Dilemme au Jollofland

由 AMK_Rassoul

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[ŒUVRE PROTÉGÉE ] Une histoire au cœur de certaines réalités sénégalaises avec sa bonne petite dose de fictio... 更多

Préambule
Chapitre 1: L'instit !
Chapitre 2: Et tout débuta dans le ciel !
Chapitre 3: Quand la belle-famille s'en mêle !
Chapitre 4: Adji Binta FAYE dans ses œuvres !
Chapitre 5: Pression & Dépression !
Chapitre 6: Un homme tiraillé !
Chapitre 7: L'amour à l'épreuve !
Chapitre 8: La fin d'une vie & le début d'une autre !
Chapitre 9: Je plaide coupable, votre honneur !
Chapitre 10: Oui maman !
Chapitre 11: On a échangé mon mari !
Chapitre 12: Lou bess néex (le goût exquis de la nouveauté) !
Chapitre 13: Dos au mur !
Chapitre 14: La main dans le sachet !
Chapitre 15: De mal en pis !
Chapitre 16: Contre vents et marées !
Chapitre 17: Coalition sorcière !
Chapitre 18: Le coup de grâce !
Chapitre 19: La vie continue !
Chapitre 20: L'inconnu au charme fou !
Chapitre 21: Confie-moi ton cœur !
Chapitre 22: Le temps juge, la vérité se dévoile !
Chapitre 23 : Trouble-fête !
Chapitre 24: Raison & Sentiments !
Chapitre 26: Père et Fils !
Chapitre 27: Une question de Djongué: entre trucs et astuces !
Chapitre 28: Retour vers le passé !
Chapitre 29: Autour d'une Seconde Chance !
Chapitre 30: Miss Independent !
Chapitre 31: Rien de tel que la famille !
Chapitre 32: Palabres !
Chapitre 33: Tensions !
Chapitre 34: Ultimatum !
Chapitre 35: Un air de déjà vécu !
Chapitre 36: Mea-culpa !
Chapitre 37: Affrontements !
Chapitre 38: Reconquête !
Chapitre 39: Une prière exaucée !
Chapitre 40: Le bout du tunnel !
Nouvelle Chronique : De Victimes à Bourreaux !
Nouvelle Chronique : Entre le Sang et l'Enclume !

Chapitre 25: Confidences !

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由 AMK_Rassoul

"Le bonheur dans le mariage est uniquement une question de chance." Jane Austen, Orgueil et Préjugés.

Fatima Zahra KASSÉ GUISSÉ

Les jours sont devenus des semaines et les semaines des mois et voilà maintenant cinq mois que je suis mariée à Ibrahim Khalil GUISSÉ et nous menons notre petite barque lentement mais sûrement.

Nous avions comme convenu passé notre lune de miel assez original dans le pays Bassari. Ce fût vraiment très sympas mais comme l'avait précisé mon beau parleur de mari, l'endroit où nous étions importait peu, l'essentiel étant que nous étions ensemble et nous avions largement profité l'un de l'autre sans modération si vous voyez ce que je veux dire... Je ne vais quand même pas vous faire un dessin, certains en seriez traumatisés à vie !
Non je refuse d'endosser cette lourde responsabilité ! Que ceux qui le peuvent encore gardent jalousement leur innocence, ce monde est bien assez perverti !

Tout ce que je peux dire c'est que notre première nuit ensemble fût comme qui dirait explosive et sans jeu de mots. Conséquence, sans doute, d'une longue diète de part et d'autre mais, vu le résultat, la longue abstinence en valait largement le coup, ça je peux l'assurer 😏

Le lendemain de cette nuit idyllique, à ma sortie de la douche, je trouvais une magnifique parure déposée sur le lit prés de l'oreiller (djiéguénayou Djiekk bou Sëy ba Sëyatt guay ame fofou ! Aka Djongué GUISSÉ Maabo !) Ce fût une délicate attention et de mon côté, je lui avais également prévu un petit présent symbolique, une magnifique montre "pour que tu sois désormais tout le temps à l'heure" lui avais-je alors dit en référence à la première fois que nous nous sommes rencontrés avec son fameux retard.

