9 - En famille.

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- Au galop !

- Je t'en prie Adam, ne vas pas si vite !

Nous étions retournés au château familial en compagnie d'Aleister. J'ignorais la raison de sa venue, on n'avait rien voulu me dire. Bien sûr que j'étais heureuse qu'il soit là mais cela m'intriguait tout de même. Adam ne le supportait pas, je l'avais bien compris, et il ne manquait aucune occasion pour nous empêcher de passer un peu de temps ensemble. Il m'avait entraîné dans une escapade comme nous avions l'habitude de le faire enfants. J'étais actuellement accrochée à sa taille vêtue d'une de ses anciennes tenues de chasse.

A deux sur une monture nous ne tiendrons pas longtemps et c'est pourquoi je le suppliais depuis quelques minutes de ralentir la cadence.

- La Cour t'aurait-elle rendue froussarde, petite sœur ?

- Pardonnez-moi ô preux chevalier de craindre un accident ! Je ne voudrais pas finir comme La Vallière.

- Elle a tout de même réussi à s'attirer les faveurs du Roi.

- Comme si j'avais besoin de cela... et puis, c'est ce qui la mena à sa perte.

Il soupira et ralentit un peu. Lui aussi se mettait à penser que je ne désirais rien d'autre que la faveur du Roi ? J'aurais cru qu'il me connaissait mieux que cela.

- Tu es bien ennuyeuse...

- Parce que tu te trouves intéressant ?

- ... et bien cruelle, continua-t-il en me frappant l'épaule en riant.

Nous descendîmes finalement de notre monture pour nous allonger sur l'herbe. J'écoutais la nature autour de nous tout en discutant avec mon jumeau. Parfois mon esprit se demandait ce qu'Aleister pouvait bien faire, peut-être discutait-il avec mon père ou peut-être était-il en train d'écrire, après tout la nature isolée avait toujours été la source d'inspiration des poètes.

*

En réalité le jeune homme se contentait de se morfondre sur son lit. Bien sûr il n'aurait pu refuser la proposition du voyage avec sa belle-famille mais s'il ne pouvait même pas passer un temps aux côtés de sa fiancée... Sa belle-mère ne disait rien mais il n'était pas dupe, n'importe quelle mère aurait préféré voir sa fille épouser le comte des galets. Malheureusement pour elle, sa propre fille avait choisi un débauché, un anglais qui plus est. Il n'imaginait pas sa fureur, mais en tant que gente dame, elle savait se contrôler et se montrer agréable peu importe ce qu'elle pensait réellement.

Quant à son frère, lui ne s'en cachait pas. La tension entre eux était pesante, et il se contentait de les interrompre chaque fois que Constance et lui s'adressaient la parole. Il ne pouvait pas lui en vouloir. La Cour avait vu défiler tant de filles aux espoirs de relation avec lui brisés sans vergogne après une magnifique nuit « d'amour ». Adam par contre lui, n'avait jamais fait parti d'aucun groupe de garçons définis et n'avait donc jamais couru les jupons. L'anglais avait du mal à le cerner, il était intelligent on ne pouvait le nier, mais il ne paraissait pas s'intéresser aux femmes et cela cachait toujours quelque chose.
L'anglais le soupçonnait d'avoir, comme Monsieur le frère du Roi, un goût prononcé pour la gente masculine. On le voyait dernièrement souvent aux côtés de la garde de Monsieur et cela ne trompait pas en général. Il se demandait seulement si Constance le savait... il en doutait.

Vint ensuite le dîner, il réajusta ses habits quelque peu froissé et tenta de se rendre présentable. Ce serait la seule fois de la journée où il pourrait observer sa fiancée de tout son soul, et réciproquement. Alors il devait se montrer plus que présentable.

Constance...Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum