communiqua bientôt quasiment plus avec eux. Et le fragile lien qu'elle avait tissé avant la naissance de Pauline, s'étiola avec le temps, laissant place à un amer sentiment de solitude et d'abandon.

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