C'était assez court, la semaine est très vite passée mais il nous fallait revenir à la réalité, mon mari ne peut pas se permettre de s'absenter très longtemps, ses patients l'attendaient. Il travaille beaucoup certes mais je le comprends, il doit sauver des vies ! (Je kiffe trop dire ça 😂)

Revenus de lune de miel, nous nous sommes installés dans la maison familiale, là où j'avais fait la rencontre de maman Aïcha. Les parents de Khalil sont installés au rez-de-chaussée tandis que lui et moi disposions des appartements du haut. Ce sont deux ailes complètement séparés de la maison, de ce fait nous vivions tous en famille tout en préservant notre petite intimité. Cela ne me dérange absolument pas, bien au contraire !
Avant le mariage, nous en avions discutés et Khaliloulah m'avait proposé qu'on s'y installe dans un premier temps, histoire de bien choisir un futur chez nous qui nous conviendrait le mieux et il m'avait dit que si je le souhaitais nous pouvions aussi déménager dès à présent mais j'ai préféré qu'on reste tous en famille.

Pour dire vrai, Khalil est vraiment un homme merveilleux, très attentionné et il me comble sur tous les plans en tout cas jusque là. Je n'ai pratiquement pas grand-chose à lui reprocher... si quand même sinon ce serait trop beau pour être vrai 😂
Aka réw sama góor ! Shi ki dafma nëubone bopam ndékété ! Non magg bou réw baxoul, day badjantou sa kaw mél ni gros bébé, guay naax di néxal mouy bouder, di ték ay caprices you amoul fénëu...Oups na nopi sax nak, sama Sangue leu Guissé Maabo té nguërëm lay saakou ! (Il est très capricieux mon homme. Sérieusement un adulte, de surcroît un homme capricieux c'est le bazar. Il agit tel un gros bébé parfois en boudant et faisant des caprices très insensés et immatures mais bon c'est mon roi quand même). C'est bien connu, les rois sont soit fous soit capricieux ou les deux à la fois !

Son seul véritable problème demeure sa jalousie excessive, ça vire carrément à l'obsession des fois. Il est très possessif, ne manquant jamais de signifier ouvertement aux autres que je suis à lui en quelque sorte. Par exemple je fus très choquée la première fois où il a carrément demandé et vigoureusement à un homme de détourner le regard sur sa femme sans autre forme de procès.

Nous étions alors sortis diner en amoureux un jour de forte affluence, n'ayant plus de place devant le restaurant, Khalil a été obligé de se garer un peu loin. En rentrant, pour m'éviter de marcher sur une très longue distance avec mes talons hauts Khalil m'a donc proposé de l'attendre devant le restaurant le temps qu'il avance la voiture pour moi. Entre temps, il y'a eu un gars qui s'était approché.

-Bonsoir madame, vous êtes seule ? Je peux vous déposer peut être ? Il a à peine eu le temps de terminer sa phrase que Khalil était arrivé en trombe, sur un parking quand même ! Il est complètement fou, il a dû l'apercevoir de loin !

-Fall, bas les pattes, ki alalou djambour leu (Pas touche mon gars, c'est la propriété d'autrui !) Monte Zahra, on y va ! Ordonnait-il d'une voix dure et sans réplique tel un dictateur.

-Djiéguelou deh Jambar (désolé), je ne savais pas qu'elle était accompagnée. Une si jolie femme ne doit pas rester seule, les rues ne sont pas sûres à cette heure! Disait l'homme avec courtoisie.

-Fall vous pouvez garder vos compliments ! Moi, mieux que personne, sais apprécier la beauté de ma femme et je ne donne ce droit à aucun autre homme sur cette terre ! Répliquait sévèrement Ibrahim.

-Saway fiirr gua deh moway... wanté nak liko djar ko djar (Vous êtes un jaloux dites donc... mais je vous comprends !) Disait l'homme en me jetant coup d'œil furtif.

-Rangez vos yeux aussi non... ou apprenez à les éduquer un peu mieux ! Assénait mon mari.

Wa mais quelle mouche l'a donc piqué ? Me demandais-je gênée par cette situation.

-Sans rancune Yaram (mon gars), je voulais juste rendre service ! Répondit le pauvre homme et Khalil ne lui accordait même plus un regard.

-Veuillez nous excuser monsieur ! Merci et bonne fin de soirée ! Dis-je avec un sourire poli ayant un peu honte du comportement excessif de mon mari avant qu'il ne démarre rageusement la voiture.

-Pourquoi tu lui a parlé à cette homme déjà ? En plus tu te permets de t'excuser et de lui sourire. Je n'aime pas ça Fatima ! Je ne me suis absenté qu'une minute et voilà qu'un prédateur arrive ! Rouspètait-il en accélérant.

