Eclat d'espoir : Le combat po...

By LaFleurDeCristal42

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Nouvelle aube Sourires inédits Espoir renaissant Tissage de souvenirs inattendus Explorat... More

Musique 🎶
Avant-propos
🦋Prologue
🦋Chapitre 1 : Colocation
🦋Chapitre 2 : Soirée plage
🦋Chapitre 3 : Dalton
🦋Chapitre 4 : Beach Volley
🦋Chapitre 5 : Un diner presque parfait
🦋Chapitre 6 : Une revanche efficace
🦋Chapitre 7 : Premier cours
🦋Chapitre 8 : Café & co
🦋Chapitre 9 : Le casier
🦋Chapitre 10 : Bière pong
🦋Chapitre 11 : Drogues
🦋Chapitre 12 : Trace de cigarette
🦋Chapitre 13 : Fumée
🦋Chapitre 14 : Pas le choix
🦋Chapitre 15 : L'appel
🦋Chapitre 16 : Le placard
🦋Chapitre 17 : La moto
🦋Chapitre 19 : Le papillon
🦋Chapitre 20 : Cinq trolls
🦋Chapitre 21 : Pour combien
🦋Chapitre 22 : Jusqu'à la fin
🦋Chapitre 23 : Elles fonctionnent de nouveau
🦋Chapitre 24 : La dernière
🦋Chapitre 25 : Forte et courageuse
🦋Chapitre 26 : L'habitude
🦋Chapitre 27 : Surprise
🦋Chapitre 28 : Plus jamais
🦋Chapitre 29 : Promesse silencieuse
🦋Chapitre 30 : Morpho didius
🦋Chapitre 31 : Numéro
🦋Chapitre 32 : Consentement
🦋Chapitre 33 : Deal
🦋Chapitre 34 : Mamà
🦋 Chapitre 35 : Surf
🦋 Chapitre 36 : Travail
🦋Chapitre 37 : Tricherie
🦋Chapitre 38 : L'avenir
🦋Chapitre 39 : Le match
🦋Chapitre 40 : La dernière page
🦋Epilogue
🦋

🦋Chapitre 18 : Nous sommes deux

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By LaFleurDeCristal42



⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️
Ce chapitre peut être sensible pour certains d'entre vous : il évoque le harcèlement scolaire.

Si vous n'êtes pas à l'aise avec ça, lisez jusqu'au panneau qui entour ce paragraphe, puis, passez au chapitre suivant.
⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️



Je suis totalement perdu, et je sais que ça fait très longtemps. Depuis petite, j'ai souvent cherché mille et une façons de faire taire le vacarme des sentiments dans ma tête, en vain. Quand j'y repense, j'étais totalement bête, comme si j'allais réussir à me tromper moi-même, à me cacher des choses.

J'ai multiplié les facettes en fonction des gens que je côtoyais, si bien qu'au final, quand j'y réfléchissais, je ne savais pas qui j'étais vraiment. J'étais persuadée que je devais être aimé de tous, quelle naïveté parce qu'au final, j'étais la risée de tous.

Je donnais du crédit à des gens qui n'était pas forcément bien, j'ai voulu mettre sur un pied d'égalité chacun de mes liens et c'est ce qui m'a valu du harcèlement.

Des erreurs de jeunesse sûrement, pourtant encore aujourd'hui, j'en fais certaine. Je m'obstine à encore cacher ce que je ressens pour les gens. Parce qu'en vérité derrière ces faux airs assurés, je suis qu'une putain de peureuse, ouais, j'ai peur de tout. J'ai développé une peur des gens, qu'au final, ils soient tous comme les enfants que nous sommes au lycée ou comme mon père. Alors me confier ? Hors de question, ils l'utiliseraient contre moi.

Je ne suis pas le genre de personne douée d'émotions, voire un peu trop et ça me joue souvent des tours comme tout à l'heure avec Cassie et Josh. Mais je suis totalement perdu sur la route de mes sentiments sans connaître la destination de mon chemin. Est-ce que je peux réellement me confier à eux ? Au risque d'être la bête noire de l'appartement ?

