Chapitre 13.

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Les larmes me brouillaient la vue et laissaient des brulures sur mes joues. Elles ne s'arrêtaient pas de couler depuis plusieurs heures, et je me sentais vidée de l'intérieur.

Je ne savais pas à quel moment le policier était parti, mais en tout cas j'étais seule depuis longtemps.

Ma mère était passée me voir. Elle m'avait caressé le front, m'avait dit qu'elle ne se pardonnerait jamais de ne pas me l'avoir annoncée d'elle même. Mon père lui aussi était venu en rentrant du travail, et il était resté dans ma chambre pendant de longues minutes, alors que je m'efforçais d'avoir l'air de dormir. Puis il m'avait déposé un baiser sur le front et était partit en soupirant. 

Je levai la tête et observais une seconde le plafond. 

Mes yeux se fermèrent tous seuls. 

_

La mer était d'huile, il faisait chaud, et la plage était magnifique.  

Mes pieds foulaient un sable fin. Je marchais au bord de l'eau, un sourire aux lèvres. Heureuse.

Soudain, une vague un peu plus violente ébranla le silence de la plage, mais je continuais mon chemin sans y faire attention.

Au loin, j'aperçus l'horizon se dessiner devant moi, toujours aussi impossible à atteindre. Inaccessible. 

Je me rendis soudain compte que le sable semblait s'enfoncer profondément dans mes pieds. Il n'était plus doux mais piquant. Petit à petit, cette sensation s'intensifia, jusqu'à devenir insupportable. Je baissai les yeux vers mes pieds et en levai un. La peau était trouée de centaines de petits trous sanglants. Je poussais un cri et me tournais vers l'eau. Elle était agitée, et de l'écume vint soudain s'écraser contre des roches de pierres abruptes. 

Mais pourquoi tout devenait-il soudain si violent ?

Au lieu de continuer de longer le rivage, je me retournais et commençait à m'éloigner de l'eau. Je ne sentais plus vraiment mes pieds. J'avançais juste, courant presque. 

Je voulais partir le plus loin possible de la mer qui se déchaînait derrière moi.

Mais le bruit des vagues s'intensifiait et se rapprochait malgré tout à chaque foulée que je faisais. L'eau léchait mes chevilles. Je me retournais et découvrais avec stupeur que des vagues de plusieurs mètres de haut me poursuivait derrière moi.

Soudain, la marrée m'emporta. La vague me happa tel un monstre. J'étais tellement impuissante face à elle.

Ça se passa tellement vite. Trop vite.

L'eau s'introduisit dans ma bouche puis mon nez alors que les remous me malmenait, me jetant à travers les rochers, de plus en plus fort à chaque fois. Je sentis mes poumons étouffer, et mon corps cessa de lutter contre la pression devenue beaucoup trop forte. 

La douleur inonda mon corps. Mes forces me quittèrent. Mes yeux se fermèrent, brulants. Je me laissais entrainer vers le fond.
 C'était trop dur. Elle avait gagné. 

La mort avait gagné. 

_


Elle se réveilla en hurlant, le front brulant et le corps couvert de sueur. À ses cotés, quelqu'un lui tenait la main, murmurant des paroles rassurantes à travers ses larmes. 

Au dessus d'elle, le plafond blanc et stérile de l'hôpital sembla la narguer. Puis elle sombra de nouveau dans la folie des hallucinations, insensible aux encouragements nerveux des infirmiers qui se pressaient autour d'elle.

Car la lutte avait commencée.

Si elle arrêtait de résister, ce serait fini. 

Tout serait fini. 




Chasseur de primesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant