Chapitre 21 : Les bois :

22 5 18
                                    



« Monde, c'est une mauvaise idée ! Signa Saule, mais sa sœur ne le regardait pas. »

Elle était occupée à examiner le sol, et les empreintes de pas qui s'y trouvaient ne pouvaient en aucun cas être confondu avec celles d'un renard. C'étaient indubitablement des traces humaines, laissées par des très grandes chaussures, du genre que portait le vieux Jean. Mais, si on regardait attentivement à l'intérieur d'elles, on pouvait distinguer comme une seconde emprunte, comme si un pied plus petit était venu se poser au même endroit après.

Très fière de sa déduction exemplaire, Monde se releva et expliqua brièvement ses déductions à son frère :

« Le vieux Jean est parti en forêt et Claude l'a suivi. Elle a marché dans ses traces, mais si on regarde bien on peut aussi voir les siennes.

-Comment tu peux être sûre qu'ils ne sont pas partis ensemble ?

-Claude ne nous aurait jamais laissé ! Répondit la fillette, agacée.

-Dans tous les cas elle l'a fait. Et on devrait rentrer. S'il te plaît... »

La voix de Saule se fit suppliante et il hésita à rappeler la règle d'or de maman, quand on est perdu, on ne bouge pas et on attend les secours. Pour éviter de se perdre encore plus et de se mettre dans une situation encore plus dangereuse.

Bon, ici, ce n'était pas vraiment eux qui étaient perdus, mais s'ils rentraient dans la forêt, alors ça allait être le cas, et alors quoi ? Le vieux Jean serait perdu. Claude serait perdu. Ils seraient perdus. Tout le monde serait perdu et tout serait mille fois pire. Alors le mieux était de rentrer dans la maison et d'attendre.

Il essaya d'expliquer son raisonnement à sa sœur qui hocha négativement la tête.

« On peut pas les laisser tout seuls. Imagine le loup-garou, ou le je ne sais pas quoi les trouves.

-Et alors ? Tu feras quoi ? C'est pas comme si tu avais un fusil ou un couteau. T'as juste une lampe Monde, tu ne vas pas assommer une bête grosse comme un poney avec une lampe c'est stupide !

-C'est toi qui es stupide ! On n'abandonne pas les gens ! Et puis s'il y a des traces c'est pour qu'on les suive ! C'est comme ça que ça se passe dans...

-On est pas dans un roman policier Monde. Ni dans une série ou une BD ou une histoire ! Moi je rentre. »

Saule tourna les talons et braqua sa propre lampe devant lui pour éclairer le chemin d'empruntes qui le mènerait jusqu'à la maison. Jusqu'à la moitié du chemin il était convaincu qu'il allait bientôt sentir la main de sa sœur sur son épaule, et qu'en se retournant il la verrait signer des excuses. Mais alors qu'il se rapprochait dangereusement de la porte, il n'en fut plus si certain, alors le garçon se retourna et aussitôt le prénom de sa jumelle s'échappa de ses lèvres :

« MONDE NON ! »

Elle était déjà tellement enfoncée dans les bois, qu'il ne voyait d'elle que la faible lueur de sa lampe. Alors, il prit ses jambes à son cou et traversa le jardin aussi vite qu'un lapin poursuivi par un renard. Il la rattrapa et saisit son poignet pour la tirer en arrière.

« MONDE STOP.

-Laisses moi ! Je te dis que j'y vais ! Rétorqua sa sœur en dégageant son poignet d'un geste brusque

-Et moi je te dis que non !

-Claude ne nous aurait jamais laissé sauf si quelque chose de grave était arrivé.

-JUSTEMENT ! Si c'est grave alors on doit rester à la maison !

-Trouillard !

-Moi au moins je ne suis pas stupide ! »

Les saints amants de la luneحيث تعيش القصص. اكتشف الآن