Les saints amants de la lune

Oleh spoonieenbycat

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Dans le petit village auvergnat de Saint-Amand, un drôle de hurlement sort Saule, dix ans de son lit. Très vi... Lebih Banyak

Avant de commencer la lecture
Chapitre 1 : une étrange disparition :
Chapitre 3 : si Claude était là, et bien Claude est là :
Chapitre 4 : En attendant le message de maman :
Chapitre 5 : promenons nous dans les bois :
Chapitre 6 :..en espérant que le loup n'y soit pas :
Chapitre 7 : Une opportunité qui tombe à plat :
Chapitre 8 : Bizarre autant qu'étrange :
Chapitre 9 : tout est mal qui ne finit pas :
Chapitre 10 : l'histoire de Claude :
Chapitre 11: Le calme après la tempête
Chapitre 12 : dans la peau d'Arsène Lupin :
Chapitre 13 : Joseph, y es-tu ?
Chapitre 14 : La véritable histoire:
Chapitre 15: une vieille amitié
Chapitre 16 : le loup dans la bergerie :
Chapitre 17 : deux conversations et une impasse :
Chapitre 18 : Une soirée chez le vieux Jean :
Chapitre 19 : L'histoire de Jean :
Chapitre 20 : lycanthropie et disparitions :
Chapitre 21 : Les bois :
Chapitre 22 : ...Claude ?
Chapitre 23: Ah si seulement le loup avait été là...Et bien...il est là :
Epilogue

Chapitre 2 : rien qui ne concerne des enfants:

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Oleh spoonieenbycat



«Monde, chocolat ? »

Le vieux Jean signait lentement, les mains un peu confuses comme si ces énormes battoirs protestaient d'être utilisée pour une tâche aussi minutieuse. Pourtant la fillette les avait déjà vu réparer une multitudes de petites choses, demandant bien plus d'adresse que son prénom et le mot chocolat.

Mais elle n'en voulait pas au vieil homme, apprendre quelque chose de nouveau, c'était compliquée, elle le savait car tandis que lui apprenait à signer elle, elle apprenait à imiter le chant des oiseaux.

C'était le contrat qu'elle avait proposé au vieux Jean durant l'été après l'avoir entendu siffler aussi bien qu'un rossignol, et il avait accepté.

«Et toi Saule ? Saule ? »

Monde pointa du doigt la fenêtre par laquelle on voyait la forêt, et surtout son frère à quatre pattes dans l'herbe, et elle haussa les épaules, le langage universelle pour signifier qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien faire dehors. Sans doute encore entrain de ramasser de l'herbe, ou bien une des dernières fleurs. Ou peut être une jolie plume pour elle, ça lui arrivait souvent à Saule de lui offrir ce genre de petits cadeaux.

Elle regarda le vieil homme se diriger d'un pas lourd vers la fenêtre.

Il était bâti comme un ours, mais un ours qui aurait soulevé de la fonte durant des mois, avec des épaules tellement carrés que la fillette aurait pu tenir assise sur l'une d'elle sans soucis. Tout semblait être carré chez lui, son nez, son menton, ses grosses mains et même ses jambes. Les carreaux de sa chemise de flanelle rappelait aussi cette forme, tout comme les poches de son pantalon.

«Hé gamin, chocolat ?

-Chocolat ! Approuva Saule.

-Bon. Chocolat alors, marmonna le vieux. »

Et il se dirigea toujours de son pas bruyant vers la vieille gazinière sur laquelle il plaça une casserole avant de verser dedans du lait venant d'une bouteille en verre. Il alluma le feu dessous, cassa quelques carrés de chocolats, les plongea dans le lait et commença à touiller.

Quelque part dans la maison, une porte claqua, sans doute le garçon qui revenait.

Et effectivement il débarqua dans la cuisine une feuille flamboyante à la main et une pomme de pin dans l'autre.

«Poses ça sur la table, laves toi les mains, marmonna l'adulte avant d'enchaîner, Dites moi votre maman, elle avait l'air pressée.

-Un soucis de touriste, répondit Saule.

-C'est faux, contredis Monde, Elle a dit qu'elle aurait bien aimé que ça soit ça. Alors ce n'est pas ça.

-Alors c'est sans doute ma voiture, répliqua son jumeau. »

Le vieux Jean se crispa un peu sur la cuillère, sans doute parce que lait commençait à bouillir et qu'il fallait faire vite avant que ça ne déborde, ou alors parce que toutes ces histoires de touristes et de voiture le perdait un peu, surtout qu'il ne comprenait presque rien de ce que Monde signait.

«Plus doucement les gosses. Des touristes ça me paraît un peu étrange, nous sommes en novembre, personne ne vient se fourrer ici en novembre. Et ta voiture Saule, quelle voiture ? Essaya t-il d'éclaircir en versant le liquide brûlant dans deux récipients. »

Le garçon s'assit à la table, les mains encore un peu humide, et les posas de suite autour de sa tasse avant de grimacer. C'était beaucoup trop chaud. Monde elle avait posé son menton au dessus de la tasse, appréciant la vapeur montant sur son visage.

«J'ai vu une voiture hier. La nuit. Et elle a disparue.

-On a aussi vu un ours.

-Un loup.

-Un. Ours.

-Non ! U... »

Le bruit de la casserole tombant sur le sol ininterrompu la dispute et les jumeaux tournèrent un regard interloqué vers l'adulte qui avait l'air un peu plus pâle que d'habitude mais se repris très vite.

«Vous inquiétez pas les jeunes. Je me suis brûlé, rien de vilain. Vous disiez, un ours ou un loup ? Les deux me paraissent improbables, vous avez sans doute vu un cerf, ils sont immenses et impressionnant, plus que les loups ou les ours. »

Il continua sa petite explication sur le sujet en rinçant sa casserole avant de sortir du pain qu'il découpa et enfourna dans le grille pain. Les jumeaux avaient déjà petit-déjeuner mais quand on est enfant, on ne dit jamais non à un repas supplémentaire, surtout sucré.

Monde écoutait le vieil homme parler et du reconnaître que en effet, un cerf c'était tout de même plus raisonnable, et puis maman aussi en avait parlé et tout le monde savait que maman et le vieux Jean était les deux personnes qui connaissaient le mieux la forêt ici.

Saule lui était renfrogné, il ne croyait pas un mot de ce qui lui était raconté, il était peut être miro, mais il avait vu un loup, il avait entendu un loup, et puis zut, les adultes ne l'écoutaient jamais de toute manière alors autant parler d'autres choses.

«Et ma voiture alors ? Elle roulait à l'entrée du village et pouf disparu. Et ce matin maman qui court partout. Moi je dis, c'est en lien avec ma voiture.

-En effet, c'est plus probable. La nuit les lumières peuvent nous paraître plus proche, elle a peut être fait une sortie de route avant Saint-Amand, malheureusement ça ne serait pas la première fois. On a déjà eut des accidents de ce genre, les malheureux encore en vie essayaient tant bien que mal de remontrer la pente menant à la route mais certains n'y arrivant pas finissaient par tenter leurs chances par les bois et....

-Et maman les retrouvait, termina Monde en laissant son visage planer au dessus de sa tasse, appréciant de voir ses lunettes se couvrir de buée.

-Et maman les retrouvait, expliqua Saule à l'oral, voyant l'air un peu perdu du vieux Jean.

-....oui. Le plus souvent. »

La fillette hocha la tête, approbatrice.

Encore un mystère de résolue alors.

Mais elle voyait à la tête de son frère que l'histoire ne lui plaisait qu'à moitié, sans doute à cause de ce loup qui était devenu un ours avant de devenir un cerf. Elle pouvait le comprendre, un mystère qui devenait aussi horriblement banal il y avait de quoi être déçu.

Le second petit déjeuné se poursuivit en silence jusqu'à ce que la sonnerie du téléphone ne le brise. Le vieux Jean s'excusa et quitta la pièce avant de décrocher, de s'excuser à nouveau, sans doute à la personne au bout du fil, et de fermer la porte d'entrée.

