Elle avait encore les yeux verts, et elle aimait ça. C'était tout ce qu'elle savait, le reste était resté noir. Elle avait vainement essayé de revoir les deux autres visages, mais c'était toujours le sien, et seulement le sien qui revenait. Elle l'avait tellement observé, à la recherche d'un quelconque indice, qui lui servirait à ...quelque chose, qu'à présent, elle aurait put faire une description détaillée d'elle-même sans rien rater. Ni son petit nez, ni sa bouche rose, ni ses joues lisses, son front, ses longs cils, ses incroyablement longs cheveux bouclés... Ni la couleur enivrante de ses yeux.
Sinon, c'était le noir. Le noir complet, un vide sans fin, sans sol, plafond ou murs.
Et c'était d'un ennui mortel.
La seule chose qui l'occupait, c'était essayer de revoir ces visages. Toujours en vain.
Sauf qu'à ce moment-là, ce fut différent. Au lieu de se réveiller dans le noir le plus complet, comme elle s'y attendait, elle se réveilla, éblouit par un nouveau flash.
Au début elle fut ravie que ses efforts soient enfin récompensés, mais sa joie disparut bien vite lorsqu'elle réalisa ce qui se tenait devant elle.
Le garçon se tenait la tête dans les mains, les épaules voûtées par le désespoir, une jeune fille blonde qui lui paraissait vaguement familière se tenait à ses côtés, une petite main avec des ongles roses sur son épaule.
Ce qu'elle vit lui déchira le cœur. Ce garçon avait l'ait si triste ! Elle savait qu'elle le connaissait, même plus que ça, mais impossible de se rappeler comment ils s'étaient rencontrés...
Elle ruminait encore, lorsque, soudain, la lumière du flash envahit tout son champ de vision, faisant disparaître le noir, ce qui n'était pas vraiment pour la déplaire. La lumière devint bientôt tout ce qu'elle arrivait à voir. Même le visage du garçon avait disparu. Aussi ne le vit-elle pas lorsqu'il se précipita sur elle en criant un nom qu'elle ne connaissait absolument pas.
Plus la lumière s'intensifiait, plus une horrible migraine gagnait en force dans sa tête. Elle finit par plisser les yeux, éblouie par la lumière du flash et étourdie par la douleur que causait le marteau dans sa tête.
Elle ne tint pas. Au bout de quelques secondes à peine, la douleur atteint son apogée, elle cria, ou du moins le gémissement de douleur qu'elle poussa aurait dut être son cri de douleur.
Avant que le noir ne reprenne le dessus, elle entendit la voix du garçon crier :
-Helena !
Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, déjà tordues par la douleur.
Elle se souvenait.
***
Dès qu'elle avait ouvert les yeux, il s'était précipité sur elle. Elle était de retour ! Il l'avait prise dans ses bras, criant son nom comme s'il s'agissait de celui du Messie, mais il l'avait aussitôt relâchée lorsqu'il avait entendu le faible gémissement de douleur qu'elle avait poussé. Il voulait voir ses yeux, mais dès que ses bras ne la touchèrent plus, elle s'évanouit. Cependant, un beau sourire illuminait son visage toujours aussi pâle.
Il poussa un petit soupir. Il devrait attendre à ce qu'elle se réveille pour voir à nouveau ses beaux yeux pétiller de vie. Il sentit la petite main se poser sur son épaule. Cette fois-ci, il ne resta pas muet, comme il l'avait été toute la journée, et il se retourna et sourit à Noémie, d'un sourire éclatant révélant son soulagement et la joie qu'il ressentait pour le retour de sa sœur.
La jeune fille rougit. Elle n'était décidément pas habituée aux sourires des Marqués. Elle qui restait toujours derrière Marie, elle-même derrière la reine. Timide depuis toujours, elle avait du mal à se confier et ne partageait ses doutes et ses tristesses avec personne. Chaque fois que la souveraine voulait observer les jeunes Elus à l'entraînement, Noémie se faisait toujours la plus discrète possible, intimidée par la force des combattants et par le respect qu'ils imposaient.
