Ennemis jurés TOME 1 Suspicion

By AdelaRune

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Dans la France de 2063, où les citoyens ont le choix entre suivre les traditions ou être déchus de leur natio... More

Citation
Grande loi de ségrégation du 24 août 2043
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6. Oratio aurea - partie 2
6. Oratio aurea - partie 3
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8. Memoria iter - partie 2
9. Somnus in eo - partie 1
9. Somnus in eo - partie 2
9. Somnus in eo - partie 3
10. Purpura - partie 1
10. Purpura - partie 2
10. Purpura - partie 3
11. Cenam vestram fruimini - partie 1
11. Cenam vestram fruimini - partie 2
11. Cenam vestram fruimini - partie 3
12. Manducare vel mori - partie 1
12. Manducare vel mori - partie 2
12. Manducare vel mori - partie 3
13. Accuso - partie 1
13. Accuso - partie 2
13. Accuso - partie 3
14. Ad infirmariam - partie 1
14. Ad infirmariam - partie 2
14. Ad infirmariam - partie 3
15. Mundare - partie 1
15. Mundare - partie 2
16. Amor Fati - partie 1
16. Amor fati - partie 2
16. Amor fati - partie 3
17. Deductio - partie 1
17. Deductio - partie 2
18. Vox populi - partie 1
18. Vox populi - partie 3
19. Reus - partie 1
19. Reus - partie 2
19. Reus - partie 3
20. Orare
21. Supplicium
22. In fine

18. Vox populi - partie 2

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By AdelaRune


Irène retourna à sa place parmi les autres détenus. Elle traînait un sentiment désagréable de culpabilité qui lui fit éviter de regarder Guillaume.

Le pauvre ne se doutait de rien. Elle ne l'avait même pas averti de ce qui l'attendait. Elle venait de poignarder un membre de sa propre équipe dans le dos.

Elle repensa à la justification qu'elle avait donnée au miroir. Elle n'avait même pas dit : « Je suis désolée. »

Elle n'avait même pas formulé d'excuses.

Ses ruminations occupèrent son esprit tout le temps où les détenus suivants allèrent successivement dans l'isoloir. Elle vit partir Victoria, Enzo et Jordan. Contrairement à Iphigénie, ils votèrent contre elle sans un regard en arrière. Elle additionna leur voix. Le compte n'avait pas changé. Huit contre huit. Elle risquait toujours l'élimination.

L'idée de retrouver ses souvenirs dans quelques minutes la terrifiait. C'était paradoxal quand on pensait à tous les efforts qu'elles avaient faits pour les récupérer. À présent, ils lui faisaient peur. Elle se souvenait de la conversation entre elle et sa mère lors de sa dernière séance d'autohypnose. Il avait été question de bons souvenirs et de moins bons. Sa mère avait aussi parlé d'une scène d'assassinat. L'assassinat de qui ?

Elle était en train de penser à ça quand François, le numéro dix, sortit de l'isoloir. Maître Kaplan annonça qu'ils avaient terminé les votes et qu'ils allaient tous se diriger vers le tribunal.

Les uns à la suite des autres, ils s'avancèrent dans le couloir puis entrèrent dans la salle principale.

Comme la fois précédente, les projecteurs lui firent plisser les yeux. Les acclamations de la foule chassèrent les réflexions introspectives d'Irène bien loin pour les remplacer par une montée d'adrénaline.

Achille Moreau arriva sur le centre de scène, au cœur du tribunal, dans un complet bleu indigo, serti d'une cravate jaune.

— Bienvenue ! Bienvenue au premier procès de la saison 3.

Le public applaudit avec enthousiasme.

— Vous les attendiez depuis une semaine et, maintenant, place à la première élimination, aux premières révélations et peut-être, à la première exécution.

Les applaudissements et les sifflets redoublèrent.

