Latte Machiavelo [Concours Fe...

By louiselysambre

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👾☕️🏔️📚🌶️🐓 • Ah, les Alpes, leurs cimes enneigées, leurs spécialités culinaires, leurs marmottes... et le... More

Rémi Presque Sans Famille
Le pingouin atypique
L'univers, ce connard
Pépé l'Entourloupe
Ça marche pas, ça court
Enfoncer l'clou
Kéfir & Dalaï-Lama
Panique à Trifouillis-Les-Oies
Chier des bulles
Bibi Sauldubois
Enfirouapée
De plus en plus curieux
Au poil de cul près
La gentillesse incarnée
Sauve qui pneu
Rincée
Terroir d'excellence
Les raideurs se déplacent
Le Glaude
Un coucou sous SPM
Il tape, dis, ce Crémant
Ça m'agace Gamegie
L'annonce
Bien du plaisir
On s'tient au jus
Bloodburnes
Les yeux réverbères
La bourriche
Merlin l'Enchianteur
Rééquilibrer les forces
Les vieux qui yoyotent
Le kidnapping
Cuhère code
Le souffle froid de la Mort
Serviable
Les d'ssous de table
Caféinée mais culottée
Le Jour J
Repiquer les bégonias
Nouvelle quête acceptée
Toutes mes fécilitations
Coup de lèche dans le 74
Le diesel
What makes you beautiful
La citrouille et le Grinch
Le Husky-Garou
Et mes grelots, à moi ?
Un shot de potion magix
Le gage
Une activité manuelle
Rest in pisse
La Mère Fouras
J'suis pas un os à moëlle
Le tchizkek à la citrouille
Freine, mais freine
On dit pas « festif »
Zéro de lucidité
Sauce samouraï svp
La Reine des Nounouilles
LeS MoJiTOs
Ni oui, Nina
Sacré Horace
Comme si de rien n'était
Les célébrités
La salade de chèvre
Poussin
Pause technique
De mal en pis
Confucius a dit
Les rêves
« Et bon stream, M. Maimboeuf »
Dur.
Fa la la la la, la la la la.
La tortue sul'dos
Un p'tit ch'tard
Le Vuillerens Express
Saint Cibouère
L'Arche des Timbrés
Tels le ficus fatigué
Ramassage scolaire
Les chutes du Niagara
Sors, sors, t'as pu l'temps !
Emoji coeur emoji coeur
Joyeux festin
En mode avion
(♥ ͜ʖ ♥)
Les messes basses
Merci Masha
Les pieds dans l'plat
Joyeux bordel
Coup de chaud
Entre les points cardinaux
Le meilleur tapissier
Le lot de consolation
Et un noyeux joël !
Squish squish Stitch
Alors, figurez-vous que...
Épilogue - La DDE
Épilogue - Clap de fin
L'addition s'il vous plaît ☕️
From le Mazot with love 🎄

Le dérapage

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By louiselysambre

13h30 et huit appels à base de comment ça, c'est pas le Pamukkale ici plus tard, j'entends depuis la cuisine la porte intérieure grincer, la clenche se refermer. Je ne lève pas le nez de ma barquette de salade de riz lorsque Rémi débarque. Il attrape son tablier, le noue, va se laver les mains.

« Salut, sinon, lâche-t-il après un silence appréciable.

— Ça sera sauce blanche pour moi, merci. »

Je daigne malgré tout épier sa réaction. Il s'est figé avant d'attraper le torchon.

« Tu croyais vraiment que j'allais pas m'en apercevoir ? questionné-je en reposant ma fourchette – pour lui éviter de finir dans son œil.

— J'ai dû louper un épisode, tu peux repasser le résumé de celui d'avant ? »

Je me force à respirer. Elle fait presque mal, cette bouffée de rage à peine contenue.

« T'as pas pensé à changer son numéro sur l'annuaire des professionnels, abruti. J'ai appelé le Pamukkale. Leur vrai numéro. Il a rigolé, d'abord, le fameux Ryan. Il rigolait un peu moins, sur la fin. D'autant plus qu'il a perdu au moins dix clients.

— Il ferme boutique, il s'en br... »

J'ai plaqué mes mains contre l'inox. Je pensais pas que ça résonnerait autant ; il a sursauté.

« J'en ai ras-la-carafe, Rémi. C'est débile, juste parfaitement, profondément débile. Je croyais... je sais pas ce que je croyais, mais hier soir, j'ai... »

Si seulement je lui avais jeté à la figure le seau d'eau après avoir passé la serpillère, ou si je l'avais étouffé avec une galette de marc de café, j'aurais peut-être compris cette expression. Mais non. J'ai à peine fait un pas en avant.

« Je croyais qu'on commençait à s'entendre, achevé-je, vexée et misérable à la fois.

— J'ai pas envie qu'on s'entende, réplique-t-il à brûle-pourpoint, encore que froidement. Je veux juste récupérer notre studio et ma piaule.

— Tu veux juste que je disparaisse, corrigé-je dans un glapissement furieux.

— Est-ce que je m'en suis caché ? Non. C'était parfait, avant que tu débarques. Tout allait très bien.