-Je vais prévenir le Combattant que..., commença-t-elle en baissant la tête, ne voulant pas rougir à nouveau en croisant le bleu des yeux de Jessy.
-Qui ? la coupa ce dernier.
-Ethan, le cousin du prince. C'est le Combattant. Le chef des Anges Noirs en quelque sorte.
Jessy hocha la tête, enregistrant toute l'information qu'il pouvait sur la famille des Royaux, qui paraissait toujours si inaccessible. Il voulut poser une nouvelle question à Noémie, mais celle-ci, à peine le vit-elle ouvrir la bouche pour lui parler, fit une révérence maladroite et partit, se refusant catégoriquement de rester là à laisser ce garçon la voir rougir bêtement à chaque fois qu'il lui adressait la parole.
Et puis, ils ne se reparleraient sûrement jamais, maintenant que l'humaine était guérie. Ils n'auraient d'ailleurs jamais dut se parler. Tout contact entre les Elus et les anges était interdit, jusqu'à ce que les Marqués soient acceptés en tant qu'anges. Ils ne s'étaient parlé qu'à cause des circonstances.
A cause... ou grâce ? lui glissa une petite voix dans sa tête.
Elle accéléra la cadence de son pas pour chasser cette idée de sa tête. Elle ne tarda pas à arriver dans l'arène d'entraînement des Elus. Elle regarda rapidement l'heure sur sa montre... et pâlit. Verdit un peu aussi.
A cette heure-ci, les Elus combattaient. La jeune ange n'aimait déjà pas aller les voir avec la reine, accompagnée des quatre autres suivantes de cette dernière, mais y aller seule pour s'adresser directement au Combattant était encore autre chose. Elle se retint bravement de tourner de l'œil et entra dans l'arène de sable violet. Couleur étrange sur terre pour ce minéral, mais tout ce qu'il y avait de plus courant à Skylar.
Dès qu'elle posa le pied dans le bâtiment à toit ouvert, les regards furtifs des combattants se posèrent automatiquement sur elle, ce qui lui fit perdre en moins d'une seconde tout le courage qu'elle avait amassé pendant le trajet de l'infirmerie jusqu'à l'arène. Ses jambes devinrent toutes molles, mais elle se força à avancer, vers le centre du lieu de combat, où Ethan suivait attentivement l'entraînement de deux Elus, laissant aux autres quelques minutes de repos.
-Luc ! Ta garde ! Tu la baisses ! Attaquer, c'est bien, ne pas mourir, c'est mieux ! tonna le Combattant en s'adressant à un des deux marqués, un grand blond aux yeux verts. Enzo ! Concentres toi ! En combat réel tu serais déjà mort quatre fois dans les dix dernières secondes !
Maîtrisant le tremblement de ses lèvres, elle s'approcha à petits pas du maître d'armes. Celui-ci ne l'aperçut que quand elle ne fut plus qu'à un mètre de la zone de combat. Se doutant bien qu'elle venait pour lui annoncer que l'état d'Helena empirait, il laissa ses deux élèves.
-C'est bon! Allez boire un peu !
Les deux jeunes hommes, essoufflés et en sueur, se seraient bien contentés de bien plus qu'un peu d'eau, mais ils ne bronchèrent pas, en bons soldats.
Ethan se tourna vers la petite blonde qui lui faisait face. Automatiquement, il la toisa, passant au peigne fin ses points faibles. A sa grande surprise, il n'en trouva que très peu. Cheveux blonds, jolie couleur, des yeux bleus marine, peu communs à Skylar, une bouche pulpeuse, un petit nez, de longues jambes, des bras musclés, elle ne devait pas avoir plus de seize ans... Elle aurait put faire une bonne élève si son cousin daignait marquer des femmes. Elle était assez mignonne...
N'y prenant pas garde, il se reconcentra, son examen n'ayant duré qu'une poignée de secondes.
-Que se passe-t-il ? demanda-t-il, à brûle-pourpoint.
Elle mit quelques secondes à formuler une phrase dans sa tête, puis, d'une petite voix, dit :
-L'humaine a ouvert les yeux. Elle s'est ré-évanoui, cependant, nous pensons qu'elle se réveillera bientôt et ne gardera pas de séquelles une fois la blessure complètement guérie.
Malgré toutes ses bonnes résolutions, il n'avait pas put penser à autre chose qu'Helena pendant toute la journée. Cette fille l'attirait. Mais jamais il ne tomberait amoureux d'elle, ça il en était sûr. Tout comme Gabriel, c'était plus de la curiosité qu'il ressentait envers elle. Ignorant les regards interrogateurs des Elus qui l'entouraient, il se dirigea vers la sortie de la vaste arène.
-Vous avez l'après-midi libre ! cria-t-il alors qu'il passait la porte.
Il courut presque jusqu'à la salle où était censé se trouver Gabriel. Une salle où il n'avait pas le droit d'entrer, mais il s'en fichait. Il traversa tous les couloirs, passant de la pierre brute au mauve, puis à l'orange, et ainsi se suivant les couleurs, il arriva bientôt dans l'aile du Palais réservée au prince Royal. Il passa devant plusieurs portes, derrières lesquelles se trouvaient des pièces qui lui étaient interdites, et qu'il connaissait pourtant comme sa poche. Il s'arrêta enfin devant une porte, noire, mélange d'ébène et de métal noir, parfaitement sculptée de symboles compliqués censés représenter la création des Royaux, et qu'il n'avait jamais compris.
Il serait entré dans n'importe laquelle des autres pièces sans toquer, néanmoins, dans celle-ci, c'était différent. Il toqua respectueusement, attendant patiemment la réponse, qui ne tarda pas à arriver, étouffée par l'épaisseur de la porte.
Il pénétra dans la salle, dont seul son cousin avait l'usage. Grande, séparée en deux, les murs complètement noirs d'un côté, et d'un blanc immaculé dans la pièce attenante. Une magnifique fresque peinte par un artiste Marqué sélectionné quelques siècles plus tôt ornait le plafond des deux chambres, représentant la Sélection des humains, par le tout premier Royal de Destinée. Oui, ce De Vinci avait beaucoup de talent. Mort quelques années auparavant, il avait peint des fresques et inventé des engins plus étranges les uns que les autres jusqu'à ses derniers jours. Les anges gardaient d'ailleurs encore quelques-uns des croquis qu'il n'avait pas eu le temps de finir.
Dans la pièce noire, la première, une énorme sphère de lumière flottait paisiblement au centre, attendant d'être utilisée. Elle dégageait des filets de lumière, qui s'infiltraient à travers l'espace de la chambre noire avec une lenteur étudiée, illuminant sans interruption la pièce, occupée par des colonnes de marbre noir veiné de gris cendre, un canapé luxueux et confortable noir et gris, un bureau, inondé sous des cartes, des grimoires, des photos, des papiers qui s'effritaient au seul contact des doigts les plus doux, et surtout, une liste.
La liste.
Celle que Gabriel rédigeait après des heures de recherches, celle où se trouvaient les noms des jeunes que le Combattant allait entraîner et initier à la magie. Mais Ethan n'y fit pas attention, il traversa la pièce, ignorant les filaments échappés de la boule de lumière qui le traversaient à chaque pas, pour se diriger vers la pièce blanche. Cette dernière, au contraire de l'obscure, n'était pas si pauvrement meublée : elle avait un petit salon de sofas marron, un bureau de bois clairs, où s'amoncelaient seulement des sorts et des grimoires, et au centre, sur une colonne blanche et or sculptée, une sphère semblable en tout point à celle de la pièce précédente, à part la couleur. Celle-ci était d'un noir profond, mais pas maléfique. Ces deux sphères représentaient le bien et le mal pour certains, le Ying et la Yang pour d'autres. Pour Ethan, c'était l'équilibre. Mais il ne fit pas plus attention à cette sphère qu'à la précédente. Lui, il alla directement dans la partie qui servait de salon et s'affala sur un canapé sans attendre une quelconque invitation de la part de son cousin.
Ce dernier était assis sur un canapé, lui aussi, penché en avant, les mains devant son visage pour soutenir sa tête lourde de doutes et de questions depuis l'apparition si imprévue de la jeune humaine. Comment avait-elle été marquée ? Pourquoi ? Quand ? Dans quelles circonstances ?
Il avait révisé toutes les listes qu'il avait rédigées depuis des mois pour trouver où il avait commis une erreur... Mais rien. Il avait même consulté les sphères, comme il l'avait dit à son père, mais l'image d'Helena leur était bel et bien inconnue.
-Elle est réveillée.
Cette simple phrase le sortit de sa rêverie.
-Tu veux dire, sans séquelles ?
-Je ne sais pas, répondit franchement l'Ange Noir. Une servante est venue me voir, elle m'a dit qu'elle s'était réveillée et qu'elle s'était ré évanouie aussi sec ! Mais tout le monde semble penser qu'elle ne va pas tarder à revenir parmi nous.
Inouï. C'était bien la première fois qu'une telle chose arrivait. Cette fille était vraiment spéciale. Avec une blessure comme la sienne, elle avait beaucoup de chances de succomber. Mais non. Elle avait apparemment décidé de rester. Au grand désespoir de ses Royaux de parents.
Il se leva, suivit d'Ethan et sortit de la pièce. Ils se dirigèrent vers l'infirmerie sans dire un mot.
Les Courtisans s'inclinaient obligeamment devant eux, mais ils ne faisaient pas attention, chacun plongé dans ses pensées respectives.
Ethan pensait que si elle survivait, il devrait l'entraîner, vu qu'elle était indéniablement Marquée.
Gabriel se disait que le fait qu'elle survive lui apporterait plus de problèmes que de solutions.
Les portes blanches s'ouvrirent en silence devant eux et ils pénétrèrent dans la vaste salle réservée aux blessés.
Ils savaient tous deux où se trouvait le lit de l'humaine, aussi s'y dirigèrent-ils, toujours sans échanger un mot.
Dès qu'ils l'aperçurent, ils furent tous les deux frappés par sa beauté, éblouissante, malgré l'extrême pâleur de son visage. Ethan nota rapidement que sa blessure au bras, causée lors de son arrivée au Royaume, avait également été soignée.
En s'approchant un peu plus, les deux héritiers se rendirent compte qu'elle avait les yeux ouverts et qu'elle murmurait des paroles, si bas qu'ils durent s'approcher considérablement du lit blanc pour entendre.
-Je l'ai vue... Elle n'a pas changée, elle...
Elle stoppa net ses paroles en apercevant les deux jeunes anges. Jessy se tourna pour voir ce qui avait produit le désarroi de sa sœur, curieux. Ethan ne réfléchit pas à ce qu'il dit :
-Jessy ! Tu as raté l'entraînement cette après-midi.
L'ordre était assez évident pour que le jeune Combattant n'ai pas besoin de le formuler.
Helena ouvrait déjà la bouche pour protester, mais Jessy se leva, fit une légère révérence devant les deux héritiers et embrassa sa sœur sur le front, avant de partir, suivant à la lettre les ordres de son maître.
Une fois seuls, les trois jeunes gens s'affrontèrent du regard. Ce n'était pas un combat équitable, deux contre un, mais Helena ne lâcha pas prise, défiant les jeunes anges chacun son tour. Mais la question qui lui brûlait les lèvres ne pouvait rester enfermée dans sa gorge plus longtemps.
-Que va-t-il se passer maintenant ?
Ni Ethan ni Gabriel n'en avait la moindre idée. Ethan voulait qu'elle reste, par pure curiosité, pour savoir ce qu'elle valait vraiment, quant à Gabriel, il ne savait pas très bien ce qu'il attendait de l'humaine... Qui n'en était plus une.
Ils soupirèrent à l'unisson, ce qui fit sourire Helena. Elle les trouvaient très différents l'un de l'autre, et pourtant, très ressemblants.
Gabriel avait les cheveux d'un brun presque noir, mi-longs, juste assez pour cacher un tatouage sur sa nuque dont elle ne soupçonnait pas encore l'existence, des yeux, eux, totalement noirs, tellement que l'on ne distinguait plus la prunelle de l'iris. Il était grand, les épaules droites, mais pas carrées, des bras musclés, et une posture assurée, qui criait partout où il passait qu'il était puissant et qu'il le savait parfaitement. Sa peau était hâlée, comme si le jeune prince passait beaucoup de temps en dehors du Palais, ce qui lui parût assez étrange, vu qu'il semblait avoir beaucoup de responsabilités à Praesidium.
Ethan, lui, avait une peau plus pâle que celle de son cousin, mais pas blafarde, des yeux d'un gris éclatant, vraiment très beau, et des cheveux d'un brun clair, couleur de rouille sous les rayons du soleil, comme elle avait put l'observer dans la salle de l'autre côté du mur de pierre par où elle était arrivée à Skylar, la veille. Il était aussi très musclé, même plus que son cousin. Des biceps bien dessinés, des pectoraux visibles malgré la veste large qu'il portait, des abdominaux évidents, et des jambes tout aussi musclées, ce qui témoignait de manière flagrante de son entraînement de soldat.
Pourtant, si leur différence physique était flagrante, leur proximité l'était tout autant. Ils avaient l'air de se traiter comme des frères, alors que, d'après les informations qu'elle avait put récupérer auprès de Jade pendant la soirée de la veille, ils étaient censés se disputer le trône de Skylar.
Elle plissa les yeux, intensément plongée dans ses pensées, essayant de trouver une échappatoire à la bataille qui se déroulait dans sa tête, entre les questions, les doutes et les espoirs. Elle avait inconsciemment abandonné la joute de regard au bout de quelques secondes, son cerveau saturant sous la quantité d'information à traiter en une seule fois.
Elle ne remarqua donc pas que les jeunes héritiers discutaient entre eux, lui jetant de temps à autre des regards furtifs.
-On doit demander à ton père, ou tu peux donner des ordres dans ce genre ? commença Ethan.
-Je peux, mais je ne sais pas si mes parents vont accepter. Et puis, dois-je te rappeler que je ne choisis que des hommes ? On n'a pas de logement pour elle.
-C'est vrai ça, répondit l'Ange Noir, d'ailleurs, pourquoi tu prends ne que des hommes ?
Gabriel, pensant qu'il lui donnait raison sur la question de l'endroit où elle pourrait rester, se raidit lorsque son cousin lui posa cette question. Il détourna habilement la conversation, ne souhaitant pas que quelqu'un connaisse les raisons de sa sélection si machiste.
-Ce n'est pas le problème Ethan ! Tu m'as demandé si je pouvais faire en sorte qu'elle reste, oui, je le peux ! Mais je ne garantis rien du côté de la Cour, ou de mes parents !
Ethan se renfrogna.
-Quoi ? La Cour doit vraiment intervenir dans cette histoire ?
-C'est la première que quelqu'un qui n'est pas appelé arrive à passer !
-Mais elle a été appelée ! le coupa Ethan en désignant la belle jeune fille.
-Peut-être, mais ce n'est pas moi qui l'ai fait !
Ethan allait répondre, mais il fut coupé dans son élan par une voix dans son dos.
-Et moi ? Je ne peux pas donner mon avis ?
Les héritiers se retournèrent d'un bloc, pour voir Helena, redressée dans son lit, les regardant avec une lueur amusée dans les yeux. En effet, voyant rapidement qu'il n'y avait aucune sortie dans son cerveau, elle s'était de nouveau connectée au monde réel, et avait surpris les deux anges en pleine conversation. Elle ne s'était aucunement gêner pour les écouter.
-Dis-nous d'abord ce qui s'est passé. Mon père t'a lancé un sort de brûlure, oui, mais seulement ta joue aurait dut en subir les conséquences, pas ta Marque ! imposa Gabriel.
Helena et Ethan le regardèrent avec le même regard surpris. Ethan surpris que son cousin n'est aucune réponse à la question qu'il venait de poser et Helena, abasourdie de l'entendre accuser ouvertement son père pour ce qu'il avait fait pendant la soirée. La jeune fille répondit cependant rapidement.
