Avachie à l'arrière du 4x4 noir de son père, Wendy observait le paysage qui défilait à toute vitesse à travers la vitre. Elle avait retrouvé ses parents à l'aéroport de Seattle, ils avaient pris l'avion quelques jours avant leurs enfants afin d'aménager leur nouvelle maison.
La tête posée contre le bras de sa sœur, Peter somnolait. Le pauvre enfant avait été pris de vomissements pendant le vol, les médicaments l'épuisaient.
— C'est quand qu'on arrive ? répéta Joshua pour la dixième fois. J'ai envie de faire pipi !
— Patiente encore cinq petites minutes mon chéri, lui répondit sa mère d'un ton amusé. Nous sommes presque arrivés.
La voiture venait de passer le panneau annonçant son entrée dans Forks. Les Valley étaient accueillis par la pluie, elle tapait contre les vitres du véhicule. À travers les gouttes, Wendy distinguait des bâtiments fades qui s'élevaient vers le ciel gris. Les couleurs de San Francisco lui manquaient déjà.
— Vite ! s'exclama Joshua en gesticulant sur son siège.
Le 4x4 tourna dans une petite rue, à l'orée des bois. Il passa devant quelques habitations, avant de s'arrêter dans l'allée d'une grande maison en pierres brunes.
— Nous y voilà, déclara Richard en coupant le contact.
Doucement, Wendy prit Peter, encore endormi, dans ses bras, et couru jusqu'au perron de sa nouvelle maison. La pluie froide et violente créait un vacarme en s'écrasant lourdement au sol. Dès que Betty ouvrit la porte d'entrée, Wendy s'engouffra dans la maison pour éviter que Peter n'attrape un rhume. Il fallait faire très attention au petit garçon, ses défenses immunitaires étaient affaiblies.
— Bienvenu à la maison, les enfants, lança Richard d'une voix joyeuse.
Un aboiement résonna à travers les murs, un gros chien surgit tout à coup dans le hall. Sa queue fouettant l'air, il sauta sur Joshua qui éclata de rire en serrant le chien contre lui.
— Woody ! s'écria-t-il en riant.
Tendrement, Wendy donna une caresse de bonjour au berger allemand. Revoir son chien la réconfortait un peu, il avait toujours cette odeur de gazon fraichement tondu à San Francisco.
Toute la journée, la jeune femme s'affaira à défaire sa valise. Elle prit ses marques dans cette nouvelle maison, plus grande que celle de San Francisco. Wendy devait l'avouer, ses parents avaient fait du bon travail en aménageant leur nouveau domicile. Il resplendissait de couleurs, les nombreuses photographies accrochées aux murs apportaient de la chaleur aux pièces.
Wendy était satisfaite de sa nouvelle chambre, ses parents l'avaient peinte en bleu ciel, la jeune femme adorait cette couleur car il s'agissait de la couleur des yeux de ses frères. D'ailleurs, un grand cadre en bois clair décorait le mur contre lequel le lit de Wendy trônait. Il contenait une grande photo représentant Wendy, Danny, Joshua et Peter devant le pont du Golden Gate, à San Francisco. Tous les quatre souriaient joyeusement devant l'objectif de l'appareil, ne se doutant pas une seconde que la vie s'apprêtait à les séparer.
Doucement, la jeune femme posa une main sur le cadre et contempla Danny qui portait Peter sur ses épaules. Elle soupira longuement, l'absence de son meilleur ami se faisait déjà ressentir. Y arriverait-elle sans lui ? Wendy en doutait fortement. Depuis le début, Danny avait été là pour elle. Il l'avait toujours accompagnée à l'hôpital pour voir Peter, et s'était occupé de Joshua quand Richard et Betty devaient veiller sur leur enfant malade. Sans le jeune homme, ces trois dernières années auraient été catastrophiques pour les Valley.
La première nuit à Forks se passa sans problème pour Wendy, elle se réveilla en forme au matin. La pluie avait cessé de s'abattre sur la petite bourgade, il y avait désormais de gros nuages gris qui recouvraient le ciel.
Avec un peu d'appréhension, Wendy s'habilla d'un pull blanc et d'un pantalon couleur crème. Elle descendit rapidement dans la cuisine où Joshua venait de renverser une bouteille de lait sur le parquet.
— Oh oh, dit-il d'un air embêté.
Wendy soupira devant la bêtise de son frère et essuya rapidement la flaque avant de servir un bol de céréales au petit garçon.
— Maman n'est pas encore levée ? demanda Joshua en voyant l'heure tourner.
— Elle est au travail, l'informa Wendy qui lavait son assiette. C'est moi qui t'emmène à l'école ce matin.
— Et papa ?
— Il est à l'hôpital avec Peter.
L'enfant hocha silencieusement la tête et fila dans le hall d'entrée pour mettre ses chaussures. Lorsqu'ils furent prêts, les deux Valley prirent la BMW de Betty. Wendy s'orienta à travers Forks grâce à son GPS, elle n'avait pas vraiment le sens de l'orientation.
— Passe une bonne journée, lança-t-elle à son frère lorsqu'il descendit de la voiture.
— Merci, je t'aime ! répondit l'enfant avant de claquer la portière.
En vitesse, Wendy se rendit au lycée. Quelle ne fut sa surprise lorsqu'elle découvrit le bâtiment qui allait lui servir d'école. Il était bien plus petit qu'à San Francisco, et bien moins accueillant ! Il n'y avait aucune banderole d'encouragement pour une équipe de football américain, ni de logo. Cela désolait beaucoup la jeune femme, elle avait espérer trouver un lycée sympathique.
Sans se décourager, Wendy s'aventura dans les couloirs blancs de son nouvel institut et se rendit à l'accueil où une dame aux cheveux rouges lui donna un plan du lycée et son emploi du temps. La jeune femme commençait sa journée par un cours de littérature, une matière qu'elle appréciait plutôt bien. C'est donc le cœur plus léger que Wendy se rendit à son premier cours.
La sonnerie du midi retentit bientôt dans les couloirs du lycée. Un peu désorientée, la jeune femme suivit la masse de gens qui se dirigeaient vers la cafétéria. Là, elle acheta une bouteille d'eau et une assiette de ratatouille.
— Salut, lança quelqu'un dans son dos. C'est toi la nouvelle ?
Wendy dévisagea le garçon qui lui parlait d'un air méfiant.
— Je m'appelle Eric, ajouta-t-il en souriant de toutes ses dents.
— Euh...moi c'est Wendy.
— Ravi de faire ta connaissance, Wendy ! Viens donc manger avec mon groupe.
Réticente, la jeune femme suivit tout de même ce garçon jusqu'à une table ronde où plusieurs personnes bavardaient. Timidement, Wendy s'assit à côté d'une fille brune qui fixait une table plus loin.
— Les amis, voici Wendy, déclara Eric en désignant la jeune femme d'une main. Wendy, je te présente Bella, elle est arrivée au lycée hier.
Wendy se tourna vers la fille assise à côté d'elle et arqua un sourcil.
— Tu es nouvelle toi aussi ? s'étonna-t-elle.
Ladite Bella se contenta de pincer les lèvres et d'hocher la tête avant de se reconcentrer sur la table qu'elle fixait. Wendy fronça les sourcils devant la réaction de cette fille, elle n'avait pas l'air très agréable.
Comme Bella ne détournait pas les yeux du point qu'elle fixait, Wendy suivit son regard, curieuse, et découvrit cinq personnes assises autour d'une table. La pâleur de leur peau fit frissonner la jeune femme, ils étaient aussi blancs que Peter...Etaient-ils malades eux aussi ?
— Edward n'est pas là aujourd'hui, soupira Bella.
Aussitôt, les cinq personnes fixèrent la table de la fille.
— Qui ça ? demanda Wendy en fronçant les sourcils.
— Edward, répéta Bella. Edward Cullen.
— Cullen, comme Carlisle Cullen ?
Bella et le groupe d'Eric regardèrent Wendy avec étonnement. Une certaine Jessica se pencha alors vers elle en souriant malicieusement.
— Tu connais le père des Cullen ?
Wendy secoua la tête.
— Seulement de nom, c'est pour lui que ma famille a déménagé ici...Apparemment, il peut soigner le cancer de mon petit frère.
Un long silence suivit les paroles de la jeune femme, elle eut l'impression d'avoir plombé l'ambiance, et se sentit gênée.
— Oh...bredouilla un garçon qui s'appelait Mike. Eh bien voilà les enfants du docteur Cullen. Là, il y a Alice et Lincoln Cullen. Ici, ce sont Emmett Cullen et Rosalie Hale. Et enfin, lui c'est Jasper Hale, le frère jumeau de Rosalie. Ils ont tous été adoptés par le docteur Cullen et sa femme.
— Et il a aussi Edward, ajouta Bella. Mais il ne semble pas être là aujourd'hui...
En hochant la tête, Wendy se focalisa sur le groupe des Cullen. Ses yeux bleus rencontrèrent ceux de Jasper. Grand et bien bâti, le jeune homme aux cheveux blonds bouclés la fixait avec curiosité.
— Tu n'as aucune chance avec lui, intervint Jessica. J'ai déjà essayé de lui adresser la parole, mais les Cullen et les Hale détestent tout le monde. Ils ne restent qu'entre eux et sortent même ensemble !
— Jessica, gronda une fille à lunettes. Un peu de tact, voyons. Ils ont le droit d'être ensemble, ils ne sont pas du même sang.
— Mais c'est bizarre quand même, lança Mike en grimaçant.
Sans faire attention à ces imbéciles, Wendy cessa de regarder Jasper. Elle ne voulait pas passer pour une folle. En silence, la jeune femme finit son assiette. Il était presque l'heure de reprendre les cours.