-Détend-toi, Khaliloulah, je suis là à tes côtés ! Personne ne va me voler à toi voyons ! Ce pauvre homme était un gentleman, il voulait juste aider rien de plus car il pensait que j'étais seule ! Rassurais-je.

-Tu parles d'un gentleman, un gratteur ouais ! Grognait mon mari.

-Tous les hommes qui m'approchent ne veulent pas forcément me draguer quand même ! En plus dama fé méloule nén sax di (ce n'est pas comme si j'étais une beauté fatale ou je ne sais pas quoi non plus !)

-Ce que tu ne comprends pas Zahra c'est que ce monde est plein de vautours à l'affût, tapis dans l'ombre, qui n'attendent qu'un moment d'inattention... une toute petite brèche pour tenter de s'emparer du festin d'autrui. Discourait vigoureusement Ibrahim Khalil.

-Waw ! Ce langage de chasseur est un peu trop technique pour moi ! Répliquais-je. Wa souris nak, tu es un peu moche quand tu es grognon ! Tentais-je pour le dérider un peu.

-Ça par contre non ! Je suis le fils à sa maman, toujours beau gosse ! Dans n'importe quelle situation je garde mon superbe ! Mais je ne suis pas d'humeur, cet homme a gâché une soirée qui avait si bien démarré pourtant ! Fit-il prétentieux comme à son habitude en esquissant un léger sourire.

-Et elle va se terminer encore mieux, fatél li rék yaw té bayé mak sa bopp (oublie ça et laisse-toi faire !)

- Que comptes-tu me faire Guidélam (mon amour) ? Me demanda-t-il d'un air suspicieux mais en essayant de se concentrer sur la route.

-Rentrons rék et tu verras ! Tu ne seras pas déçu Habibi (mon chéri), je te le promets ! Répliquais-je coquine.

Et il poussa son sourire jusqu'à la Guinée voisine. Il était enfin détendu. Avec une telle jalousie, j'ai sérieusement du pain sur la planche pensais-je.

************************************
C'était une de ces soirées assez calmes, une belle nuit romantique comme les amoureux du monde entier en rêvent. La lune brillait de tout son éclat dans un ciel parsemé d'étoiles. Une de ces soirées très propices à la confidence.

J'avais repris mes cours depuis un certain temps déjà, et ouais fini les vacances ! Ibrahim Khalil était revenu de l'hôpital à une heure disons correcte aujourd'hui.
Après le diner, on est resté discuter en famille dans une ambiance détendue et très chaleureuse.
Une fois que ses parents se sont retirés, de vrais couche-tôt en réalité, mon cher mari et moi retrouvions aussi notre petit cocon.
J'étais assise adossée à la tête de lit, Khalil, allongé, avait sa tête posée sur mes cuisses et je la lui caressais lentement du bout des ongles.

-Continue comme cela et je vais vite rejoindre Morphée ! Me disait-il d'une voix apaisée.

-Défal loula néex Guissé Maabo Sama Sangue bi, ba kénëu lale leu (Fais ce que bon te semble mon prince et j'attends de voir si quelqu'un y trouve à redire) ! Lui répondis-je très câline.

-Comment tu réussis à faire ça ?

-Quoi donc Habibi ?

-En quelques mots tu réussis à m'apaiser. Tu es si douce ma petite fleur ! Tu as ce don de réussir à me faire me sentir comme si j'étais la personne la plus importante au monde...comme si j'étais un roi ! Me confiait-il.

-Tu es mon le roi de mon cœur nak Guissé Maabo ! Répondis-je avec le sourire.

-Tu es un baume dans mon cœur jadis meurtri ma Zahra...Tu sais après une dure journée à l'hôpital, j'ai hâte de rentrer à la maison car je sais qu'avec un seul de tes sourires, tu me feras oublier toute ma fatigue...Tout ce que je regrette avec toi, c'est de ne pas t'avoir connu plutôt... tu sais avant qu'aucun de nous deux ne soit embarqué dans nos premiers mariages toxiques !

-C'étaient nos destins, on devait passer par ces mariages avant de nous rencontrer... Wanté lima néex si yaw Habibi moy dagua Djongué si góor (mais ce que j'aime en toi mon cœur c'est que tu es très coquin pour un homme). Tu as cette façon si poétique de me parler !