-Je ne sais pas pourquoi elle s'est mise dans cet état. Pendant que je me suis évanouie, je pensais que je rêvais, et je n'y ai pas vraiment pensé. Tu pourrais me dire tout ce qu'il s'est passé avec le problème du collier ces derniers jours ?
Ce fut au tour de Gabriel d'être surpris. Ethan lui, n'était pas encore sorti de sa stupeur face à la question de son cousin, mais la remarque d'Helena le fit revenir sur terre aussitôt.
-Ces derniers jours ? commenta Gabriel. Mais tu n'est évanouie que depuis ce matin ! Et nous sommes à peine en milieu d'après-midi !
Comme si l'étonnement suivait un ordre précis, ce fut à présent au tour de la jeune fille d'écarquiller les yeux.
-Vraiment ? Pourtant je me souviens très bien... là où j'étais, je me suis clairement réveillée deux ou trois fois après avoir dormi pendant ce qui m'a parut être des nuits.
-D'ailleurs, c'est vrai ça, où est-ce que tu étais dans ton rêve ? demanda Ethan.
-Et en quoi cela te regarde-t-il ? lança-t-elle, le défiant clairement, alors qu'elle était en position de faiblesse.
-Dans ton monde, ça n'existe pas, mais ici, les anges ont... une espèce de lien avec leurs rêves, se dépêcha d'expliquer Gabriel avant que son cousin n'envoies la jeune fille balader. S'il se passe quelque chose dans leur esprit quand ils dorment, ça peut être un souvenir marquant, ou une prémonition approximative. Si nous pouvons trouver l'endroit où tu étais pendant ton inconscience, il y a des chances pour que nous trouvions aussi plusieurs réponses aux questions que nous nous posons tous à ton sujet. Alors ? Tu te souviens ?
Helena était mal. Ils n'allaient pas aimer la réponse. Pas du tout.
Elle s'accorda une minute pour réfléchir à la réponse qu'elle allait donner, malgré l'évidente impatience et nervosité des anges qui lui faisait face.
Elle devait le dire avec tact, ça devait être explicite, ils n'avaient pas l'air d'être d'humeur à jouer aux devinettes, et elle devait leur expliquer la situation dans les moindres détails. Finalement, elle décida de commencer son monologue par une question, qu'elle tournait dans sa tête dans tous les sens, mais à laquelle elle n'avait pas encore trouvé de réponse.
-C'est difficile de voler ? Ou ça vous est inné ?
Les deux jeunes héritiers furent surpris de cette entrée en matière, mais Gabriel répondit tout de même.
-Non. Il nous suffit d'imaginer ce que nous voulons faire et ça s'exécute. Sauf pour quelques situations où il faut savoir maîtriser les vents ascendants ou les courants d'air, apprendre à voler est relativement simple. Mais seuls les Royaux sont dans ce cas, les humains que je sélectionnes doivent, eux, apprendre à contrôler le vent avant de pouvoir arriver à ce niveau. Pourquoi ?
Ce n'était vraiment pas la réponse à laquelle elle s'attendait. Elle pensait que voler avait été si facile parce qu'elle se trouvait dans une espèce de rêve, elle n'avait jamais pensé que c'était naturel. Mais elle n'était pas une Royale ! Elle ne devait pas pouvoir voler aussi bien dans le monde réel, et de toute façon, avant de pouvoir voler, il fallait qu'elle fasse réapparaître ces magnifiques ailes.
-Je pense que vous aurez un peu de mal à retrouver l'endroit où je me trouvais...
-Ne t'en fais pas, la coupa Ethan. Si tu ne sais pas où tu étais, décris-nous cet endroit, nous pouvons tout à fait le retrouver en quelques jours.
-Heu... Justement. Je me souviens parfaitement de l'endroit où je me trouvais pendant ces jours ou heures, peu importe.
Les traits des deux anges se détendirent, ce qui lui fit encore regretter ce qu'elle allait dire. Avec un soupir elle annonça, regardant Ethan droit dans les yeux :
-J'étais dans le ciel. Je volais.
Elle sourit au souvenir du vent sur son visage et de la robe couvrant ses cuisses. Tout ça avait eu l'air si réel !
-Et c'était vraiment... Magique.
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