Immortel

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La chasse, c'était important, c'était une histoire de famille, une enfance dans le sel et les pentagrammes qui protégeaient du mauvais sort. La chasse, c'était ce pour quoi il était né, c'était ce pour quoi les autres le formaient. Les autres, une organisation de chasseurs du surnaturel qui voulaient faire naître le chasseur ultime, qui voulaient l'utiliser comme une arme contre toute créature qui se dresserait sur le chemin des humains.

Un Vampire, un Loup garou, un Jin, un Kitsune, un Fantôme... Peut importait, il fallait le rendre assez fort pour qu'il puisse vaincre tout ce qui croiserait son chemin. Occire les différences, éliminer tout ce qui ne figurait pas sur la liste des humains, ce qui pouvait être une menace potentielle.

C'était ce qui l'avait mené là, si jeune, au rang du meilleur chasseur du Japon. À un rang tellement convoité par la plupart, dont il devenait peu à peu le chef invétéré sans même l'avoir souhaité. Comme-ci la vie filait sans lui, trop rapide pour son jeune minois de vingt trois ans. Comme-ci la vie lui imposait ses propres choix, ceux des autres. En sois, il ne voulait pas provoquer l'envie, être bon, voir la mort dans les yeux d'un autre être qu'il ne comprenait pas toujours, mais il se laissait faire et avançait. Parce qu'il avait fait le vœu de défendre les autres, par ce que pour lui, c'était le seul moyen pour arriver à quelque chose, pour faire quelque chose de sa vie. Parce que sauver les autres, c'était ce qui lui avait permit de s'en sortir, et même ci pour ça, il devait abattre des centaines ou des milliers de créatures dans l'ombre, alors il le ferait.

C'était ce qui l'avait mené là, face à ce vampire au sourire ravageur qui finissait d'un trait une pochette volée dans un hôpital. Les canines encore ruisselantes de sang, il avançait son visage rapiécé de celui du chasseur pour humer son odeur. Keigo ne bougeait pas. Celui que l'on nommait Hawks pour sa rapidité et sa force de réaction, ne bougeait pas. Il regardait droit devant lui afin d'éviter de se perdre dans le regard azur de l'être nocturne. Parce qu'il savait qu'il n'en ressortirait jamais.

Le faux brun, qui se nommait lui même ironiquement Dabi à cause de ses multiples brûlures, le contourna pour se coller à son dos et déposer délicatement ses lèvres contre son cou. L'autre frissonna, mais ne réagit pas. Il sentit le vampire sourire, mordiller légèrement sa peau pour la marquer du bout des dents.

« Tellement fine... Tu sens bon. »

Ronronna Touya qui fit claquer son manteau dans l'air et rejoignit la porte du hangar, le pas sûr, persuadé que l'autre pigeon ne le suivrait pas. Et ce fut exactement ce qui se passait. Le faucon venait de replier ses ailes, ses serres fermement ancrées dans le sol. Néanmoins, alors qu'il tirait la lourde porte de fer, il se stoppa en plein mouvement. Le blond venait de se tourner vers lui, lui murmurant de l'attendre.

« Parle plus fort, je ne t'entends pas. S'amusa le faux brun.

-Pourquoi l'as-tu tué ? Pourquoi tu as tué ton propre père ? On te croyait tous mort... Je pensais t'avoir perdu... Touya... Pourquoi tu ?

-Cesses tes jérémiades... Hawks. Tu savais comme moi que j'allais finir par le retrouver et sucer tout son sang jusqu'à le transformer en un raisin sec. La baraque a brûlé, Hawks... Et j'étais dedans. Elle a brûlée parce qu'un putain de vampire l'a voulu ainsi, parce que mon connard de père qui ne nous a jamais fait de cadeau, avait loupé sa chasse et que la bestiole l'a suivit jusque dans la maison. Il m'a pas sauvé, non. Au lieu de ça, il s'est contenté de me regarder, coincé sous les décombres, la main tendue vers lui, en train de chialer. Tout ce qu'il s'est contenté de faire, c'est passer son chemin, à la poursuite de sa chasse ratée. Mon salut, je le dois à cette stupide créature qui a fait de moi un des siens, comme-ci je pourrais lui être redevable et rejoindre sa petite armée. Je l'ai buté. Je lui ai tranché la tête à la première occasion, puis j'ai cherché à faire la même chose pour mon père. Ça a été dur, Kei... Sourit l'être de la nuit, un air étrange dans le regard, presque mélancolique. Un air qui n'avait duré qu'une fraction de seconde. T'imagine pas comme j'ai galéré. Mais je me suis vengé. Et c'est tout ce qui compte. Maintenant, si tu veux en faire de même... Vas y. J'ai plus rien à perdre de toute façon. J'ai fait ce pourquoi je suis né en tant que monstre. J'ai plus aucun but, mis à part vider les réserves en sang des hôpitaux.

-Les morts de la résidence... Se souvint le blond en lâchant son arme. Ce n'était pas...

-Non. Je m'en fous des autres. Je préfère vivre discrètement. À quoi ça sert d'attirer les chasseurs en tuant une petite vieille, de faire d'autres suceurs de sang, ou même de vivre en meute.

-Pourtant, les vampires vivent ensemble...

-Ouais, et les pères doivent sauver leurs enfants. Comme quoi, tout n'est pas marqué dans le marbre. »

Le blond ne répondit rien et se contenta d'observer son fusil. Oui, il savait ce qu'Enji avait fait. Ce haut représentant des chasseurs qui prouvait à lui seul que les dérives existaient bel et bien. Un homme ayant sacrifié toute sa famille au profit d'une bête, ne valant pas mieux qu'elle. Dans le fond, il aurait espéré que cette histoire soit fausse, que le rouge n'était pas si mauvais, qu'il y avait encore un espoir pour lui, pour la chasse. Mais il ne s'était pas plus fait d'idée. Après tout, Touya soulevait avec raison un sujet important. Au final, n'étaient-ils pas aussi cruels que des animaux ? Certes, il fallait se défendre, mais... Au final... Sacrifier sa famille entière... Qui avait-il cherché à sauver ce jour là ? Personne. Il voulait juste tuer. Réparer une erreur... Peut-être y avait-il pensé, mais rien de moins sûr. Car derrière des vœux de sauvetage et d'héroïsme, il avait caché sa fureur qu'il faisait vivre au quotidien dans sa petite famille, au point de le laisser périr par le feu. Car la chasse était bien plus importante que tout le reste... Comme toujours.

Hawks rangea son arme et hocha la tête vers Dabi. S'il restait sage, s'il promettait de rester sage, alors il ne tirerait pas. Il le laisserait s'en aller. Le brun comprit le message, comprit que l'oiseau se remettait en question, et avant de partir, il fit une dernière demande, prononça une dernière phrase.

« Dis... On se sent tout de même un peu seul sur les routes. Tu ferais un bout de chemin avec moi ? Pas besoin d'avoir des canines, tu sais, ta compagnie me suffit. On jouait beaucoup ensemble, toi et moi, si je me souviens bien. J'ai l'éternité pour être seul. Je peux remettre ça à plus tard. »

Le blond inclina la tête sur le côté et rejeta d'un revers de manche ce qu'il avait apprit. Comme-ci seul Dabi... Non... Touya, existait de nouveau. Alors, oubliant tout, il couru en direction du vampire, le crucifix, les pieux et l'ail laissés en plein milieu du hangar. Ça ne lui faisait rien de toute façon. Et puis, il ne voyait pas le monstre, il n'arrivait pas à le voir, à jouir en imaginant la vie quitter ses grands yeux bleus. Non, lui voyait son ami d'enfance, celui, qui sur un coup de tête, il avait décidé de suivre jusqu'au prochain tournant... Ou bien pour l'éternité. Mais pour le moment, il n'y pensait pas trop. Non, il avait encore bien trop de questions à lui poser.


Et voilà pour le chapitre du jour! J'espère que cette case vous aura plu! Je l'ai écrit un peu vite, mais j'ai laissé mes doigts filer sur le clavier et je ne suis pas mécontente. Mais vous, qu'en avez-vous pensé? J'espère que vous aurez aimé ce petit côté Supernatural. On se retrouve demain pour la prochaine case, et plus j'y pense, plus on se rapproche du bonnet de papa Noël!

Allez! À demain!

Sica  

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