Ariane tremblait tout autant que la porte sous les coups des Orques. Legolas et Aragorn étaient venus se poster à ses côtés. Elle était surprise qu'ils ne lui aient pas dit d'aller se cacher dans un coin. Cela lui redonna un peu de courage.
Plusieurs lances vinrent transpercer le vieux bois de la porte. Lorsqu'il y eut un trou assez grand pour que l'on puisse voir les visages crasseux des Orques, Legolas tira une flèche qui vint se planter entre les yeux de l'un d'entre eux. Aragorn en tira une deuxième. Un cri strident retendit et la porte se brisa. Les deux archers assuraient les avants en tuant le maximum d'Orques mais la pièce fut rapidement envahie. Alors, tout le monde partit à l'assaut. Même les Hobbits. Seule Ariane demeura figée, au milieu de ce combat acharné. Elle semblait être très loin de tout ça, comme si ce n'était qu'un rêve. Elle suffoquait, cherchait de l'air autre que cette puanteur cadavérique. Ses yeux se posèrent sur Pippin, qui se battait corps et âme. Ce n'était pas possible de rester immobile, pourtant elle n'arrivait pas à faire un geste. C'était comme si le temps s'était arrêté. Legolas se tourna vers elle. Son visage se crispa et il semblait lui hurler quelque chose.
Ariane ressentit soudainement une vive douleur au niveau de la cuisse. Une flèche de Legolas siffla à son oreille et vint tuer l'Orque qui venait d'entailler sa cuisse. De l'air entra à nouveau dans les poumons de la jeune femme, la faisant revenir à la réalité.
Elle devait réagir. Ses amis se battait pour elle était il était hors de question qu'elle n'en fasse pas de même pour eux. Alors, prise d'une colère soudaine, elle leva son épée bien haut, ferma les yeux et balança ses bras devant elle en poussant un cri de rage. Lorsqu'elle rouvrit ses yeux, un corps d'Orque privé de tête se tint devant elle et tomba au sol. Une ombre de sourire passa sur ses lèvres. Elle l'avait fait. Elle en était capable. Il lui suffisait de penser à ses amis.
Enhardie, Ariane parcourut la salle à la recherche d'âmes impures qui seraient toujours en vie. Elle trancha, décapita, poignarda, égorgea, détruisit tous les ennemis qui passait à moins d'un mètre de sa lame. Elle ne fit même pas attention aux regards emplis de fierté de ses compagnons entre deux duels. Elle était animée d'un sentiment qui la dépassait. Pour la première fois, elle se battait pour sa survie et celle de ses compagnons.
Mais les choses se corsèrent. Un rugissement fit presque trembler les mur et une énorme créature entra dans la salle avec une massue aussi longue que deux Aragorn. Le cœur d'Ariane fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle vit ce que Boromir avait appelé un Troll des cavernes. Mais elle ne faiblit pas. Elle avait une rage envers ces monstres en ne comptait pas s'arrêter avant la fin du massacre.
Legolas n'hésita pas à tirer une flèche sur le troll. Même s'il sembla ne sentir qu'une petite piqûre, cela le mit en rogne et, remarquant Sam qui se dressait de sa petite taille devant lui, il abattit sa massue sur sa tête. Ariane retint un cri. Elle fut soulagée de voir que Sam avait réussi à se faufiler entre les jambes du monstre. Il était sauvé.
Jusqu'à ce que le troll le voit à nouveau. Il leva son bras portant la massue et... fut stoppé par Aragorn et Boromir qui avaient attrapé la chaîne qui pendait autour de son cou. Le troll fut stoppé dans son élan. Il se retourna lourdement. Aragorn lâcha rapidement la chaîne, mais Boromir n'eut pas le même réflexe. Le troll enragé en profita et l'envoya valser dans les airs. Il rencontra le mur dans un vacarme assourdissant et dégringola jusqu'au sol. Ariane sursauta lors de l'impact. Elle essaya tant bien que mal de s'approcher pour vérifier si il n'avait rien de cassé. Un Orque hideux fut là avant elle. Alors qu'il levait son arme pour l'abattre sur le Gondorien et que le cœur d'Ariane s'arrêtait de battre, l'épée d'Aragorn vint se planter dans sa chair putride. Ariane recommença à respirer, ainsi qu'à combattre. Il restait pas mal d'Orques encore en vie et elle ne comptait pas s'arrêter avant qu'il ne soient plus que des cadavres.
