Ennemis jurés TOME 1 Suspicion

By AdelaRune

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Dans la France de 2063, où les citoyens ont le choix entre suivre les traditions ou être déchus de leur natio... More

Citation
Grande loi de ségrégation du 24 août 2043
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2. Mater Dixit - partie 2
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5. Intra-muros - partie 2
5. Intra-muros - partie 3
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6. Oratio aurea - partie 2
6. Oratio aurea - partie 3
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7. Opus est sanitas - partie 2
7. Opus est sanitas - partie 3
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8. Memoria iter - partie 2
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9. Somnus in eo - partie 2
10. Purpura - partie 1
10. Purpura - partie 2
10. Purpura - partie 3
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11. Cenam vestram fruimini - partie 3
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12. Manducare vel mori - partie 2
12. Manducare vel mori - partie 3
13. Accuso - partie 1
13. Accuso - partie 2
13. Accuso - partie 3
14. Ad infirmariam - partie 1
14. Ad infirmariam - partie 2
14. Ad infirmariam - partie 3
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15. Mundare - partie 2
16. Amor Fati - partie 1
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16. Amor fati - partie 3
17. Deductio - partie 1
17. Deductio - partie 2
18. Vox populi - partie 1
18. Vox populi - partie 2
18. Vox populi - partie 3
19. Reus - partie 1
19. Reus - partie 2
19. Reus - partie 3
20. Orare
21. Supplicium
22. In fine

9. Somnus in eo - partie 3

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By AdelaRune


Elle écarquilla les yeux. Son « toi », c'était elle ? Il parlait vraiment d'elle ?

Il avait dit ça avec un tel détachement, comme s'il confessait avoir oublié son parapluie à la maison parce qu'il croyait qu'il ferait beau temps.

— Quoi ? s'étonna-t-elle.

Il sembla se rendre compte tout d'un coup de l'énormité de sa révélation et du côté blessant que cela pouvait avoir. Quelqu'un de bien élevé s'excuserait, mais il préféra dire que c'était comme ça, qu'il fallait bien que ça tombe sur quelqu'un, qu'elle n'allait pas en faire tout un plat. En fait, c'était elle le problème.

— Bien sûr que j'en fais tout un plat. Qu'est-ce que je t'ai fait ? Pourquoi tu veux m'éliminer ?

Elle se mettait rarement en colère. Elle n'aimait pas ça. Normalement, elle préférait fuir les conflits plutôt que s'énerver. Il y a des personnes chez qui la colère donne un pouvoir. Les autoritaires. Les forts. Ils ont la colère noble. Chez elle, à cause de son physique inoffensif et de sa voix faible, cette émotion ne suscitait chez les autres que moquerie et pitié. Chaque fois qu'elle s'était énervée, elle en était ressortie couverte de honte et de ridicule. Pourtant, cette fois-ci, elle ne parvenait pas à se maîtriser.

— Tu ne m'as rien fait. Ce n'est pas par rapport à un truc que tu as fait.

— Donc, c'est par rapport à ce que je suis.

Elle parlait de son identité, de sa filiation, de son passé. Tout cela à la fois. Inutile de préciser. Son corps tout entier tremblait d'indignation.

— Et toi ? demanda-t-elle à Guillaume. Tu voulais aussi voter contre moi ?

— J'avais pas fait de choix. Et même si j'en avais fait un, je pense pas que je te le dirais comme ça.

— Et toi ?

Caro se désigna du doigt, ses sourcils s'affaissèrent comme ceux d'un golden retriever.

— N-Non.

Elle était persuadée qu'il s'agissait d'un non de politesse. Caro y avait pensé. Comme tous les autres, elle avait dû penser à l'éliminer. Tout ça à cause de...

— Écoutez ! Je vous jure que je ne suis pas pistonnée par ma mère. Je ne voulais même pas venir ici et je ne reçois pas d'aide de sa part.

— Si tu le dis.

Le ton de François puait l'ironie.

— De toute façon, maintenant, elle est dans notre équipe, remarqua Guillaume. Du coup, si sa mère nous aide, ça nous aide aussi, non ?

— Bof ! Si elle est vraiment favorisée, elle va trouver un moyen d'éliminer son ennemi juré au prochain procès. Ça ne nous fera pas perdre, mais bon, ça ne risque pas non plus de nous faire gagner. Elle sera juste partie avant nous, c'est tout.

