Chapitre 2 : rien qui ne concerne des enfants:

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«Monde, chocolat ? »

Le vieux Jean signait lentement, les mains un peu confuses comme si ces énormes battoirs protestaient d'être utilisée pour une tâche aussi minutieuse. Pourtant la fillette les avait déjà vu réparer une multitudes de petites choses, demandant bien plus d'adresse que son prénom et le mot chocolat.

Mais elle n'en voulait pas au vieil homme, apprendre quelque chose de nouveau, c'était compliquée, elle le savait car tandis que lui apprenait à signer elle, elle apprenait à imiter le chant des oiseaux.

C'était le contrat qu'elle avait proposé au vieux Jean durant l'été après l'avoir entendu siffler aussi bien qu'un rossignol, et il avait accepté.

«Et toi Saule ? Saule ? »

Monde pointa du doigt la fenêtre par laquelle on voyait la forêt, et surtout son frère à quatre pattes dans l'herbe, et elle haussa les épaules, le langage universelle pour signifier qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien faire dehors. Sans doute encore entrain de ramasser de l'herbe, ou bien une des dernières fleurs. Ou peut être une jolie plume pour elle, ça lui arrivait souvent à Saule de lui offrir ce genre de petits cadeaux.

Elle regarda le vieil homme se diriger d'un pas lourd vers la fenêtre.

Il était bâti comme un ours, mais un ours qui aurait soulevé de la fonte durant des mois, avec des épaules tellement carrés que la fillette aurait pu tenir assise sur l'une d'elle sans soucis. Tout semblait être carré chez lui, son nez, son menton, ses grosses mains et même ses jambes. Les carreaux de sa chemise de flanelle rappelait aussi cette forme, tout comme les poches de son pantalon.

«Hé gamin, chocolat ?

-Chocolat ! Approuva Saule.

-Bon. Chocolat alors, marmonna le vieux. »

Et il se dirigea toujours de son pas bruyant vers la vieille gazinière sur laquelle il plaça une casserole avant de verser dedans du lait venant d'une bouteille en verre. Il alluma le feu dessous, cassa quelques carrés de chocolats, les plongea dans le lait et commença à touiller.

Quelque part dans la maison, une porte claqua, sans doute le garçon qui revenait.

Et effectivement il débarqua dans la cuisine une feuille flamboyante à la main et une pomme de pin dans l'autre.

«Poses ça sur la table, laves toi les mains, marmonna l'adulte avant d'enchaîner, Dites moi votre maman, elle avait l'air pressée.

-Un soucis de touriste, répondit Saule.

-C'est faux, contredis Monde, Elle a dit qu'elle aurait bien aimé que ça soit ça. Alors ce n'est pas ça.

-Alors c'est sans doute ma voiture, répliqua son jumeau. »

Le vieux Jean se crispa un peu sur la cuillère, sans doute parce que lait commençait à bouillir et qu'il fallait faire vite avant que ça ne déborde, ou alors parce que toutes ces histoires de touristes et de voiture le perdait un peu, surtout qu'il ne comprenait presque rien de ce que Monde signait.

«Plus doucement les gosses. Des touristes ça me paraît un peu étrange, nous sommes en novembre, personne ne vient se fourrer ici en novembre. Et ta voiture Saule, quelle voiture ? Essaya t-il d'éclaircir en versant le liquide brûlant dans deux récipients. »

Le garçon s'assit à la table, les mains encore un peu humide, et les posas de suite autour de sa tasse avant de grimacer. C'était beaucoup trop chaud. Monde elle avait posé son menton au dessus de la tasse, appréciant la vapeur montant sur son visage.

Les saints amants de la luneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant