Trahison

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Le mensonge au bout des lèvres, un sourire toujours doux, aussi faux que sa personne entière, le regard chafouin, arrogant, taquin, la seule chose vraie qui lui était autorisée, ça et l'insolence de ses quelques sarcasmes, voilà comment Dabi voyait Hawks. Comme une campagne publicitaire de la commission avec le label « Tout public », écrit dessus. Un espion qui arborait de faux airs de traitres. Traitres il était, mais pas envers ceux qui l'avaient élevé, non, mais envers lui, sa personne entière, ses idéaux. Un traitre envers le front, qui jouait sa vie à tout moment, à toute heure, pour une cause qu'on l'avait forcé à embrasser, et juste pour ça, le brun le trouvait pathétique.

Juste aussi pathétique que la plupart des héros qui suivaient une idée de la nation et de la justice, sans même comprendre ce qu'ils disaient et représentaient, tellement pathétiques que ça lui donnait envie de les cramer en entier et de détruire ce monde d'hypocrites. Un monde pourris jusqu'à la moelle et Hawks serait le premier à y passer pour ainsi se jouer de lui.

Il voulait tous les trahir, se servir de lui pour arriver à ses fins ?

Alors il allait y arriver, il allait le faire, oui, il allait les laisser les trahir. Comme ça son plan à lui, Dabi, marcherait et s'il y avait un mort, ce serait encore mieux. Ensuite, quand il aurait ce qu'il voulait, il tuerait l'oiseau de malheur, lui cramerait les ailes et l'empêcherait de voler à jamais pour s'être joué de lui, d'eux, lui avoir finalement servit, et s'être cru plus intelligent qu'eux tous.

Enfin, il aurait eu ce plan si cette andouille n'avait pas si soudainement décidé d'être honnête, si cet idiot ne s'était pas planté face à lui pour lui avouer sa trahison, en larmes, en craquage total, en train de s'arracher les caméras et les micros appartenant à la commission, qu'il détenait en ses nombreuses plumes., s'il ne l'avait pas reconnu, tout simplement.

En venant sur le toit en ce jour là, sous la demande d'Hawks, il ne s'était pas attendu à entendre son nom, ou bien à cette forte embrassade de la part du blond qui ne l'aurait pas amadoué en temps normal et qui là, sans comprendre comment, ni pourquoi, lui faisait accepter les pleurs et sentait de nouveau son cœur battre sous l'impulsion d'un sentiment, chose qu'il ne pensait plus ressentir, remplacé par folie et sarcasme.

Un peu peureux face à la nouveauté qui le ramenait dans des temps anciens, des temps oubliés au profit d'un apaisement factice.

« Touya. »

Ce nom. Comme un mantra, Keigo l'avait murmuré encore et encore alors qu'il se fondait dans ses bras jusque dans le lit où leurs corps nus étaient encore enlacés.

Dabi jeta un regard à l'épaule dénudée pour y déposer un baiser sur l'épaule blanche à sa portée alors qu'il fourrageait sa main dans les cheveux de blé toujours en pagaille.

Il eu un demi-sourire, un de ces rares sourires en coin dépourvu de cynisme. Cette andouille d'oiseau dépourvu, en cette soirée qu'ils avaient vécu, de tous ses artifices. Il avait enterré Hawks, comme lui avait enterré Dabi, pour que Keigo et Touya puissent enfin se retrouver.

Il sentit du mouvement à ses côtés et détourna son regard pour rencontrer les yeux d'ambre de son vis à vis. Un sourire radieux de sincérité, un regard chafouins, arrogant, quasi taquin que celui d'un enfant, et des baisers sincères que venait piocher sur sa bouche, la sienne. Avec un rire conquis, le blond s'assit sur ses cuisses et enroula ses bras autour de son cou pour enfouir son nez fin dans son cou meurtrit.

« Tu m'as manqué, Dabi.

-Je ne suis plus que celui que j'étais je n'aimerais pas te trahir en te faisant t'attacher à un fantôme, Hawks.

-Laisse-moi en juger. Je retrouve quelqu'un d'innocent transformé en un démon. Je ne suis pas idiot, je sais que tu n'es plus le même/ Moi aussi j'ai changé, mais je n'en t'aime pas moins. Laisse-moi le temps de te retrouver, Touya, pensons à Dabi dans une heure. On parlera de nos vies cet après-midi. »

Il l'aimait ? Cet oiseau serait toujours trop rapide décidément, mais il ne lui en voulait pas. Car grâce à lui, Touya et Dabi se réconciliaient pour de nouveau se lier, fusionner pour ne faire qu'un, comme Keigo le faisait en compagnie de Hawks. Alors, oui, la douleur était bien présente, mais elle permettait de chasser la trahison, celle faite à eux-mêmes. Celle qui avait disparus dans le regard ambré au moment même où il lui avait tout avoué.

« J'ai fait des recherches. Ne croit pas que je me suis trahis tout seul pour les beaux yeux de Touya, non. J'ai appris pour toi, ta famille, ton père... Mais ce n'est pas ça non plus qui m'a complètement décidé. C'était un tout, et les découvertes faites sur la commission ont finit de m'abattre. Je ne veux pas rejoindre le front, je veux continuer à défendre le monde, parce que j'y crois. J'aime ça. Dabi, dis-moi... Si jamais, je décidais de rameuter des héros qui croient en un monde sans mensonges, si je décidais, sans partir dans des tueries de masses, à coup de politique et de jugements, de nettoyer ce monde. Me suivrais-tu ? M'aiderais-tu à sauver le monde des complots de chacun, de ceux du Front et de la commission ?

-Trahir le monde en jouant au vigilant ?

-Le monde en ce moment, est une gigantesque trahison. »

Déclara l'oiseau, ses yeux miels perdus dans le vide, le vague, le vague créé par une vitre cassée en son coin droit. Doucement, Dabi le fit émerger d'une douce et simple nouvelle caresse.

Oui, maintenant, devant cette mine perdue, il voulait bien le croire. Et étrangement, d'un coup, l'idée de se battre en compagnie de personnes qui ne juraient pas que par le chaos, l'alléchait, le rendait curieux. Il avait envie de rire devant cette utopie, mais si des héros y croyaient, si Hawks lui faisait cette promesse à laquelle il croyait depuis longtemps, alors cela voulait dire que peut-être, peut-être, Stain et sa pensée pouvaient se modifier, évoluer pour atteindre le but voulu, celui où les héros seraient punis pour leur faute, où plus rien ne serait caché sous le tapis. Un monde où la vraie justice existerait. À son tour, il perdit son regard, celui azur, dans le vague de la vitre au coin cassé.

« Je te suivrais. Trahissons le monde entier pour le refaçonner. »


Voilà pour la quatorzième case! Qu'en avez-vous pensé? J'ai mit un peu de temps à le recopier, je suis désolé, pour l'heure, comme d'hab, je suis plutôt occupé avec mes cours du soir. Bon, j'espère que ce jour vous aura plut!

Prenez un bon chocolat chaud pendant votre lecture et celle de demain!

Sica 

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