Sous contrôle [Terminée - Cor...

By Blinii

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Do Kyungsoo était l'élève parfait, le seul, l'unique. Son seul point faible : le sport. Seulement quand son... More

Le début des problèmes
Cours 1 : Tais-toi et Obéis
Cours 2 : Do you speak English ?
Cours 3 : Jamais deux sans trois
Cours 4 : Que la fête commence !
Cours 5 : Good boys gone bad
Cours 6 : La loi du plus fort
Cours 7 : lâcher prise
Cours 8 : La patience est une vertu
Cours 9 : C'est moi la fille
Cours 10 : A song for you
Cours 11 : Que les examens commencent !
Cours 12 : Et le gagnant est...
Cours 13 : Happy Halloween
Cours 14 : Toi et personne d'autre
Cours 15 : A moi !
Cours 16 : Byun Baekhyun doit disparaître !
Cours 17 : Une nouvelle rencontre
Cours 18 : Call me Baby
Cours 19 : Happy Birthday Jongin !
Cours 20 : Sweet China
NOTE DE L'AUTEURE AKA Moi
Cours 22 : Trouver la lumière
Cours 23 : Tel père, tel fils
Cours 24 : It's my birthday !
Cours 25 : Histoire d'un premier amour
Cours 26 : Un oiseau en cage
Cours 27 : Signal
Cours 28 : Valentine's Day
Cours 29 : Love never felt so good
Cours 30 : Un jeu dangereux
Cours 31 : Playing with fire
Cours 32 : Pour le meilleur et surtout pour le pire
La MAJ qui n'en est pas une
Cours 33 : Tôt ou tard, la vérité éclate
Cours 34 : One Step Closer
Cours 35 : Un cœur qui se plie comme un origami
Cours 36 : Des gouttes d'eau dans l'océan
Hors Série : Partie 1
Hors Série : Partie 2
Hors Série : Partie 3
Information
Cours 37 : Comme dans un livre ouvert
Cours 38 : Better than Yesterday
Cours 39 : Comme je suis
Cours 40 : L'effet Papillon
Cours 41 : Chaque moment avec toi
Cours 42 : Le placard
Cours 43 : Memories
Cours 44 : Rouge
La fin des problèmes
Note de fin

Cours 21 : Il ne faut parfois qu'un jour pour tout détruire

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By Blinii

                 

-  La psychologie cognitive de la dépression, dit Baekhyun en retournant le livre dans tous les sens. Tu m'expliques, dit-il finalement en tendant l'objet dans ses mains à son ami.

Kyungsoo l'attrapa et le plaça sous son bras en continuant d'examiner l'étagère remplie de livre en tout genre. Des petits, des grands, certains provenant de psychologues, d'autres étant de simple témoignages, des expériences. Comment devait-il choisir parmi tout ce choix ?

-  Tu savais que le terme dépression n'a été évoqué qu'au dix-huitième siècle. Et considéré comme une véritable maladie des années après. Alors que la dépression remonte à plus loin, au début de l'humanité. Tiens, Vincent Von Gogh par exemple. De nombreux psychanalystes pensent qu'il était dépressif. À chaque bouleversement dans sa vie, il s'en prenait à lui même. Tu sais son histoire de se couper l'oreille, ce n'était pas pour l'art. Il se l'ait coupé après une dispute apparemment. Il s'est isolé, et a finit par se suicider. Et ce n'est seulement que maintenant qu'on suppose qu'il souffrait de dépression. À l'époque, on le traitait de fou.

-  Ok, c'est très... intéressant, répondit Baekhyun hésitant en s'adossant à la grande étagère à ses côtés. Donc tu t'es trouvé une nouvelle passion dans l'étude comportementale d'artistes morts il y a des siècles ? Les timbres ou les pièces semblent plus passionnants maintenant que je vois tes passions.

Le brun le regarda un instant en soufflant. Son ami pensait peut être que ce n'était qu'une « passion » d'un instant mais ça ne l'était pas. Il ne connaissait rien de la dépression. Et internet lui disait que sa mère souffrait de dépression.

Hors, il savait deux choses. Un, ne jamais se fier entièrement à internet, et c'est pour cela qu'il approfondissait ses recherches. Deux, il détestait foncer tête baissée dans un sujet qu'il ne maitrisait pas. Comment aider sa mère si lui-même n'était pas sûr de ce qu'il avançait.

-  Ce n'est pas une passion, finit-il par dire en longeant le fin couloir, parcourant les livres du bout des doigts. Je pense que ma mère est dépressive.

Il fallut exactement six secondes à son ami pour comprendre ses paroles. Kyungsoo avait compté.

-  Quoi, s'exclama Baekhyun en s'arrêtant. C'est ridicule, ta mère est sûrement la femme la plus épanouie que je connaisse. Viens voir ma mère après une rupture, ça c'est de la dépression.

Kyungsoo se stoppa net et fit volte face. Il avança de quelques pas et se plaça face à son ami.

-  La dépression peut se caractériser de plusieurs manières tu sais. Elle peut être légère ou s'accentue en fonction des cas. Chaque personne est différente et n'agit pas forcement de la même manière. Peut être que j'exagère les choses et que ce n'est pas une dépression. Mais ce qui est sûr c'est que ma mère ne va pas bien. J'en suis certain Baekhyun. Et je veux l'aider. Je veux l'aider parce que... Enfin tu comprends, je ne peux pas la laisser dans cet état.

Le châtain clair resta un instant silencieux en observant son ami. Ce qui était assez gênant en fait. Kyungsoo n'avait pas l'habitude de le voir aussi silencieux et concentré.

Ce n'est qu'au bout de quelques secondes supplémentaires que son ami lui tendit un livre qu'il avait dans les mains et que le brun n'avait même pas vu.

-  Les étapes vers la guérison, souffla-t-il doucement. Il a l'air pas mal et moins... médical. Si ce que tu dis est vrai, tu ne peux pas la guérir par toi-même en lisant des livres, pleins de mots compliqués. Mais tu peux l'aider, et je pense que celui-ci à l'air pas mal...

Un sourire timide fleurit sur les lèvres de Kyungsoo alors qu'il prit le livre entre ses doigts. Il lut la couverture et le tourna pour l'analyser sans un mot. Et il remercia Baekhyun.

Il le remercia pour le livre mais le remercia aussi mentalement d'être là. Cette phase de panique qu'il avait ressentit quelques jours avant en faisant cette découverte l'avait amené à une seule conclusion. Il ne pouvait pas gérer cette situation seul. Alors il remerciait son ami de simplement l'aider sans en chercher plus et de le croire sans le prendre pour un parano.

Il reposa les livres qu'il avait pris avant et se contenta de garder celui que Baekhyun lui avait donné. Car le châtain clair avait raison. Il n'était pas psychothérapeute, loin de là. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était accompagner sa mère.

-  Et qu'est-ce qu'en dit ton père ? demanda le châtain clair en observant attentivement la réaction de son ami.

Ce sujet restait sensible. Même pour Baekhyun. Ce dernier avait appris au fil des années à se contenir devant l'homme et éviter d'exprimer des moments de joies intenses par peur l'énerver, car oui il ne supportait pas les personnes trop joyeuses ou trop tristes. Il appréciait les justes milieux, sans trop d'extravagance. C'était ainsi.

Alors connaissant son père, cela allait être difficile de lui en parler. Ce dernier ne supportait pas de rester trop longtemps à côté d'une personne en larme ne serait-ce que cinq secondes. Alors comment est-ce qu'il allait lui expliquer que sa mère souffrait peut être de dépression ?

-  Je vais le faire, répondit-il simplement.

C'était dans ses projets, après tout cela concernait sa mère. Le brun était juste surpris que celui-ci ne s'en soit pas aussi rendu compte. Mais il ne pouvait pas vraiment le juger, sans ce voyage et cet évènement troublant, lui-même ne l'aurait probablement jamais remarqué.

-  Tu en as parlé à Jongin, continua son ami alors qu'ils se dirigeaient vers les caisses.

Kyungsoo ne répondit pas et haussa simplement des épaules. En parler au boxeur n'était pas dans ses projets.

-  Je pensais que lui et toi étiez en pleine phase d'harmonie, où vous appreniez à vous connaitre, à partager vos secrets et toutes les conneries dans le genre.

-  Je n'ai jamais dit que nous étions en pleine... phase de partage ou je ne sais quoi. C'est juste que je ne vois pas pourquoi j'irais le déranger avec mes histoires. Il supporte déjà beaucoup par lui-même. Tu m'imagines débarquer : "Hey je sais que tu as pleins de soucis en ce moment mais surprise, ma mère est dépressive". Non ça ne le fait pas. Et puis ça ne le regarde pas de toute façon.

-  Ok.

Le brun se stoppa au niveau de la queue et tourna la tête vers son ami. Pourquoi ce « ok » semblait-il le juger ?

Il ne faisait rien de mal. Il avait encore le droit de garder secret certaines choses, surtout si elles concernaient sa famille. Personne n'était capable d'assumer cette grande histoire mélodramatique et désespérante qu'était sa famille. Il n'allait pas infliger ces tourments à qui que ce soit.

-  Quoi « ok », finit-il par demander, un brin irrité.

-  Rien, juste... Ok.

-  Très bien.

Kyungsoo se concentra à nouveau devant lui, même s'il ne pouvait s'empêcher de regarder son ami de temps en temps du coin de l'œil. Baekhyun ne se cachait jamais de lui dire les choses franchement. Alors pourquoi est-ce qu'il agissait de la sorte tout d'un coup ?

-  C'est égoïste, lâcha soudainement son ami en avançant en même temps que l'homme devant eux.

-  Quoi, dit Kyungsoo en ouvrant de grands yeux.

-  Je trouve ça égoïste. Tu m'as cassé les oreilles à plusieurs reprises sur comment Jongin te saoulait à ne jamais rien partager avec toi. Qu'il te cachait les choses importantes de sa vie et ne te faisait pas confiance. Ça vaut aussi pour toi, ce que tu peux lui dire Kyungie.

Le brun ne répondit rien et serra doucement le livre qu'il avait dans ses mains. Vu comme ça, oui, il était égoïste. Mais il n'agissait pas de la sorte simplement par plaisir. Le décoloré avait déjà assez de problème au quotidien avec la boxe et les cours. Et puis il n'était pas sûr que cela intéresse vraiment le boxeur de savoir que sa mère n'était pas au mieux de sa forme.

-  Ça t'énerves que j'ai raison, demanda Baekhyun avec un sourire en coin.

-  Oui, trancha simplement Kyungsoo en déposant le livre sur le comptoir en souriant à la jeune femme qui l'encaissait.

-  Surtout qu'il s'inquiète pour toi...

Kyungsoo ignora la caissière qui lui indiqua le prix et tourna la tête vers son ami. Comment Baekhyun savait que Jongin s'inquiétait pour lui ?

Le châtain clair souffla en haussant les épaules, résigné. Son ami ne le lâchera pas jusqu'à avoir la réponse autant la lui donner.

-  Vu que tu as ignoré la plupart de ses appels et ses messages depuis ton retour, il a demandé à Chanyeol de me demander s'il s'était passé quelque chose et si tu allais bien. Du coup, vu que je n'ai pas le numéro de Jongin, j'ai dit à Chanyeol de dire à Jongin que tu ne me répondais pas aussi donc que je ne pouvais pas vraiment lui donner d'information. Mais Chanyeol a oublié de le lui dire du coup Chanyeol m'a dit qu'il s'est énervé et qu'il a dit, je cite « est-ce que quelqu'un peut me donner cette putain de réponse sans que je doive attendre deux jours ». Mais il y a eut le nouvel an et on est tous sortis ensemble. Moi je me suis dit que je verrais Jongin à ce moment-là mais il n'est pas venu à la super soirée que Sehun a organisé. D'ailleurs, si j'avais su que tu ne voulais pas venir parce que tu n'étais pas au meilleur de ta forme je n'y serais jamais aller. Bref, du coup il s'est vraiment inquiété et moi aussi et comme on était tous inquiets, Chanyeol m'as complètement ignoré pendant deux jours parce qu'apparemment il ne pouvait pas passé une journée sans être inquiet pour toi, alors qu'il s'en fout de ta vie. Mais ça, ce sont juste des mots. En fait, il ne s'en fout pas vraiment de toi, tu comprends. Et moi j'étais vraiment énervé parce que je me suis dit, genre lui il va m'ignorer. Alors du coup je me suis dit : « ok et bien c'est moi qui vais l'ignorer ». Voilà comment Chanyeol et moi on a arrêté de se parler. Mais je m'en fou, je peux en avoir dix des comme lui.

Kyungsoo observait son ami, incrédule. Il ne comprenait rien à ce qu'il venait de se passer et honnêtement, il avait eut du mal à suivre toute l'histoire. Ce n'est que ses années d'expériences auprès de son ami qui lui avait permis de ne pas lâcher le bout du fil.

-  Ok. De un, l'histoire ce n'était pas comment Chanyeol et toi vous aviez arrêté de vous parler. De deux, est-ce que ça n'aurait pas été plus logique de demander le numéro de Jongin à Chanyeol et d'envoyer directement un message. Je veux dire, on est au vingt-et-unième siècle, c'est fini les délires de messagers. Et de trois, tu viens sérieusement d'utiliser toutes ces phrases tout simplement pour me dire que Jongin t'avais demandé si j'allais bien ?

-  Oui, vu comme ça, c'est vrai. Je devrais être mature. Je devrais envoyer un message à Chanyeol à ton avis ?

-  Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que Chanyeol aurait pu envoyer un message directement. Est-ce que tu m'écoutes au moins ?

-  Oui, bien sûr. Mais tu es têtu. Quoi que je te dise, tu vas t'entêter à ne rien dire, à l'ignorer jusqu'à ce que toute cette histoire aille trop loin. Donc je me prépare à être dans un état de zen attitude pour pouvoir être au taquet et t'aider à surmonter ta prochaine dispute. Qui ne devrait pas tarder d'ailleurs, si tu ne m'écoutes pas.

-  Bon ! S'exclama l'homme derrière eux, impatient. Envoi un message à ce foutu Chanyeol si ça pouvait t'éviter de parler autant et toi, dit-il en fixant Kyungsoo, il t'aura prévenu alors tu ne pourras t'en prendre qu'à toi-même. Maintenant vous payez ou pas, il y a du monde derrière et ça fait cinq minutes qu'on attend après vous.

Kyungsoo sortit immédiatement son argent et le donna à la caissière qui, d'après son regard noir, avait elle aussi perdu patience. Avec cette longue histoire à dormir debout, il avait oublié qu'ils étaient à la caisse de la librairie et que c'était à son tour de payer.

-  Les gens sont de plus en plus impatients, c'est incroyable, se plaignit Baekhyun en sortant de la libraire.

Kyungsoo ne put s'empêcher de sourire. C'était lui qui était incroyable.

***

Jongin secouait malicieusement son stylo alors qu'un petit sourire étirait ses lèvres. À droite, à gauche, l'objet effectuait des dizaines de rotation à la seconde pour échapper à l'horrible monstre poilu qui était à sa poursuite.

Kyungsoo secoua doucement la tête en observant la scène sous ses yeux.

Le blond était assis sur son lit et il s'était débarrassé de son livre d'anglais pour une activité qui lui semblait bien plus importante. Laquelle consistait à jouer avec Jong.

-  Je pensais que tu le détestais ? Plaisanta le brun en déposant ses révisions sur le bureau.

Ils n'étaient qu'à deux jours des examens, les vrais. Ceux-ci allaient représenter soixante pour cent de leur note finale. Durant ces périodes là, Kyungsoo avait l'habitude d'être dans un état d'anxiété plus important. Il passait chaque minute, chaque seconde à réviser. Il n'en dormait pas et sautait parfois des repas.

Cette fois-ci était différente. Il ne ressentait pas ce stress intense en se disant que la dernière ligne droite était cette année. Il ne révisait pas au point de ne plus dormir ou ne plus manger. Et la preuve. Il préférait glousser ridiculement devant l'image de son petit-ami et son chat en train de se battre plutôt que de bourrer son cerveau avec des informations en tout genre, à deux jours des examens.

-  Au début il était insupportable. Mais quand tu passes du temps avec lui, il devient mignon et adorable, se défendit le blond en continuant de jouer avec lui.

-  Un peu comme toi, lâcha Kyungsoo d'une voix légère en souriant de plus belle.

Jongin leva les yeux vers lui, ce qui lui valut d'ailleurs d'être attaqué par Jong pendant ce moment d'inattention. Il joignit sa main devant sa bouche et feint de vomir devant la réplique toute mielleuse du plus petit.

-  Quoi, se plaignit le brun en rigolant, j'essaie d'être romantique au moins. C'est bien mieux que toi en tout cas !

-  Eh ! Je suis romantique !

-  Bah voyons, se contenta de répondre Kyungsoo.

Jongin n'était pas romantique et ne le sera probablement jamais. Tant mieux dans un sens, il ne supporterait probablement pas ces trop grandes marques d'affections. Mais entre eux deux, c'était bien lui le romantique, ça il en était certain.

Le boxeur arracha un petit morceau de papier et y écrit dessus en jetant de temps en temps des regards discrets dans sa direction. Pas si discret au final puisque Kyungsoo avait remarqué son petit manège et tentait à présent de percevoir ce que le blond faisait. Il ne vit rien, malheureusement, et fut même déçu de ne pas satisfaire sa curiosité.

Jongin forma finalement une petite boule de papier et lui lança son plus beau sourire avant de la lui balancer en pleine tête. Le brun se plaignit mais récupéra tout de même la petite boule de papier.

-  Et qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en agitant sa main qui tenait le projectile.

-  Un petit mot d'amour, ça ne se voit pas ? Ironisa le plus grand en levant les bras de manière dramatique.

Kyungsoo pouffa timidement, pour ne pas changer de d'habitude en fait, et défit la petite boule tout excité à présent.

Une seconde... Pourquoi je suis tout excité pour un petit mot ridicule ! Pensa-t-il alors qu'il était impatient et curieux de voir ce que Jongin avait pu écrire.

Son sourire disparut peu à peu quand le message fut enfin dévoilé. Un cœur y était dessiné et cela devait être le cœur le plus raté qu'il n'ait pu voir de sa courte vie. À l'intérieur du cœur, un mot écrit en anglais.

I like your ass

Kyungsoo leva les yeux vers lui en secouant le petit papier dans un geste exagéré.

-  Sérieusement ? C'est ça un mot d'amour pour toi ?

Le blond lui sourit, comme il en avait l'habitude quand il ne voulait pas répondre et se contentait simplement de faire cette tête trop mignonne qu'il faisait en général pour l'amadouer.

Était-ce volontaire ou pas ? Kyungsoo ne le savait pas, peut-être qu'au final ce n'était juste que lui qui le trouvait mignon dans n'importe quelle situation.

-  Enfin tu redeviens normal, dit doucement Jongin en se concentrant à nouveau sur son livre d'anglais qu'il avait récupéré.

Il releva la tête et fixa un instant le boxeur en fronçant légèrement les sourcils.

-  Tu semblais faire la gueule depuis ton retour de vacance, continua le blond en le regardant à présent.

Il restèrent ainsi quelques secondes, à s'observer sans rien dire. Kyungsoo réfléchissait. Il repensait à ce que Baekhyun lui avait dit. C'était en quelque sorte le bon moment, à présent. Mais un sentiment de peur l'envahit, une sensation qu'il ne pouvait pas expliquer. Il pouvait lui raconter ô combien ses profs étaient lourds, qu'il avait trop de devoir. Mais est-ce qu'il pouvait réellement lui raconter ce genre de chose. Lui parler de ses problèmes, de sa mère sûrement dépressive, de sa vie familiale affreuse et étouffante, et bien sûr de tout le reste.

Les paroles que Jongin lui avait dit quand il avait essayé de s'imposer prenaient encore plus de sens à présent. C'était dur de s'ouvrir aux autres. Plus dur qu'il ne le pensait. Et il s'en rendait compte à présent maintenant qu'il était celui de l'autre côté.

Ce que Jongin pensait, il pouvait le deviner. Il l'observait silencieusement en lui demandant pourquoi. Pourquoi est-ce qu'il avait été étrange la nuit dernière et ne lui avait donné aucune explication ? Pourquoi est-ce qu'il avait été distant et semblait l'ignorer ?

Des questions que lui-même aurait posé s'il s'était retrouvé à sa place.

Il inspira doucement alors qu'un fin sourire, qui se voulait rassurant, étira ses lèvres. Il haussa ensuite les épaules comme si de rien n'était.

-  Les exams me stressent, c'est toujours comme ça. D'ailleurs, ils devraient te stresser aussi, comment ça se fait que tu ne révises pas actuellement !

Jongin ne prit que quelques secondes avant de réagir puis replongea dans son cahier en accompagnant son action d'une plainte. Le blond détestait les révisions et ce n'était pas prêt de changer.

La porte d'entrée claqua soudainement, et à en juger par l'heure, ce devait être sa mère. Seulement le bruit des escaliers lui indiqua qu'il ne s'agissait pas d'elle. Elle possédait un planning assez strict qu'elle respectait à la lettre. Quand elle rentrait, elle se dirigeait immédiatement dans la cuisine et ne montait jamais. Elle s'occupait et ne venait le voir que lorsque c'était l'heure de dîner. Les pas précipités qui résonnaient à travers sa porte étaient tous sauf ceux de sa mère.

Ce qui voulait dire qu'ils appartenaient à son père. Et son père qui rentrait tôt n'était pas bon signe en général.

Kyungsoo se leva immédiatement en déposant brusquement son livre sur le bureau. Il demanda à Jongin de l'attendre et quitta sa chambre. Il prit le soin de refermer la porte derrière lui et avança d'un pas incertain vers la porte de la salle de bain qui était ouverte et dont il pouvait entendre du bruit. Le lycéen priait intérieurement que son père ne soit pas rentré plus tôt car il avait encore passé une de ces mauvaises journées. Et alors qu'il avançait, il se surprit à paniquer. Sa mère n'était pas là. Si son père était de mauvaise humeur, il devrait le supporter seul. En sachant que Jongin était dans sa chambre.

-  Kyungsoo, souffla son père quand le lycéen s'avança dans l'embrasure pour le saluer, où est-ce que ta mère a mis mon costume ?

Le brun fronça les sourcils en montrant bien qu'il ne voyait pas du tout de quoi l'homme pouvait bien parler.

-  Mon costume, s'impatienta-t-il, j'ai un dîner d'affaire dans une heure et je ne trouve pas ce putain de costume. Elle était censée me le préparer. Vraiment celle-là, elle ne me facilite jamais la tâche...

-  Elle ne devrait pas tarder...

-  Oui, mais je n'ai pas le temps, vas me chercher un costume le temps que je me prépare.

Kyungsoo ne bougea pas immédiatement, comme si les informations prenaient bien trop de temps pour arriver à son cerveau.

-  Tu attends quoi, s'énerva son père en faisant tomber quelques produits de l'étagère sur laquelle ils étaient soigneusement rangés.

Il laissa s'échapper des injures en ne prenant pas la peine de ramasser ce qui était tombé par sa faute.

-  J'ai... Je suis en plein tutorat là et...

L'homme s'arrêta et le fixa sans un mot. C'est tout ce qu'il fallut à Kyungsoo pour qu'un long frisson parcoure son échine et qu'il fasse demi-tour sans se poser de question.

Il descendit les marches rapidement et se rendit là où ses parents rangeaient leurs tenus pour les grandes occasions. Car ce devait en être une. Son père était tendu et stressé, ce qui expliquait son comportement, en vue d'un simple dîner. Ce dernier devait être important et de ce qu'il avait compris, il allait sûrement arriver en retard.

Il en récupéra un, trois pièces d'un bleu nuit intense et hypnotisant, qui avait coûté assez cher dans ses souvenirs. C'est pour cela qu'il le choisissait, que son père ait de quoi briller et qu'il puisse montrer aux autres qu'il pouvait se permettre ce genre d'extravagance. Tout n'était que question d'apparence, c'est ce que ses parents lui avaient toujours dit.

Il remonta rapidement en déposant soigneusement le costume dans la chambre de ses parents, sur le lit, puisqu'il savait que son père viendrait ici après. Il anticipa bien évidemment. Il prépara la montre et les chaussures qu'il posa à côté du costume.