Très bien ? Pour une pince dans ton genre, sûrement, oui. »

Uppercut, répartie qui monte aussitôt dans les tours :

« T'as pas le droit de me juger, t'as aucune espèce d'idée de ce que j'ai fait, de ce que je continue à faire pour espérer me tirer de cette... de cette merde !

— Parce que tu crois que je suis venue ici exclusivement pour te faire chier ? Tu crois que mettre des paillettes sur une crème vanille, c'est l'adorable passe-temps de Princesse Parigote qui, un jour, va découvrir qu'elle a une vie qui l'attend ailleurs ? Non, y'a rien qui m'attend ailleurs. Ma vie, elle est ici, t'entends ? Tu t'imagines que je vais décamper parce que t'estimes avoir mérité ta place dans le Mazot, davantage que moi ? Mais t'emmerdes tout le monde, Rémi ! Tu m'emmerdes moi, t'emmerdes Oliver et t'emmerdes même ton grand-père ! »

J'halète ; lui s'est assombri. La distance qui nous sépare s'est étrécie, comme si le plan de travail, piteux, cherchait à fuir l'esclandre de toute la force de ses roulettes.

« T'as collé un putain de canard sur ma caisse, rétorque-t-il, poings serrés.

— Ça paraît peu, tu m'excuseras, comparé au fait de me pourrir l'existence depuis que je suis arrivée. Je voulais qu'une seule chose, une seule chose : que ça se passe bien, achevé-je sur un souffle.

— Ben, tu vois, t'as tout gagné. Tu crois vraiment qu'il va pas finir par battre de l'aile, ton rêve, Heidi ? Tu penses que trois vieux qui se battent en duel au-dessus d'un muffin, ça va suffire ? Y'a six cent habitants, ici. Six cents. Tu l'as trouvé dans une pochette surprise, ton business plan ? Je comprends mieux pourquoi ton agence a fait faillite. Tu sais ce que t'es, Abby ? T'es nulle. T'es nulle, en plus d'être une sale peste. »

J'entrouvre le bec sur une réplique qui ne vient pas, qui suffoque avec moi. La pression grimpe encore, vapeur qui brouille mes pensées comme ma vue. J'essaye de la retenir, en vain. Une larme roule sur ma joue. Il a raison. Le CaFée est nul. Je suis nulle. Je l'ai toujours été – changer d'air et d'altitude n'y fera jamais rien.

Pardonne-moi, Papy. Je pensais y arriver.

D'autres larmes dévalent. Rémi, face à moi, est passé de pourpre à pâle en un temps record. Il donne l'air de s'être pris un revers en plein foie. Sa main tremble quand il l'approche de la mienne.

« Non, murmure-t-il enfin. Je... je suis désolé. »

Je l'observe, ferme les yeux. Et, sans crier gare, me jette contre lui. Si mon élan le raidit de prime abord, ses bras finissent par trouver leur place dans mon dos. Je l'étreins, il m'enlace. Mes sanglots que je ne réfrène plus nous secouent. Mes doutes, ma rancœur, mes joies vacillantes, mes peurs envahissantes... tout ça finit sur l'épaule de Rémi. Qui me berce jusqu'à ce que les vannes se tarissent, que j'essuie mon nez dégoulinant d'un revers avant de lui faire face à nouveau. Le vert clair de ses yeux s'est accordé d'une certaine rougeur. Son visage est aussi dévasté que l'enfer détrempé qui doit me servir de figure.

« T'es pas nulle, Abby. Et moi, je suis un connard. »

Mes neurones en ébullition se figent sur une seule et même résolution. Ce qui leur paraît le plus logique en cet instant ; j'émets quelques réserves, mais pas suffisamment. Mes lèvres se pressent soudain contre les siennes.

Je n'avais pas spécialement eu besoin de me demander, jusque-là, ce que donnerait un baiser avec M. Maimboeuf. L'honnête Bibi pensait de toute manière qu'il refuserait de la toucher, même avec un bâton.

Mes hypothèses les plus optimistes auraient été encore bien loin du compte. Parce qu'il s'assouplit alors, glisse une main dans ma nuque et, très doucement, sa langue invite la mienne à venir la rejoindre. Je n'avais pas embrassé quelqu'un comme ça depuis... oh, il faudrait à minima dater au carbone 14. C'est assez doux, relativement chaud, comme un hydromel tiédi qui se répand de haut en bas – sans dégringoler dans mes chaussettes à rayures, bien sûr. La halte s'effectue plutôt à mi-chemin, là où une onde rayonnante me fait comprendre que j'aimerais bien voir Rémi torse nu et, si possible, coller ma peau contre la sienne.

Ma respiration se fait hasardeuse ; la sienne itou. Je me hisse sur la pointe des pieds, m'agrippe à lui, aventure mes doigts dans les boucles lâches qui tombent dans son cou. Impossible – et si naturel à la fois.

« Heu... excusez-moi ? »

Je pousse un cri épouvanté ; Rémi se déglue aussitôt, regagnant une distance tout à fait respectable, main crispée au niveau du cœur. Un trio de promeneurs nous adresse un coucou gêné depuis l'autre côté du comptoir.

« On voudrait juste un café, si c'est... heu... possible ? »


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