-Góor guou mouss dëgg, day Djongué deh ma waax lako tay (Tout homme intelligent doit être coquin et charmant avec sa dame). Si tu l'es tu peux obtenir d'elle tout ce que tu veux sans aucune prise de tête. Dou yagui ni louma waax guani ko guongo tigui (Tu en es l'exemple parfait, tout ce que je dis tu acquiesce sans broncher) ! Me charriait-il avec son sourire craquant là en me faisant un clin d'oeil très coquin.

J'éclatais alors d'un rire sincère avant de me baisser pour lui faire un smack.

-Hum hum

-Tous ces petits orgueilleux là, incapables même de complimenter leurs épouses ou de leur dire un simple « je t'aime », di xogualikou, yëkëti mbagg ak xëthi kiliftéf (qui sont arrogants, dictateurs et aiment jouer aux petits chefs) dans leurs maisons, eh ben je te le dis moi, s'ils savaient tout ce qu'ils rataient, ils s'essaieraient vite à la Djonguélogie (à la coquinerie) ! Monologuait mon mari

-Ndeyssane, daño dégoul Sunnah rék (les pauvres ils ne savent pas ou n'ont pas bien compris la Sunnah du Prophète ! Renchéris-je.

-Effectivement Guidélam, le Prophète Mouhamed était très doux avec ses épouses et malgré ses nombreuses charges, il les aidait même dans les tâches ménagères, à cette époque là en plus où le machisme était encore plus acerbe qu'aujourd'hui. Et pourtant, il était le plus grand adorateur d'Allah SWT de tous les temps ! Disait Ibrahim les yeux brillants d'admiration. Nous hommes devons prendre exemple sur lui, cela nous évitera bien des déboires !

-C'est le Prophète lui-même qui a dit que : « Le croyant qui a la foi la plus complète est celui qui a le meilleur comportement et les meilleurs d'entre vous sont les meilleurs avec leurs femmes » (At-Tirmidhi Rapporté par Abû Hurayra RA)... et dans une autre version du hadith il dit que : « Le meilleur d'entre vous est le meilleur avec sa famille et je suis le meilleur avec ma famille » ! Rajoutais-je.

-Effectivement Guidélam, tous ces bons actes que d'aucuns dénomment la galanterie ou le romantisme sont Sunnah avant tout Masha'Allah

-Ñak xam rék (beaucoup ne savent pas) et il y'a aussi l'impact de la culture. Au Jollofland par exemple si tu aimes ton épouse, prends soin d'elle, l'aide dans les taches ménagères, la consulte dans toutes tes décisions, prends en compte son avis, ñouné mola yilif, wala dagua ka ragal, wala yambar gua, wala dala liguey (on dit que c'est elle qui porte la culotte ou que tu as peur d'elle, qu'elle t'a marabouté ou encore que tu es un poltron, une mauviette, une tapette ou un "pédé") alors que c'est ce qui devrait être la norme et non l'exception ! Remarquais-je avec désolation.

-Malheureusement dans la plupart de nos sociétés africaines ou plutôt je dirais traditionnalistes ou patriarcales, parce que ce n'est pas seulement en Afrique que le phénomène existe, beaucoup éduquent leurs enfants dans de "fausses valeurs". Je dis fausses en référence bien sûr à la Sunnah du Prophète ﷺ qui est la référence quand on est musulman. Ce, dés le bas âge et une fois ancrées, c'est difficile de s'en débarrasser à l'âge adulte. Et on a tendance à reproduire les mêmes schémas génération après génération. C'est difficile à des gens qui croient dur comme fer que ce qu'ils font est la norme de leur faire entendre un autre discours. Il y'a des cultures où la femme est totalement reléguée au second plan et c'est triste. Disait Ibrahim.

-Voilà ! Il faut que les gens comprennent que ceci est culturel et non point religieux ! Avant l'Islam par exemple, la société dans laquelle cette religion est apparue, la plupart des filles étaient enterrées vivantes à leur naissance. C'est bien la religion qui est venue mettre fin à cette pratique barbare. Rajoutais-je.

-Mes parents ont toujours veillé, et ma mère a été très attentive là dessus, à nous inculquer le respect de la femme, à lui donner de la valeur... en fait juste la mettre à la place qui est la sienne. Cette belle et grande place que lui a donnée l'Islam !

