«Tu me surprendras toujours.»
Il sourit à moitié et reprit aussi vite son sérieux. Il arriva à ma hauteur et je décollai mon dos de la voiture. J'avais envie de le prendre dans mes bras, c'était dur pour moi de résister. Il était beau, il était irrésistible.
Je pris les devants et nous commençames à avancer vers la forêt. J'avais misé sur ce lieu pour apaiser nos esprits et rétablir l'ordre une bonne fois pour toute dans notre relation.
Le bruit de nos pas qui faisaient craquer les feuilles au sol était le seul son qui venait à nos oreilles. Même le vent et les oiseaux s'étaient fait silencieux comme si le monde attendait de voir comment notre discussion allait se dérouler.
Justin avançait derrière moi et j'imaginais qu'il avait hâte d'entendre ce que j'avais à dire. Mon coeur battait très vite pourtant je n'allais pas dire des choses méchantes ou quelque chose qui lui déplairait. C'était sûrement juste le fait de passer un moment avec lui, seuls, qui me rendait nerveuse car trois jours m'avaient paru une éternité et mon cerveau devait penser que ce serait la première fois que je me retrouverais dans une telle situation.
Je m'arrêtai à l'habituelle table et m'assis sur le banc, les pieds sous la table. Justin s'assit alors en face de moi et serra sa mâchoire. J'avais du mal à le voir car il faisait bien nuit, peut être que ce n'était finalement pas l'endroit adéquate pour parler mais je n'allais pas encore nous faire déplacer.
Il me fixait du regard et j'essayais au plus vite dans ma tête de trouver ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Je voulais une formulation juste et qu'il ne s'emportait pas.
- Merci, commençai-je d'une petite voix, voilà ce que j'aurais du te dire Justin. Je m'excuse, encore une fois. Je réfléchis pas avant de parler.
- Non le problème c'est que tu veux te faire du mal et tu es la seule ici, qui veux te faire du mal.
- Je sais et...
Je mis la main dans la poche de mon jean et en sortis le bracelet.
- Et ça veut dire que je n'ai pas tenu ma promesse.
Je posai le bracelet sur la table. Il porta son regard dessus avant de me regarder à nouveau. Je le regardais quelques instants. J'aimais le contempler, même dans le noir.
- Tu m'as fait promettre quelque chose que je n'ai pas su tenir et pourtant je tiens toujours mes promesses.
- Je l'ai fait pour toi, je voulais que tu te sentes mieux, rétorqua-t-il.
- Mais tu sais que c'est pas facile pour moi.
- Tu compliques toujours tout.
Je mordillais ma lèvre inférieure.
- Je suis désolée, tu le sais.
Il ne dit rien. Je soufflai.
- Je sais pas si mon avocat te l'a dit ou même s'il est au courant mais...
Je le regardais encore. J'avais peur de sa réaction. Je savais qu'il n'allait pas aimer ce que j'allais lui dire. Mais je me lançai.
- J'ai parlé à David, annonçai-je.
- Je le savais !
Il se leva d'un coup et me tourna le dos pour rebrousser le chemin. Évidemment, il s'était emporté.
- Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de venir, grogna-t-il.
Je me levai à mon tour pour le rattraper.
- Attends Justin ! Tu ne m'as même pas laissé finir ! dis-je en attrapant son bras.
Il se retourna furieusement et nous nous retrouvâmes face à face. Je ne pouvais pas voir cela mais j'étais sûre qu'il serrait sa mâchoire frénétiquement et ses veines avaient commencé à être apparentes sur son cou.
- Il m'a dit que je n'étais pas coupable.
Je cherchais son regard mais je ne le trouvais pas. Ses yeux étaient aussi sombres que la nuit.
- J'avais besoin de l'entendre... Que ça vienne de lui, ajoutai-je.
Il était toujours planté là devant moi. La tête légèrement incliné vers le bas. Je ne l'entendais même pas respirer.
- Tu peux comprendre, c'est le seul qui ait vraiment payé pour ma décision, continuai-je attendant une réaction de sa part.
