12 - Histoire De Voyages.

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La mode anglaise était très différente de la française, mais ce qui m’avait le plus frappée était les jardins. Versailles était la genèse du jardin à la française : allées ordonnées, buissons taillés et fontaines rivalisant de luxes agrémentaient le lieu de détente privilégié du Roi-Soleil. Pourtant de l’autre côté de la Manche, il semblait plus réputé de laisser les plantes s’épanouir. Les fleurs n’en étaient que plus belles, plus lires. Il me semblait pénétrer dans l’intimité de la nature elle-même.

Je déambulais sous les arches de plantes grimpantes sous les yeux amusés d’Aleister et son ami. Leur anglais était trop fluide et trop développé pour moi, malgré tous mes efforts, alors j’avais décidé de reporter mon attention sur le spectacle atypique qui s’offrait à moi.

Aleister m’avait présenté Robert Spencer, comte de Sunderland comme un influent homme d’Etat de Charles II. J’avais également compris qu’il était un ami de son père autrefois. Mon mari avait tenté plusieurs fois de m’expliquer la situation politique instable de l’Angleterre, en vain.

-  Constance, monsieur mon ami nous propose de nous rendre à la Cour. A moins que tu n’en aies réellement envie, j’ai répondu que nous n’en aurions pas le temps. Même s’il est clair que tu ferais sensation, je ne suis pas sûr que l’hédonisme de la guerre te plaise.

- Je te fais confiance.

Aleister me proposa son bras puis embrassa mon épaule dénudé. Il continua sa conversation, et moi ma contemplation. Quand vint l’heure du thé, j’étais toute impatiente. Le thé anglais était la première chose que j’avais goûté au sortir de la traversée, accompagné de délicieux biscuits. Il était tellement différent du français, habituellement si fruité. Là, il était un peu plus amer et fort, et j’adorais cela ! En réalité j’adorais tout ce qu’Aleister me présentait. La passion dans sa voix ne cesserait de me lasser.

Le lendemain, Aleister m’autorisa à lui emprunter une tenue de chasse. Cela faisait une semaine qu’il m’avait promis de faire le tour de la forêt autour de sa propriété, et je n’avais pas un instant cessé de la harceler à ce propos. Je ressemblais à un homme, mes cheveux rentrés dans un grand chapeau. Un garçon un peu jeune et féminisé selon moi, un bel éphèbe selon Aleister. Je ressemblais trait pour trait à l’Adam jeune adolescent de mes souvenirs.

Nous galopâmes toute la matinée mais fûmes bien obligés de rentrer au zénith. Nous étions pleins de terre, et les domestiques insistèrent pour que je me change et me nettoie. Je n’en avais aucune envie parce que j’avais  réellement faim, et puis parce que cela signifiait la fin des balades salissantes pour la journée, mais elles étaient celles que j’aimais le plus. Nous dégustâmes un délicieux ragoût de chevreuil et une sorte de flan en dessert.

Je suppliais mon guide, me servant de mari par la même occasion, de m’emmener au marché de Londres. Je dus alors à nouveau changer de vêtements, et en revêtir de moins luxueux pour me fondre dans la masse. Je fus gâté, et me vis offrir des étoffes, bijoux et dentelles de la part de mon magnifique porteur de moustache. Il se fit lui-même cadeau d’un haut chapeau de feutre bleu marine assorti à une cravate.

Lorsque nous rentrâmes, on m’aida à retirer mon manteau et me tendit une lettre au sceau de ma famille. Je me réfugiais auprès de la cheminée et la décachetait avec soin. Je reconnus immédiatement l’écriture appliquée d’Adam, et un sourire éclaira mon visage.

« Ma chère sœur,
Nous espérons à Versailles de tout notre cœur et que tu te portes bien, et que ton mari prend soin de toi. Je me chargerais de lui rappeler que tu es le plus précieux joyeux de notre famille, et qu’il a tout intérêt à ne pas te blesser lorsque vous reviendrez.

Constance...Where stories live. Discover now