-C'est vrai deh Habibi, un jour j'ai entendu quelqu'un dire que si les gens saisissaient la place qu'a donné l'Islam à la femme même les hommes voudraient devenir des femmes...bon je n'irais pas jusque là dans l'affirmation mais j'adhère à l'idée de base. Reconnaissons par exemple qu'en Islam, le paradis se trouve sous les pieds de la mère. Le Prophète ﷺ, au compagnon qui lui demanda à qui il devait le plus bienveillance et affectueuse compagnie, lui répondit trois fois « ta mère » avant de lui dire « ton père ». Par ailleurs, les parents qui ont trois filles et les éduquent dans le droit chemin leur récompense sera le paradis pour ne citer que cela. Et le Prophète ﷺ dans son dernier sermon a bien recommandé aux hommes de bien traiter leurs épouses et d'être gentils envers elles car elles sont leurs partenaires. Cela veut tout dire ! Cette dernière phrase, à elle seule est une injonction faite à certains hommes de revenir à la raison. Malheureusement, certains ne connaissent de leur religion que le fameux « j'ai droit à 4 femmes » et c'est bien dommage car la Sunnah est si belle Masha 'Allah ! Discourais-je.

-Comme tu le dis Guidélam, malheureusement certains agissent par ignorance et aussi par mimétisme de basses pratiques culturelles que beaucoup confondent avec la religion. C'est ce que ses détracteurs utilisent pour accuser l'Islam de donner une mauvaise place à la femme. Ce qui est tout à fait faux évidemment !

- On n'a pas finit de confondre le culturel d'avec le religieux et c'est bien dommage ! Une religion pour la connaître il faut l'apprendre et éviter de spéculer sur des choses que l'on ne maîtrise pas...bref... En parlant de ta mère, elle semble être métissée, même en étant Haalpulaar, elle a la peau un peu trop claire ou je me trompe ? Posais-je à mon mari en passant un peu du coq à l'âne.

-Tu as bien raison Guidélam, en fait ma mère n'est même pas Haalpulaar, son vraie nom c'est Aïcha Fatiha BELKACEM, elle est à moitié marocaine de par son père !

-Ah d'accord !

-Pour que tu comprenne son vécu, je vais te raconter la petite histoire d'Oumou Zaynab DIOP, ma grand-mère maternelle. Proposait mon mari.

-Je suis toute ouïe Habibi !

-Le père d'Oumou Zaynab était un diplomate. Il était en mission au Maroc depuis quelques temps déjà et elle avait alors 21ans. Elle fit la rencontre d'un jeune médecin marocain du nom de Moustapha BELKACEM. Ils tombèrent alors amoureux et voulurent se marier. Au début ses parents à elle, dirent niet mais finirent par céder face à la détermination de leur fille car la connaissant, ils savaient que si elle se battait autant pour un homme c'est qu'elle devait vraiment l'aimer.
De l'autre côté, ce fut très compliqué, les parents de Moustapha ont catégoriquement refusé le mariage. Traditionnalistes ? Racistes ? Peur de la différence ? Peut être un peu de tout cela, toujours est-il que personne n'a réussi à leur faire entendre raison, ils ne voulaient pas de cette étrangère dans leur famille.
Fort de son amour pour sa belle sénégalaise, Moustapha brava ses parents et l'épousa malgré leur opposition. Quelques mois plus tard, les parents d'Oumou Zaynab rentrèrent au pays et elle se retrouva seule face aux manigances de sa belle-famille pour la séparer de son mari. Leur acharnement eût malheureusement raison de leur jeune couple, ils divorcèrent trois ans plus tard.
De leur union naquit un seul et unique enfant Aïcha Fatiha BELKACEM qui rentra définitivement au Jollofland avec sa maman, elle n'avait alors que 2ans. Elle a beaucoup souffert de cette séparation car elle n'a pas connu d'affection paternelle durant presque toute sa jeunesse. C'est dans doute la raison pour laquelle elle est si proche d'Ismaël. Elle, mieux que personne, comprend ce qu'il ressent avec l'absence de sa mère.
Ce n'est qu'à ses 17ans que son père refit son apparition dans sa vie, essayant de renouer avec elle. Elle lui en a voulu de ne s'être pas battu pour elle mais a fini par lui pardonner et ensemble ils ont pu construire un semblant de relation filiale, ce jusqu'à sa mort il y'a 5ans maintenant ! Monologuait Ibrahim Khalil.

