C'est aujourd'hui que je rentre en cure. J'ai peur. Dans le genre vraiment peur. J'ai eu Ethan en skype hier, il n'arrêtait pas de pleurer et j'ai pas pu faire autrement que de pleurer aussi. Il est magnifique mais quand son visage est ravagé par les larmes il semble si vulnérable.
— Tu es prêt petit frère ?
Je souffle un bon coup et entre dans l'établissement avant d'être directement pris en charge.
3 MOIS PLUS TARD:
— Tu as fait d'énormes progrès Kalter, on doit absolument s'assurer que tu ne toucheras plus à rien, d'accord. Et puis ainsi tu continueras d'exercer ta voix.
C'est vrai que je ressens déjà pas mal les changements. J'ai grossi, et je me muscle en plus. J'ai l'impression d'être plus fort, plus viril. Ma voix ne se casse plus quand je parle et je peux formuler des phrases. Pas trop grandes mais je peux le faire sans bégayer ou bloquer à chaque syllabe. Je me sens devenir homme.
En parlant d'homme, le mien ne m'écrit plus depuis déjà trois semaines. Avant j'avais une lettre toutes les semaines mais il a arrêté. J'ai essayé de l'appeler hier, à plusieurs reprises pour lui montrer mes progrès mais il n'a jamais décroché ni même rappelé. Je pense qu'il est train de rompre. Et bordel c'est atroce.
— Merci Steeve.
J'ai eu le droit à la visite de ma sœur, il y a déjà un mois de cela. Il me reste encore deux mois ici. Et à partir d'aujourd'hui je commence les exercices de musculation deux fois par semaine et je devrai aller à la piscine au moins deux fois aussi. Il paraît que le sport permet de se vider la tête et ainsi ne pas penser à la drogue. Ça fait partie de la cure.
Vu comme ça tout est parfait mais ça n'a pas été le cas au début. J'ai eu des crises de manque à répétition. Et je tiens à dire, que c'est horrible. Pourtant il nous file toujours un peu de drogue au début pour ne pas nous brusquer d'un coup mais pour moi ce n'était jamais assez. Il m'en fallait plus, mais ils refusaient de m'en donner alors j'ai eu des crises mais maintenant ça va mieux. On a arrêté la drogue définitivement il y a un mois, donc ils peuvent pas me laisser sortir maintenant, ils doivent s'assurer que je vais bien.
SORTIE DE CURE DE KALTER:
J'ai décidé de faire la surprise à Ethan. Je vais juste débarquer chez moi sans le prévenir. J'espère qu'il sera ravi de me voir. Je suis chez ma sœur depuis deux jours le temps de tout préparer.
— Tu es prêt Kalter ?
Je souris à ma sœur.
— Je le suis. J'ai hâte de lui montrer ce que je suis devenu, l'homme que je suis maintenant et plus l'adolescent meurtri par son passé pourri.
— Certaines choses ne changent pas avec toi.
— Il ne faudra pas que je devienne quelqu'un d'autre non plus.
Je ris. Même après plusieurs mois, ça me fait toujours étrange d'entendre mon rire. Savoir qu'il peut enfin sortir de ma gorge.
— Kalter... Avant que tu partes, quelqu'un voulait te voir.
Je la regarde. C'est suspect. Tout venant d'elle est suspect.
Elle se décale de devant ma porte et laisse apparaître José.
— Tu te fous de ma gueule ?
Elle baisse les yeux et José s'avance vers moi.
— J'ai vraiment envie de changer le passé ! De changer l'image que tu as de moi. Je t'ai réellement aimé Kalt. Tu étais vraiment tout pour moi. Je veux juste s'il-te-plaît qu'on reste en contact. Je t'en prie. Je peux pas te laisser repartir en me disant que je suis passé à côté de réparer mes erreurs aussi gravissimes soient-elles. S'il-te-plaît. Prend juste mon numéro. Si tu as un soucis sache que je serai chez toi dès le lendemain. Je serai toujours prêt à accourir pour te sauver maintenant. Je veux te montrer qui je suis vraiment.
Je ne suis pas insensible à son discours et je ne comprends pas pourquoi. Il m'a presque tué quand même mais j'ai envie de croire en son discours. Je ne sais absolument pas pourquoi.
— Très bien. Je t'envoie un message quand j'arrive. Et on verra si on peut devenir amis malgré cette nuit là.
