A choice with no regrets (Lev...

By Faelyg

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Lise, 15 ans, décide de s'engager dans l'armée pour combattre les Titans et protéger l'avenir de l'Humanité... More

1* Le commencement d'une nouvelle vie
2* Surprise
3* L'attaque
4* Offensive
5* Apaisement
6* Nouvelle équipe
7* Désespoir
8* Ahurissement
9* Nouveau plan et main bandée
10* Révélation
11* Un retour
12* Duel
13* Le tribunal
14* Savoir convaincre
15*Décision
16* Entraînement nocturne
17* Réveil mouvementé
18* Garantie
19* En dehors des Murs
20*Le Titan Femelle
21* Faute
22* Chien dangereux
23* Embarras
24* Trahie
25* Un goût de solitude
26* Expérience
27* Injection
28* Retrouvailles
29* Adieu
30* Découvertes
.... Oups
31* Persécutée
33* Souffrances
34* Libre
Ceci n'est pas un chapitre
35* Départ
36* Demande
37* Pari
38* Transformation
39* Derniers moments
Épilogue
Annonce

32* Piège

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By Faelyg

-Comment une telle chose a pu arriver ?! tonne Erwin, furieux.

Je frémis en le voyant frapper un mur du poing. Mikasa, Armin, Connie et tous les autres soldats ont été convoqués dans la cour pour une affaire de la plus haute importance. La situation est grave, tout le monde le sait.

Eren a disparu.

Si la majorité des soldats de la base pensent qu'il s'est fait la malle, nous autres pensons tout autrement : nous sommes certains que quelque chose est arrivé à Eren.

Tout a commencé au réveil. Quand j'ai ouvert les yeux, toute la base était déjà en effervescence. Levi avait un air plus renfrogné que jamais, Mikasa était en panique tandis qu'Armin m'annonçait la nouvelle de la disparition d'Eren.

-Quand Mikasa est allé le voir pour qu'il se réveille, il avait déjà disparu.

L'état de la chambre du jeune homme ne laissait aucun doute quant à la nature de cette disparition : draps déchirés, chaise brisée et des gouttes de sang bues par le bois du sol. Armin avait tout de suite conclu à un enlèvement.

Erwin cherche une explication. Comment Eren a-t-il pu échapper à la surveillance des gardes de la base ? Et où se trouvaient ses deux gardiens permanents ? Mystère. Quant à la question « qui aurait un intérêt à enlever Eren », la réponse est déjà trouvée depuis longtemps. Les traîtres.

C'est un moment qui me tue. Je ne peux rien dire, sinon j'expose Eren et les autres à de graves conséquences. En revanche, ça ne m'empêche pas d'être furieuse : Bertolt et Reiner sont responsables, ils essaient de déclencher quelque chose avec cet enlèvement et je ne sais pas ce que c'est. Le pire dans tout ça, c'est que je suis forcée au silence.

Je me dégoûte. Si j'étais plus courageuse, je tenterais un coup de poker et je les dénoncerais. Mais aucune chance que ça n'arrive. J'ai trop peur de ce qui pourrait se passer ensuite.

Erwin interroge tout le monde sous la surveillance de Levi et d'Hanji. Les autres gros bras de l'armée agissent déjà un peu partout entre les Murs, créant des barrages, des rondes, et questionnant le moindre habitant, interpellant la moindre personne suspecte.

Je regarde Armin en coin. Le jeune homme n'écoute rien : ses yeux bleus fixent quelque chose dans le vide. Je peux presque sentir son cerveau ronronner sous l'effort de la réflexion. Il essaie de recoller les morceaux entre eux, analysant tout ce qui est arrivé jusque-là pour y déceler un quelconque indice. Mikasa, elle, trépigne sur place. Elle veut bouger, agir, et ne pas rester ici à se faire interroger inutilement.

Car tout ceci est inutile. Personne n'est coupable, personne ne sait rien. A part Reiner et Bertolt, mais ils jouent si bien leur rôle qu'il est impossible de les suspecter.

Nous avons le droit de regagner le réfectoire afin d'avoir un petit déjeuner bien mérité. Pourtant, malgré la bonne odeur qui règne dans l'immense endroit, l'appétit n'est pas là. Tout le monde est inquiet pour différentes raisons : certains interprètent la disparition d'Eren comme l'avertissement d'une attaque imminente, et les autres (c'est-à-dire nous) se demandent ce qui va arriver au jeune homme.

-Il me manque des éléments, marmonne Armin en reposant sa fourchette.

-Que veux-tu dire ? demande Jean la bouche pleine de pancake.

-Il y a des points obscurs dans cette histoire, explique le jeune homme blond. D'abord, pourquoi enlever Eren ? Et surtout, pourquoi maintenant ? Je veux dire, il n'y a eu aucune tentative d'approche depuis le Titan Femelle. Et qu'est-ce que les ravisseurs ont à gagner avec cet enlèvement ? Pourquoi veulent-ils tant Eren ?

-Parce que c'est une gêne ? propose Connie.

-J'ai d'abord pensé ça aussi, mais non, ça ne colle pas. Si Eren était une gêne, les traîtres auraient tenté de le tuer. Mais je viens de repenser à quelque chose de troublant que Mikasa m'a raconté : le Titan Femelle n'a pas dévoré Eren. Elle l'a juste conservé dans sa bouche. Si on avait vraiment voulu le tuer, Eren ne serait déjà plus là.

-Alors c'est quoi ton hypothèse ? demande calmement Mikasa.

-On a besoin d'Eren, révèle Armin, provoquant plusieurs froncements de sourcil. Réfléchissez : c'est une inconnue dans une équation censée être parfaitement élaborée. Et que fait-on quand un imprévu arrive dans un plan bien huilé ?

Silence. Tout le monde se dévisage, ne sachant pas quoi répondre.

-On s'adapte, continue le jeune homme blond, voyant que personne n'avait l'intention de prendre la parole. Et pour s'adapter, on apprend à connaître cet imprévu afin de déterminer les conséquences de son apparition. Et une fois qu'on en sait suffisamment, il y a deux options : intégrer le nouvel élément au plan, ou...

-S'en débarrasser, termine froidement Mikasa.

-Exact.

Nouveau silence. Chacun de nous prend le temps d'assimiler les paroles d'Armin. Je croise le regard de Reiner, qui se détourne rapidement. Je fronce les sourcils devant cette fuite qui ne lui ressemble pas.

-Qu'est-ce qu'on peut faire ? interroge Sasha.

-Je ne sais pas, avoue Armin, frustré. Déjà, observer comment agit l'armée. Suivre ses découvertes et analyser chaque indice que les équipes ramèneront. Et réfléchir de notre côté sur la meilleure attitude à adopter. Si jamais l'un d'entre vous se rappelle d'un détail, d'un comportement étrange, n'importe quoi qui sorte de l'ordinaire, qu'il vienne me voir. Le moindre petit truc peut m'aider à avancer dans mes recherches.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire face à cette demande : Armin a mûri. Nous ne nous connaissons que depuis un an, mais je peux déjà observer de nombreux changement en lui. Ses yeux bleus sont animés d'une lueur nouvelle : celle de la détermination. Il retrouvera Eren à tout prix.

Nos entraînements cet après-midi-là sont annulés à cause du chamboulement qui secoue la base. Je déambule dans les couloirs, ne sachant pas quoi faire.

-Lise ?

Je me retourne lentement en entendant cette voix féminine et mélodieuse. J'hausse les sourcils en voyant Christa qui me rejoint. Nous faisons quasiment la même taille et ça me fait drôle de parler à quelqu'un sans être obligée de me déboiter le cou.

Je n'ai jamais parlé avec Christa. Ou alors, très brièvement. C'est une fille de mon âge, incroyablement belle. Peut-être un peu trop pour être dans l'armée. Aucun garçon ne peut résister à l'envie de se retourner sur son passage, et sa gentillesse est sa principale qualité. Et en dépit de son apparence fragile, c'est quelqu'un de très courageux.

-Je peux te parler ? demande Christa, nerveuse.

-Bien sûr.

-Dans un lieu privé, si ça ne dérange pas tes gardiens.

Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour deviner la présence des quatre soldats me suivant à la trace. Surveillance oblige. J'acquiesce et suit Christa jusqu'à sa chambre.

Tu auras visité la chambre de presque tout le monde, Lise. Bravo. Tu pourrais presque voir ça comme le signe d'une bonne intégration.

-Que se passe-t-il ? m'enquis-je alors que Christa ferme la porte.

-P-pas grand-chose...

Je pince les lèvres. Je connais extrêmement peu Christa, mais quelque chose dans son comportement n'est pas normal.

-Christa, crache le morceau. De quoi tu voulais me parler ?

La jeune fille enroule nerveusement une mèche de cheveux autour d'un doigt pâle et évite soigneusement mon regard.

-Christa..., m'impatienté-je.

-On m'a demandé de te garder à l'écart de cette affaire, lâche enfin la jeune fille.

Je fronce les sourcils.

-Qui donc peut t'avoir demandé ça ?

-Le Caporal Levi...

-Ah.

Le connaissant, cette demande relevait plus d'un ordre. Je soupire et abandonne toute idée de quitter la pièce. Je ne veux pas que Christa ait des ennuis à cause de mon entêtement. Cependant, je ne peux pas m'empêcher de m'interroger : pourquoi Levi demanderait une telle chose à un soldat à qui je parle à peine ? Mystère, encore une fois. J'aimerais éviter rien qu'une journée de me poser des questions tortueuses.

-Très bien, me résigné-je en m'installant à même le sol. Puisque je ne sais pas combien de temps tu es condamnée à rester avec moi, autant discuter un peu.

Je sens Christa se détendre d'un seul coup. Visiblement, elle avait peur de ma réaction, peur de me voir quitter sa chambre comme une furie en l'insultant. Suis-je vraiment aussi bornée et irrespectueuse ? Non. Je sais bien que non. Enfin si, peut-être un peu. C'est sans doute pour ça que toute la base me regarde comme une gamine indisciplinée, prête à faire le saut de l'ange n'importe quand.

Même si je l'ai invitée à faire la conversation, Christa reste silencieuse. Je me demande de quoi une si jolie fille aimerait bien parler. De coiffure ? De vêtement ? De garçons ? Par tous les titans du monde, je ne suis vraiment pas de ce genre là... Je viens des souterrains, et c'est bien le dernier endroit où les filles se soucient d'être jolies. Enfin, mis à part les prostituées.

-Hum... dis-moi Christa, pourquoi avoir décidé de rejoindre l'armée ? Et surtout le Bataillon d'Exploration ?

La jeune fille sourit. Bordel. Pourquoi est-elle aussi jolie ? Ça me rend jalouse.

-J'ai envie d'apprendre à être courageuse, répond-t-elle posément. Et de défendre la population contre ces monstres qui détruisent des familles chaque jour. Rien de bien original, mais ça donne un sens à ma vie. Pour le moment.

Je fais la moue. Je dois avouer que je m'attendais à une révélation plus originale. Mais après tout, tout le monde ne peut pas avoir des envies de vengeances comme Eren, de destruction comme Bertolt, Annie et Reiner, ou de reconstruire une vie plus noble comme moi.

-Et toi ? demande à son tour Christa. Pourquoi t'engager dans le Bataillon d'Exploration ?

Un vague souvenir refait surface suite à cette question. Un homme de petite taille, arborant dans son dos l'emblème du Bataillon. Les ailes de la liberté. Je souris à moi-même.

-On m'a convaincue, je réponds.

-Ah... donc comme Jean, le discours d'Eren t'a convaincue ?

Je fronce les sourcils.

-Eren s'est un peu emporté un soir, raconte Christa. Je ne pourrais pas te redire en détails ce qu'il nous a dit, mais c'était assez intense. Beaucoup ont décidé de rejoindre le Bataillon par la suite, comme Jean, Sasha ou Connie.

-Je n'étais pas présente ce soir-là, dis-je doucement.

-Alors, qui t'a convaincue ?

