Bonjour cher/chère lecteur/lectrice.
Si tu arrives jusqu'à ce chapitre un peu spécial, c'est que tu as lu le premier tome de Kentan, et je t'en remercie !
Dans ce petit bonus, pas de fiction. Je vais revenir sur les légendes abordées dans ce roman, ainsi que parler de certains lieux présentés et des paysages foulés par Gwen, Sacha, Elsa, Camille, Guillery, Romina ...
Cernunnos
Le dieu cornu, vénéré par ses Adorateurs était une divinité de l'antiquité celte et gauloise. Malheureusement, très peu d'informations sur son culte et son rôle dans le panthéon celtique nous sont parvenus jusqu'à notre époque. Aucun écrit ne subsiste, si tant est qu'il y en ait eu un jour. Une des rares représentations connues du dieu de la forêt est sur le chaudron cultuel de Gundestrup, datant du 1er siècle avant notre ère et trouvé en 1891 au Jutland, au Danemark. Il est actuellement conservé au musée de Copenhague.
Il symbolise la fécondité terrienne, le renouveau des forces de la nature. On le représentait assis en tailleur, la tête couverte d'une double ramure de cervidé.
L'if centenaire et les statues de Saint-Cyr Coëtquidan
L'if est une espèce d'arbres très présente en Brocéliande. Quelques protagonistes de Kentan évoluent notamment près de la départementale 724, bordée par ce type de conifères et qui longe une partie du camp militaire de Coëtquidan, hébergeant l'école d'officiers.
Le camp conserve secrètement en son sein plus de 40 stèles et statues. 2 d'entre elles marquaient, jusque récemment, les esprits des locaux. Se dressant fièrement sur leurs socles, Bayard et Du Guesclin, deux militaires de renom, trônaient de chaque côté de l'ancienne entrée du camp, sur cette départementale.
Elles connurent un long périple. D'abord installées à Paris en 1828, elles eurent leur place en 1837 dans la cour d'honneur du château de Versailles. Elles furent ensuite confiées en 1933 à Saint-Cyr l'Ecole, dans les Yvelines. Ce lieu fut bombardé en 1944 et les statues partirent donc pour Coëtquidan, en Bretagne . Elles resteront sur leurs socles jusqu'en 2020, constatant la pérennité de la forêt et devenant des visages familiers, quoique figés, pour plusieurs générations.
Ce lieu particulier, entre témoignage de la gloire militaire passée et beauté de la nature, forge une partie du folklore de Brocéliande ...
Les héros de Kentan ne contrediront pas ! C'est tout près, dans les ruines du village de Guillerien, qu'ils établirent leur quartier général. Mais chut, car ces ruines sont encore interdites d'accès. Les soldats rodent ...
Le Val Sans Retour
Dans le chapitre Second Souffle, le jeune couple Elsa et Camille s'est aventuré au cœur de la forêt de Brocéliande, sur les hauteurs du Val Sans Retour, nommé la Vallée de Gurvant dans le roman.
Cette partie de la forêt, comme d'autres, a été sévèrement meurtrie par un violent incendie en septembre 1990, qui reste encore aujourd'hui un véritable traumatisme.
Près de 500 hectares partirent en fumée, dont le fond de cette vallée, abritant le fameux étang "Miroir aux Fées" dans lequel tombe Camille. Ici, en témoignage des pertes de la biodiversité, de la peine des habitants et du sacrifice des pompiers, fut érigé l'Arbre d'Or.
Le sculpteur François Davin proposa de recouvrir de 5000 feuilles d'or un châtaignier extrait du Val, entouré de 5 chênes calcinés pour symboliser la renaissance de la forêt.
Un précédent incendie, en 1984, avait permis à Guy Larcher, homme éminent de la région et professeur de mathématiques au lycée Brocéliande (on y revient toujours) et son équipe de fouilles de trouver les Tombelles de Gurvant.
Ces deux renflements de terre sont censés abriter les sépultures de guerriers de l'armée de Gurvant morts lors de la bataille l'opposant à Pascweten pour la couronne du regnum Breton en 876.
Malgré les aléas et les catastrophes, la forêt se relève.
Et quand elle se réveille, le Kentan se révèle.
Les Lavandières
Les Lavandières sont ces femmes fantomatiques pas très avenantes que Camille et Elsa ont eu le déplaisir de rencontrer.
Parfois appelées fileuses de nuit ou lavandières de la mort, elles sont souvent comparées aux banshees d'Irlande, aux naroues de Savoie, aux fées-lavandières du Languedoc et autres fantômes féminins.On les retrouve dans de nombreux folklores européens, particulièrement en Bretagne et en Normandie.
Elles sont d'origine celtique, messagères de la mort et annonciatrices des décès. Au fil des siècles, elles subissent ensuite la classique transformation des mythes païens en morale chrétienne, expiant éternellement leurs péchés et devenant parfois des suppôts du diable. A la Renaissance, la croyance incitait les femmes à ne pas laver le linge le dimanche, respectant la règle religieuse du repos dominical sous peine de finir en lavandière maudite. En Bretagne, c'était plutôt le vendredi.
Selon Jacques Cambry, écrivain breton du XVIIIème siècle, elles étaient des chanteuses nocturnes attirant les passant et les noyant s'ils refusaient de les aider à laver leur linceul. Pour George Sand, cette romancière du XIXème passionnée par le mysticisme, il s'agissait de mère ayant assassiné leurs enfants.
Contrairement à la version des lavandières de Kentan, celles de Bretagne ne chantaient pas et restaient silencieuses. L'histoire a été mal menée jusqu'à aujourd'hui à cause de mauvaises traductions, confondant kannerezh / lavandière et kanourezh / chanteuse. L'erreur est compréhensible.
Elles étaient épouses, mères ou amantes de rois bretons, expiant pour les méfaits de leurs maris. Attendant d'être libéré de leur malédiction par Cernunnos.
Elles sont les seules Êtres de la Forêt à ne pas soutenir la fée Margot et ayant accepté une alliance avec les Ombres.
Comme les Lavandières, la forêt se réveille et le Kentan se révèle.