Kyungsoo observa ensuite la pièce pour réfléchir à ce que son père aller bien pouvoir lui demander d'autre. Il remarqua le costume que sa mère avait préparé. Il était accroché en évidence sur l'immense penderie de leur chambre. Il y avait même un post-it dessus.

Il voulut le lire mais son père entra précipitamment la seconde suivant. Le lycéen courut à gauche et à droite en obéissant à l'homme en lui ramenant ce qu'il pouvait bien lui demander. Il devait aussi faire avec les remarques désobligeantes que son père pouvait lui sortir, sur sa lenteur par exemple ou sur son idiotie. Mais il ne s'en plaignait pas, il en avait l'habitude à présent.

Ce n'est que lorsque son père noua sa cravate devant le grand miroir dans le coin de la pièce que Kyungsoo se racla la gorge pour parler.

-  Papa, quand tu auras le temps j'aimerais te parler de maman, dit-il faiblement en observant sa réaction à travers le miroir.

-  Qu'est-ce qu'il y a ?

-  Tu ne remarque pas qu'elle est... étrange en ce moment, hésita-t-il en cherchant ses mots.

-  La seule chose que je remarque c'est qu'elle est incapable de faire ce qu'on lui demande.

-  Il est sur la penderie, répliqua immédiatement le brun. Elle te l'a préparé, il était juste sur la penderie. Il fallait simplement mieux regarder.

Son ton était peut-être un peu froid, voir un brin irrité. Mais il l'était. Sa mère lui avait préparé son foutu costume et il l'accablait pour quelque chose qu'il n'avait pas été capable de faire. Et il était certain que son père lui ferait la réflexion. Il ne s'en privait jamais dès qu'il pouvait blâmer quelqu'un.

Ce dernier se retourna face à ses paroles et il le fixa silencieusement en continuant de nouer sa cravate. Kyungsoo détourna son regard et se concentra sur un point invisible, même s'il avait l'impression que les iris perçants de son père lui brûlaient la peau.

-  Tes examens sont bientôt, commença l'homme le ton froid et dur en accrochant à présent sa montre, au lieu de t'attarder sur des sujets sans importance, tu devrais te consacrer à enfin décrocher cette première place.

-  Je suis deuxième de tout l'établissement, ça reste aussi une bonne place, répondit-il en plongeant à nouveau son regard dans celui de son père.

Car non, ce n'était pas un sujet sans importance. Et il espérait que son père en prenne conscience une fois qu'il lui en aura parlé.

L'homme lâcha un petit rire nerveux en récupérant ses affaires au fur et à mesure que ses yeux le détaillaient.

-  Être deuxième, c'est être tout simplement le premier perdant, il n'y a pas de quoi en être fier. C'est parce que tu as ce genre de pensée que tu n'es capable de rien.

Kyungsoo allait répliquer mais son père ne lui en laissa pas le temps et quitta la pièce en descendant les escaliers. Au même instant, la porte d'entrée claqua, signalant que cette fois-ci sa mère était belle et bien de retour. Le lycéen descendit pour la retrouver et lui faire signe rapidement que son père était d'une humeur exécrable aujourd'hui. Mais il n'eut pas le temps.

-  Il y avait des embouteillages pas possible, désolé d'être en retard, est-ce que tu as trouvé le costume ? dit-elle en déposant son sac à main sur le meuble à l'entrée.

-  Non parce que tu ne l'avais pas mis en évidence. Il faut être plus consciencieuse, à chaque fois que je te demande quelque chose, tu n'es pas capable de le faire correctement, lâcha son père en passant devant elle précipitamment.

Il ne lui laissa pas la peine de répondre et disparut en claquant la porte bruyamment.

Une fois qu'il quitta la maison, le calme revint.

Kyungsoo observait sa mère du haut des marches silencieusement. Elle fixait le mur sans un mot et ses poings agrippaient fermement l'extrémité de sa veste. Et s'il était plus proche d'elle, il pourrait entendre sa respiration irrégulière et ses yeux brumeux.

-  La salle de bain, souffla Kyungsoo, il l'a laissé dans un état catastrophique.

Sa mère resta immobile un instant avant de finalement enlever sa veste et de la déposer soigneusement dans le placard. Elle partit récupérer les produits d'entretien, déjà prêts dans leur petit panier et monta les marches doucement. Le lycéen la suivit silencieusement jusqu'à ce qu'elle rejoigne la pièce en question et se mette à la nettoyer.

Car c'est ainsi qu'elle fonctionnait. Il l'avait compris. Tout cela était lié. C'était sa manière de combattre. Elle nettoyait, elle arrangeait, elle perfectionnait chaque coin et recoin, car si elle ne le faisait pas, elle s'écroulait et s'abandonnait. Et il s'en voulait. Il avait l'impression d'avoir fourni à un drogué en manque une dose pour pouvoir le calmer. Ce n'était pas la solution, ni ce qu'il fallait faire. Mais sa conscience lui avait dit d'agir ainsi car il n'aurait pas supporté de la voir à nouveau dans un état pareil.

Kyungsoo retourna ensuite dans sa chambre. Il en avait presque oublié Jongin. Il entra dans la pièce et sourit au blond en s'écroulant sur sa chaise.

-  Mon Dieu, ce que je suis épuisé, est-ce que tu veux regarder un film ?

-  C'est incroyable, répondit le boxeur en levant les yeux du livre, peu importe qu'on vive dans un appartement minuscule ou une immense maison, les murs sont tellement fins...

Le sourire du brun disparut doucement et ses mains se resserrèrent inconsciemment sur le bord de la chaise. Et il se sentait soudainement attaqué, pointé du doigt. Il avait l'impression que Jongin lui balançait cela dans l'unique but de lui montrer que la façade qu'il essayait désespérément de garder ne servait à rien.

-  Et, rétorqua-t-il durement, le regard noir.

-  Et je n'aime pas ton père, se contenta simplement de répondre le blond.

-  Je ne t'ai jamais demandé de l'aimer, ni quoi que ce soit. Alors je me passerais de tes commentaires.

-  Ok, si ça te fait autant plaisir de te faire persécuter moralement...

Kyungsoo ouvrit ses yeux sous le choc. Ainsi que sa bouche. Est-ce que Jongin venait vraiment de dire que son père le persécutait.

-  Pardon ? dit-il stupéfait.

-  Oui, je viens de dire « persécuter », mon Dieu, j'ai osé. Mais oui, Kyungsoo, c'est de la persécution. Je n'ai entendu que des choses désagréables et je suppose que tu en as l'habitude vue comment vous avez réagi toi et ta mère la dernière fois, lorsque j'ai dîné chez vous.

Il y eut un moment de silence durant lequel Kyungsoo réfléchit. Qu'est-ce qu'il pouvait répondre à cela. Rien ne lui venait à l'esprit. Et il était tellement mal, il se sentait encore plus petit que d'ordinaire.

-  Sors de chez moi, fut la seule réponse qui traversa la barrière de ses lèvres.

-  Sérieusement ? Tu comptes me chasser de chez toi parce que je te dis ce que je pense ? Tu ne te trouves pas puéril pour le coup...

-  Sors. De. Chez. Moi.

Jongin souffla en récupérant ses affaires. Il ne lui fallut pas plus d'une minute pour quitter sa chambre en lui lançant bien évidemment un dernier regard. Un regard plein de jugement ou de pitié. Il avait eu du mal à le comprendre. Quoi qu'il en soit, il s'agissait d'un regard qui n'avait rien de bien.

Kyungsoo passa une main sur son visage en soufflant. Il ne regrettait que maintenant son comportement et se trouvait idiot. Il se leva et se laissa tomber sur son lit, las, avant de prendre le livre qu'il avait acheté avec Baekhyun.

Peut-être que lui aussi en aurait besoin bientôt.

***

-  Tu es en tord.

La sentence de Baekhyun était froide et sans appel. Un peu dramatique d'ailleurs.

Mais il n'avait pas besoin de son avis pour comprendre que sa réaction d'hier avait été exagérée. Il n'aurait pas dû chasser Jongin de chez lui de cette façon. C'était vraiment petit. Il devait s'excuser.

-  Comment je vais faire, je me sens hyper mal, c'est lui qui est en tord d'habitude ! Ce n'est vraiment pas cool d'être celui qui foire...

-  Et ouais mon vieux, va falloir revenir dans ses grâces maintenant. Qu'est-ce que je t'avais dit ?

Kyungsoo se laissa tomber sur sa table complètement désespéré. Il allait le faire dès que l'occasion se présentera. Il allait lui demander de lui parler à part et il lui déballera le speech qu'il avait soigneusement préparé. Mais il était tout de même énervé pour ce qu'il s'était passé la veille.

-  Il a quand même dit que je me faisais persécuté, non mais est-ce que tu y crois toi ? Il a quand même osé, enfin...

Son ami l'observa et au même moment, le brun put voir sa pomme d'Adam se relever doucement. Il se redressa brusquement.

-  Est-ce que tu penses toi aussi que je me fais persécuter, demanda-t-il incertain face à l'attitude de son ami.

Après tout, qui d'autre que Baekhyun pouvait lui dire les choses comme elles étaient. Il le connaissait par cœur lui ainsi que sa vie. L'avis de Jongin ne tenait qu'à deux misérables rencontres qu'il avait eu avec son père. Et encore, si on pouvait appeler cela des rencontres.

Seulement le châtain clair ne répondit rien. Il se contenta de l'observer, légèrement mal à l'aise jusqu'à s'en racler doucement la gorge.

-  Je ne me fais pas persécuter, est-ce que c'est clair, rétorqua sévèrement Kyungsoo. N'utilisez pas des termes que vous ne connaissez pas.

-  Et toi va apprendre ces termes, se défendit Baekhyun, vexé à présent. Je sais ce qu'il veut dire et oui Kyungie, vu comme ça, tu te fais persécuter. Je n'ai jamais pensé aux choses de cette façon mais Jongin a en quelque sorte raison.

Ce n'était pas de la persécution. Il le savait. Ou plutôt il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas supporter l'idée que sa mère souffre, que lui vive dans un foyer où il se faisait opprimé et tout cela, se retrouver face à tous ces problèmes d'un seul coup. Donc non, ce n'était pas de la persécution. Ses parents étaient durs et attendaient beaucoup de lui. Et c'est pour cette raison qu'ils avaient toujours agit ainsi.

Leur professeur de mathématique entra à cet instant précis et coupa court à leur conversation. Mais cela n'empêcha pas Kyungsoo d'y penser encore et encore.

Ce n'est que lorsque Baekhyun posa sa main sur son épaule, après que l'heure soit passée, qu'il se leva, comprenant le signal.

Les deux sortirent de leur salle de cours et se dirigèrent vers la cafétéria. S'il y a bien une chose dont il était sûr, c'est que son envie de manger n'avait pas disparu et qu'il comptait bien savourer son repas. Cela lui redonnerait l'énergie nécessaire.

La cafétéria était remplie, comme d'habitude. Mais pour une fois, Kyungsoo ne s'en plaignit pas. Il s'occupa patiemment en cherchant Jongin dans l'immense salle. Car il était sûr de le trouver là. Et il voulait profiter de la pause midi pour s'excuser, encore et encore s'il le fallait. Mais il ne le vit pas.

-  Où est Jongin, demanda-t-il en direction de son ami qui haussa les épaules. Demande à Chanyeol où est-ce qu'ils sont.

Baekhyun roula des yeux, en précisant bien que s'il n'était pas aussi misérable émotionnellement en ce moment, il ne l'aurait jamais fait. Car même s'il avait envoyé un message au rouquin pour que leur pathétique querelle prenne fin, il l'avait encore mauvaise.

La réponse ne tarda pas et le brun fut même surpris qu'elle arrive aussi rapidement. Chanyeol était sûrement un de ses accros des téléphones qui les avaient toujours en main.

-  Ils arrivent apparemment, lui lança le châtain clair.

Et effectivement, à peine deux minutes plus tard, trois chevelures noire, rouge et blonde apparurent, flamboyantes. Ils s'agitaient, ne manquant pas de bousculer tout le monde sur leur passage.

-  Mais regarde moi ces idiots, dit Baekhyun devant leur attitude ridicule.

Kyungsoo ne répondit pas et s'avança doucement jusqu'à faire face aux nouveaux arrivants.

-  Jongin, il faut qu'on parle...

Sehun et Chanyeol le fixèrent mais Jongin, lui, ne le regarda qu'un quart de seconde avant d'avancer.

Il n'en revenait pas. Il venait tout simplement de l'ignorer. Il ouvrtr légèrement la bouche sous le choc et se retourna. L'image du boxeur s'éloignant, lui faisant dos, lui suffit à l'énerver amplement. Est-ce qu'il comptait jouer à ce petit jeu pendant longtemps encore ? Il allait vraiment faire comme s'il n'existait pas ? Qui était puéril maintenant ?

Il serra les poings et retourna dans la file en essayant de contenir au maximum sa colère. Bien évidement en lançant de temps en temps des regards haineux en direction du blond. Ce dernier riait et parlait avec ses amis, comme si de rien n'était. Comme s'il ne l'avait pas refoulé quelques minutes avant.

-  Laisse-lui le temps de se calmer, tenta Baekhyun quand les deux rejoignirent leur tables, plateaux en mains.

-  S'il veut jouer à ça alors on est deux !

Le châtain clair roula des yeux en s'installant.

-  C'est marrant, on dirait moi il y a quelques jours, le taquina-t-il avec ses yeux rieurs.

Kyungsoo l'ignora car une autre chose le préoccupait. Jongin venait de passer dans sa liste d'ennemis.

***

Il était stressé. Incroyablement stressé. Et cela ne se calma pas quand son père entra d'un pas déterminé dans la pièce.

L'homme s'installa directement à table. Le fait qu'il s'assoit sans même que l'on lui dise que le repas soit prêt montrait à quel point il était mort de faim. Kyungsoo le rejoignit et s'installa doucement à sa place habituelle. Ses yeux ne cessaient de fixer son père discrètement. Il n'avait jamais l'occasion de se retrouver seul avec lui et il devait profiter du fait que sa mère soit occupée.

-  Papa, commença-t-il d'une petite voix.

L'homme releva la tête de son téléphone portable et le scruta un instant. Kyungsoo paniqua et cela était ridicule, il en avait conscience, puisque son père n'avait fait que réagir à son appel.

-  ... Pour ce que je t'ai dit hier...

Il ne semblait pas comprendre et le lycéen regarda autour de lui pour vérifier qua sa mère n'était pas assez proche pour les entendre.

-  Au sujet de maman. Je pense qu'elle n'est pas bien.

-  Comment ça qu'elle « n'est pas bien », souligna son père en accentuant ses paroles par des guillemets qu'il fit avec ses doigts

-  Elle pleure facilement et est dans un état pas possible en ce moment... Je crois qu'elle est dépressive.

Il y eu une deux secondes de silence. Puis trois. Quatre. Et cinq. Les secondes défilaient et son père ne disait toujours rien. Il brisa enfin le silence après ce qui semblait être une longue et affreuse minute de calme pesante et étouffante. Calme qui fut coupé par le rire de son père.

-  Arrête un peu de raconter n'importe quoi.

-  Je suis sérieux, renchérit-il le ton plus dur pour être pris au sérieux. Il faut que tu lui parles. Calmement, précisa-t-il tout de même.

-  C'est ridicule.

-  Papa, c'est à toi de lui parler... S'il-te-plaît, supplia-t-il presque.

C'est tout ce qu'il pouvait faire. Supplier son père de bien vouloir aborder le sujet avec sa mère car après tout, c'était bien à lui de le faire. L'homme acquiesça nonchalamment et retourna sur son téléphone.

Sa mère apparut au même moment et déposa les plats sur la table. En quelques minutes, leur heureuse et parfaite famille était en train de dîner. Ironie bien évidemment. Seul Kyungsoo parlait et tout ce qu'il faisait été de poser des questions à sa mère sur sa journée. Elle semblait de meilleure humeur aujourd'hui, bien mieux que hier en tout cas. Alors il faisait en sorte que cela continu.

-  Au fait, dit son père en posant ses couverts, Kyungsoo pense que tu es suicidaire.

Le brun tourna la tête vers son père, outré de ce qu'il venait de faire. Heureusement qu'il avait dit calmement.

-  Quoi, qu'est-ce que ça signifie, dit sa mère d'une voix aigu dans sa direction.

-  Je n'ai pas dit suicidaire, se plaignit l'adolescent en direction de l'homme.

-  Suicidaire, parano, dépressive, ce sont tous les mêmes mots pour dire que ça ne va pas bien dans la tête.

-  Non, ça ne veut pas simplement dire que ça ne va pas dans la tête papa. La dépression est une maladie sérieuse.

-  Une maladie qui se passe là-dedans, le coupa son père en posant un doigt sur sa tempe.

-  Kyungsoo, est-ce que tu penses que je suis folle, demanda choquée et un brin vexée sa mère.

-  Non, bien sûr que non. Ce n'est pas ce que j'ai dit.

-  Il trouve que tu te comportes bizarrement. Il y a bien une raison pour laquelle il pense cela, continua son père cette fois-ci vers sa mère.

-  Non ! Se défendit-elle, c'est ridicule, je vais bien.

-  Très bien, tu vois Kyungsoo, ta mère n'est pas cinglée.

-  Arrête de dire ça, le coupa le brun, c'est... Ce n'est pas correct. Ce n'est pas ça la dépression, c'est quelque chose de sérieux. Elle peut cacher son mal-être, ça existe. On ne peut pas se contenter d'un simple « je vais bien ».

-  Qu'est-ce que l'on doit faire alors ? La traîner de force en psychiatrie ? Si elle dit qu'elle va bien, on ne peut rien faire d'autre.

Kyungsoo allait répliquer car toute cette situation semblait tellement ridicule. Mais un bruit de fracas retentit dans la pièce et les deux hommes sursautèrent à l'unisson, s'arrêtant immédiatement de parler. Au sol, des morceaux de verres étaient éparpillés alors que le liquide transparent que le verre contenait couler sur le sol au fil des secondes.

-  Taisez-vous, dit sa mère en les regardant froidement. Je suis juste en face de vous, ne parlez pas comme si j'étais folle, je ne suis pas folle !

