-Mais dis-moi à la fin !
Il entendit son Bêta soupirer au bout du fil.
-C'est une très mauvaise nouvelle...
-DIS !
Damien prit une grande inspiration avant de se lancer :
-Je crois que Taylor était l'âme-sœur d'Amy.
***************************************************************
Quelques minutes plus tard
Mais oui ! Qu'il était c*n !
Il pouvait se remémorer avec certitude qu'elle avait crié quand il avait tiré, qu'elle avait tenté de le retenir en tirant sur son bras !...
Aaron dévala le perron de sa maison aussi grande qu'un manoir.
En devenant Roi des loup-garous, il avait refusé de vivre dans un château comme ses ancêtres et les autres rois car cela lui rappelait trop son passé. Il avait choisi un petit château, plus comparable à une maison, pour vivre plus près de son peuple et se sentir plus libre.
L'Alpha se transforma et se précipita dans les rues du village, où les membres de sa meute le saluèrent sur son passage.
Aaron avait cru que Taylor le regardait lui, mais en fait non, il regardait Amy ! Il comprenait désormais sa réaction quand il était parti avec Émilie dans les bras : elle s'était laissée glisser à terre, regardant la dépouille depuis derrière les barreaux. Il avait cru à ce moment-là qu'elle était juste anéantie par la vue d'un mort car il savait qu'elle n'aimait pas la violence, mais non, elle était anéantie par la mort de son âme-sœur qu'elle n'avait connu que par un regard !
La vérité était alors évidente : Taylor et Amy était âme-sœurs. Et il avait tué Taylor. Damien avait raison ; ils avaient un gros problème... un très gros problème.
***
La jeune femme regardait longuement le repas que lui avait apporté Élijah. Du steak et des frites avec quelques légumes.
Le Bêta venait toutes les cinq minutes vérifier qu'elle ne tentait pas encore de mettre fin à ses jours. Il lui avait même coupé la viande pour ne pas lui apporter de couteau.
Elle souffla, se leva de la chaise où elle était assise et s'allongea sur le lit. Elle ne voulait pas manger. Elle voulait juste retrouver la liberté qu'elle avait connue l'espace de cinq minutes.
"C'est beau de mourir. On retrouve toutes les personnes que l'on a perdu au cours de sa vie, et même celles qui nous ont perdues quand nous sommes parties. Tu les vois d'en haut, et même si elles ne te voient pas, elles savent que tu es là, et toi tu sais qu'elles sont là. Et c'est ce qu'il y a de plus beau : avoir toutes les personnes que l'on aime à nos côtés."
Elle ferma les yeux doucement. Elle pouvait tellement se souvenir de la personne qui avait prononcé ces paroles... La personne qu'elle avait eu le plus peur de perdre en étant enfant, avant que ses cauchemars n'apparaissent et accentuent la peur de perdre sa mère.
~FLASHBACK~
-Émilie, tu restes calme, hein ? Elle n'a pas besoin d'une petite fille qui saute partout, d'accord ?
-Mais oui, Maman ! Arrête de t'inquiéter pour rien !
Sa mère serra sa main dans la sienne, et soudainement, un ange entra suivi d'une vieille dame.
Émilie sauta des genoux de sa mère et fonça vers la nouvelle venue, oubliant totalement les ordres de sa mère :
-Grand-mère !
***
-Maman, qu'est-ce qu'on fait ici ? demanda la petite princesse de neuf ans à sa mère.
Cette dernière ne répondit pas, les yeux vitreux, le souffle silencieux.
Assise sur des chaises blanches comme les murs, le sol, le plafond et la tenue des gens, la famille Royale attendait, sans que les deux mineurs ne sachent ce qu'ils faisaient là.
Un homme habillé de blanc avec un masque chirurgical sur le visage sortit d'une pièce, et Coron se leva pour le rejoindre à quelques mètres de là. Le Roi revint après quelques minutes et prit sa femme dans ses bras.
-Je suis désolé, Suzanne...
La jeune femme enfouit sa tête dans le cou de son mari, et Émilie devina qu'elle pleurait.
-Maman ?!
Elle accourut et serra la taille de sa mère, sans même savoir la raison de ses pleurs.
-Maman, pourquoi tu pleures ?
Suzanne s'abaissa à son niveau et la prit dans ses bras.
-Grand-mère est partie, Émilie. Elle est partie loin...
~FIN DU FLASHBACK~
La jeune femme se redressa en sursaut. Elle ne voulait plus y penser. Elle ne voulait plus penser à son passé, à son enfance. C'était trop dur. Elle ne voulait plus voir ces horreurs. C'était trop dur.
Son regard tomba sur son assiette non entamée. L'odeur de la viande, aliment qu'elle appréciait tant ne lui donnait pas faim.
Son regard se tourna vers la fenêtre. Elle voulait s'échapper d'ici et aller loin, monter haut, revoir la forêt, les animaux, la mer... Comme autrefois.
Elle ramena ses genoux contre sa poitrine.
Elle avait tout perdu, et se voir si faible, ça l'a tuait, la consumait, la détruisait.
-Menteuse, menteuse... Quelque chose te détruit bien plus, princesse... Bien plus.
-Fous-moi la paix.
-Tu le sais... Tu sais que je ne pourrai jamais partir... Je suis toi, Émilie...
-Et tu me traites de menteuse après ? ricana la jeune femme.
Elle s'effondra brusquement, en proie à des nausées sans cause précise. Elle était étouffée, comme asphyxiée, tandis que des larmes s'échappaient de ses yeux.
-Je suis toi. Je suis dans ton corps, dans ton esprit, dans ton sang. Je te contrôle, je te domine, Émilie. Et bientôt, tu mourras, et me rejoindras en Enfer. Car c'est là où est ta place. Et par ta mort, Aaron mourra aussi !...
-ARRÊTE ! hurla l'ange dans sa tête.
Puis... plus rien. Un silence pesant, glaçant, horrifiant. La jeune femme reprit son souffle et se releva avec peine.
Elle souffla.
Et par ta mort, Aaron mourra aussi !...
Elle colla son front à la fenêtre de sache.
Menteuse, menteuse... Quelque chose te détruit bien plus, princesse... Bien plus.
Oui, oui. Quelque chose la détruisait bien plus.
Elle ferma les yeux et elle crut sentir des lèvres embrasser son cou, des mains caresser ses hanches, entendre des paroles sensuelles au creux de son oreille...
Elle se mordit la lèvre inférieure en sentant un désir intense l'enflammer.
-Put*in Émilie, tu as évité de penser à lui jusqu'à maintenant, alors continue de le faire, m*rde.
Elle ouvrit grand les yeux et se laissa tomber sur le lit.
Elle était tombée amoureuse de celui qui avait tout détruit. Elle était tombée sous son charme, sa puissance, sa dominance. Tout cela à cause de ce maudit lien ! Il avait tout changé ! Il avait manipulé ses sentiments, son esprit, son cœur... Il avait tout accaparé.
Elle se prit la tête entre les mains. Elle l'avait laissé la... séduire ! Comme une idiote ! Elle avait trahi son peuple, trahi Taylor.
Elle pensait pouvoir résister à ce tueur infâme, mais il l'avait prise au piège d'un amour fou, incontrôlable, inexprimable !
Elle frappa l'oreiller avec rage.
Il avait gâché sa vie, s'était approprié tout ce qu'il lui appartenait encore ! Il était devenu l'une de ses raisons de vivre et l'une de celle de mourir, et tout ça... parce qu'elle s'était laissée berner, parce qu'elle s'était fait une confiance aveugle !
Elle s'allongea à nouveau.
Elle ne méritait plus d'être la princesse d'un peuple qu'elle décevait. Elle ne méritait plus de recevoir les regards souriants de sa part. À cause d'elle, il souffrait, ses membres étaient séparés les uns des autres, il mourrait.
Elle méritait de souffrir autant, si ce n'est plus, qu'eux. Quand elle ne sera plus là, ils seront de nouveau libres, comme autrefois. Et elle savait que Liam serait un bon roi. Ils n'avaient pas besoin d'elle, ne serait-ce que pour une seule chose. Elle était un fléau pour eux.
-Oui, Émilie... Oui, c'est ça !
Elle serra les paupières et se massa les tempes.
Et pour finir, elle était tombée amoureuse d'un meurtrier tyrannique, qui avait tué des centaines d'entre eux.
Elle se sentait sale. Elle avait l'impression d'être comme Aaron. Meurtrière. Sans pitié. Destructrice. Comme elle l'avait été avec les siens. Elle avait détruit son propre peuple, celui qui comptait sur elle. Et elle était malade de devoir vivre en détruisant ceux qu'elle aimait. Et ce, depuis longtemps.
Aaron se servirait d'elle pour les gouverner, pour détruire des populations, et elle ne pouvait pas se le permettre. Elle ne s'abaisserait pas à son niveau volontairement, même si elle n'était pas loin de le faire.
Elle n'en pouvait plus. Et si sa mort était la seule solution, alors elle tenterait de mourir, encore et encore, jusqu'à y parvenir.
Voilà pour ce chapitre très long, afin de rattraper l'autre de la semaine dernière ! Place au suivant !