Le mot semaine surprit Irène, jusqu'à ce qu'elle se souvienne qu'ils n'étaient pas en direct. Elle connaissait assez bien les différents secrets de fabrication d'un programme de télévision. Ennemis jurés était une émission enregistrée et montée. Le tournage à la prison durait dix jours. Les images seraient ensuite montées, commentées, retravaillées. Puis, il y aurait des projections tests. Plusieurs versions de l'histoire seraient proposées à des spectateurs qu'on inonderait ensuite de questions. Les détenus les plus populaires apparaîtraient ainsi davantage dans la version définitive. Alors que d'autres seraient montrés sous un jour franchement détestable, pour que leur exécution ne heurte pas la sensibilité des gens, pour qu'au contraire il s'en dégage un sentiment de justice.

Après les ajustements de la phase de montage, la version définitive serait présentée en avant-première aux critiques, aux journalistes et aux influenceurs. Ce ne serait qu'ensuite que le spectateur lambda pourrait découvrir Ennemis jurés. Chaque semaine, un nouvel épisode de la saison serait diffusé à la télévision. D'où le commentaire d'Achille qui parlait de première semaine, alors que, pour Irène, il ne s'était écoulé que deux jours.

Irène observa le public. Les gens qui les applaudissaient en ce moment, avaient reçu quelques instructions et suivaient les indications du chauffeur de salle. On leur disait quand applaudir, quand rire. Ils ne pouvaient pas avoir vu les images des deux derniers jours. Ils ne savaient rien d'elle ou de ce qu'elle avait vécu. Ils ne la connaissaient pas mieux que les autres. Pourtant, ils réagiraient comme s'ils avaient une connaissance précise de toute l'intrigue de ce début de saison. Rien d'autre que de la mise en scène et des trucages.

Les gardiens conduisirent les détenus dans l'espace des accusés. Irène remarqua tout de suite les changements. Il s'agissait toujours d'une sorte de cage en verre sur la gauche de la scène, mais il y avait des cages dans les cages. Chacun des détenus serait installé dans un cube à part, dont la surface transparente lui permettait de voir et d'être vu. Des numéros en cuivre ornaient chaque cage en verre. Sans surprise, Irène pénétra dans le box accusé numéro quatre, entre Fatiha et Victoria. On attacha ses menottes à une barrière en cuivre, qui lui arrivait à hauteur de nombril. Par sa forme, elle ressemblait à un arceau pour vélo. Une fois liée, Irène était contrainte de se tenir debout, au centre de son box, sans aucune liberté de mouvement. Elle ne pouvait ni s'asseoir ni se retourner. Elle pouvait à peine se gratter le nez.

Les principaux acteurs de l'émission étaient déjà là.

Tournants le dos au public, les jumeaux Perrin, dans leurs robes d'avocat, étaient plongés dans leurs dossiers.

L'huissier de justice, maître Kaplan, s'assit à la droite du juge, en face du public. Le juge rappelait quelqu'un à Irène, mais elle n'arrivait pas à se souvenir de l'endroit où elle l'avait vu auparavant. Mais elle sut qu'il était le juge parce qu'il était placé au centre du tribunal, sur un fauteuil d'une taille monumentale. On aurait dit un trône. Elle ne chercha pas longtemps à savoir qui il était. Toute son attention était à présent focalisée sur la personne assise tout à gauche : la mère d'Irène.

L'hypnotiseuse, Mélanie Monteil.

Irène serra la barre en cuivre. Depuis qu'elle avait vu que sa mère était là, elle ne parvenait plus à la lâcher des yeux. Et depuis tout ce temps, jamais sa génitrice ne la regarda en retour. À croire qu'elle était devenue invisible. Chaque seconde de cette indifférence distillait un poison dans son corps, comme si l'on avait installé un goutte-à-goutte au-dessus de son cœur. Chaque seconde, une goutte aussi froide que de l'azote liquide tombait sur l'organe et le pétrifiait.

Quand un roulement de tambour retentit dans la salle de tribunal, Irène n'arrêta pas de regarder sa mère. Quand les tambours s'arrêtèrent et qu'une plantureuse jeune femme en tenue de prisonnière entra, Irène n'arrêta pas de regarder sa mère. Quand elle posa au centre de la scène l'urne des votes sous un déluge d'applaudissements, Irène n'arrêta pas de regarder sa mère.

Jamais sa mère ne tourna les yeux dans sa direction. Irène avait tant besoin d'elle en ce moment. Elle savait que son destin se jouait maintenant, qu'il était scellé dans cette urne.

Achille se positionna derrière la boîte, posa une main possessive dessus. Puis, il cria :

— Maître Kaplan. Le vote s'est-il déroulé dans des conditions légales et non frauduleuses ?

— J'engage mon honneur d'homme de loi. Ce vote s'est déroulé dans la plus stricte légalité.

— Dans ce cas, nous allons pouvoir dépouiller.

Une salve d'applaudissements retentit. À laquelle sa mère se joignit.

Achille Moreau retira le couvercle de bois et Irène lâcha sa mère des yeux pour observer le dépouillement. Son cœur givré s'agita. Elle craignait qu'une embardée trop violente ne le brise en mille morceaux, comme du verre.

Achille Moreau tira un premier papier. Il ne ressemblait pas à ceux de l'isoloir. Celui-ci était argent.

— Guillaume, dit-il en montrant le papier à tous.

Irène comprit alors que les papiers argentés correspondaient aux défaveurs ajoutées par la production avant les votes.

Elle tourna la tête vers Guillaume pour guetter sa réaction : ses yeux brillaient de colère. Puis vers sa mère. Elle ne pouvait pas s'empêcher de vérifier sans cesse du côté de sa mère.

Le papier suivant était encore une défaveur à l'encontre de Guillaume.

— Irène, tonna le présentateur en brandissant un papier beige.

Elle se contracta et baissa les yeux. Tous les regards venaient de converger vers elle. Tous ? Elle releva la tête pour vérifier. Non, pas tous : sa mère s'obstinait à l'ignorer.

Deux fois encore, Achille Moreau fit résonner son nom dans le tribunal. À chaque fois, elle frissonnait d'effroi. Elle prenait la tête des votes, mais pour un court instant seulement, le papier suivant, beige, était pour Guillaume.

— Trois voix contre Irène et trois voix contre Guillaume, récapitula Achille Moreau.

Le dépouillage se poursuivit : quatre pour Irène, quatre pour Guillaume.

— Fatiha.

Irène ne put s'empêcher de chercher François des yeux, mais elle le voyait mal. Ce papier était peut-être le sien ? Ou celui de Guillaume. À deux box d'elle, Guillaume était cramoisi. Il avait voté contre Fatiha et devait comprendre, à présent, que ce vote ne servait à rien. S'il avait été au courant de ce qui se jouait, il aurait eu le pouvoir de tout faire basculer. Un vote contre Irène suffisait pour lui sauver la mise. Un vote. Qu'il avait gaspillé pour voter contre la zonarde.

Le deuxième vote contre Fatiha suivit le premier comme s'ils avaient été collés l'un avec l'autre.

— Irène, poursuivit Achille Moreau.

Un nouveau frisson. Elle ne s'habituerait jamais à la façon dont Achille Moreau projetait son prénom. Elle allait se faire éliminer. Malgré la promesse un peu folle de Caro, elle ne croyait pas qu'elle y échapperait.

— Sept voix contre Guillaume, sept voix contre Irène et deux voix contre Fatiha. Il reste encore trois bulletins dans l'urne. Les votes semblent serrés.

Il plongea et prit son temps pour déplier le suivant. Irène sentit un picotement dans tout son corps quand il annonça Guillaume à nouveau. C'était la dernière défaveur, couleur d'argent.

— Il ne reste plus que deux bulletins, si je tire à nouveau Guillaume, alors, c'est lui qui sera éliminé.

Il attrapa l'avant-dernier bulletin, le brandit et annonça très fort :

— Guillaume !

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