«Monde, c'était pas un cerf.

-C'était pas un loup non plus.

-Alors disons un ours !

-Tu disais que c'était pas un ours.

-Oui mais je dis aussi que c'est drôlement plus un ours qu'un cerf.

-Et tu veux qu'on y fasse quoi ? »

Le garçon baissa les yeux.

C'était vrai ça.

En fait ce n'était pas très important de savoir ce que c'était, au fond c'était juste un animal, de passage dans le village comme sans doute beaucoup d'animaux chaque nuit. Mais celui ci il l'avait guetté si longtemps, et puis il avait été si énorme, avec sa gueule tenant, il ne savait quoi. Un monstre comme ceux présent dans ses livres, et penser que cela pouvait juste être un bête cerf ? Non c'était trop décevant.

«Si tu veux on peut insister auprès de maman. Peut être qu'elle verra des traces en forêt, tu sais les ours ont des griffoirs il paraît, tenta de le consoler Monde, et ça marcha un peu. »

Saule opina de la tête un peu penaud et avala le reste de son chocolat tandis que la porte s'ouvrait sur le vieux Jean, l'air un peu paniqué.

«Bon désolé les gosses, mais je dois vous amener au café. Prenez vos manteaux, vos chaussures, on y va.

-Et maman ? Demanda Monde.

-....c'est elle qui m'a appelé, répondit-il après un instant de latence, sans doute pour comprendre ce que signait la fillette. »

Cette dernière échangea un regard avec son frère, et elle vit qu'il comprenait aussi que ça devait être une affaire sérieuse. On faisait appelle à lui quand des gens étaient perdus, mais bien perdu, car il connaissait les bois et les montagnes comme sa poche. Aussi bien que maman, et terriblement mieux que les gendarmes.

«Il se passe quoi ? Questionna Saule.

-Rien qui concerne des enfants. Allé dépêchez-vous, votre papa vous attends. »

***

A peine une dizaine de minutes plus tard les deux jumeaux furent déposer au café où papa leur proposa leur troisième petit déjeuné de la journée, qu'ils refusèrent, leurs estomacs étaient tendus à craquer.

Ils regardèrent leur père et le vieux Jean échanger quelques paroles, trop loin de leurs oreilles pour qu'ils puissent en saisir quoi que ce soit, et vieil homme quitta le commerce, le laissant non pas vides mais bondés.

Après tout on était un jour férié et le café était le meilleur endroit où retrouver des copains. Surtout celui de papa qui était chaleureux avec la véritable cheminée en pierre dans laquelle brûlait, de novembre à mars, des belles flambées, et le petit coin bibliothèque sans oublier le billard et le chat qui avait un jour vécu dans leur maison, mais qui aujourd'hui ne vivait plus que dans le café.

C'était un chat très indépendant.

«Bon les poussins, ya du monde du coup vous pouvez vous asseoir dans un coin d'accord ? Saule j'ai trouvé chez un bouquiniste hier un nouveau livre sur les plantes, avec des belles illustrations, et tiens, ton casque. Monde je crois qu'il me reste des coloriages sur les oiseaux d'accord ?

-Pas de soucis papa, mais il se passe quoi avec maman ? Hasarda Saule en attrapant son casque anti-bruit vert qu'il laissait toujours sur place car il l'oubliait sans cesse à la maison.

-Et le vieux Jean, on l'appelle pas pour rien, renchérit Monde. »

Papa détourna un peu le regard et se plongea dans la contemplation d'une tâche sur le comptoir avant de l'astiquer avec passion. Finalement il répondit du bout des lèvres que ce n'était rien qui concernait les enfants et les jumeaux grincèrent des dents, les adultes n'avaient qu'un mot à la bouche aujourd'hui ou quoi ?

Mais que pouvaient-ils bien y faire ?