-Waw ! C'est une bien triste histoire quand même dis-je. Et qu'est devenue Oumou Zaynab DIOP ?

-Pendant longtemps ma grand-mère est restée seule, elle ne voulait même plus entendre parler des hommes, consacrant toute son énergie à l'éducation de sa fille qui n'avait désormais qu'elle dans la vie. Je pense qu'au fond elle n'a jamais cessé d'aimer son Moustapha. Elle a fini tout de même par se remarier avec un homme doux et patient et surtout très tenace qui a réussi à la conquérir et l'amadouer, un veuf avec deux enfants de son précédent union. Ma mère m'a avoué qu'elle a dû beaucoup insister pour que grand-mère accepte la demande de grand-père Saliou car elle voulait que sa maman aussi puisse être heureuse car elle lui avait consacré presque toute sa vie. Ils vivent à Rufisque avec les deux garçons de Papi Saliou et ils ont l'air très heureux. Puisque nous n'avions fait qu'une cérémonie religieuse pour notre mariage, je leur avait dit de ne pas se déplacer vu leur grand âge mais je t'amènerais là-bas et tu verras qu'elle est une vraie perle cette dame. Me disait mon mari avec admiration.

-Je n'en doute pas et j'ai hâte de faire sa connaissance !

-Tu sais Zahra, maman n'a aussi jamais été acceptée par la famille de mon père. Les Haalpulaar sont réputés traditionnalistes voir même racistes, je le sais car je fais aussi partie de cette communauté. La famille de mon père voulait lui faire épouser une cousine, ce qu'il a catégoriquement refusé car ayant déjà rencontré ma mère et tombé sous son charme. Tu connais déjà mon père et son caractère trempé, personne ne peut lui faire faire ce qu'il ne souhaite pas. C'est un ancien médecin militaire. Sa famille tolère juste ma mère, ils l'appellent "la toubab" du fait de son métissage et sa peau très claire et malgré tous ses efforts, ils refusent de l'intégrer, de la considérer comme une des leurs. Elle a fini par lâcher l'affaire et se rendre à l'évidence.

J'écoutais mon mari plongée dans mes pensées, hélas je ne savais que trop bien ce maman Aïcha a dû ressentir la pauvre !

-Ils ont tout essayé, de la sorcellerie aux manigances en passant par la tentative de seconde épouse et le chantage affectif mais tout a toujours échoué. Leur couple est très résistant ! Comme quoi, personne ne peut désunir ce que Dieu a décidé d'unir. C'est pour cela que ma mère a été autant touchée par ce que tu as vécu dans ton premier ménage. Elle le connait si bien, elle l'a vécu encore et encore, d'abord à travers le mariage de ses parents très tôt avorté et par la suite dans son propre mariage à elle. Elle s'est toujours jurée, bien que ce ne soit pas dans sa nature à la base, que jamais elle ne laissera ses gendres et belles-filles subir ce que elle-même elle a eu à subir. Tu peux dormir tranquille, tu n'as rien à craindre d'elle Guidélam ! Poursuivait mon mari avec émotion.

-Je me sens plutôt si proche d'elle et ce même avant que tu ne me racontes son histoire. Lui avouais-je.

-Elle a été le fruit d'un amour bref mais sincère. Elle est une bonne personne, elle a un cœur pur, toujours si plein d'empathie. Ce n'est pas parce que c'est ma mère que je le dis... ou peut être que si... mais bon je m'en fiche je le dis quand même parce que c'est la vérité ! Déclarait Khaliloulah.

Nos deux rires communicatifs conclurent ce beau témoignage d'amour d'un fils à sa maman.

-Et pour conclure cette soirée confidence sur ma mère. Elle a eu 4 enfants. L'aîné Aly Nar, 41 ans, diplomate comme son arrière grand-père, il vit en ce moment au Pakistan avec sa femme et ses deux enfants. Ma grande sœur Rabiatou Mariama, la pank (belliqueuse), tu verras par toi-même, quant à elle a 38 ans, elle vit avec son mari et ses trois enfants aux Etats unis. Tu les as eu au téléphone, tu les rencontreras bientôt in shaa Allah car maman tient à ce qu'on se retrouve tous au moins une à deux fois par an pour souder les liens familiaux dit-elle. En troisième position, tu as évidemment ton cher et tendre mari, très beau gosse en prime continuait mon prétentieux de mari ! Et la thiatte (la petite dernière) et ma prunelle, celle pour qui j'étais rentré dans ta boutique Asta Marème GUISSÉ. Voilà donc pour la petite histoire de ma famille !