Je regarde Hayden ranger sa moto dans le garage. Je me gratte le coude et lorsque je m'en aperçois, j'entrelace mes doigts entre eux. Il ferme la porte à clef pour ne pas se la faire voler, puis il reprend sa marche faisant comme si je n'étais pas là.

— Ils ont dit que je faisais le tour de vos pieux.

Il s'arrête alors, mais ne se retourne pas pour autant.

— Avec le petit jeu que nous avons joué ce matin, qui n'a pas aidé, ils ont dit que j'avais réussi à aller dans celui du plus intouchable.

Cette fois, il se retourne pour fixer directement mes yeux.

— Qu'est-ce que tu leur as répondu ?

Je hausse les épaules soudainement plus nerveuses que je ne l'étais déjà.

— Que je devais venir te rejoindre sur ta moto pour... enfin, bref tu as compris le schéma...

— Pas vraiment non.

Je l'observe de nouveau, son petit sourire en coin pas discret me fait rouler les yeux.

— Ta gueule, tu as très bien compris.

Un rire guttural résonne et je ne peux pas m'empêcher de sourire.

— Tu dois en rêver tous les jours pour avoir eu cette idée.

— Je ne savais même pas que tu avais une moto. Et je ne rêve jamais.

Je fais des cauchemars, aurais-je aimé lui dire.
Il fait un demi-tour sur lui-même et nous marchons jusqu'à l'ascenseur. Une fois à l'intérieur, nous nous observons dans la glace.

— Quoi ?

— Rien, j'essaye d'imaginer ce qui s'est passé dans ta tête sur cette moto, pendant que tu étais contre moi.

Je lève les yeux au ciel, fatiguée de ses conneries.

— Pervers.

— Tu sais que je trouve ça hyper sexy quand tu lèves les yeux au ciel ?

J'ai envie de le faire de nouveau, mais je m'en empêche. Au lieu de ça, je lui tape encore une fois l'épaule. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent alors j'attends qu'il passe. Ce pervers serait capable de me mater, surtout après ce qu'il a dit.

Un sourire léger flotte sur mes lèvres. Ça s'est plutôt bien passé, j'aurais pu penser qu'il est un haut-le-cœur entendant ce que je lui disais du genre : moi ? Batifoler avec elle ? Eurk !

Il ne prend pas la peine d'annoncer notre arrivé, qu'il ouvre en fracas la porte.

— Ça vous a amusé bande de gosses ?! Lance-t-il.

Des éclats de voix ne lui répondent pas, Hayden fait trois pas dans l'appartement avant de se stopper, puis il reprend sa marche et enlace quelqu'un. Cette personne est plus petite que lui alors je ne vois pas qui c'est. Mes colocs sont tous assis sur les canapés alors ce ne sont pas eux. L'accolade se termine et ils s'éloignent tous les deux pour se regarder.

Mon sang se glace dans mes veines, est-ce que mon cœur fonctionne ?

Mes poumons refusent de recevoir leurs doses d'oxygène, est-ce que je respire ?

Je me sens trembler, est-ce que j'ai froid ?

Je vois trouble. Est-ce que je pleure ?

   Mon sac tombe au sol sans que je ne puisse le rattraper, bon, je ne l'aurais pas fait, mais ça attire l'attention sur moi.

— Kaylee grizzli ?

Sa voix résonne moins que mon surnom : une bombe explose à l'intérieur de moi. Faisant des ravages dans mon esprit. J'accours à la porte que je fais claquer derrière moi, ça le ralentira s'il veut me suivre. L'ascenseur est trop lent, je dois m'enfuir et vite. J'utilise alors les escaliers. Je détale aussi vite que je puisse le faire. À mi-chemin du deuxième étage, je m'écroule presque sur les marches.
Qu'est-ce que ce hijo de puta fait ici ?!

⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️⚠️

Mon bus s'arrête devant l'école, pourtant, je ne bouge pas sur mon siège miteux. Les quelques élèves qui sont dans la même enseigne que moi descendent avec une joie insoutenable qui illumine leurs visages aux côtés de leurs amis : des gens normaux. Et puis il y a moi, cette gamine un peu trop teubée pour les gens de son âge. Cette gogole qui a le ventre noué à l'idée de quitter cet endroit sécurisant, la dernière barrière contre les continuelles remarques, moqueries.

Au moins, ils n'attaquent pas physiquement, comme papa. Au moins, j'ai seulement mal mentalement, ça change. Un peu de diversité ça ne fait pas de mal.

— Eh petite, tu rêvasses ? C'est ton arrêt.

Je lui souris poliment, le remerciant silencieusement de vouloir m'aider. Je décolle alors mes fesses de mon siège même si j'aurais voulu faire partie du car, du genre la trappe en haut du bus que personne ne remarque réellement. J'avance et je descends. Une fois mes deux pieds sur le trottoir, j'essaye de prendre une bouffée d'air.

— Oh ben regardé qui vient d'arriver ! Claque une voix rieuse.

Je ferme les yeux pour me donner un semblant de courage, pourtant, je fais comme si je ne l'avais pas entendu et je commence mon ascension jusqu'à l'école. J'espère sincèrement que l'un d'eux est malade. Malheureusement pour moi, une main attrape mon épaule et d'un coup sec me retourne vers un trou du cul.

— Ne nous ignore pas Kaylee Grizzli, je te l'ai déjà dit. Résonne la voix du pire de tous.

Je sers la mâchoire pour ne pas envenimer les choses.

— Arrête de m'appeler grizzli.

— Tu es grosse, c'est normal, ce surnom te va comme un gant.

Pourtant, un ours est seulement épais du fait de sa fourrure, est-ce qu'ils sont au courant ?

— On peut t'appeler aussi la grosse baleine, mais ça ne rime pas, c'est nul même si ça te correspond aussi.

Ils veulent faire de la poésie maintenant ? Alors que leurs QI ne dépassent pas celle d'une huître ? Désolé l'huître, je sais, c'est insultant pour toi, mais il me fallait une comparaison.

Je hausse les épaules comme si ça ne m'atteignait pas.

— Qu'est-ce que tu as toi à hausser les épaules ?!

— Je m'en fiche d'être une baleine, c'est cool. Elle au moins elle sert à quelque chose.

Je le regarde de haut en bas pour bien lui montrer que je le compare à elle. Son regard se fait aussi noir que les abysses. Il s'avance dangereusement de moi.

— Reste à ta place de grosse.

Il me regarde à son tour de haut en bas avant de cracher sur mes baskets.

Une pression sur mon épaule me fait relever la tête aussi vite que je puisse le faire, j'aurais pu me faire le coup du lapin tiens !

— Est-ce que ça va ?

C'est l'un de nos voisins, un cinquantenaire déjà à la retraite d'après ce que m'en a dit Brianna. Il est gentil. Un jour, j'ai zappé de prendre mes clefs en sortant et en revenant, je squattais mon palier attendant que l'un de mes gosses rentre. Il est arrivé et il m'a offert le café chez lui. Je n'ai pas osé lui dire non, il avait été très gentil et je l'avais bu sans rien dire.

— Oui, oui, ça va monsieur Gleed. Merci.

Je renifle essayant de lui faire un sourire.

— Je m'isole juste, j'avais envie d'être seule.

— Lorsque l'on est triste, on ne doit pas rester seul, tu dois aller vers ton rayon de soleil. Quelque chose qui illumine ta vie. Mais je respecte ton choix ma grande. J'espère que tu iras mieux.

Il reprend sa marche et bientôt, je ne le vois plus. Je remets ma tête dans mes bras. De nouveau envahi par mes pensées.

Pourquoi la société me déteste autant ? J'ai tout fait pour rester la tête haute, pour vaincre les insultes, d'aller au-delà de ces mots si tranchants. Je rentrais à la maison, des vérités sur moi plein la tête.

J'étais seulement minable. Je ne pouvais que devenir fragile, faible.

Mon père m'avait appris à ne pas rendre les coups alors j'ai toujours encaissé et cru que ce qu'ils disaient n'était que pure vérité alors je ne pouvais que pleurer. Mais mes larmes étaient invisibles à leurs yeux, ils plaisantaient seulement avec moi alors j'ai arrêté de pleurer devant eux.

Ce n'était qu'un jeu. Mais si seulement on avait pu tous joués, les uns avec les autres, avec de vrais jeux qui ne font pas pleurer tous les soirs, dans lesquels ça serait à moi de choisir. Ça serait à moi de décider de vouloir recommencer et je connais de nombreux jeux ou la violence n'existe pas.

Ils réussissent toujours à me mettre à terre et j'ai toujours cru qu'un jour, je n'arriverais plus à me relever. J'ai toujours espéré qu'au moins un jour, ils me laissent respirer, un jour. Mais comme mon père, ça n'a jamais été le cas.

J'ai tout fait pour avoir des amis. Même un. Mais en vain. Tous ses efforts n'ont servi à rien. Je ne trouvais personne avant Reeze. Personne pour m'écouter, personne pour me comprendre, personne pour rendre ma vie un peu moins fade.

Les films ne dévoilent que le quart des histoires vraies ! Des putains d'histoires qui auraient dû être entendues. Du moins, pour les personnes comme moi. Au moins pour eux, s'ils n'étaient pas comme moi à tout garder.

Ils m'ont prouvé tous les jours que j'étais le déchet du monde, l'erreur de la société, la tâche noire dans l'arc-en-ciel. Je ne faisais que salir l'atmosphère.

Mes sentiments et mes émotions s'étaient enfuis sous terre depuis ce nouveau départ. Pourquoi a-t-il fallu qu'il réapparaisse ? Pourquoi il se retrouve dans mon salon ? J'aimerais que le temps efface mes pensées, que je ne me souvienne de rien. J'ai envie de fumer.

Une présence à mes côtés se fait soudainement ressentir. Curieuse comme je suis, je regarde autour de moi. Une tête blonde est assise à mes côtés, attendant silencieusement, je ne sais quoi. Il a dû leur expliquer et Evan est venu me terminer, ils ne m'aiment plus maintenant, ils savent à présent la minable que je suis.

Pourtant, il ne me regarde pas avec dégoût ou avec de la méchanceté et encore moins avec pitié. Non, son regard est compréhensif. C'est la première fois que je comprends un regard.

— Evan ?

Il ne me répond pas. À la place, il me prend dans ses bras. Je ressers aussitôt mon étreinte autour de lui. Au bout d'un petit temps, il pose son dos sur le mur avec moi contre lui.

— Tu as déjà pensé à en finir ?

Mon cœur se resserre dans ma poitrine. Même si je ne comprends pas pourquoi il me le demande, je lui réponds :

— Oui.

— Pourquoi tu ne l'as pas fait ?

— J'étais à quelques secondes de le faire.

Je sens alors son corps se tendre.

— Qu'est-ce qui t'en a empêché ?

— Une promesse.

Démunie, mettant retrouver seule et sans aucune solution, j'ai voulu mourir. Mourir, pour mettre un terme à cette situation que je ne maîtrisais pas et surtout afin que cesse cette douleur insupportable qui me brûlait, me dévorait comme une perfusion de poison, du goutte-à-goutte. Mourir à cause de lui, mais pas pour lui.

Il devient silencieux et j'ai envie de lui demander la même chose :

— Et toi ?

— Oui.

Je fronce des sourcils, étonnée.

— Pourquoi tu ne l'as pas fait ?

— J'ai rencontré les boloss dans l'appartement.

Un petit rire m'échappe au surnom qu'il leur a donné. Un surnom affectif que j'ai tant rêvé avoir. Pas boloss hein, mais un petit surnom affectif.

