Tout commencera grâce ou à cause d'une sculpture.
Une union. Des richesses. Un(e) mort(e). Un pacte. Une femme. Et toujours un élément constant: le Roi.
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Aleister était parti ce matin en direction des Pays-Bas Espagnols avec les autres officiers du Prince de Condé. J'avais erré quelques temps dans nos appartements avant de me décider à m'habiller. Je ne me sentais pas à la couleur, j'avais l'impression d'être déjà en deuil si peu de temps après mon mariage. J'avais revêtu une robe de velours bleu nuit brodée de quelques fils d'or pour m'asseoir à ma fenêtre. J'ignore combien dura ma contemplation, mais je n'en tirais rien de bon... seulement quelques images du corps de mon mari jonchant à mes pieds.
Je pris mon déjeuner seule à ma table, puis décidais que je ne pouvais m'ennuyer de la sorte jusqu'au retour d'Aleister. Il devait revenir et me voir comme si rien n'avait changé, et qu'il était partit la veille. S'il rentrait et se trouvait face à une loque... je ne me le pardonnerais pas.
J'envoyais Gemma s'enquérir de la disponibilité d'Isabelle... Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu. J'avais peur qu'elle croit que je la revoyais uniquement parce que je m'ennuyais, mais je refusais de me morfondre encore dans ma solitude. Elle pénétra quelques minutes plus tard dans la pièce comme un vent de fraîcheur. Elle était toute excitée, et comme à son habitude ses sourires étaient communicatifs. Elle me pressa, répétant qu'elle devait me présenter quelques personnes de qualité.
Elle m'entraîna dans Versailles à toute allure pour finalement s'arrêter devant les appartements de la Reine. Nous entrâmes sans même être questionnées par les gardes.
Un orchestre semblait s'organiser. Des dizaines d'instruments étaient répartis sur ce qui semblait être une scène. Sur cette scène, quelques hommes s'affairaient, tous aussi pressés et excités que mon amie. Ces hommes étaient les nains de Sa Majesté. Ils étaient envoyés des quatre coins du globe pour son divertissement personnel, et j'imagine que l'orchestre avait été décidé pour son bon plaisir.
- Messieurs, messieurs ! Je dois vous présenter une amie. Voici Madame la vicomte de Druitt, comtesse de Belfort, dont je vous parle tant.
- Madame.
Ils exécutèrent tous une révérence, et le mieux habillé d'entre quitta même la scène pour venir me baiser la main.
- En effet, mademoiselle ici présente ne cesse de faire votre éloge. Nous pensions qu'elle exagérait, mais en réalité, vous êtes encore plus belle que ce qu'elle nous décrivait.
- Vous voyez messieurs. Je vous l'avais dit. Ces messieurs sont chargés du divertissement de la Reine et ses suivantes, ils organisent donc une petite comédie accompagnée de musique. Je suis sûre que cela vous plaira. Constance est une vraie mélomane.
- Alors cela devrait vous plaire.
L'enthousiasme des gens autour de moi ne pouvait que me faire sourire. Une comédie, voilà donc ce qu'avait trouvé Isabelle pour me distraire... J'avais longtemps entendu dire que les nains de la Reine, aussi appelés ses bouffons, étaient de très drôles créatures.