Je ne peux pas lui dire que c'est Levi, j'aurais définitivement l'air ridicule. Mais je ne peux pas non plus lui mentir. En revanche, je ne suis pas obligée de lui dire entièrement la vérité : juste quelques mots suffiront, et les interprètera comme elle le voudra.

-Une personne que j'admire beaucoup, soufflé-je.

Du coin de l'œil, je vois un grand sourire se dessiner sur les lèvres de Christa. La jeune fille s'apprête à ajouter quelque chose quand quelqu'un ouvre la porte à la volée.

-Armin ! m'écrié-je, surprise.

Le jeune homme est essoufflé et ignore royalement les regards noirs des soldats me surveillant.

-Lise, il faut que tu viennes.

-Mais je...

-Maintenant !

o.o.o.o

Je fixe les cadavres des deux gardes d'Eren avec un mélange de pitié et de dégoûts. Les malheureux n'ont eu aucune chance. Gorge sauvagement tranchée pour l'un et plusieurs coups dans l'abdomen pour l'autre. La lutte a été courte et efficace.

Nous nous trouvons dans les vestiaires des sous-sols, près de la salle d'entraînement où personne ne va jamais. Mikasa et Armin sont debout près des murs, la mine grave.

-Vous m'avez traînée jusqu'ici pour me montrer deux cadavres ? fais-je en grimaçant.

-Bien sûr que non, réplique Armin agacé et tendu. On a découvert un truc intéressant en examinant la pièce.

Il pointe une éclaboussure de sang, provenant certainement du soldat à la gorge tranchée. Malgré toutes les horreurs auxquelles nous faisons sans cesse face, je ne peux m'empêcher de frémir. Je me reprends vite et m'approche. La tâche est encore fraîche, ce qui signifie que tout s'est passé il y a peu de temps. Tôt ce matin, à l'heure où la base dort encore profondément.

-Je ne vois pas ce que vous..., commencé-je avant de m'interrompre brusquement.

Je plisse les yeux et me penche encore plus, mon nez touchant presque le mur ensanglanté. Le sang, supposé apparaître sous forme de multiples gouttelettes dues aux éclaboussures, s'arrête brusquement au niveau de quelques briques. Et juste à cet endroit, le plâtre les soudant les unes aux autres semble s'effriter.

-Tu vois ? dit Armin.

-Oui. C'est étrange.

-Pas tant que ça si on considère que cet endroit renferme un passage.

Je me redresse, faisant face à Armin et Mikasa.

-Un passage ?

-C'est mon hypothèse, explique le jeune homme blond. Comment le ravisseur a-t-il pu agir en toute impunité et s'enfuir au nez et à la barbe des gardes ? En empruntant un passage que personne ne connaît. Ainsi, il s'introduit incognito dans la base et en ressort tout aussi facilement. Eren a pu crier autant qu'il a pu, les murs épais nous ont empêchés de l'entendre.

-Et où nous mènerait-il ?

-Nous ne savons pas, répond Mikasa, frustrée. On a refusé de nous montrer les vieux plans de la base aux archives. Apparemment, il faut avoir une autorisation spéciale pour les consulter.

-Mais ça ne nous empêchera pas d'aller voir par nous-même, ajoute Armin.

Je fixe le mur, sceptique :

-Vous savez comment atteindre ce passage ?

Mikasa agrippe un porte-manteau et le fait tourner trois tours vers la droite. Nous entendons soudain un déclic, et le pan de mur s'écarte avec un grondement sourd. Alertés par ce vacarme, les gardes qui me surveillent déboulent dans la pièce. Ils ouvrent des yeux ronds en voyant les cadavres de deux de leur camarade et nous fusillent du regard. Avant même qu'ils ne puissent ouvrir la bouche, Mikasa et Armin les assomme d'un seul et même geste : en prenant la tête de l'un pour frapper l'autre. Efficace. En une seconde, les gardes s'écroulent à terre, inconscients.

-Vous êtes de grands malades, soufflé-je en fixant mes deux amis avec des yeux ronds.

-C'est le seul moyen de progresser rapidement, lâche durement Mikasa.

-Elle a raison, Lise. Le temps nous est compté, et je ne tiens pas à le gaspiller pleinement en essayant de convaincre Erwin de me suivre aveuglément, ajoute Armin.