Pas grand-chose surtout que papa était sans doute le moins bien informé des trois adultes, il ne leur restait alors plus qu'à s'asseoir et attendre. Saule se plongea dans la lecture de son livre, montrant de temps à autres une illustration à Monde tandis qu'elle, après avoir soigneusement trié ses crayons, c'était lancé dans le coloriage d'une famille de canard.

La journée aurait facilement pu s'écouler comme ça, avec papa courant en tout sens pour satisfaire tous les clients et prenant toujours le temps de glisser un mot sympathique aux habitués, c'est à dire chacun d'entre eux, et eux vivotant dans leurs coins, mais moins d'une heure plus tard deux hommes en uniforme de gendarme passèrent la porte.

Monde les repéra aussitôt et les passa au crible de sa super vision, qui n'était qu'une vision normale mais qu'elle entraînait à percevoir chaque détail, exactement comme Sherlock Holmes. Là par exemple elle était en capacité de dire que c'était des gendarmes, mais ce n'était pas très impressionnant, mais aussi que c'était sans aucun doute des gendarmes qui travaillaient avec maman, et ça elle le savait comment ? Tout simplement parce qu'ils glissèrent à papa qu'ils venaient de la part de sa femme.

Ce n'était pas aussi glorieux que déduire ça d'un seul coup d'œil grâce à un cheveu sur leurs vestes qu'elle aurait identifié comme étant un cheveux de maman mais c'était déjà fichtrement bien. Sans un bruit la fillette se leva et posa son doigt devant sa bouche au moment même où Saule ouvrait la sienne avant de lui signer de se taire, si jamais ce n'était pas assez clair.

«Ils parlent avec papa, indiqua t-elle en pointant les gendarmes.

-Ils commandent sans doute, répondit son jumeau en signant.

-Peut être. Ou peut être qu'ils parlent de l'affaire de maman.

-On entends rien de toute façon. »

Saule n'avait pas tort.

Mais ce n'était pas vraiment un soucis.

Rapidement Monde enleva ses chaussures, car tout le monde savait qu'on était bien plus discret en chaussette et, en se glissant entre les tables à petits pas, se rapprocha du comptoir.

«....mbon si vous avez. Et avec ça une dizaine de café. »

La déception l'envahi et elle signa à son frère, à l'autre bout de la pièce, qu'il avait eut raison. Ils ne faisaient que commander, rien de bien passionnant. Mais alors qu'elle s'apprêtait à faire demi-tour, elle entendit du coin de l'oreille :

«Et le bébé ? Vous ne l'avez toujours pas.... ?

-Malheureusement non, répondit le premier gendarme.

-Mais on a des pistes sérieuses, poursuivi le second. »

Un bébé ?

Monde attendit quelques instants mais les trois adultes semblaient en avoir fini avec cette conversation et étaient reparti sur la composition de la commande et des détails inintéressants comme la présence ou non de lait dans le café alors la fillette retourna vers son frère.

Elle lui résuma la situation en replaçant un crayon mal placé et le vit froncer les sourcils.

«Un bébé ?

-Oui.

-Il a pas pu partir tout seul, murmura t-il.

-Pour ça que maman est aussi en panique, et le vieux Jean aussi. »

Saule acquiesça avant de retourner à son livre.

Malheureusement il ne pouvait pas y faire grand-chose mais ça expliquait sans doute ce qu'il avait vu la nuit dernière, enfin, en partie. Une voiture avait du sortir de la route comme le vieux Jean l'avait dit et après...après un bébé avait disparu.

Ça c'était plus étonnant et difficilement explicable.

Il regarda Monde occupée à ajouter le plus de détails possibles sur sa famille de canard quand un souvenir le frappa. Il s'étrangla un peu avant de réfléchir et de signer doucement :

«Monde, le loup.

-L'ours.

-D'accord. L'ours. Il a prit le bébé. »


***

Un loup...enfin un ours, voleur de bébé? 

En voilà une chose étrange...

J'espère que vous avez aimé et que l'envie d'en savoir plus sur ces mystérieux événements vous titillent!

On se retrouve dans une semaine pour découvrir mon personnage favoris avec le chapitre 3: si Claude était là, et bien, Claude est là!

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