— Frodon ! entendit-elle soudainement.
Ariane planta une énième fois son épée dans le ventre d'un Orque crasseux et chercha le Hobbit. Le Troll semblait s'intéresser à lui, de beaucoup trop près. La jeune femme fut de nouveau occupée avec un Orque et ne put réagir. Elle se re-concentra sur son combat jusqu'à ce qu'elle entende un véritable cri de douleur qui lui retourna l'estomac. Elle se désintéressa totalement du combat et scruta les alentours des yeux. Frodon était entendu par terre, une énorme lance plantée dans la poitrine. Merry et Pippin avaient sauté sur le troll et enfonçaient leurs épées dans son dos. Ariane fit un pas pour aller sauver Frodon mais une lame d'Orque vint lui entailler le haut du bras droit. Elle grogna de douleur. L'immonde créature se retrouva bien embêté lorsqu'il fit face, désarmé, à une Ariane deux fois plus en colère qu'avant. Il n'eut pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, la jeune fille lui trancha la gorge. Elle accourut ensuite vers le Troll, que tous ses amis avaient prit en chasse. Gimli s'attaquait à ses jambes à l'aide de sa hache. Ariane le rejoignit en boitant et enfonça son épée elfique dans les pieds de la créature qui commençait à faiblir. Elle réitéra le geste plusieurs fois, jusqu'à ce que la bête vacille sous les coups répétés de ses adversaires. Grâce à l'aide de Pippin, qui était remonté sur le cou du Troll, Legolas tira une flèche dans sa bouche ce qui l'acheva. Il tomba lourdement au sol. Ariane n'attendit pas plus longtemps pour aller voir Frodon. Il était allongé sur le sol, reprenant sa respiration. Ariane écarta la lance et attrapa les épaules du Hobbit.
— Frodon, dites-moi que vous allez bien ! hurla-t-elle.
Entre temps, les autres l'avaient rejoint. Aragorn posa ses mains sur les bras d'Ariane pour éviter qu'elle ne secoue Frodon comme un prunier, aggravant sa situation. La jeune femme grimaça lorsqu'il appuya sur sa plaie et enleva la main du Dunedain pour y poser la sienne. Aragorn reprit la main d'Ariane dans la sienne et regarda la paume. Elle était couverte de sang.
— Tu...
— On s'en fiche ! le coupa-t-elle, la voix tremblante. Frodon est plus important que moi.
Aragorn n'était pas de cet avis, mais ne fit aucune remarque. Il posa ses yeux sur Frodon, qui reprenait des couleurs. Le Hobbit sourit en voyant le visage tendu d'Ariane et rassura tout le monde :
— Je vais bien. Je n'ai rien.
— Vous devriez être mort ! s'étonna Aragorn. Cette lance transpercerait un sanglier.
— Je crois que ce Hobbit est bien plus solide qu'il n'y paraît ! s'amusa Gandalf.
Frodon déboutonna le haut de sa chemise et découvrit aux yeux de tous sa cotte de maille blanche et étincelante, semblant légère comme une plume.
— Du mithril... murmura Gimli.
C'était donc ce minerai que l'on extirpait des ténèbres de la Moria ? Il paraissait extrêmement résistant.
— Vous êtes très surprenant, Monsieur Sacquet, ajouta Gimli avec un sourire en coin.
Personne n'eut le temps de se réjouir plus vite, de nouveaux cris et grondements se firent entendre, et plus proches qu'avant.
— Au pont de Khazad-Dûm ! ordonna Gandalf.
Ariane ramassa son épée, la replaça à sa ceinture et se mit à courir avec les autres, tout en gardant la main sur la garde. Elle passa outre ses douleurs dûes à ses blessures et réussit à suivre le mouvement. Il quittèrent la pièce et courèrent dans le grand hall sombre. Ils furent rapidement poursuivis par des centaines d'Orques armés jusqu'aux dents. La peur d'Ariane refit son apparition. Ils étaient beaucoup plus nombreux qu'avant, et si la Communauté venait à être encerclée, ils ne pourraient pas se défendre jusqu'au bout. Sans qu'elle ne s'en rende compte, des larmes se mirent à couler sur son visage poussiéreux. Cela ne l'empêcha cependant pas de courir, de fuir le danger.