Malgré la situation, je pouffe :

-Je vous avertis : il est hors de question que je me fasse botter le derrière par votre faute.

-On se dénoncera, sourit Mikasa.

Sans plus attendre, nous nous engouffrons dans le passage.

o.o.o.o

Nous marchons depuis un certain temps déjà, et aucune progression : du noir, toujours du noir, l'odeur de l'humidité, les couinements des rats et les toiles d'araignée s'accrochant à nos cheveux. J'essaie de ne pas penser aux bestioles qui pourraient me courir dans le dos.

Les seules choses qui me relient encore à la réalité, ce sont la respiration d'Armin derrière moi et la main de Mikasa qui agrippe la mienne.

Nous sentons soudain un courant d'air et un vague espoir nous revigore : nous accélérons le pas, pressés de revoir la lumière du jour.

Pourtant, notre espoir s'envole bien vite : le courant d'air vient d'une fissure dans la pierre. Je m'entends pousser un grognement déçu. Pas de lumière. Toujours l'obscurité. C'est à devenir fou.

Je perds toute notion du temps et de fatigue. Je ne sens plus mes jambes, et mon cerveau a décidé de se déconnecter. Je ne suis plus qu'une boule de nerfs, serrant un peu trop la main de Mikasa. Je sens Armin tirer sur mon uniforme : le jeune homme a bien moins d'endurance que nous. Je m'apprête à réclamer une pause quand je l'entends glapir :

-Là ! Droit devant !

Je ne vois rien. Pourquoi je ne vois rien ? Il n'y a que l'ombre de Mikasa qui me bouche la vue et...

L'ombre ? Nous sommes dans le noir total, je ne devrais pas être capable de voir d'ombre...

Et pourtant, je la vois. Et je comprends ce que voulait nous montrer Armin. La lumière. Ténue, mais bel et bien là. Nous poussons des exclamations de joie tout en courant vers le brin de jour tant espéré.

Nous déboulons dans un endroit immense et vide. Une énorme grotte souterraine. Le « plafond » s'est écroulé, laissant passer de tristes rayons de soleil.

-Où sommes-nous, chuchoté-je, effrayée à l'idée que ma voix ne résonne trop dans cet espace propice à l'écho.

-Aucune idée, répond Armin en se tordant le cou pour embrasser toute la grotte du regard. Mais cet endroit est très vieux. Et cette grotte s'est formée naturellement : l'Homme n'est pas intervenu.

Je reste sidérée face à cette analyse. Comment Armin peut-il savoir ça ?

-Je n'aime pas ce silence, dit Mikasa en plissant les yeux.

Ses prunelles glissent sur les moindres imperfections de la grotte, les muscles tendus, prête à bondir. Elle n'arrête pas de murmurer « ce n'est pas normal » et ça me rend nerveuse.

-Où va-t-on maintenant ? demandé-je en levant les yeux vers le bout de ciel visible.

-On continue, décrète Armin. Je veux voir où mène cette ouverture là-haut.

Je m'apprête à lui faire remarquer qu'on n'a aucun moyen de monter tout là-haut quand je remarque que Mikasa et Armin sont équipés de leur 3D Manœuvre. Je fronce les sourcils.

-Désolée, dit alors Mikasa. Mais avec les gardes, on ne pouvait pas voler ton équipement.

-Je vais te porter, propose Armin.

Je grommelle. Toutes ses restrictions à mon égard commencent sérieusement à me taper sur les nerfs.

Une fois hors de la grotte, nous restons bouche bée devant l'immense paysage qui s'étend sous nos yeux. De l'herbe à perte de vue et de timides arbustes. Un ciel bleu, parfaitement dégagé.

-Nous sommes hors de Murs, dis-je inutilement. Comment est-ce possible ? Aurait-on tant marché ?

-C'est la fin de la journée, indique Mikasa en pointant le soleil du doigt. Nous avons marché au moins deux heures.

Je sursaute. Tant que ça ? C'est inimaginable... Pas étonnant que nous ayons les jambes en coton !