- Et tu te sens mieux là ? sortit-il enfin d'un ton sarcastique.
- Oui.
- C'est pour ça que tu m'as repoussé comme une merde, rétorqua-t-il avant d'avancer à nouveau.
- Justin, je ne pensais pas que tu viendrais jusqu'à payer ma caution, dis-je en me retournant.
Il continuait à avancer. Je ne savais pas ce que je pouvais faire de plus. Il ne voulait plus m'entendre.
- Je m'excuse, je m'excuse encore milles fois Justin, j'ai compris la leçon, dis-je. Je t'aime et je ne veux pas te perdre.
Ses pas ne ralentissaient toujours pas. J'allais bientôt le perdre de vue. Je soufflai.
- Justin ! S'il te plaît ! criai-je.
Il ignora mes paroles et je le perdus de vue rapidement. Je baissai la tête et regagnai la table où j'avais laissé le bracelet. Je m'assis sur le banc et mis ma tête entre mes bras.
J'avais tout gâché encore une fois. Je ne savais jamais ce que je voulais et Justin en avait eu marre.
J'avais envie de pleurer mais je me retins. J'avais trop pleuré, mon corps ne le supportait plus. Je restai plantée là quelques minutes à regarder le vide. Je n'arrivais même plus à penser à quoi que ce soit. J'avais eu le garçon parfait mais je l'avais laissé filé. Cela allait être ma pire erreur.
Je pris le bracelet et le rangeai dans une poche avant de prendre le chemin du retour. Je marchais d'un pas lourd, la tête baissée pour ne pas tribucher mais à vrai dire cela me serait égal si je tribuchais. Il fallait que je dorme et oublie tout cela très vite. Repasser du temps avec ma soeur et ma tante et rattraper toutes les fois où je les avais négligé.
Les feuilles marrons étalées sur l'herbe défraîchie disparurent et je vis maintenant le goudron noir -qui devaient être gris en journée- sous mes pieds. Je relevai ainsi ma tête comprenant que j'arrivai sur la route.
J'arrêtai net mes pas découvrant Justin appuyé sur le capot de ma voiture, les mains dans les poches. Il souriait provoquant un sourire sur mes lèvres aussi.
Je croisai mes bras sur ma poitrine et fronçai les sourcils sans pour autant décrocher ce sourire sur mes lèvres.
- Après l'effort que tu viens de faire, je pouvais pas te laisser en plan comme ça, dit-il amusé.
Je m'approchai de lui pour arriver juste à quelques centimètres, en face de lui, avec la même position. Il m'avait attendu encore une fois ; il avait mis sa fierté de côté. L'amour rendait bien aveugle, je venais d'en avoir la preuve.
- Tu me surprendras toujours, souris-je.
- Je t'en veux pas.
- Si tu savais à quel point je me sens chanceuse de t'avoir Bieber.
- J'espère bien, sourit-il.
Je m'approchai encore un peu plus près et passai une main dans ses cheveux avant de la garder sur sa nuque. Il ferma un instant ses yeux à ce geste.
- Combien ? demandai-je.
- Deux milles.
Je secouai ma tête gardant mes yeux fixés sur les siens. Il était fou d'avoir payé deux milles dollars pour moi. Mais c'était certain que j'allais le rembourser. Je prendrais mes économies pour les Bahamas. Des économies que je n'avais pas mérité et si quelqu'un méritait cet argent, c'était bien lui.
- Et tes parents ? Ils le savent ?
- Ils ont même mis cinq cents dollars, répondit-il.
Je baissai les yeux. Ils ne me connaissaient quasiment pas mais ils n'avaient pas hésité à m'aider. C'était fou. La famille Bieber était folle.
- Vous êtes tous fous dans cette famille, souris-je.
- Surtout quand on aime, ajouta-t-il.
- Je t'aime Justin, murmurai-je.
Il se pencha vers moi et ses lèvres se posèrent sur les miennes. Je descendis ma main sur son torse et attrapa le revers de sa veste pour nous coller un peu plus. Il m'avait tellement manqué. Il le compris et ses lèvres s'ouvrirent un peu plus pour laisser passer sa langue.
Nos langues jouèrent entre elles, les papillons dans mon ventre n'avaient pas disparu. Je l'aimais même encore plus.
- Moi aussi, murmura-t-il entre mes lèvres.
- Moi aussi quoi ? souris-je.
- Je t'aime.
Nous sourîmes et ce long baiser langoureux reprit. Je n'étais définitivement jamais aussi bien qu'à ses côtés. Quand nous finîmes par n'avoir plus de souffle. Nous retournâmes chacun dans notre voiture pour retourner dans nos maisons respectives. J'étais contente que cela s'était arrangé et je ne ferais plus rien qui remettrait en péril notre relation.
...
Mon alarme sonna et je me levai. Même si ma tante m'avait proposé de prendre une journée de repos pour bien me reposer, je préfèrais retourner au lycée pour ne pas accumuler de retard sur les cours. J'appréhendais beaucoup cette journée parce que je n'avais aucune idée si mes camarades de classe ou même ceux qui partageaient le lycée étaient au courant de ce qui était arrivé à moi et à Noah. J'imaginais que oui mais j'espérais le contraire.
Je rejoignis ma soeur et ma tante qui étaient déjà levées et leur fis la bise avant de m'asseoir à table où on m'avait déjà préparé le petit déjeuner.
- Tu es sûre de vouloir y retourner aujourd'hui ? me demanda Érica.
- Oui. De toutes façons, je suis obligée d'y retourner tôt ou tard, répondis-je.
- Si c'est trop dur, tu peux repartir et je vais faire en sorte qu'on te change de lycée, ajouta-t-elle.
- Oh non, rétorquai-je, pas l'année où j'ai des examens.
- Ma foie Alison, tu l'as cherché.
- Bah je préfère autant subir les critiques des autres.
Il était hors de question que je change encore d'établissement. En plus, maintenant que j'avais Justin à mes côtés, je ne voulais pas m'éloigner de lui.
- C'est comme tu veux, conclu-t-elle.
- C'est vous qui avez refait ma chambre ? demandai-je.
- C'est Nevaeh, répondit Ella. Elle a insisté pour le faire.
J'aurais du m'en douter.
- Elle est toujours ici ? demandai-je.
- Oui, elle est à l'hôtel.
- Elle ne partira pas tant que vous n'aurez pas discuté tranquillement, dit la tante.
Je ne dis rien. Je savais bien qu'elle chercherait à me revoir. En tout cas, je la remerciais pour le beau travail qu'elle avait fait sur ma chambre même si je ne voulais plus l'avouer maintenant que je savais que c'était le sien.
De retour dans ma chambre, j'allais dans la cachette où tous les billets que j'avais volé étaient. Je pris la petite boîte où ils étaient enfermés et la posai sur mon bureau.
Je l'ouvris. Les billets étaient bien là. Je les pris et puis sans recompter le compte et sans regret, je les mis dans mon sac pour les donner à Justin quand je le verrais. Toutes ces sorties nocturnes et illégales avaient été enfin de compte pour les payer.
Je partis me préparer et quand je fus enfin prête, je quittai la maison. J'avais bien mis cette fois-ci le bracelet à mon poignet. Justin m'attendait devant dans sa voiture. Je rentrai dans cette dernière.
Nous nous embrassâmes puis il démarra la voiture.
- Tu penses qu'ils sont au courant ? demandai-je.
- Ça t'inquiète ?
- Je sais pas, j'ai pas envie qu'on me voit encore comme la méchante, expliquai-je.
- C'est déjà trop tard, Savannah a profité de ton absence pour raconter de la merde, c'est Cameron qui me l'a dit.
- Cameron le sait pour moi ? demandai-je.
- Je lui ai dis que t'avais du aller en Floride pour voir tes grands parents malades et il m'a cru.
- Merci, souris-je.