Il me sourit et je le vois même pleurer de joie. Il vient me serrer dans ses bras. Je suis d'abord surpris mais la douceur de ses bras ravive un feu ardent en moi. Il m'a manqué même si il ne se passera plus jamais rien. Je le serre à mon tour et embrasse sa joue.
— Montre à ton prochain amour que tu es quelqu'un d'exceptionnel et pas un mouton comme tu l'as été avec moi. Je te balance pas le passé à la gueule, je te demande d'en tirer une vraie leçon. Aujourd'hui, maintenant, pour ton futur.
Il hoche la tête. Je prends ma valise, prêt à revoir mon amour à moi. Celui qui me rend fou et qui fait battre mon cœur.
— Allons-y ! Je m'exclame.
José veut absolument nous accompagner. Je ne refuse pas.
Une fois dans l'aéroport, près de ma porte d'embarquement, j'embrasse une dernière fois José et ma sœur. Je leur souris et monte enfin.
J'ai hâte de te revoir mon ange.
***
— CASSE-TOI D'ICI ETHAN ! SORS !
J'ai parcouru des milliers de kilomètres pour rien. Quand je suis sorti de l'avion j'étais heureux même si un enfant avait hurlé près de moi, qu'il m'avait même vomi dessus. J'étais heureux. J'étais de retour en Écosse, pour revoir mon homme. Malgré la fatigue et l'heure tardive j'ai quand même voulu prendre un taxi. J'ai dû supporter les histoires folles d'un homme de soixante-cinq ans qui m'a raconté sa vie en l'espace de deux heures de route. Quand je suis arrivé devant chez moi, que j'ai vu ma demeure allumée mon cœur s'est emballé.
Quand je suis entré tout a été chamboulé. Des fringues au sol, un peu partout. Je me suis dirigé vers la chambre pour y trouver Ethan chevauchant un autre homme.
La haine s'est emparée de moi. J'ai jeté ce fils de pute dehors avec une force que je ne connaissais pas chez moi. Ethan semblait choqué et admiratif. J'ai plus le même corps c'est sûr. Maintenant physiquement il aurait peut-être eu envie de moi, il m'aurait peut-être aimé comme il a eu envie d'eux, comme il les a aimé. J'ai hurlé de rage devant le regard ébahi d'Ethan qui me suppliait de l'écouter. Qui me supplie encore de l'écouter.
— Kalter je t'en prie. Juste deux minutes.
Je ferme les yeux et mes poings. Quand je relève la tête vers lui et que j'ouvre enfin les yeux, j'ai envie de vomir.
— Tu me dégoutes au plus haut point Ethan. Tu n'es vraiment pas mieux que José et encore lui a réussi à se faire pardonner. Regarde-toi Ethan. Même pas capable d'attendre. J'étais prêt. Tu n'es qu'un minable.
— Juste...
— LA FERME ! C'est fini. Tout est fini Ethan. Tu prends tes affaires et tu sors de chez moi. Je ne veux plus jamais te voir.
Il pleure mais je sais qu'il joue la comédie. D'ailleurs combien de temps a-t-il joué la comédie.
— Je t'aime Kalter-Angel. Je t'en supplie, non. Laisse-moi me faire pardonner moi aussi. Dis-moi quoi faire.
Il me regarde suppliant.
— Non. Rame, encore et encore jusqu'à épuisement. J'ai envie de te voir ramer. Jusqu'à ce que tu abandonnes. Que tu perdes espoir. Le même espoir que j'avais en rentrant à la maison ce soir. Qui s'est brisé avec notre couple. Je comprends mieux pourquoi tu n'appelais pas. Tu n'écrivais plus. Difficile de baiser et écrire.
— J'ai encore une chance de réparer ça ?
— J'en sais rien. Essaye. J'ai envie de m'amuser un peu.
Je ne sais pas depuis quand je suis aussi sadique mais étrangement j'aime l'assurance que j'ai réussi à acquérir.
Il sort enfin non sans me répéter qu'il m'aime, non sans essayer de m'embrasser.
Ce qu'il ne sait pas c'est qu'il va ramer ici dans le vent pendant que moi, je ne serais plus seul. J'aurais enfin un ami.
À JOSÉ : Tu as assez d'argent pour venir consoler un jeune cocu en Écosse ? C'est juste le temps que je prépare un retour complet et parfait en Californie.
La réponse ne se fait même pas attendre.
DE JOSÉ : Bien-sûr.
C'est fini maintenant. Je ne pense pas pouvoir pardonner ça. Ou bien même le pardonner tout court.