-Et maintenant ? fais-je, toujours abasourdie par notre longue marche.

-On suit les traces, dit Armin.

-Les traces ?

Mikasa m'indique de quoi le jeune homme parle. Des traces de pas dans l'herbe humide et presque boueuse. Elles sont profondes et encore fraîches, puisque l'herbe n'a pas repris le dessus.

-Leur profondeur indique deux choses, réfléchit Armin. Soit la personne a une stature imposante, soit elle transportait quelqu'un.

-Je penche pour la deuxième proposition, interviens-je. Je ne vois aucune trace d'Eren ici. Et même, regardez...

Je pose mon pied sur une des empreintes. Cette dernière est légèrement plus grande.

-Vous voyez ? Je fais du 36, et la personne doit faire du 38, 39 maximum. Mikasa, quelle est la pointure d'Eren ?

-42, répond la jeune fille sans hésiter.

-Il est donc impossible que ce soit les empreintes d'Eren, conclus-je.

-Bien joué, me complimente Armin.

Malgré tout, une question demeure : qui pourrait avoir enlevé Eren et l'avoir porté tout ce temps sur son dos ?

Nous suivons les traces un bon moment. Le soleil décline peu à peu, laissant une obscurité croissante prendre le dessus sur la lumière du jour.

Et enfin nous y arrivons. L'endroit où Eren est très certainement détenu. C'est une maison en ruine, perdue dans le vert immense du paysage. Des Murs, cet endroit n'est certainement qu'un point minuscule, un point noir sans importance, partiellement dissimulé par de timides arbres presque nus.

Nous pénétrons dans la maison. Elle est vide. Composée d'une seule pièce. En son centre, un carré noir, béant, nous invite à plonger en son sein. Mes camarades et moi échangeons un regard avant de nous lancer. La descente est ponctuée de petit bruit d'eau, d'une odeur de vieux bois pourri et de pierre froide.

Mikasa est la première à poser pied à terre et ouvre la marche. Je la suis de près, de plus en plus nerveuse. Nous longeons un long couloir sombre, illuminé par une seule torche.

Et soudain, un cri. Nous nous figeons. Echangeons de nouveau un regard.

Second cri. J'écarquille les yeux. C'est la voix d'Eren. Nous entendons un vague murmure, une voix féminine, familière elle aussi. Armin se crispe.

-Annie ?

-C'est bien ce que je pensais, grogne Mikasa, dont je sens la fureur grimper de secondes en secondes.

J'avale ma salive et frissonne. Je ne pensais pas que quelqu'un pouvait être aussi effrayant que Levi. Nous avançons de quelques pas et pouvons enfin voir ce qui se passe.

Eren est enchaîné à un mur, les vêtements déchirés, de longues balafres rouges décorant son torse. Les plaies ne restent pas plus de quelques secondes, se refermant presque instantanément. Une figure blonde, légèrement plus petite que le jeune homme, nous masque la vue. Elle lève le bras et l'abat sur Eren, qui pousse un nouveau cri. Sur son visage, un trait rouge vif se dessine avant de s'évanouir. Je frémis : même si nous guérissons rapidement, cela ne nous empêche pas de ressentir la douleur cuisante d'une blessure.

-C'est bien Annie, confirme Armin les yeux grands ouverts. J'avais quelques doutes, mais jamais je n'aurais pensé qu'elle était réellement...

Il ne termine pas sa phrase, sonné par cette découverte. Mikasa ne semble pas surprise, trop occupée à se contenir.

-Je vais la tuer, siffle-t-elle.

-Wow, attends un peu, chuchoté-je précipitamment en la retenant par le bras. On n'a pas de plan, on ne sait même pas si elle est seule ou non ! Tu ne peux pas te jeter dans la gueule du loup comme ça !

-Mais...

-Lise a raison, Mikasa, intervient Armin. C'est trop dangereux, il faut nous préparer.

-Eren se fait torturer !

-Et ça me fait aussi mal qu'à toi, mais on ne peut pas se permettre d'être fait prisonniers tous les trois, insiste le jeune homme blond. Personne ne sait que nous sommes là.

-Sans compter qu'on n'est même pas certains d'être vraiment fait prisonniers si on se fait prendre, lâché-je.

Mikasa pince les lèvres et cède. Je lis sur son visage à quel point cette décision lui coûte et ça me fait mal. Mais nous n'avons pas le choix.

Eren pousse un hurlement de pure douleur qui nous fait frémir. Il n'en faut pas plus pour que Mikasa craque : elle se lève d'un bond et fonce droit sur Annie comme une furie.

-Mikasa ! crie Armin.

Alors que la jeune fille s'apprête à transpercer Annie avec ses lames, cette dernière esquive l'attaque avec aisance et réplique aussitôt avec un fendant. Je peux vois dans la main l'éclat d'un petit poignard.

-Quelque chose ne va pas, murmuré-je en fronçant les sourcils.

-On verra ça plus tard ! s'exclame Armin. Prends ça et allons libérer Eren pendant que Mikasa tient Annie occupée.

J'attrape la lame que me lance le jeune homme et le suis sans faire d'histoire. Annie nous observe du coin de l'œil tout en combattant Mikasa. Elle n'a pas du tout l'air surprise de nous voir ici, bien au contraire : on dirait qu'elle s'y attendait.

Armin atteint Eren le premier. Il se bat contre les chaînes pour le libérer, sans succès. Je l'aide du mieux que je peux mais obtient le même résultat. Nous pestons.

-... tez..., dit Eren.

-Quoi ?

-Partez... Vite... c'est un piège...

-Hors de question qu'on te laisse ici, idiot ! s'écrie Armin.

Je me mords la lèvre. Ce que je m'apprête à faire est horrible, mais je n'ai pas le choix.

-Eren, tu vas avoir mal, avertis-je.

Le jeune homme brun hoche la tête alors que je pose ma lame sur son poignet.

-Lise ? fait Armin. Qu'est-ce que tu... ?

D'un mouvement sec, je tranche le poignet d'Eren. Il pousse un long hurlement de douleur qui me fait terriblement culpabiliser. Je réitère l'opération avec le second poignet et Armin rattrape le jeune homme avant qu'il ne s'effondre au sol.

-Tu es complètement folle ! crie Armin en colère.

-Tu avais une autre solution peut-être ?! répliqué-je sur le même ton. Et puis regarde, il se soigne déjà.

En moins d'une minute, le poignet droit d'Eren est de retour dans un tourbillon de chair et de muscles. Je grimace puis aide Armin à traîner notre ami loin d'ici. C'est alors que je réalise une chose.

Je n'entends plus le bruit des lames s'entrechoquant.

Je me retourne et lève ma propre lame juste avant que le poignard d'Annie se s'abatte sur mon épaule. Armin pousse un glapissement surpris.

-Vas-y ! crié-je à son attention.

Avec de gros efforts, je parviens à repousser Annie. La jeune fille me regarde, surprise.

-Tu n'étais pas aussi forte la dernière fois.

-Les gens changent.

Derrière elle, je peux voir Mikasa se relever difficilement. Comment Annie a-t-elle pu la vaincre ? Mikasa vaut au moins dix soldats !

Ses pouvoirs l'aident.

Naturellement. Si on ajoute ce détail, il est clair qu'Annie peut être en mesure de battre Mikasa qui, elle, ne possède que sa force humaine, déjà incroyable.

Annie attaque de nouveau, et je la repousse difficilement. Ses coups sont puissants, précis, mais aussi traîtres. Plusieurs fois elle fait mine de vouloir m'attaquer aux jambes pour mieux m'atteindre à l'abdomen. Je reçois plusieurs coups en plein visage et dans l'estomac. Pourtant, je suis toujours debout. Je résiste. Il faut que je gagne du temps pour permettre à Armin et Eren de s'enfuir. Mikasa est debout et s'apprête à m'aider.

-Rejoins Armin ! lui lancé-je.

-Je refuse de...

-DEPÊCHE-TOI !

Je me jette sur Annie pour l'empêcher d'arrêter Mikasa. La jeune fille blonde s'écroule sous mon poids, surprise. Une seconde plus tard, je sens une douleur aiguë dans mon dos. Annie me repousse avec ses jambes et essaie de me frapper en pleine poitrine. Je roule sur le côté et me relève en grimaçant. Mes blessures se referment, mais la douleur subsiste.

-Bertolt m'avait bien dit que tu serais une sale épine, grogne Annie agacée.

-Heureuse de l'entendre.

-Tu penses vraiment que ça va nous empêcher d'accomplir notre devoir ?

-J'espère. Même si je sais qu'au final, je ne serai pas celle qui vous arrêtera.

-Tu connais au moins tes limites, c'est bien.

Voir Annie agir ainsi ne me blesse pas autant que je ne le pensais. Après tout, je ne lui parlais que très peu. Nous avons mangé ensemble une ou deux fois lorsque nous étions encore des cadettes, mais notre relation s'est arrêtée là. Nous n'avons aucun lien. Nous sommes justes deux soldates se battant pour ce que nous pensons être juste.

-Annie, ce que vous faites avec Bertolt et Reiner est mal, tenté-je.

-Ne me sers pas de beaux discours émouvants, Lise, me coupe froidement Annie. Ma décision est prise, et rien ne me fera changer d'avis.

-Je ne te laisserai pas passer, menacé-je.

Annie hausse un sourcil, me fixe et éclate de rire. Je frissonne, abasourdie. Comment peut-elle rire dans une telle situation ?

-Je n'ai pas besoin que tu me laisses passer, pauvre idiote, dit doucement la jeune fille en s'avançant. Les trois autres peuvent bien fuir, ça ne me fait rien.

-Que veux-tu dire ?

-Tout ceci n'était que du bluff. L'enlèvement de Jaeger. Le meurtre de ses gardiens. Les indices laissés derrière moi. Tout cela n'était qu'une petite mise en scène.

-Je... Je ne comprends pas...

Annie se trouve juste devant moi, me dominant de son regard dur.

-Il se trouve que tu étais trop bien surveillée. T'enlever toi était une chose beaucoup plus difficile qu'enlever Jaeger. Et tu sais pourquoi ? Parce que Levi était toujours dans les parages. Impossible de poser une main sur toi sans se faire directement prendre. Alors nous avons décidé de t'attirer ici. Têtue et stupide comme tu es, nous savions que tu allais venir jusqu'à nous, te soustrayant à la surveillant du Caporal avec l'aide d'Ackerman et d'Arlett. Et nous avions aussi prévu que tu te sacrifies pour eux afin de leur permettre de fuir. Tu vois ? Tu es tellement facile à comprendre, tellement prévisible.

-Pourquoi ?

Annie pousse un soupir et m'adresse un sourire froid.

-Ça, tu le sauras bien assez tôt.

Je sens une piqûre douloureuse dans mon cou et sursaute. Presque aussitôt, ma vue se brouille, jusqu'à devenir totalement noire.

-Bonne nuit, Lise.

Note de l'auteur :

OMG QUE VOIS-JE ? Deux chapitres en une semaine ! DEUX ! C'est incroyable, non ? Je me suis surpassée, récompensez-moi avec une glace Magnum double chocolat.

Bon, je vais pas vous la cacher hein, mais il y a une bonne raison à ces publications miracles : la semaine prochaine vous n'aurez très certainement pas de chapitre, vu que je suis en examen et que je dois gérer mon déménagement et la préparation de mon stage (ouaip, j'pars en Espagne huhuhu), donc j'ai décidé de vous faire un cadeau pour ne pas me faire taper (paske vous êtes flippants quand le chapitre ne sort pas à temps O_O)

Bref, j'espère que ce chapitre vous aura plus. J'espère aussi que la fiction vous plaît toujours autant. Si vous avez une remarque (trop lent, trop long, pas assez...), n'hésitez pas !

Aussi, je voulais tous vous remercier de me lire. Plus de 2800 lectures ! Bordel, je vous aime ! Je suis sidérée devant un tel chiffre. Et vos commentaires me font beaucoup rire (même si je ne réponds pas souvent, honte à moi, vous pouvez me fouetter si vous le souhaitez). Vous êtes géniaux, je vous aime !

~Faelyg

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