Ou peut-être pas, songea Irène. Quelle ironie ! Le seul moyen de les convaincre de sa bonne foi était de perdre. Et le seul moyen de gagner était de les convaincre.

Un jour, elle se promenait sur un pont avec sa mère et elle lui avait raconté ce que les gens faisaient aux femmes soupçonnées de sorcellerie au moyen-âge. On les attachait, on les jetait du haut d'un pont et l'on attendait de voir ce qu'il se passait. Si elles se noyaient, elles étaient humaines et paix à leur âme. Si elles survivaient, le peuple considérait qu'elles avaient employé leur magie pour survivre. Donc on les brûlait sur le bûcher.

Elle avait l'impression de vivre la même chose.

— Il n-ne doit p-plus rester... balbutia Caro en tapotant son poignet nu.

— Oui, admit François. Le temps passe... Mais il reste encore une chose dont on n'a pas parlé. Pourquoi nous ne sommes que quatre ? S'ils avaient réuni tous les coupables et tous les innocents ensembles, ça devrait faire des groupes de cinq. Je suis pas doué en math, mais quand même.

— P-peut-être... E-Elliot. Il était à-à l'infirmerie.

Irène acquiesça comme si elle adhérait à cette proposition. En réalité, elle savait que leur nombre n'avait rien à voir avec cet incident, mais elle ne pouvait rien dire sans paraître suspecte. Elle avait bien fait de garder pour elle ses connaissances. Si elle les avait partagés avec eux, ils auraient tous pensé qu'elle les tenait de sa mère. Il était plus simple de penser que Mélanie Monteil lui passait des infos en douce plutôt que de croire qu'elle les avait trouvés dans un tiroir à chaussette quelque part dans son inconscient.

— Oui, dit Irène. Peut-être qu'Elliot est le cinquième de notre groupe. Il vaudrait mieux éviter de voter contre lui.

Elle avait dit cette dernière phrase sans l'avoir anticipée et s'était rendu compte en la prononçant qu'il s'agissait presque d'un souhait, un souhait inavoué. Voulait-elle protéger Elliot ? Pourquoi ?

— Dommage, commenta François. Virer un zonard doublé d'un pédé, ce serait bien rentabilisé.

Le sang dans le corps d'Irène fit un tour à l'envers. Où avait-il pêché l'idée qu'Elliot était homo ? Et quand bien même...

— C'est clair, ricana Guillaume. Mais il y a toujours l'autre zonarde. Celle qui fait toujours la gueule. La beurette. Elle a un balai dans le cul, elle.

Irène jeta un coup d'œil attristé à Caro. Partageait-elle son exaspération ? Elle semblait avoir pris une teinte plus rouge. Mais elle n'en était pas sûre, il faisait si sombre.

— Il y a peut-être un balai dedans, mais il n'est pas trop mal, je trouve, ricana François.

L'albinos avait un visage poupin, qui trancha radicalement avec l'expression lubrique qui s'y dépeint.

— Hé, intervint Irène, on peut revenir à ce qui nous intéresse. Pourquoi virer Fatiha ?

— Parce qu'elle vient de la zone, dit François sèchement comme s'il lui manquait une case.

— Et alors ? dit Irène.

L'albinos la regarda comme si elle était un alien.

— Heu... si j'ai le choix entre trahir une personne qui vit dans la zone et une personne de la ville traditionnelle, alors je préfère être patriote.

— Moi aussi, dit Guillaume.

— Et toi, Caro ? demanda Irène.

La grande fille parut surprise qu'on lui demande son avis.

— J-je ne sais pas.

Pas de soutien du côté de Caro donc.

— Mais réfléchissez un peu. Fatiha serait l'ennemi juré de qui ici ? Vous êtes déjà allé dans la zone, vous ?

Silence.

— Elle a dit qu'elle n'était jamais sortie de la zone, comment aurait-elle pu vous nuire ?

— Elle a peut-être menti, dit Guillaume.

— O-ou alors, elle a oublié. Elle ne se souvient p-peut-être pas être sortie. P-parce que c'est là q-qu'elle a commis son c-crime.

— Oui, peut-être... admit Irène. Mais il y a d'autres choix. Enzo et Jordan par exemple. Les avoir contre nous est un problème. Si les épreuves futures sont des épreuves physiques, on va souffrir.

— Ils vont nous massacrer, approuva François en observant ses partenaires avec une moue de dédain qui aurait vexé Irène si ça n'avait pas été exactement la réaction qu'elle espérait.

— Ça d-dépend. On sera p-plus de g-garçons q-qu'eux, si c'est Elliot qui nous re-re...

— Tu appelles ça un mec ? Il est grand mais plutôt maigre. Si on regarde pas la tête, c'est ton corps que j'aurais pris pour un mec et pas le sien.

Mal à l'aise qu'on évoque sa corpulence et son manque de féminité, Caro croisa les bras sur son ventre et baissa les yeux.

— I-ils ont aussi la p-petite dans le g-groupe.

Les entrailles d'Irène se tordirent en entendant ce prénom. Avec toutes ces révélations, elle avait oublié Iphigénie, oublié que son amie, sa seule alliée ici, n'était malheureusement pas là. Devrait-elle l'affronter ? Lutter pour l'éliminer ? Et si c'était elle, son ennemie ? Sa migraine reprit.

— Oui, elle risque de ne pas marquer de points, elle...

— Il y a Victoria aussi, dit Irène pour changer de sujet.

Elle n'avait vraiment pas envie d'entendre les préjugés de Guillaume et de François à propos de la petite. Elle avait déjà perdu son sang-froid une fois. Ça suffisait.

Elle n'eut pas le temps d'en dire davantage, l'ultrason de la mort retentit dans le hall. Ils se bouchèrent tous les oreilles en se plaignant.

« La demi-heure est écoulée. »

La voix synthétique parvenait à peine aux tympans d'Irène. Elle souleva une paume et constata avec soulagement que le signal sonore aigu était déjà éteint.

— Quoi déjà !? s'exclama Guillaume. On doit faire quoi ?

« Un compte à rebours va s'enclencher. À zéro, vous devrez vous trouver dans vos cellules. Si vous vous laissez enfermer à l'extérieur, un gardien viendra vous récupérer et vous emmènera en isolement. »

— C'est quoi l'isolement ? demanda Guillaume.

— Un placard, répondit François. Je te conseille d'obéir. Tu as déjà un sursis, n'oublies pas.

« 30, 29, 28 »

— J-j'y... j'y vais.

Caro s'éloigna sans demander son reste, mais François jaillit vers Irène et l'attrapa à deux mains. Surprise, elle sursauta. Il n'était pas beaucoup plus bien grand qu'elle, mais sa poigne était surprenante.

— Qu'est-ce que...

— Bon ! Y'a deux votes contre Fatiha et une abstention. Si t'es réglo, tu te rangeras à la majorité et tu nous aideras à éliminer la zonarde.

Il planta son regard sans couleur dans le sien. Il savait être menaçant, mais à côté de la mère d'Irène, il n'était pas plus effrayant qu'un chaton. Hors de question qu'elle lui fasse le plaisir de céder à son petit jeu d'intimidation.

— On en reparle la nuit prochaine.

« 20, 19, 18 »

Caro avait déjà disparu. Il n'y avait plus que Guillaume pour observer leur échange, comme qui dirait... tendu.

— Y'a pas besoin d'en reparler ! Rien à discuter ! Tu la protèges ou quoi ?

— Non, mais c'est une mauvaise stratégie pour notre groupe. Il faut qu'on élimine les forts et les leaders. Qu'on les divise.

— Bon... tu me les brises, là !

« 11, 10, 9 »

— Lâche-moi où je hurle que c'est une agression, menaça-t-elle, le cœur battant douloureusement dans sa poitrine.

Il sourit. Un sourire arrogant qui semblait vouloir dire qu'elle gagnait une bataille, mais qu'elle n'avait pas remporté la guerre. Il lâcha Irène et recula lentement. Le compte à rebours se faisait de plus en plus menaçant, mais pas autant que l'albinos.

— Réfléchis bien, ma belle. On pourrait changer d'avis et vouloir voter contre quelqu'un de plus jeune.

Il fit un pas de côté pour gagner l'intérieur de sa cellule. Irène se figea. Il avait vraiment dit ça. Elle revint au présent quand le décompte prit fin et que le signal aigu reprit. Elle s'élança en avant et franchit le seuil de sa cellule, juste avant que la porte ne se referme.


fin du chapitre 9

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