Ariane regardait droit devant elle, mais elle parvenait à entendre tout autour d'elle. Il arrivait de nouveaux monstres chaque secondes, ils sortaient de partout, même du plafond et descendaient grâce aux piliers soutenant le haut de la caverne. Ils étaient perdus.
Ils furent rapidement encerclés. Ariane se mit à suffoquer, oppressée, effrayée par ces milliers de visages hideux tournés vers elle, vers eux. Une main vint se glisser dans la sienne. Elle tourna son visage vers la gauche. Aragorn la regardait, rassurant. Elle serra très fort sa main. Elle ne savait pas quand est-ce que les Orques allaient attaquer mais elle savait juste que c'était la fin, la fin de son aventure.
Soudain, un rugissement se fit entendre sur sa droite. Elle tourna vivement la tête. Une lueur apparut dans l'encadrement d'un grand couloir, au fond du hall. Ariane plissa les yeux. Les Orques remontèrent aux piliers comme si quelque chose les effrayait.
— Est-ce que cette lumière est le symbole notre sauvetage ou la cause de notre mort prochaine ? demanda la jeune fille au Magicien.
— Quel est ce nouveau maléfice ? demanda Boromir en même temps.
Ils échangèrent un regard inquiet. Gandalf s'appuyait sur son bâton, les yeux fermés, comme si il priait. Un nouveau grondement leur parvint. Il régna bientôt une forte chaleur et la lumière se fit plus forte.
— Un Balrog, répondit finalement Gandlaf. Un démon de l'Ancien Monde. Cet adversaire est plus fort que vous, courez !
Les Dix Compagnons reprirent leur course à travers le hall. Ils arrivèrent bientôt à la porte opposé à cette nouvelle créature sortie tout droit de l'enfer et passèrent dans une autre salle. Ils descendirent un escalier, Boromir en tête. Ariane, qui marchait à côté d'Aragorn, ne remarqua que trop tard que le Gondorien avait failli tomber : en effet, l'escalier se terminait subitement et il n'y avait qu'un précipice en face d'eux. Le Magicien, épuisé, s'appuya contre le mur.
— Gandalf ! s'inquiéta Aragorn.
— Guidez-les, Aragorn., répondit Gandalf. Le pont est proche.
L'héritier d'Isildur ne saisit pas immédiatement pourquoi il lui confiait tout ça, et fut vite réprimendé :
— Faites ce que je vous dit ! hurla Gandalf. Les épées ne vous seront d'aucun secours ici, continua-t-il en poussant les autres à prendre les escaliers de droite.
Ariane les descendit rapidement. Il n'en avait pas fini avec les escaliers : ils continuaient sur une bonne trentaine de mètres. Ils s'arrêtèrent tous lorsqu'il rencontrèrent plusieurs marches manquantes. On ne pouvait pas enjamber. Legolas sauta le premier et tendit les bras vers le groupe.
— Ariane, sautez !
Sans réfléchir une seconde, la jeune femme vint se placer au milieu des marches et prit son élan. Elle atterrit de l'autre côté dans les bras de l'elfe qui l'empêcha de perdre l'équilibre en la prenant pas les épaules. Elle le remercia et passa derrière lui pendant qu'il faisait sauter Gandalf. Une pluie de flèches leur tomba dessus. Legolas visa vers les tireurs embusqués, leurs cadavres tombant dans le vide. Boromir sauta ensuite avec Merry et Pippin. Aragorn lança Sam, que le Gondorien rattrapa, puis se retourna vers Gimli.
— Personne ne lance un Nain ! s'exclama Gimli avant de se jeter dans le vide.
Legolas le rattrapa de justesse pas le bout de sa longue barbe brune.
— Pas la barbe ! grogna-t-il de douleur.
Il réussit à retrouver l'équilibre et vint rejoindre les autres.
Un pan de roche se détacha des marches où étaient restés Aragorn et Frodon. Les murs tremblaient, faisant tomber d'énormes pierres un peu partout. L'une d'entre elle détruisit l'autre partie de l'escalier derrière les deux derniers membres de la Communauté.
— Frodon ! Attention ! avertit Aragorn.
Ils essayèrent de garder l'équilibre tandis que le pilier tombait en arrière, puis revenait vers les autres.
— Attendez, Frodon. Attendez.
Le Hobbit était effrayé. Cela se lisait sur son visage.
— Dépêchez-vous ! pressa Legolas. Faites vite !
Ariane regarda le morceau d'escalier tomber lentement vers eux avec anxiété.
— Sautez ! cria soudainement Aragorn.
Frodon obéit et atterrit dans les bras de Legolas, qui le fit rejoindre Ariane derrière. Aragorn ne tarda pas à suivre et ils furent tous rassemblés, sains et saufs.
Mais sûrement plus pour longtemps.
— Vers le pont ! s'écria Gandalf. Dépêchez-vous !
La Communauté dépassa Gandalf qui s'était arrêté. Ariane lui jeta un regard d'incompréhension. Lui avait un visage grave. Il lui cria de rejoindre rapidement les autres. Elle obéit.
Un mur de flammes se dressa devant Gandalf, et une immense créature noire avec une corne de chaque côté de sa tête en sortit, rugissant et faisant trembler le sol.
Ariane arriva au pont. Aragorn lui cria de se dépêcher de passer derrière les Hobbits. Boromir et Legolas suivirent. L'héritier d'Isildur le traversa en dernier. Dès qu'elle fut arrivée de l'autre côté, Ariane se retourna vers le Balrog qui se dressait devant eux, menaçant.
— Vous ne passerez pas ! hurla Gandalf d'une voix profonde, se dressant devant le Balrog.
— Gandalf ! l'appela Frodon, effrayé.
Les neuf compagnons avaient gravi quelques marches et regardaient la scène de loin. Ariane fixait sans rien dire, inquiète. Gandalf défiait la créature des ténèbres à l'aide son bâton, qui répandait une lumière blanche rassurante. Le Balrog abattit une sorte d'épée de flammes sur l'arme du Magicien, qui l'arrêta sans problème.
— Je suis un Serviteur du Feu Secret, détenteur de la flamme d'Anor ! reprit le Magicien. Le feu sombre ne vous servira à rien, flamme d'Udûn ! Repartez dans l'ombre !
Il leva son bâton bien haut, sa lumière plus vive que jamais. Le démon fit apparaître un long fouet qu'il fit trancher l'air violemment.
— Vous ne passerez pas ! répéta-t-il en abattant son bâton sur le pont, créant une brèche.
Le Balrog recula, puis osa revenir vers Gandalf, faisant ainsi s'effondrer la moitié du pont où il se tenait. Il tomba lentement dans l'abîme sombre et profonde. Ariane ressentit un soulagement indescriptible. Gandalf se retourna et, difficilement, il entreprit de rejoindre ses compagnons.
Ce fut sans compter sur l'acharnement du monstre. Son fouet fendit l'air une dernière fois, et vint s'enrouler autour de la cheville du Magicien. Ce dernier perdit l'équilibre et se rattrapa au bout du pont qu'il avait brisé.
— Gandalf ! hurla Frodon, retenu par Boromir.
Ariane retint son souffle. Il allait remonter, il devait remonter... Il ne pouvait pas tomber... tomber avec ce démon.
— Fuyez pauvres fous ! leur glissa-t-il.
Et il disparut. Instinctivement, Ariane se précipita vers le pont. Elle fut attrapée par Aragorn, qui entoura sa taille de ses bras, l'empêchant d'aller plus loin. Elle se mit alors à hurler. De tristesse, de colère et se douleur.
— GANDALF ! GANDAAAAAALF ! NON, REVENEZ !
Elle se débattit, mais elle était trop faible. Des larmes se mirent à couler par dizaine, ce fut comme un torrent qui se déversait sur ses joues noires de saleté, creusant des sillons pâles. Elle hurlait à s'en déchirer les cordes vocales, et malgré les paroles réconfortantes d'Aragorn à son oreille, elle se laissa tomber à terre.
Ensuite, elle entra dans un état de semi-conscience. Son corps ne répondait plus, pas plus que son cerveau. Elle semblait n'être plus qu'une loque. Aragorn la porta jusqu'à la sortie, jusqu'à l'air libre qui lui remettrait certainement les idées en place. Cela lui brisait le cœur de la voir comme ça.
Bon, j'espère que ce chapitre vous a plu haha, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé ! Il est très long par rapport aux autres mais c'était impossible de le couper. J'ai vraiment eu du mal pour l'écrire, je m'y suis reprise à plusieurs fois mais j'aime bien cette version là 😊 j'espère que ça vous aura plu que je fasse une double update aujourd'hui ! À bientôt 👣