Constance...

By Jigglypluff

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Tout commencera grâce ou à cause d'une sculpture. Une union. Des richesses. Un(e) mort(e). Un pacte. Une femm... More

0 - La Vénus.
1 - Le devoir d'une femme.
2 - De l'attention.
3 - Les hommes.
4 - Ensoleillée.
5 - Belles fleurs.
6 - Promenades et banalités.
7 - Complices.
8 - Courtisanes.
10 - Que d'amour.
11 - Cérémonial.
12 - Histoire De Voyages.
13 - Soirées D'apparat.
14 - Absence.
15 - Attente Languissante.
16 - Vieil Ami.
17 - Retrouvailles?
18 - Quelle Vie...
19 - Guérison.
20.
21. Réveil

9 - En famille.

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By Jigglypluff


- Au galop !

- Je t'en prie Adam, ne vas pas si vite !

Nous étions retournés au château familial en compagnie d'Aleister. J'ignorais la raison de sa venue, on n'avait rien voulu me dire. Bien sûr que j'étais heureuse qu'il soit là mais cela m'intriguait tout de même. Adam ne le supportait pas, je l'avais bien compris, et il ne manquait aucune occasion pour nous empêcher de passer un peu de temps ensemble. Il m'avait entraîné dans une escapade comme nous avions l'habitude de le faire enfants. J'étais actuellement accrochée à sa taille vêtue d'une de ses anciennes tenues de chasse.

A deux sur une monture nous ne tiendrons pas longtemps et c'est pourquoi je le suppliais depuis quelques minutes de ralentir la cadence.

- La Cour t'aurait-elle rendue froussarde, petite sœur ?

- Pardonnez-moi ô preux chevalier de craindre un accident ! Je ne voudrais pas finir comme La Vallière.

- Elle a tout de même réussi à s'attirer les faveurs du Roi.

- Comme si j'avais besoin de cela... et puis, c'est ce qui la mena à sa perte.

Il soupira et ralentit un peu. Lui aussi se mettait à penser que je ne désirais rien d'autre que la faveur du Roi ? J'aurais cru qu'il me connaissait mieux que cela.

- Tu es bien ennuyeuse...

- Parce que tu te trouves intéressant ?

- ... et bien cruelle, continua-t-il en me frappant l'épaule en riant.

Nous descendîmes finalement de notre monture pour nous allonger sur l'herbe. J'écoutais la nature autour de nous tout en discutant avec mon jumeau. Parfois mon esprit se demandait ce qu'Aleister pouvait bien faire, peut-être discutait-il avec mon père ou peut-être était-il en train d'écrire, après tout la nature isolée avait toujours été la source d'inspiration des poètes.

*

En réalité le jeune homme se contentait de se morfondre sur son lit. Bien sûr il n'aurait pu refuser la proposition du voyage avec sa belle-famille mais s'il ne pouvait même pas passer un temps aux côtés de sa fiancée... Sa belle-mère ne disait rien mais il n'était pas dupe, n'importe quelle mère aurait préféré voir sa fille épouser le comte des galets. Malheureusement pour elle, sa propre fille avait choisi un débauché, un anglais qui plus est. Il n'imaginait pas sa fureur, mais en tant que gente dame, elle savait se contrôler et se montrer agréable peu importe ce qu'elle pensait réellement.

Quant à son frère, lui ne s'en cachait pas. La tension entre eux était pesante, et il se contentait de les interrompre chaque fois que Constance et lui s'adressaient la parole. Il ne pouvait pas lui en vouloir. La Cour avait vu défiler tant de filles aux espoirs de relation avec lui brisés sans vergogne après une magnifique nuit « d'amour ». Adam par contre lui, n'avait jamais fait parti d'aucun groupe de garçons définis et n'avait donc jamais couru les jupons. L'anglais avait du mal à le cerner, il était intelligent on ne pouvait le nier, mais il ne paraissait pas s'intéresser aux femmes et cela cachait toujours quelque chose.
L'anglais le soupçonnait d'avoir, comme Monsieur le frère du Roi, un goût prononcé pour la gente masculine. On le voyait dernièrement souvent aux côtés de la garde de Monsieur et cela ne trompait pas en général. Il se demandait seulement si Constance le savait... il en doutait.

Vint ensuite le dîner, il réajusta ses habits quelque peu froissé et tenta de se rendre présentable. Ce serait la seule fois de la journée où il pourrait observer sa fiancée de tout son soul, et réciproquement. Alors il devait se montrer plus que présentable.

La demeure de sa belle-famille était plutôt chaleureuse, les teintes principales étaient chaudes rendant le lieu accueillant.

- Vicomte ! Ou comte, devrais-je dire !, lança Adam. Trouvez-vous notre maisonnée à votre goût ?

- Elle est très accueillante.

- Elle le restera tant que ma sœur vous portera dans son cœur.

- J'espère que cela sera jusqu'à ma mort.

- Il n'y a pas de raison pour que ce ne soit pas le cas, n'est-ce pas ?, demanda-t-il sur un ton joueur mais à la fois menaçant.

- Aucune.

Cet échange de civilité n'aurait pu berner personne. Ils se posaient tous les deux la même question : Comment pouvait-on marier un homme si fourbe et une jeune fille si douce et innocente ? Comment une femme pouvait-elle sciemment – connaissant sa réputation et sa personne – accepter un tel mariage ? Et encore plus le considérer comme un 'ami' ou 'amant' potentiel ?!

