Il attrapa son bras et l'obligea à revenir près de lui, leur visage à quelques minimètres l'un de l'autre.
-Put*in que je t'aime, lâcha-t-il en déviant son regard sur ses lèvres roses, tandis qu'elle ne détachait pas le sien des siennes.
Il posa sa main sur sa joue et se pencha vers elle, détruisant le reste d'espace qui les séparait, avec une douceur insoupçonnée, inconnue.
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Il dégusta la saveur de ses lèvres avec lenteur et désir mêlés, tandis qu'elle en restait stupéfaite. Il la serra contre elle sans cesser ses doux assauts et elle mouva ses lèvres au même rythme que les siennes. Elle finit par lui rendre ses baisers avec force tandis qu'elle se mettait à califourchon sur lui, frissonnante de plaisir, d'envie.
Il explora sa bouche en faisant danser leur langue dans une valse effrénée, et Émilie sentit un assaut de papillon puissant la parcourir alors qu'une bosse grossissait contre elle.
Aaron les fit basculer, lui au-dessus d'elle, et elle commença à gémir en sentant la main de son âme-sœur remonter le long de sa cuisse doucement.
-Non, non... attends...
Elle le repoussa tremblante et Aaron croisa ses beaux yeux dorés.
-Je... Je peux pas...
Elle se leva et colla son front sur la vitre, dos à lui.
-Peux pas quoi ? souffla-t-il en la rejoignant et en collant son torse contre son dos.
Elle se retourna vers lui, son regard sur le sol à côté d'elle.
-Je ne peux pas t'aimer... Je ne veux pas t'aimer.
Aaron sentit son cœur défaillir.
-Sors...
-Émilie...
-Non ! Tu m'as fait trop de mal ! Je ne veux pas de toi alors que tu as tout détruit, alors que mon peuple est réduit à la prison sans avoir rien fait ! Tu as tout gâché Aaron... Tu as tout détruit ! Je ne veux pas être à toi... Je ne veux pas...
-Émilie... Tu ne parles pas avec ton cœur...
-Je n'ai aucun droit de t'aimer, Aaron ! Ce serait trahir les miens qui sont traités comme s'ils étaient des moins que rien... Tu les a humiliés, tu m'as humiliée ! Tu leur a fait trop de mal !... Tu m'as fait trop de mal...
Aaron serra les poings en baissant la tête.
-Tu es juste doux et gentil comme ça parce qu'Élijah t'a dit... Tu essaies de m'amadouer, de m'en dissuader ! Tu ne m'aimes pas et ne m'aimeras jamais !... Tout ce que tu veux... c'est te servir de moi...
-Attends, mais de quoi tu parles ?! s'écria Aaron en l'interrompant. Élijah ne m'a rien dit de spécial ! Te dissuader de quoi ?!... Qu'est-ce qu'il y a, Émilie ?!
La jeune femme resta stupéfaite.
-Il ne t'a rien dit ?!...
Elle s'adossa à la vitre, les jambes flageollantes.
-Non ! Qu'est-ce qu'il aurait dû me dire ?
Élijah n'avait pas dit à Aaron qu'elle avait tenté de se suicider, et Aaron ne l'avait d'ailleurs même pas senti ! Comment était-ce possible ?
Elle se prit la tête entre les mains. Tant mieux s'il ne l'avait pas senti.
-Je... J'ai fait une erreur en te laissant m'embrasser... Sors...
Il s'approcha d'elle, mais elle le repoussa et s'éloigna de plus belle.
-Sors... Je ne veux pas de toi... Sors... Je ne veux plus te voir... Plus jamais.
Aaron serra les poings, et la jeune femme l'entendit claquer la porte. Elle se laissa tomber sur le lit, les coudes appuyés sur ses genoux.
Il lui avait dit qu'il l'aimait...
Quel menteur.
S'il l'aimait vraiment, il ne lui aurait jamais fait tout ce mal. Jamais !
