Lorsque nous arrivâmes enfin devant chez moi, je fus surpris de trouver la maison vide. Mon père devait sûrement être sortie faire des courses, ou bien il était surement parti voir un autre membre de la meute. Je ne me faisais pas vraiment de soucis pour lui, mais cela voulait dire que j'allais être seul avec le vampire et ça me mettait quelque peu mal à l'aise.
Liam, justement, me suivait docilement, sans dire un mot. Il ne me lâchait pas des yeux, ce qui était plutôt gênant parce que je ne savais pas comment interpréter son regard. Me surveillait-il ? Me jugeait-il ? Je ne savais pas et ça me turlupinait.
Afin de me soustraire à son regard, j'allais rapidement enfiler un jean et un t-shirt dans ma chambre. Une fois fait, je n'oubliais pas de plier la veste de Liam et de la poser sur mon lit. Ensuite, je redescendais au rez-de-chaussée. Payne m'attendait, debout, dans le salon. M'asseyant sur le canapé, je l'invitais à faire de même. Le silence persista encore une minute ou deux avant que je ne décide d'ouvrir la bouche.
« Tu sais... j'ai bien conscience du fait que tu voudrais des réponses sur mon comportement de ces derniers jours. Mais pour ça, il faut me poser des questions précises, parce que j'avoue que je ne sais pas par quoi commencer. dis-je en haussant les épaules. »
Il sourit puis se tourna légèrement pour me faire face.
« Pourquoi m'avoir pardonné ? »
C'était direct, inattendu. Il ne commence pas par le sujet le plus facile, mais je m'étais préparé à ce qu'il finisse par me demander.
« J'y réfléchis encore à vrai dire. avouais-je. »
Par la grimace sur son visage, je compris qu'il n'était pas emballé par ma réponse mais il n'ajouta rien.
« Pourquoi avoir agis de cette manière durant toute la semaine dernière ? »
Il n'avait rien ajouté mais il continuait à foncer tête baissée dans les sujets pas facile. J'aurais peut-être dû m'abstenir au sujet des questions...
« Je suis au courant que tu t'es évanoui et que tu as vu... Certaines choses. commençais-je. »
Pour toute réponse, il hocha la tête.
« Et tu dois certainement savoir, que j'ai vécus la même chose. continuais-je. »
Même hochement de tête. Ça allait être long...
« Alors tout comme moi, tu as vu l'attachement, l'amour que se portaient ces deux êtres, mais aussi la douleur, n'est-ce pas ? J'ai vu la vie sortir du corps blessé de Caesar tout comme j'ai vu, ou plutôt sentis, le cœur d'Armand se briser. J'ai déjà perdu quelqu'un d'important dans ma vie, je ne veux pas que ça recommence.
- Sans le vouloir, tu viens de répondre à mes deux questions. sourit-il. »
Et en y pensant, il n'avait pas tort : si j'avais pardonné Liam aussi vite, c'était uniquement parce que j'avais peur qu'il ne lui arrive quelque chose. J'avais peur de le perdre. Mais pourquoi ? Je le connaissais à peine...
« C'est vrai. chuchotais-je. Mais pourquoi ? »
Avant qu'il ne puisse me répondre, la porte d'entrée s'ouvrit violemment, venant claquer contre le mur derrière elle, nous faisant tous deux sursauter. Harry entra précipitamment, suivit quelques instants après par un Louis ébouriffé et essoufflé.
« C'était quoi ça ? demandais-je à Liam en me levant.
- Aucune idée ! répondit-il en regardant son meilleur ami d'un air effaré. »
Le mien s'approcha de moi et me prit dans ses bras.
« Ne me fais plus jamais ça Zayn ! dis Louis en me frappant l'arrière de la tête. »
Mais de quoi parlait-il ?
« Nous avons entendu certaines personnes dire que vous étiez partit, et que notre cher loup-garou ici présent était dans une posture assez... Enfin vous voyez ce que je veux dire. répondit Styles à ma question muette. »
Alors comme ça, Harry aussi est à la Fac ? Pourtant je ne l'ai jamais vu. Ni à la Fac, ni traîner avec Liam aux alentours de la Fac. Mais attendez, que voulait-il dire par là ?
« Alors j'ai eu peur qu'il ne te soit arrivé quelque chose. D'où notre entrée fracassante. Désolé d'ailleurs pour la porte, j'espère qu'elle n'est pas cassée ? »
À vrai dire, je me fichais totalement de la porte.
« Je m'étais transformé. Et j'étais nu. C'est Liam qui a voulu que l'on quitte la Fac et je n'étais pas d'accord au début. expliquais-je. Mais comment se fait-il que des gens nous aient vu ?! questionnais-je Liam en me tournant vers lui.
- Et bien, disons simplement que nous ne sommes pas les seuls vampires de la ville souhaitant étudier... expliqua Payne.
- Mais dans ce cas, j'aurais dû le savoir ! m'offusquais-je.
- Non, ils utilisent un mélange bizarre qui leur permet de ne pas se faire remarquer. expliqua Bouclette. C'est pratique, mais les substances utilisées augmentent notre soif, ils doivent donc boire plus souvent.
- D'où le fait que, ces derniers temps, beaucoup de personnes mortes ont été retrouvé vidé de leur sang... continua Louis. Mais attend, tu t'es transformé dans un lieu public ? »
Je l'ignorais. Je savais de source sûre que Liam et les siens ne buvaient pas beaucoup. Ils n'étaient donc pas à l'origine des morts. Ce qui, soyons honnête, me rassurait.
« Quoi ? Tu ne croyais tout de même pas que nous étions responsables ? questionna Payne, observant mon air scrutateur.
- Je ne connais rien de vous Liam, à part ce qu'on m'a enseigné -ou plutôt rentré de force dans la tête. C'est-à-dire que vous êtes des monstres sanguinaires et qu'il ne faut en aucun cas rester près de vous. Enfin vous approcher quoi...
- Et d'après toi, c'est vrai ?
- Non, bien sûr que non ! Laissez-moi juste m'habituer à l'idée que c'étaient des conneries. »
Les deux vampires hochèrent la tête. Mais il restait un dernier mystère : que faisait Louis avec Harry ? Pourquoi avais-je l'impression qu'il savait beaucoup plus de chose qu'il ne voulait le dire ? Il allait falloir qu'on ait une petite conversation rien que tous les trois...
« Tu réfléchis trop Zayner ! rigola Louis.
- Je sais Louis... Mais il faut bien que mon cerveau serve à quelque chose. Sinon, ça vous dit de passer la soirée ici ? demandais-je en regardant Liam et les deux intrus. »
Mon meilleur ami me fit un grand sourire et vint s'asseoir à mes côtés. Harry, lui, hésita...
« Bah alors Bouclette, tu fais quoi ? m'exclamais-je. »
... mais finit par nous rejoindre, non sans me lancer un regard noir, que je choisis d'ignorer.
Par la suite, Louis appela Niall, lui demandant de nous rejoindre et, tous les cinq, nous passâmes notre soirée à regarder des films, à manger, boire, et parler de choses et d'autres...
C'est la première fois que je passais un si long moment avec un vampire, et je ne pouvais qu'avouer qu'ils n'étaient pas si différents que cela de nous. À la différence près qu'ils tiennent très bien l'alcool, ce qui n'est pas vraiment notre cas.
Mon père, qui rentra vers vingt-trois heures, haussa les sourcils mais ne dit rien, en nous voyant tous les cinq plus ou moins allongés sur le canapé, plongés dans un film de série B sans intérêt. J'apprendrais plus tard qu'il avait passé sa soirée chez Eliott Payne.
Ce n'est que vers deux heures du matin que Bouclette rentra chez lui, déposant par la même occasion Louis et Niall, qui ne tenaient plus debout sans être soutenu... Que voulez-vous, je vous avais bien dit qu'on ne pouvait pas boire sans risques.
Liam, quant à lui, m'accompagna jusqu'à ma chambre, et m'aida à me coucher.
« Il faut encore que nous décidions certaines choses. dis-je d'une voix pâteuse.
- Tu es sûr que tu t'en souviendras demain ? rigola-t-il.
- Bien sûr, je n'oublie jamais ce qui est important.
- Très bien. Alors disons que nous n'avons qu'à ne pas nous côtoyer à la Fac. On pourrait se voir le soir ici où chez moi, c'est comme tu veux...
- Tu veux quand même me voir, j'en suis honoré ! blaguais-je.
- Zayn, c'est sérieux ! me disputa-t-il en levant les yeux au ciel.
- D'accord... soufflais-je. On peut faire une fois chez moi, une fois chez toi ? proposais-je.
- Ça me va. Bon, je vais y aller, mon père doit m'attendre. Bonne nuit Zayn.
- Ouais, bonne nuit Liam. »
Il me sourit puis, avant que je ne réalise ce qui était en train de se passer, ouvrit ma fenêtre et sauta.
Alors que je sombrais dans le sommeil, une chose me revint à l'esprit.
« Liam, tu as oublié ta veste. pensais-je. »
C'est bien lui qui avait parlé de communication par l'esprit, non ?
Et en effet, quelques minutes plus tard, je le vis atterrir dans ma chambre, même pas essoufflé. Il récupéra son vêtement posé sur ma chaise de bureau, et s'approcha du lit.
« Merci. dit-il simplement.
- Derien. C'est pratique cette messagerie instantanée ! Il faudra que tu m'explique comment elle marche un de ces jours.
- Messagerie instantanée hein ? Ne t'inquiète pas, je le ferais. Toi, tu devrais dormir.
- Hmm... répondis-je. »
Je me tournais sur mon côté droit, laissant le sommeil m'engloutir.
Dans la nuit, un bruit me réveilla. Perturbé, j'ouvrais péniblement un œil, encore plongé dans la brume du sommeil. Une personne était assise au bout de mon lit. Ne voyant pas son visage, je ne pus la reconnaître. Tout ce que je savais, c'est que cette présence était des plus réconfortante et qu'elle ne m'empêcha pas de replonger dans le sommeil.