Seulement toutes ces absurdités arrangeaient le vicomte là où elles dérangeaient son beau-frère. Il se demandait comment il aurait pu survivre si elle l'avait haï ou si elle avait décidé d'épouser l'autre comte de pacotilles. Face à cette question, il s'imaginait plongé dans l'alcool ou les jupons après avoir tenté de la conquérir sans succès.

Les deux jeunes hommes s'installèrent en même temps à la table, on n'attendait plus qu'eux. Constance était assise entre eux, plutôt mal à l'aise. Sa peau n'était que très peu poudrée et ses cheveux relevés en un chignon qui dévoilait sa nuque délicate. Son fiancé aurait bien aimé poursuivre son observation vers sa gorge mais il se dit qu'il était déjà bien assez détesté par sa mère et son frère. Cette femme était décidément pour lui une douce torture, surtout depuis que le Roi la désirait. C'était un adversaire de taille, et il lui avait bien fait comprendre que ses écrits ne lui suffisaient plus, il lui fallait également désormais sa fiancée.

Cela s'était déroulé lors de l'une de leurs « séances ». Le Roi parlait de ses fantasmes, de moins en moins centrés sur la Montespan. Ce jour-là il avait commandé quelque chose de particulier, mettre en scène une femme particulière. Il décrivait une très jeune femme blonde, aux yeux bleus, aux lèvres rouges, innocente, la peau pâle, une belle poitrine... etc. Il provoquait l'écrivain, rapprochant cette jeune femme, ou sa fiancée, de la Vénus de Regnaudin lui faisant comprendre qu'il n'était pas dupe. Il la désirait parce qu'elle avait été le modèle de cette statue.
Mais l'anglais avait su garder son calme parce qu'il savait que Constance n'appartiendrait jamais au Roi. Elle serait sa femme, et alors il pourrait le narguer. Même s'il mourrait il savait qu'elle ne se donnerait jamais à lui, ou alors elle ne tiendrait pas longtemps à cause des intrigues de la Cour, la famille royale et bien sûr la Montespan.

Le repas se termina et sa fiancée vint le rejoindre plus tard discrètement dans sa chambre. Elle lui demanda de lui lire un poème, mais à sa grande déception, il n'en avait pas apporté. Cela le surprit et le toucha profondément. Il aurait pensé que ce genre de choses la gênait, elle qui semblait si... prude, aux yeux de tous. Puis elle lui demanda de lui parler de lui. Elle voulait tout savoir, son enfance, comment était sa famille, l'Angleterre, son arrivée en France. Elle buvait ses paroles alors qu'elles n'étaient que quelques souvenirs brouillons dans sa mémoire. Quand il n'eut plus rien à dire, elle posa délicatement ses lèvres sur les siennes.

- Je voulais savoir comment c'était de faire le premier pas.

Il s'amusa et rit légèrement face à sa remarque enfantine. Il l'embrassa à nouveau et la sentit sourire contre ses lèvres. Il ricana alors son tour et ils ne purent bientôt plus s'embrasser, le visage trop tendu par le rire. Ils se contentèrent alors de coller leur front l'un à l'autre et sourire. Ils étaient heureux, heureux de s'être trouvés l'un l'autre et de pouvoir vivre ce qui se rapprochait beaucoup de l'amour. Elle frotta son nez contre le sien puis plongea sa tête dans son cou. Elle se sentait en sécurité contre lui, mais pas comme avec Adam. Elle s'y sentait encore mieux, elle aurait pu y passer sa vie si on l'y avait autorisée.

Le séjour dura une semaine. Constance, son frère et son fiancé reçurent une invitation aux appartements privés du Roi en tant qu'amis du duc du Maine. L'anglais aussitôt s'offusqua. Lui, ami avec cet homme ? Ce ne serait pas de si tôt. Il avait une fâcheuse tendance à vouloir lui voler ses conquêtes. Sa seule arme était qu'il était de la famille royale, sans cela ce boiteux ne lui serait jamais arrivé à la cheville. C'était un combat déloyal et le jeune homme détestait les lâches.

La famille croisa alors la Montespan dans les couloirs de Versailles qui insista pour que Constance la suive. Elle avait d'après elle une surprise à lui montrer. La jeune femme était aux anges, on lui faisait rarement des surprises et elle avait l'impression de retourner en enfance chaque fois qu'elle tentait de découvrir ce qu'il en était. Cette fois-ci ce fut une robe de mariée qu'elle découvrit.

Elle était réellement magnifique, la jeune femme avait l'impression d'être une princesse de conte de fées. Elle était composée d'une première couche de satin blanc brodé de fils d'or sur laquelle étaient superposés des voilages tous plus élégants les uns que les autres. Le plastron était également brodé de fleurs dorées dont le pistil était représenté par des petits saphirs. Les manches collaient aux bras et s'évasaient en dentelle à partir des coudes. Le tissu était léger et elle fut parfaitement à l'aise lorsqu'elle l'essaya avec l'aide d'une domestique de la marquise. Cette pièce avait du coûter une fortune.

- Cette robe vous rend merveilleuse ma jeune amie !

- Je ne sais comment vous remercier, murmurais-je en admiration.

- Ne dites rien, je vous la ferais livrer à vos appartements.

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Salem Aleykoum ma nouvelle chronique est 100% fictif mais pas de plagiat et inspiration svp Coeur qui aime,jamais n'oublie Bonne lecture à tous !