-Non !... Non, c'est bon... J'accepte, conclut-elle en baissant la tête.
Il la releva par la taille et lui chuchota à l'oreille :
-Tu es enfin à moi, ma Reine.
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Son corps trembla, mais elle ne se démonta pas pour autant. Une idée lui effleura l'esprit : fuir. Fuir était la meilleure solution. Elle plongea alors son regard confiant dans celui du jeune homme, mais ce regard fit deviner à celui-ci sur ce qu'il se tramait dans son esprit.
-Ne tente pas de me fuir, sinon je les tue tous, sans exception. Et quand je te retrouverai, j'utiliserai la force pour que tu restes à mes côtés, ma douce.
Une larme coula le long de la joue de son âme-sœur, et Aaron la recueillit du bout de son index pour ensuite l'apporter à ses lèvres.
Puis il la prit par la taille, la colla à lui, et ordonna à ses loups :
-Bien, enfermez-les.
Émilie ne comprit tout d'abord pas ce qu'il disait, puis elle se dégagea brusquement de son étreinte.
-Tu m'a dit que tu leur laisserais la vie sauve !
-Oui, ma douce. Je les laisse en vie pour l'instant. Mais je n'ai jamais dit que je les libérerais.
-Pourquoi ?! Pourquoi tu me fais tout ce mal ?!
-Je ne veux pas prendre le risque que tu t'échappes, mon amour. Si c'est le cas je les tuerai. Tous. Je n'allais tout de même pas de faciliter la tâche de t'enfuir avec eux.
-Tu n'es qu'un monstre !
Il entoura ses hanches avec ses bras, et la rapprocha de lui. Puis il releva son menton avec ses doigts.
-Je sais.
Et il inhuma l'odeur de sa bien-aimée en plongeant son nez dans son cou.
Elle se raidit et retint même un soupir quand ses lèvres enflammèrent sa peau. Puis elle sembla se réveiller et se débattit de toutes ses forces, s'aidant de ses ailes pour gêner Aaron.
Il le fit à son plus grand bonheur, mais mui murmura avant de s'éloigner :
-Dès que nous serons chez moi, tu n'auras pas d'autres choix que de te plier à moi, mon cœur.
Elle lui lança un regard noir, et murmura un "jamais", en faisant disparaître ses ailes un peu trop encombrantes.
Il s'avança vers elle d'un air de prédateur et elle recula du mieux qu'elle pouvait pour rester le plus loin possible de lui. Mais il la plaqua sauvagement contre un arbre, leurs regards solidement plantés l'un dans l'autre.
C'est alors qu'elle le dévisagea et devint tout d'un coup pâle.
Il se retourna pour voir ce qu'elle regardait ; les anges marchant, surveillés et menés par les membres de sa meute.
Commençant à comprendre les choses, il regarda Émilie qui n'avait l'air de plus se rendre compte de sa présence. Son expression ne pouvait pas le tromper. Elle regardait quelqu'un, mais il ne savait pas qui.
Un sentiment nouveau fit son apparition dans l'âme d'Aaron : la jalousie.
-Tu es en couple, murmura-t-il d'un air menaçant, ...
Elle tourna brusquement son regard de la tribu, et plongea ses beaux yeux dorés dans ceux, noirs, du jeune Roi. La peur se lisait dans ses beaux iris de miel.
-Qui ?!
-Hein ? fit-elle.
-QUI ?!
Ses poings étaient serrés, et ses griffes commençaient à transpercer sa peau.
L'adolescente trembla. Oui, il avait raison, elle aimait quelqu'un. Mais jamais elle ne lui révèlerait son identité. Elle ne supporterait jamais de le perdre. Taylor était son pilier, la clé de son bonheur, comme sa mère l'avaient été. Il etait attentionné, gentil, agréable, responsable. Il était tout le contraire d'Aaron. Et c'était avec Taylor qu'elle finirait ses jours. Jamais, ô grand jamais, avec Aaron.
Elle n'eut pas le temps d'entrouvrir ses lèvres, qu'un homme d'une vingtaine d'années vint vers eux.
-Majesté, votre voiture est prête.
-Merci, Damien.
Le dénommé Damien s'inclina, et ils commencèrent à marcher à travers les bois, à côté des anges emprisonnés par de multiples chaînes.
-Je le tuerai, fit Aaron, qui marchait à ses côtés, presque collé à elle.
-Qui ?
-L'homme que tu aimes. Ensuite, tu m'aimeras.
Elle s'arrêta et le regarda.
-Si tu le tues, alors tu peux être sûr que je ne t'aimerai jamais.
Il se mit à sourire.
-Alors, je t'y obligerai.
Et il la tira par le bras, puis la fit monter à l'arrière de sa voiture noire, pour ensuite l'y suivre, et s'installer à côté d'elle.
La voiture démarra rapidement, et Émilie vit s'éloigner l'endroit qu'elle n'avait encore jamais quitté. Mais en plus de ses souvenirs d'enfance, elle y laissait son cœur heureux, pour partir avec l'autre, détruit.
Durant la moitié du trajet, elle n'adressa aucun mot à l'Alpha assis à côté d'elle et dont elle sentait le regard profond sur sa personne.
Plus les minutes passaient, pa tristesse et son chagrin se transformaient en colère. Elle était l'âme-sœur du meurtrier de sa mère. Elle avait sa mort sur la conscience. Elle avait la mort de Léna sur la conscience. Mais elle avait surtout le déshonneur qu'avait subi son espèce sur la conscience.
Elle serra les poings. Comment Zelda avait-elle lu la lier à... au pire des hommes sur Terre ?! Qu'est-ce qu'elle avait fait pour le mériter ?! Elle n'avait peut-être pas assez souffert ?!
Sans s'y attendre, elle sentit une main la tirer contre quelque chose de musclé, ou quelqu'un plutôt, et se figea, oubliant toutes ses pensées noires de l'instant passé. Cet homme lui inspirait de la terreur, et surtout du dégoût.
-Au moins, murmura-t-il de son souffle glacé, j'ai gagné plus que ce que je voulais de cette guerre.
-Crois-moi, fit-elle d'une voix froide, tu as perdu tout autant.
Et elle s'éloigna le plus possible de lui.
-Ne me regarde pas, ne me parle pas, ne me touche pas.
Elle affronta les yeux noirs qui lui faisaient face, et qui devinrent de plus en plus sombres au fur et à mesure qu'elle résistait à son aura quelque peu dévoilée...
Puis il commença enfin à voir noir, et la tira contre lui, pour mordiller la peau de son cou, alors qu'elle se débattait.
-Tu m'appartiens, c'est clair ? Je les torturerai tous si tu résistes continuellement. Tu es mienne depuis que j'ai croisé ton regard. Je suis le seul à pouvoir te toucher, t'embrasser, te faire l'amour. Et si tu luttes encore, alors ils mourront. Tu es ma Reine, ma Luna. Est-ce que c'est clair ?
-De un, je ne t'appartiens pas et ne t'appartiendrai jamais. De deux, tu n'as pas intérêt à faire le moindre mal à mon peuple, sinon je ferai de ta vie un enfer. De trois, je ne suis pas tienne, et tu ne me toucheras jamais. Je ne suis ni ta Reine, ni ta Luna. Et si les miens meurent par ta faute, alors je me tuerai pour les venger, car tu partiras toi aussi.
-Ne me tente pas, la prévint-il, en la serrant plus contre lui, et en posant ses lèvres sur l'endroit du cou où les loups marquent leur compagne, pour les faire à jamais les leurs.
Ignorant sa menace, elle rajouta, tout en le fusillant du regard, avec quand même un peu d'amusement :
-Et tu sais quoi ?! Tu as raison, j'appartiens à quelqu'un... Mais ce n'est pas toi. C'est l'homme que j'aime, qui m'aime, qui me chérit, et que je considère comme mon âme-sœur...
Le regard d'Aaron se voila. Il serra les poings pour résister à la colère, à la fureur, à la jalousie qui l'animaient, mais elles prirent le dessus sur lui et il souffla, les yeux rouges :
-Soit...
Et, alors qu'une lueur inquiète traversait les pupilles d'Émilie, Aaron planta ses crocs dans sa clavicule, avec une telle sauvagerie, qu'elle hurla de douleur, faisant freiner d'un coup la voiture qui redémarra quelques secondes suivantes.
Elle résista de toute sa volonté contre le le bonheur qui l'assiégeait petit à petit. Elle se battit pour son amour pour Taylor, le fils du Premier ministre de son père. Elle se battit pour sa liberté, pour son peuple. Elle lutta contre l'inoffensif venin qui la pénétrait. Elle y mit toute sa force.
Ses larmes coulèrent, alors qu'Aaron avait déjà retiré ses crocs et léchait la blessure.
Quelle fut sa surprise quand celle-ci se referma sous sa langue, et qu'Émilie s'écroula dans ses bras, complètement épuisée et en pleurs.
Furieux, il s'approcha à nouveau du cou de son âme-sœur qui le regardait faire, semblant le supplier de ne pas recommencer.
Elle se crispa violemment quand il planta une nouvelle fois ses crocs dans sa chair.
Elle lutta encore, mais Aaron resta cette fois-ci planté dans ses veines.
Alors elle s'évanouit, incapable de résister plus longtemps.
Inconsciente dans ses bras, Aaron dut se faire violence pour retirer ses crocs. Son sang dans sa bouche était si exquis qu'il le rendait fou.
Il lécha la blessure, et sourit diaboliquement. Elle était enfin à lui.
Voilà pour ce 4ème chapitre ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !