Devoirs et Manipulation ~ Keskastel vol 2. [BxB]

Chapitre 13: Emprise

Quelques jours plus tard

Comme toujours, Florian Salvi s'était réfugié dans le contrôle. 

Le contrôle presque maniaque de chacun de ses actes et chacune de ses émotions pour ne pas se laisser submerger par la folie. 

Suite à son entrevue avec Johann où il avait subi sa punition du mieux qu'il avait pu, essayant de garder la tête froide pour Victor, il avait dû s'absenter quelques jours du ministère, trop affaibli pour se montrer dans cet état. Ils avaient cet accord avec le ministre. Si Florian subissait une punition qui risquait de dévoiler le caractère violent et incontrôlable du ministre, il avait l'autorisation empressée de passer quelques jours chez lui pour y réfléchir et s'en remettre. En dix ans de carrière, cela était arrivé suffisamment de fois pour que le trentenaire ait perdu le compte.

Quand il avait fini par sortir de son isolement, lors du dîner organisé par les Goldberg, il se sentait encore souffrant et à bout de nerf, mais il ne pouvait pas rester terré indéfiniment. Il avait dû affronter les interrogations et les espoirs stupides de Thomas, ce qui l'avait blessé au plus profond de lui-même, d'autant plus que son rejet avait entraîné la disparition du jeune homme pour la nuit. 

Il avait donc dû gérer la colère de Johann tout en s'inquiétant sur le fait que le plus jeune ne fasse une bêtise.

Thomas avait fini par réapparaître le lendemain en début d'après-midi, les mains dans les poches et racontant une histoire floue sur un prétendu ami qui l'aurait hébergé pour la nuit alors qu'il s'était retrouvé bloqué par les averses.
Johann n'avait pas insisté mais Florian avait senti qu'il en faudrait peu pour pousser le cinquantenaire hors de ses limites. Heureusement pour eux tous, il avait eu une affaire importante à régler au ministère et ils avaient laissé derrière eux la question du jeune homme insolent. 

Quand à Florian, il avait encore une fois essayé d'éviter le regard clair du jeune Goldberg, mais lorsqu'ils s'étaient croisés, le jeune homme lui avait adressé qu'un signal discret de la tête qui l'avait déboussolé. Thomas ne semblait porter ni trace de rancœur ni d'énervement. Il avait l'air plutôt penaud et inquiet. 

Florian s'efforça de chasser le visage aux tâches de rousseurs de son esprit et reporta son attention sur la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Johann avait convoqué journalistes et membres du gouvernement pour présenter un projet de lois qu'il comptait proposer au vote du Conseil des Lois quelques jours plus tard. 

Un ensemble de réformes dont Florian avait eu un aperçu en revenant de sa convalescence et qui l'avait plongé dans l'effroi.
Il observa les dernières personnes convoquées prendre place en bas de l'estrade de la salle de conférence. Quand un calme relatif se fut installé, l e premier ministre entra dans la salle pour se placer derrière le pupitre au centre de la pièce. Florian prit sa place habituelle, à ses côtés. Il n'était pas dans les habitudes des assistants de se montrer de la sorte lors des conférences mais il soupçonnait le ministre d'apprécier le garder sous la main pour l'exhiber comme un petit animal exotique. 

Avec un pincement au cœur, il se dit qu'il ne pouvait pas dire qu'il valait mieux que ça. Pas après avoir failli dans sa protection de Victor et avoir travaillé sur ce que l'homme s'apprêtait à annoncer.

Quelques minutes furent consacrés aux nouvelles habituelles du ministère et du régent et, enfin, Johann prit la parole. Florian sentit une goutte de sueur parcourir son dos encore douloureux. Il se redressa et s'efforça de ne laisser aucune émotion transparaître sur son visage pâle.