Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]

Chapitre 11 : Cigarette au coin du feu

Thomas regarda l'autre homme qui contenait manifestement sa colère et sourit légèrement. Au moins Victor s'inquiétait aussi pour Florian. Et après l'avoir vu faire usage de sa force encore une fois, il se sentait un peu plus rassuré. Il avait pensé que parler de l'assistant avec Victor serait bizarre. Mais à présent il se trouvait stupide. Stupide et immature. C'est lui qui s'était immiscé entre eux, pas l'inverse. Et Victor semblait ne pas du tout en prendre ombrage. Alors que lui avait fait la gueule pendant une bonne semaine après avoir appris leur relation. Encore une belle preuve de maturité.

-Ouais je l'ai trouvé bizarre aussi... reprit Thomas. Mais quand j'ai réussi à le voir en tête à tête il s'est braqué... Je ne suis même pas sûr qu'il ait envie de me voir... Je pense que je l'ennuie plus qu'autre chose.

Victor sembla réfléchir quelques secondes avant de répondre.

-Tu te fais des idées. Il tient énormément à toi. Déjà pour te supporter il faut au moins ça...

Thomas laissa échapper un petit rire pour masquer sa gêne et son rougissement avant de reposer son verre en grimaçant.

-J'ai déjà trop bu ce soir... Je préfère ne pas continuer en t'écoutant raconter des conneries. Je ne veux pas me prendre un mur encore une fois.

-Seigneur, arrête un peu de te plaindre...

Victor avait dit ça sans animosité et Thomas obéit docilement, trop fatigué pour répliquer. Le silence se réinstalla entre eux. On entendait seulement la pluie contre les fenêtres et le feu crépitant. Le plus jeune laissa ses pensées dériver et son regard se posa sur Victor qui finissait son verre. Il n'avait jamais vraiment pris la peine de le regarder comme ça. Comme un homme à part entière. Pas comme le barman un peu bourru, ou comme le plan cul de l'homme dont il était amoureux. Il ressentit à nouveau la sensation bizarre qu'il avait eu en le voyant empoigner l'autre homme par le col quelques heures plus tôt. 

Victor était sacrément charmant. Son visage était plus dur et marqué que celui de la plupart des hommes que Thomas côtoyait. Il semblait presque inatteignable. Il grimaça. Les effets de l'alcool ne devaient pas s'être complètement dissipé finalement. Ça et la fatigue. Mauvais cocktail pour son pénis trop peu sollicité ces derniers temps.

Victor surprit son regard et haussa un sourcil pour marquer sa curiosité. Thomas rougit et détourna le regard. Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'avoir trouvé refuge ici. Il ne remarqua pas le regard amusé de Victor et reprit une cigarette dans le paquet qu'il avait laissé sur la table. L'autre homme leva les yeux au ciel.

-Seigneur tu ne t'arrêtes jamais de fumer ? Tu vas finir par avoir une haleine affreuse et le teint grisâtre avant tes 30 ans...t'es vraiment pas délicat pour un aristo...

Thomas haussa les épaules en prenant une taffe. Au moins, répondre aux provocations il savait faire. Avec un sourire insolent il lui souffla sa bouffée de tabac dans la figure.

-Tristan et Florian me font assez la morale comme ça, tu vas pas t'y mettre aussi... J'ai besoin de m'occuper les mains et la bouche quand je suis stressé, voilà tout...

Victor balaya la fumée d'une main tout en le fixant. Ses yeux pétillaient d'une drôle de lueur quand il répondit.

-Si c'est pour t'occuper les mains et la bouche j'ai une meilleure idée pour toi...

Thomas rougit en s'étouffant sur sa cigarette. Après une quinte de toux particulièrement violente, il regarda Victor qui le fixait avec amusement. Cette manie de le déconcerter à la moindre occasion commençait vraiment à lui taper sur les nerfs. Il avait l'impression de ne jamais pouvoir ébranler le roc de calme et de patience qu'était Victor. Avec une assurance sûrement renforcée par l'alcool et sa fatigue, Thomas prit son air le plus aguicheur et murmura:

- Vraiment ? Tu pourrais m'en dire plus ?

Il se retint d'éclater de rire devant Victor dont les yeux venaient de s'écarquiller. L'homme n'avait de toute évidence pas envisagé que Thomas rentre dans son jeu. Mais ça ne semblait bizarrement pas lui déplaire. Il se pencha vers Thomas pour lui retirer la cigarette de la bouche et la poser sur le cendrier. Il était dangereusement proche et Thomas pouvait sentir son odeur suave et légèrement alcoolisée. Il déglutit en fixant ses lèvres.

-Je pense que tu vois complètement de quoi je parle Goldberg... Tu veux que je te fasse un dessin ?

Thomas sentit son cœur s'accélérer et secoua la tête, n'ayant pour une fois pas grand chose à répliquer. Il sentait confusément qu'il n'aurait pas dû apprécier cette situation mais le regard désormais brûlant que Victor dardait sur lui commençait à provoquer des chatouilles dans son estomac et une chaleur plutôt agréable dans son bas ventre.

Le trentenaire se lécha les lèvres dans un mouvement inconscient et avança la main pour écarter une mèche folle du visage de son cadet. Thomas frissonna alors que la main frôlait son oreille pour ensuite s'attarder sur sa joue. Il pencha légèrement la tête pour s'y appuyer alors que Victor laissait son pouce s'attarder sur ses lèvres.

Sa respiration s'accéléra et il ouvrit la bouche doucement pour le suçoter et le mordiller. Il entendit vaguement la respiration de son partenaire s'accélérer, ce qui l'enhardit un peu plus. Il planta son regard embrumé de désir dans celui de Victor qui grogna.

-Putain Goldberg... Est ce que tu as au moins conscience de la façon dont tu te comportes ?

Thomas sourit en se reculant et défit lentement sa cravate sans couper le contact visuel.

-Je croyais que tu voulais m'occuper la bouche et les mains pour lutter contre mon addiction au tabac... Tu te dégonfles ?Je t'intimide peut-être ? Ou alors...tu as peur de ne pas être à la hauteur ?

Il ne savait pas ce qui lui avait pris de répondre ça, mais son excitation obscurcissait lentement sa raison. Victor marmonna vaguement un juron et se rapprocha brusquement pour l'embrasser brutalement. Ses mains plongèrent dans la masse de cheveux ébouriffes pour lui tirer la tête en arrière, facilitant l'assaut de ses lèvres.

Thomas ferma les yeux et se colla contre lui, ses mains déjà affairées à dévoiler la peau légèrement hâlée de son aîné.

Leurs râles et leurs gémissements ne tardèrent pas à effacer le silence pesant qui régnaient quelques minutes auparavant et ils ne se rendirent même pas compte que le feu dans la cheminée agonisait doucement.