De son côté, Émilie ne pleurait plus. Elle souriait. Elle avait décidé de jouer avec Aaron.
Son plan était simple : engourdir la vigilance d'Aaron jusqu'à ce qu'il ne se méfie plus du fait qu'elle sorte. Mais pour cela, il fallait patienter plusieurs nuits. Et est-ce qu'elle tiendrait plusieurs nuits, alors qu'elle savait Taylor en mauvais état ?
Elle se doutait déjà fort de la réponse.
Et c'est pour ça qu'elle retourna dans la chambre où elle put constater qu'Aaron n'avait pas bougé.
S'il était toujours plongé dans un tel sommeil profond, ça allait lui faciliter la tâche...
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Le matin arriva, baignant Émilie de sa douce lumière.
Quelle fut sa surprise en constatant qu'Aaron n'était plus là !
Elle se leva, prit une douche et descendit en bas.
L'image de Taylor meurtri envahissait toujours son esprit et Émilie voulait à tout prix le rejoindre dans sa douleur. Elle ne voulait plus adresser la parole au monstre qui lui servait d'âme-sœur. Plus au risque de souffrir encore plus. Elle ignora donc royalement le Roi qui semblait la dévorer du regard. Pourquoi avait-elle mis une robe déjà ?
Émilie passa sa journée avec Inès, Damien, Tristan et Élijah. Ceux-ci lui racontèrent leur enfance, et la jeune fille apprit avec stupeur qu'ils étaient frères.
-Mais... vous ne vous ressemblez pas du tout ! s'indigna-t-elle.
Puis elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire.
-Désolée, ce n'est pas ce que je voulais dire...
-Ne t'inquiète pas, rit Élijah. On est habitué.
Tristan dévisagea alors Émilie, qui se retourna. Aaron se tenait dans l'embrasure de la porte, les bras croisés.
Par réflexe, Émilie bloqua ses pensées et se reconcentra sur les deux frères, ignorant le feu qui la consumait toute entière. C'était quoi ce caprice de son corps, encore ?!
-Alors, racontez-moi ! Lequel est l'aîné ? fit-elle en s'asseyant sur une chaise de la cuisine, son regard rivé dans celui, hésitant, du Bêta.
-Je suis né avant, fit Tristan. Mes parents étaient amoureux l'un de l'autre, sauf que...
Émilie sentit non de la tristesse dans son regard, mais de la peur.
-Tristan ?
-Ne finis pas ta phrase, ordonna Aaron à Tristan.
Celui-ci baissa la tête et posa ses yeux sur ses mains, éprouvant un intérêt soudain à les examiner de près.
La jeune fille ne jeta même pas un regard noir à l'Alpha, qui serra les poings. Plus elle l'ignorait, plus il sentait ce feu ravageur au fond de lui. Un feu de désir dont les flammes ardentes se mêlaient aux flammes destructrices d'un feu de colère.
Il la vit poser sa main sur l'épaule de son Bêta, et la veine de sa mâchoire ressortit, montrant ainsi sa frustration infinie.
-Émilie, ne le touche pas.
Elle fit comme si elle n'avait rien entendu, alors que les autres personnes présentes frissonnaient.
-Je t'ai demandé de ne pas le toucher.
Émilie serra les doigts de Tristan entre les siens, d'un geste consolateur, car le Bêta était contraint d'obéir.
-Je suis désolée pour ce qu'ils leur aient arrivé, fit-elle doucement, un sourire triste aux lèvres. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je suis tout de même désolée.
-Je ne regrette pas ce qu'il s'est passé, car j'ai eu un frère après, Élijah, et j'étais très heureux.
Émilie serra un peu plus les doigts de Tristan, curieuse, le regard posé sur son interlocuteur.
Aaron sentit sa rage accroître en lui. Il voulait tuer son Bêta. Pourquoi ? Parce que Tristan avait eu droit à un toucher volontaire, à des mots tendres, à des regards doux de sa part. Et lui ? Rien.
-Lâche-le tout de suite, Émilie, fit-il en s'approchant, sinon ton peuple en subira les conséquences.
Il la vit frissonner, mais elle n'obéit toujours pas.
-Sinon, c'est Taylor qui en subira les conséquences !
Là, la Princesse se retourna, furibonde, interrompant tout contact avec Tristan.
-Taylor qui en subira les conséquences ?! Tu te moques de moi ?
Il la regarda, indécis.
-Alors qu'il est déjà amoché comme s'il avait glissé d'une falaise ? Alors qu'il est seul, dans un cachot dans le noir ? Alors que son sang goutte sur le sol ? Tu te fous de moi ?
Et elle le bouscula pour passer.
-ÉMILIE, REVIENS ICI TOUT DE SUITE !
-Va te faire voir.
Et elle grimpa tout en haut, en fermant la porte à clé. Porte qui fut fracassée en morceaux par un Alpha en colère.
Leurs regards à tous les deux se rencontrèrent, entachés d'une même lueur de rage et il la fit reculer jusqu'au mur pour ensuite l'y coincer.
-Comment est-ce que tu le sais ?!
Elle ne remua pas ses lèvres.
-JE T'AI DEMANDÉ COMMENT TU LE SAVAIS !
Elle ferma les yeux, prête à encaisser les coups. Aaron ne devait pas découvrir son don.
Ce dernier sentit une once de culpabilité le secouer en la voyant ainsi anticiper un coup de sa part. Alors, il souffla en choisissant de laisser tomber ce point.
-Ce soir, tu dîneras avec moi. Nous aurons deux invités. Fais-toi belle.
-Et si je ne veux pas ?
-Tu n'as pas le choix, beauté. Tu es ma Reine après tout.
-Je ne le suis et ne le serai jamais.
Il se mit à rire machiavéliquement et enroula une mèche autour de ses doigts.
-C'est beau de te voir résister, alors que tout est contre toi.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? soupira-t-elle, comme étouffée par leur proximité.
-Tu ne peux imaginer à quel point je te veux quand tu cherches à me résister...
Il embrassa ses cheveux.
-... alors que ton corps me dit le contraire, ...
Il posa ses mains sur l'extérieur de sa cuisse nue.
-... alors que tes gémissements m'excitent, ...
Un soupir tremblant quitta les lèvres de son âme-soeur.
-... alors que tes lèvres ne demandent qu'à être embrassées...
Il se pencha vers elle, doucement, mais elle le repoussa désespérément.
-Seul Taylor peut m'embrasser, souffla-t-elle pour échapper à ce feu en elle qui la torturait.
Les yeux baissés sur le sol, elle sentit Aaron trembler.
-PUT*IN ! TU ES À MOI, ÉMILIE ! IL NE TE TOUCHERA PLUS JAMAIS ! IL MOURRA ! EST-CE QUE TU M'AS COMPRIS ?
Elle trembla de terreur en se collant un peu plus contre le mur.
-POURQUOI EST-CE QUE JE DOIS SUBIR UN TEL CHANTAGE ALORS QUE TU SAIS QUE TU N'EN AS PAS BESOIN ?!
Il prit furieusement sa mâchoire entre ses doigts.
-Pourquoi ? murmura-t-elle, tentant d'ignorer la douleur qui grandissait au-dessus de sa gorge. Pourquoi je dois subir ça, alors que tu n'en as pas besoin pour me séquestrer ici ?
Il la serra un peu plus contre le mur, limitant ses chances de respirer correctement. Émilie entrouvrit ses yeux malgré la douleur flagrante.
-Parce que je me délecte te voir souffrir, Émilie, en sachant que tu ne pourras quand même plus me résister encore longtemps...
Elle se mit à sourire, tandis qu'Elijah débarquait, affolé.
-AARON ! LÂCHE-LA TOUT DE SUITE ! TU VAS LA TUER !
Il la laissa tomber le long du mur, et elle put se concentrer pour apaiser sa respiration saccadée.
Mais, elle se mit à rire et ils la regardèrent tous les deux, surpris.
-Me tuer ? fit-elle en se relevant difficilement et en souriant. Il m'a déjà tuée. Comme il a tué tout ce qui a croisé son chemin. Sauf qu'il a épargné mon esprit pour que je souffre encore et encore.
Elle affronta doucement les yeux noirs qui lui faisaient face.
-Il a tué ce que j'avais de plus cher. Ça.
Et elle posa sa main sur son cœur.
-Il a tué ma raison de vivre, il a tué mon moral, et je vais te dire un truc, animal : je n'ai jamais autant rêvé de voir quelqu'un mourir à son tour...
Tout se passa en quelques secondes : d'un coup furieux, Aaron la projeta contre un mur et sous l'intensité du choc, elle sentit sa tête heurtée de plein fouet, et s'effondra sous leurs yeux, inerte.
Voilà pour ce chapitre ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez en commentaires ! Place au 25ème chapitre !