Elle souffla bruyamment. Aaron souhaitait jouer avec elle, rien de plus. Il ne la méritait pas. Et elle était tombée amoureuse de lui comme une idiote ! Elle faisait honte aux siens.
"La future Reine des anges tombe amoureuse du pire ennemi de son espèce."
Elle souffla à nouveau.
Elle en avait marre de faire des erreurs à chaque fois qu'il était là... Elle en avait marre d'être captive de lui et de son charme irrévocable. Elle avais marre de vivre en tuant les autres, à cause de lui.
-Émilie... tue-toi... C'est la seule solution, Émilie... La seule...
Elle laissa une larme se frayer un chemin sur sa joue pâle.
Oui... C'était la seule.
Une semaine plus tard
La jeune femme regardait le vide. Oui... Le vide. Enfin, elle le connaissait par cœur désormais, étant donné qu'elle n'avait pas changé de vue depuis huit jours.
Elle n'avait pas bougé du lit, ni de position. Juste... elle restait là à ne rien faire, enfermée dans cette chambre de sa propre volonté. Victime à de plus en plus de cauchemars, de tentations noires, à de rêves si lointains mais si beaux...
Elle ferma les yeux. Cela faisait une semaine qu'elle n'avait pas vu Aaron. Et à vrai dire... Tant mieux. Elle ne voulait plus être faible comme elle l'était en sa présence. Plus jamais.
Elle ne voulait pas qu'il fasse partie de sa vie, il ne pouvait pas en faire partie. Il n'avait pas sa place auprès d'elle et inversement.
Elle ne voulait pas d'un monstre sans scrupules, tyrannique, mensonger, destructeur, sans miséricorde.
Elle était mieux... seule... Loin de lui... Là où il ne peut pas l'atteindre. Là où elle n'a plus à le supporter ni à le voir.
Et surtout... ni à devoir contrôler cette rage, ni ce désir interdit qu'elle ressentait envers lui. Rage d'aimer, rage de trahir, rage de souffrir... Désir de lui parler, désir de le toucher, désir de l'embrasser.
Elle voulait lui montrer qu'elle pouvait vivre sans lui, sans son sourire, sans sa protection, enfin, sans âme-sœur.
Elle n'avait pas besoin d'âme-sœur. Elle pouvait vivre très bien sans lui, quel qu'il soit.
Elle se redressa doucement, et serra ses jambes entre ses bras fatigués.
Et enfin, elle se mit à pleurer. Pleurer toute sa douleur, toute sa solitude, toute sa rage. Elle ne voulait pas souffrir. Elle ne voulait pas être seule. Elle ne voulait pas éprouver de rage. Elle voulait juste... retrouver les joies de son enfance, avant que... qu'ils arrivent et détruisent son monde de bisounours, son innocence.
~FLASHBACK~
Froid. Humide. Noir.
Cris. Bruits. Murmures.
Cellule. Chaîne. Rats.
Elle avait peur. Seule dans cette cellule froide, humide, noire. Autour de cris, de bruits, de murmures. Enchaînée dans une cellule, au milieu des rats.
Le cliquetis des serrures. L'odeur du sang et de la mort.
-Papa... Maman... Venez me chercher...
L'enfant se blottit contre un mur en pleurant. Elle avait peur. Elle avait faim. Elle avait soif.
Elle n'avait plus aucune idée du temps. Plus aucune idée des heures qui s'étaient écoulées depuis son dernier repas.
Elle ne savait pas où elle se trouvait. Elle avait juste peur. Faim. Et soif.
Puis... un visage, macabre, édenté, apparut derriere les barreaux d'une autre cellule.
-Coucou, petite...
Elle hurla de terreur, tandis que la silhouette disparaissait dans un rire sombre.
Terrifiée, elle se cacha le visage contre ses genoux.
Et soudainement, la serrure de sa prison fut décrochetée.
-Alors, princesse... Voyons ce que va faire ton père pour te libérer...
Puis la porte claqua. Et les cris de l'enfant rejoignirent ceux des mourants des autres cellules.
Voilà pour ce chapitre ! Place au suivant !