Kyungsoo eut un mouvement de recul quand elle se leva brusquement de table et il se leva précipitamment pour la suivre la seconde d'après, à présent inquiet. Il avait été stupide. Il ne s'en rendait compte que maintenant. Pourquoi en avoir parlé devant elle ? Lui, tout ce qu'il voulait, c'est qu'ils trouvent tous une solution ensemble. Comme une famille. Une normale. Mais plus le temps passait et plus il se rendait compte qu'ils n'avaient rien d'une famille normale.

-  Tu n'es pas folle maman, tenta-t-il en lui attrapant doucement le bras. Calme-toi, s'il te plaît...

La femme se dégagea et s'éloigna de lui.

-  Non ! Non, Kyungsoo, je ne vais pas me calmer. Je suis fatiguée et je n'en peux plus !

Sa voix monta encore plus dans les aigu tandis qu'elle s'éloignait toujours d'eux comme s'ils n'étaient que de simples inconnus. Comme un animal prit au piège, craignant pour sa propre vie.

-  Je dois tous les jours vivre avec vous deux et ce que vous pensez de moi, elle se tourna alors vers le lycéen en le pointant du doigt. Tu ne me supportes pas, je le vois. Je le sais. Je ne suis rien que cette pauvre parano qui est constamment sur ton dos. Mais tu sais quoi ? Je suis ta mère et tu es mon unique enfant ! Et tu ne comprendras cette peur que je ressens constamment que le jour où tu auras toi aussi un enfant. Cette peur de te voir blessé, de te voir emprunter le mauvais chemin. Tout ce que je fais, tous les jours, je le fais pour toi ! Alors oui Kyungsoo, je suis cette pauvre mère étouffante, chiante, invivable mais je ne suis pas folle !

Kyungsoo ouvrit en grand ses yeux sous le choc. Mais cette sensation ne dura pas. La culpabilité lui enflamma l'âme immédiatement. Au point que sa gorge se noua et qu'il dut se contenir devant sa mère.

Alors c'était ça l'image qu'elle avait de lui. Un pauvre lycéen pourri gâté qui ne voyait pas ses souffrances à elle. Cela lui correspondait au final. Car durant toutes ses années, il pensait subir ses parents. Ils l'avaient rabaissé à plusieurs reprises, l'avaient humilié, quand il avait du mal à répondre à leur attente. Et il les évitait. Son père était son père, il n'y avait pas besoin de plus de détail, et sa mère l'étouffait. Et il a fallut que tout éclate autour d'un repas pour qu'il se rende compte qu'elle aussi était malheureuse. Et qu'il la faisait souffir.

-  Bon sang, reprends-toi, s'énerva finalement son père en se levant de son siège à son tour. Ça suffit maintenant, quel âge as-tu pour piquer une crise ?

Son père ne se mettait pas souvent en colère. Il avait l'habitude que tout aille pour le mieux pour lui. Kyungsoo et sa mère avaient fais de lui la figure de leur foyer, le grand patriarche de leur maison. Alors ce qu'il pouvait dire ou demander était soigneusement respecté à la lettre. Les seules fois où il était réellement en colère avaient souvent un rapport avec son travail. Et lorsqu'il rentrait, énervé et tendu, sa femme et son fils respiraient à peine par peur de le brusquer encore plus.

Mais cette scène, cette situation, s'en était trop pour lui. Sa femme qui perdait le contrôle et qui hurlait, son fils incapable de gérer la catastrophe qu'il avait lui-même crée.

-  Et toi, cracha sa mère en direction de l'homme cette fois-ci alors que sa voix se brisa. Je fais autant que toi si ce n'est plus pour ce fichu foyer. Je me lève et je vais travailler. Je rentre et je m'occupe de tout. La seule chose que tu as à la bouche c'est cette satanée entreprise ! Et ma considération dans tout ça ! Je ne demande pas des éloges, mais un sourire, un merci ! J'ai tout abandonné, mes rêves, mes amies, et tout ça pour toi, pour être ton épouse parfaite. Et aujourd'hui tu viens me jeter la première pierre.

Ses larmes coulaient à présent. Des larmes de désespoir, de fatigue, et comme durant le voyage en Chine, elle se laissa doucement glisser au sol et prit son visage dans ses mains pour se cacher. Se cacher des deux hommes qui l'observaient à présent.

Kyungsoo tourna lentement le regard vers son père, cherchant de l'aide. Que devaient-ils faire ? La laisser souffler un peu ? Tenter de lui parler ? Il ne savait pas. Mais ce dont il était sûr, c'était que la voir dans cet état lui brisait le cœur. Plus que la première fois qu'il l'avait vu ainsi. Car il savait à présent qu'il était en partie responsable de son état.

Son père secoua légèrement la tête, en signe de désapprobation et avant que le brun ne puisse dire quoi que ce soit, il quitta la pièce et grimpa les marches des escaliers rapidement. Un claquement de porte résonna et le seul bruit perceptible à présent pour Kyungsoo était les sanglots de sa mère.

Et il était là, au milieu de leur salle de séjour, ne sachant pas quoi faire. Et une pensée lui traversa l'esprit. Toutes les fois où son père lui avait dit qu'il n'était qu'un simple mouton étaient peut être vraies. Il ne pouvait pas gérer ce genre de situation, il n'en était pas capable. Il lui fallait constamment cette figure qui lui dise quoi faire, ces règles qui lui disent comment vivre. S'il existait un manuel qui expliquait comment mettre un terme à ce carnage, il aurait su quoi faire. Il saurait comment consoler sa mère et l'aider, comment calmer son père. Comment aider sa famille à sortir de ce piège qui se resserrait au fil du temps, au fil des années.

Mais il n'y en avait pas. Et comme il n'y en avait pas, il restait planté là, immobile et inutile.

-  Maman, dit-il doucement en s'approchant d'elle, hésitant.

-  Laisse-moi, chuchota-t-elle entre deux sanglots. Ne m'approchez plus, je ne veux plus vous voir.

Kyungsoo fit volte face et grimpa doucement les marches des escaliers jusqu'à rejoindre sa chambre. Une fois qu'il pénétra dans la pièce, il ferma les yeux et inspira doucement. Il resta immobile, le temps qu'il lui fallut pour calmer cette envie de tout casser.

Elle ne partit pas.

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