On discuta encore un peu de tout et de rien avant de rejoindre les bras de Morphée.

************************************

-Voilà maman Aïcha, vous êtes toute belle ! Tenez voici un miroir regardez par vous-même. Shii Pa Samba dinëu guënëu bardé comme ça béneu xalé bou wow bëut douko djémëu charmer bamou saff ko (Pa Samba sera encore plus fou de vous et aucune minette ne réussira à le charmer) ! Charriais-je.

Je venais coiffer les cheveux de Néné (maman) Aïcha Fatiha en de jolies petites nattes. Elle voulait discipliner un peu ses cheveux rebelles selon ses propres dires.

-Mo Pa bou maguétt bobou mane rék mako nopp ba légui (Ce vieux là, aucune jeunette ne veux de lui. Il n'y a que moi qui l'aime encore). Merci ma fille pour ces jolies tresses, je suis mieux avec en effet ! Me répondit-elle en continuant de se mirer avec le sourire.

-Détrompez-vous maman, certaines jeunes filles là maintenant ne reculent devant aucune occasion ! Et Pa Samba avec son allure de Sugar Daddy avec ses cheveux légèrement argentés, sa petite barbe poivre et sel et son sourire craquant est toujours très charmant à son âge c'est moi qui vous le dit. Répliquais-je.

-Lève tes yeux de mon mari jeune fille ! Me sermonnait mère Fatiha sur un air faussement menaçant.

-Ah moi je ne fais que dire ce que vois ! Me défendis-je.

-Avec ses 63 ans là il ne pense plus aux minettes... et puis regarde-moi, il n'en a nullement besoin ! Dama mëune sama bord ba légui di ! Magatoum djinné no deff mo dessé ay ngualandjou ! (Je suis toujours très coquette) ! Me disait elle en battant des cils.

-Mane yaw lay wër Néné Aïcha, souma magué né yaw la bëgg mél (Elles ne t'arrivent même pas à la cheville, je veux être comme toi plus tard) ! Souriais-je.

-Cela veut dire quoi jeune fille ? Tu sous-entends que je suis vieille c'est cela ? Tenta-t-elle de m'intimider.

-Haram ! Mouk si adouna, yaw guay jeune dame (Qui, moi ? Jamais de la vie je n'oserais ne serais-ce que penser à une chose pareille ! Vous êtes une jeune dame toute fraîche Néné) ! Me défilais-je.

-Yaw nak ndékété tapette gua deh Zahra, napp nalëu bou yagg (Je t'ai eu Zahra, tu es une petite peureuse finalement !) Se moquait-elle.

Ce fût sous nos éclats de rire qu'entrèrent Khalil, Ismaël et Asta.

-Et bien dis donc ! On ne s'ennuie pas par ici on dirait ! Remarquait mon mari en nous donnant une bise sur la joue chacune. Tu es toute belle Yemma (maman), ma Zahra tu t'es surpassée !

-Rafet na Ismaël sama chéri ? Guën guama nopp deh xana (Est-ce joli Ismaël mon chéri, tu m'aimes sûrement plus avec) ? Minaudait Néné Fatiha en embrassant son petit fils.

-Néné Aïcha arrêtez de tromper mon fils là ! Tout le monde sait que c'est Pa Samba la vedette de votre cœur ! M'immisçais-je.

-Zahra n'entre pas dans mon histoire d'amour d'avec mon petit mari, je te préviens xadjoulo si (tu y seras de trop). Tout le monde sait que c'est lui mon préféré, le chéri à sa mamie !

Nous éclations tous de rire.

-Belle-sœur, tu es vraiment forte ! Je ne sais pas comment tu fais mais d'habitude maman ne laisse personne toucher à ses cheveux là. Elle a si peur des tresses (Li deh yaw rék yako mën ame si mome) ! Disait Asta Marème.

-Zahra est si douce que ses tresses on ne les sent même pas mais toi, elles sont trop serrées après j'ai mal au crâne et je n'arrive pas à dormir ! Yénayi baxoul si maag (Je ne suis plus toute jeune moi ma fille) ! Répliqua Néné oubliant qu'elle a faillit me gronder il y'a à peine cinq minutes quand je l'ai traité de vieille par inadvertance.