— C'étaient mes années au lycée. Commence Evan, son torse vibrant contre ma poitrine m'empêchant de me relever pour écouter ce qu'il a à me dire. C'étaient des années où je me sentais mal, physiquement et moralement. Il soupire. Je me levais chaque matin avec des cernes affreuses parce que je pensais des heures seul dans le noir à ne pas dormir. Dans l'obscurité dans la nuit comme dans le jour. Quand j'arrivais en cours, je souriais toujours pour leurs faire croire que j'étais heureux malgré ce qu'ils m'infligeaient. Bon, je te l'accorde, c'était des faux sourire.

   Il marque une pause comme s'il voulait se remémorer des souvenirs. Je sais de quoi il parle, parfois, je voulais donner l'impression que tout allait bien, mais je ne restais pas avec ce sourire bien longtemps. Je n'étais pas aussi forte que lui.

— J'avais un ami qui est devenu mon pire ennemi en l'espace de quelques heures. Ce meilleur ami qui m'a insulté de tous les noms impossibles et inimaginables. C'était une personne qui voulait me voir souffrir pour une raison que j'ignore encore, il voulait me voir souffrir avec les autres seulement parce que personne ne m'acceptait. Je n'étais pas comme les autres : gringalet, boutonneux, avec des yeux globuleux. Je n'entrais pas dans leurs cases. Ils me disaient que j'étais un monstre, que je ferais mieux de partir juste parce que j'étais différent. Ils m'ont plongé dans la misère.

   Comme un gouffre sans fond, on tombe sans jamais réellement voir une fin, une lumière.

— Ça a duré plusieurs années ?

   Il acquiesce de la tête et je pose ma main sur les siennes.

— J'ai encaissé pendant plusieurs mois, jusqu'à plusieurs années. J'ai encaissé parce que c'était la seule chose que je savais faire le mieux. Mais à cause d'eux je ne faisais que me poser des questions du genre : pourquoi moi ? Pourquoi je suis si différent des autres ? Pourquoi je vis ça alors que je n'ai rien demandé ? Pourquoi je mérite toute cette souffrance ? Est-ce que je devrais en finir ? Parfois, je me demandais même ce que j'avais fait de mal, quel chemin je n'avais pas pris, quel ami je n'avais pas salué, à qui j'avais tourné le dos sans m'en rendre compte, pourquoi j'étais encore là à attendre que la vie passe, à attendre qu'elle se finisse ? Je ne savais pas qui j'étais, ni ce que je voulais devenir, je m'étais perdu. Complètement.

   Il pose sa tête sur la mienne. Je me suis posé le même genre de question au début, puis j'ai accepté que ce que je vivais fût normal et totalement justifié.

— J'étais en train de me décomposer au fur et à mesure que les jours s'enfonçaient. Quand j'étais en cours, dans les couloirs où même pendant la pause, j'entendais des personnes en passant ou en me bousculant que je suis un monstre et des trucs dans le genre, tu vois ?

   Un rire s'échappe de sa bouche et mon cœur s'effrite un peu plus.

— On en est venu au point où mon ancien meilleur ami s'est plaint que je le persécutais alors que c'était moi qui vivais son soi-disant calvaire. Il voulait avec tous ses amis que je dégage, ils disaient qu'ils faisaient ça pour rigoler.

   Un autre rire lui échappe, plus grave que l'autre. Les persécuteurs en général font ça pour "s'amuser".

— Je souffrais, mais personne dans mon entourage ne le voyait. Physiquement je n'avais plus aucune force, je n'arrivais presque plus à me lever le matin et mentalement, j'étais triste, épuisé, si mal que je n'en dormais plus la nuit restant dans cette obscurité. Je suis arrivée à un point où je n'arrivais même plus à pleurer en rentrant chez moi le soir. Je n'avais plus la force de parler, rien que pour un bonjour, c'était un cauchemar. J'étais bousillé, mort de l'intérieur. J'avais fini par croire qu'ils avaient raison : j'étais un déchet humain et qu'après tout j'étais né comme ça et que je continuerais à être une merde toute ma vie. J'ai même pensé très fortement à mettre fin à mes jours parce que c'était le plus simple, ça aurait été terminé, je n'aurais plus eu de problème.

   Il lâche mon bras pour se gratter la tête. Savoir qu'il pensait n'être qu'une erreur me donne envie de pleurer et de hurler au monde qu'il est un mec bien. Evan est un gars super, il n'aurait pas dû vivre tout ça. Lui, ne le méritait pas.

— J'avais des projets pour mon avenir, j'étais ambitieux, motivé et travailleur, mais à cause de ces connards de lycéens, mes projets avaient disparu, je n'avais plus le goût de bosser pour mon avenir devenu incertain et encore moins de rester dans ce monde. Un court instant, je l'entends simplement respirer. Je n'avais que des idées noirs plein la tête, des envies suicidaires lorsque je suis rentrée en fac. J'étais en train de mourir à petit feu, j'étais à mon extinction lorsque je les ai rencontrés. Puis je suis devenu petit à petit ami avec eux, on sait tous rapproché, mais j'étais sur mes gardes, qu'est-ce qui me prouvait qu'ils ne me feraient pas comme mon soi-disant ami ?

   Je comprends pourquoi il était méfiant, je l'étais aussi en voulant un nouveau départ et à présent, je comprends pourquoi lorsque je suis arrivée, il était si avenant avec moi. Il voulait que je ne me sente pas de trop.

— Puis au final, mes envies suicidaires se sont envolées, on s'est mis en colocation et tout à rouler jusqu'à maintenant.

   J'en suis heureuse pour lui. Sincèrement.

— Ils le savaient que tu voulais... en finir ?

— Non, quand j'ai été prêt à leur raconter, tu n'imagines pas leurs réactions. Ils m'ont enlevé tous les objets susceptibles de nuire à ma santé.

   Un sourire m'échappe, ils ont été incroyables pour lui.

— Au fil des ans, se sont devenus des frères et sœurs que je ne regrette pas du tout et je suis heureux de n'avoir pas mis en pratique tous les stratagèmes pour rencontrer Dieu tout-puissant avant de rentrer en fac. Et je suis content que quelqu'un ait réussi à te sauver toi aussi parce qu'on mérite tous une deuxième chance. Je regrette sincèrement que des gens comme nous est subi la même chose et sont passés à l'acte avant de pouvoir rencontrer des personnes extraordinaires.

Mes larmes ont arrêté de couler il y a longtemps. Je n'étais pas la seule dans cet appartement à avoir vécu ça. Pas du tout même ! Son histoire est bouleversante. J'aurais aimé le connaître à cette même période que la mienne, on se serait magnifiquement bien entendu, peut-être même plus qu'aujourd'hui. Evan est une personne en or qui m'a accepté depuis le début dans son petit groupe, il a été extraordinaire avec moi et je suis tellement écœurée qu'il est subi tout ça ! J'ai envie de rencontrer ses bourreaux et de leur faire payer.

— Je sais qu'à heure d'aujourd'hui, si je croisais mes démons, je les affronterais et leur montrerais que tout ce qu'ils ont fait ne m'a pas achevé. J'irais même sûrement les passer à tabac. Mais on est tous différent.

Il a raison, je dois lui montrer que ce qu'il a fait ne m'a pas détruite. De toute façon, il n'était qu'un putain de figurant dans ma vie et mon plus gros traumatisme : mon père, reste indétrônable.

— Et puis, pour le coup, Hayden c'est déjà chargé de le frapper.

Je me redresse soudainement à l'entente de ça.

— Hayden ? Pourquoi ?

— Ben apprendre que son frère a joué un rôle essentiel dans ta vie de merde l'a foutu dans une colère monstre.

Pourquoi ? C'est la seule question que je me pose. Je suis contente de ne pas faire avoir à frapper quelqu'un. J'aurais fini comme mon père et je ne me le serais jamais pardonné.

— Tu as raison, je ne vais pas me laisser faire par ce connard.

Sont mes seuls mots avant que je ne monte les escaliers par deux.

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