J'ouvris mon sac qui était placé entre mes jambes et pris la liasse de billets. Justin tourna la tête vers moi avant de descendre ses yeux sur mes mains qui tenaient la liasse.
- C'est quoi ça ? demanda-t-il confus.
- C'est pour toi.
Il se reconcentra sur la route, fronçant les sourcils.
- Pourquoi ?
- Parce que tu as payé ma caution.
- Ali...
- Justin, tu es obligé de prendre cet argent, dis-je d'un ton autoritaire.
- J'ai payé la caution parce que j'en avais envie.
- Et je te rembourse parce que j'en ai envie, rétorquai-je en souriant.
Il serra sa mâchoire.
- Justin, prends les. Fais en ce que tu veux mais prends les au moins, insistai-je.
- Bon d'accord... souffla-t-il.
Il ôta sa main droite du volant et prit la liasse sans quitter ses yeux de la route. Ensuite il ouvrit un tiroir sous son siège et la mise à l'intérieur.
- Et les Bahamas ?
- J'ai abandonné l'idée, j'ai été trop naïve de croire que ça allait marcher, ris-je. Les Bahamas s'il te plaît, Hawaï aussi t'en que j'y suis.
Justin rit avec moi. On m'avait prévenu que je n'y arriverais pas et je n'avais pas voulu écouté. Dès à présent j'en étais consciente. Je n'étais cependant pas triste à propos de cela parce qu'au final c'était Justin qui avait changé mon quotidien.
- Je comprends toujours pas pourquoi tu m'as rien dit pour Noah et ses amis, dit Justin.
- On ne se parlait pas et...
- Putain Ali j'avais oublié à quel point tu étais débile, me coupa-t-il en riant.
- Justin... Je voulais régler ça toute seule et je sais que tu vas me dire "et bah voilà ce que ça donne quand tu règles tes problèmes toute seule" l'imitai-je mais je t'emmerde Bieber, ris-je.
- J'ai plus rien à ajouter alors, rit-il.
Nous pouvions rire de cela parce qu'il n'y avait pas eu de dégâts mais cela n'aurait pas été là même chose si j'avais du aller en prison... Mais alors pas du tout !
- C'est toi qui as demandé à voir David ? me demanda-t-il.
- Non on m'a emmené de force. Je ne voulais pas y aller moi.
Il me regarda étonné quelques secondes.
- Tu ne voulais pas ?
- Et oui, j'avais la trouille, répondis-je.
- Et comment ça s'est passé ?
- Au début il voulait que je me dénonce et j'étais d'accord pour ça puis il s'est mis soudainement à dire que c'était de sa faute. J'ai pas compris.
Justin grimaça.
- Et du coup il voulait finalement que je ne dise rien alors je n'ai rien dit, finis-je. C'était très bizarre.
- Tu étais quand même contente de l'avoir revu ?
- J'étais contente de l'avoir redécouvert. Il a changé.
Justin ne dit rien. Je savais qu'il aurait aimé que je ne sois pas allée le voir. Mais je n'avais pas eu le choix.
- On est quitte, c'est ce qu'il a dit, ajoutai-je.
- C'est bien.
- Justin, j'ai rien ressenti quand je l'ai vu. C'est toi que j'aime.
- T'inquiète pas, je sais bien.
Je posai une main sur sa cuisse et il me sourit. Nous nous rapprochâmes du lycée et je commençais à être nerveuse. J'avais l'impression de revivre cette expérience une deuxième fois sauf que cette fois-ci je sortais de trois jours de détention.
Justin gara la voiture au parking. Je voyais tous ces adolescents aller et venir du parking. C'était stressant. Justin coupa le contact et me jeta un coup d'oeil avant de sortir de la voiture. Je sortis à mon tour avec mon sac à la main.
J'étais devenue une fille dont tout le monde parlait alors qu'avant j'étais celle qu'on ne remarquait même pas.
...
Note : Pour celles qui veulent mon twitter, c'est @Christel_Emma :) je répondrai à tout le monde. Et merci encore pour tout ! Bisous xx