-Okay moi de toute façon j'ai arrêté de toucher tes cheveux depuis belle lurette ! Même sous la torture coiffer Néné, non merci rék ! Se moquait Asta.

-Motaxit Ya'Allah andil nama goro bou baax boumay topato (C'est pourquoi Dieu m'a amené une belle-fille en or qui s'occupe bien de moi et de mes pauvres cheveux) !

La mère et la fille ne font que se charrier. Asta étant la petite dernière a trop été choyée et croit trop que sa mère c'est sa copine en fait. On ne s'ennuie jamais en leur compagnie en tout cas.

-Ça a été le foot Ismaël ? Demandais-je à mon bébé.

-Oui maman Zahra c'était trop cool, j'ai marqué deux buts. On a gagné contre papa ! Me répondit-il joyeusement.

-Les petits ...non les bébés ont gagné contre les vieux sérieux ? Se moquait Asta.

-Nous avions mixés les équipes, vieux comme tu dis et petits et l'arbitre nous a refusé un pénalty sinon nous aurions été à égalité ! Tentait de se justifier mon mauvais perdant de mari.

-Ne serais tu pas trop mauvais perdant toi par hasard ? Blagua Néné

-Moi en tout cas je supportais mon fils et il a gagné donc je suis contente. Nous allons bien fêter cette victoire dis-je. Asta vient m'aider on va chercher le gâteau pour un bon goûter pendant que père et fils vont prendre une bonne douche.

-Un gâteau au chocolat ? Demandait Ismaël tout excité et les yeux brillants.

J'hochais la tête en signe d'affirmation tout en souriant face à sa gourmandise innocente.

-Youpi, tu es la meilleure, maman Zahra !

-Alors qui mérite un bisou hein ? Demandais-je en tendant ma joue vers lui ! Il court vers moi m'en faire un avant d'aller à la douche.

-Et moi alors ? Ce n'est pas juste, je n'ai même pas un petit câlin en guise de consolation ? Osa son père qui m'a suivi dans la cuisine.

-Tu veux être consolé chéri ?

-Je ne demande que ça ! Tu n'as même pas idée de comment je suis tristounet ! Je déteste perdre ! Boudait-il avec sa bouille d'enfant gâté là.

-Je te consolerais plus tard Khaliloulah et tu ne seras pas déçu lui chuchotais-je d'une voix coquine. Maintenant file à la douche en lui donnant une légère tape sur les fesses.
Il se retourna prestement et me regardait de ses grands yeux magnétiques, sourire aux lèvres, drôlement sexy en se caressant légèrement la barbe avec une lenteur délibérée. Je lui fis alors un clin d'œil provocateur et il voulût tenter une approche vers moi.

-Khalil nak on sait tous que tu es accro à ta femme, toujours collé à ses jupes mais va prendre une douche d'abord. Tu pue là, je te rappelle que tu reviens du sport quand même ! Le sermonnait Asta Marème en entrant à son tour dans la cuisine.

-Je n'ai pas ton âge moi petite insolente ! Gueulait le mari frustré.

Il finit cependant par s'éclipser. Ce n'était que partie remise.

************************************

Comme tout Haalpulaar qui se respecte, Ibrahim Khalil GUISSÉ a un amour fou pour le thé à la Sénégalaise.
Il était rentré assez tôt cet après midi en me disant que tout ce qu'il souhaitait c'était deux bonnes tasses de thé à la Zahra.

Je m'y attelais donc pour son bon plaisir. Nous étions presque seuls à la maison, Pa Samba et Néné Aïcha étaient sortis, Asta était à la fac et Ismaël faisait une petite sieste.

Après sa deuxième tasse accompagnée d'une bonne part de tarte au citron que je lui avais préparé puisque qu'il en raffole... bon j'avoue que moi aussi c'est mon péché mignon, mon téléphone s'est mis à sonner.
Tous nos deux paires d'yeux se fixèrent en même temps sur l'écran et vu le nom qui s'affichait, je me suis permise de jeter un bref coup d'œil à mon mari hésitant à répondre.

-Qu'est-ce que tu attends ? Décroche ! M'ordonnait-il.

-Non ce n'est pas la peine, je le rappellerais plus tard ! Dis-je limite intimidée.

-Ce n'était pas une suggestion Fatima Zahra ! Je t'ai dit de décrocher ce fichu téléphone et tout de suite ! Me hurla-t-il froidement en me faisant sursauter.

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AMK_Rassoul

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