† DIX-HUIT †

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Plus rien ne va dans ma tête

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Plus rien ne va dans ma tête... J'ai l'impression de perdre pied sur la plateforme branlante de ma vie. Ce qui s'est passé avec Shayne et Casey ne veut plus partir de mes pensées. Ça me hante depuis hier, à l'heure des faits. Ma déprime est à un point que je n'aurais jamais cru atteindre... Je... Je suis gorgée d'idées noires plus saugrenues et morbides les unes que les autres. Plaquée dans mon lit tel un cadavre, les yeux au plafonds, je me mets à fantasmer sur la perspective idyllique de la mort.

Pas celle de Shayne ou Casey, non... Sur la mienne.

Un jour, à force d'encaisser et de me perdre dans cette mélasse du non-retour, je finirais par céder à la tentation... Il ne manque que quelques infimes pas pour me pousser à la fenêtre de mon appartement.

Seulement, tel un son héroïque —ou diabolique—, mon réveil sonne l'heure d'aller au travail. Putain... Le soleil est un peu haut dans le ciel. C'est un matin très agréable pour les gens insouciants qui flânent dehors, mais pour moi, c'est un calvaire... Les rayons lumineux me brûlent la rétine, devenue fragile par mon exposition accentuée à la noirceur de ma chambre. Si seulement je pouvais me confiner chez moi et ne plus jamais en ressortir... Or, une petite voix me dicte de me lever et de faire un effort. Il n'y a que dans la persévérance que l'on trouve la délivrance.

Ma matinée au cabinet se passe sans accroc. J'ai juste l'impression d'être ailleurs, perdue dans mes lointains songes, ne prenant plus cas à mes tâches que, pourtant, j'adorais faire il y a peu. Les patients m'ont souvent ramenée sur Terre, d'un éclat de voix. Même Marsch m'a admonestée en me traitant de tête en l'air. Qu'il reste tranquille celui-ci... je ne suis pas apte à accueillir ses accusations à bras ouverts, aujourd'hui. Il m'épie, traque mes moindre faux pas pour m'en remettre une tartine. Ses regards froids à mon égard signifient beaucoup de choses ; il ne me supporte plus, ou alors, c'est peut-être le secret qui plane entre nous qu'il ne supporte plus. Je suis l'élément gênant qui pourrait salir son image toujours impeccable aux yeux de ses rivaux. S'il se débarrasse de moi... Il doit penser que son honneur sera sauf. Ce pourri guette l'instant propice pour me coller une erreur sur le dos et me virer... Je le sens venir comme un cargo gigantesque.

Depuis le départ d'Alaska, les clients se font moins réguliers. Marsch doit sentir une différence et cette ambiance dérangeante... Elle vient de moi, j'en ai conscience. Mais je ne peux pas perdre mon emploi... Malgré mon incapacité à être motivée, c'est tout ce qui me reste pour sortir le nez à l'air libre. Tout ce qui me reste pour vivre... Je... Je ne peux pas.

Pitié... Faites que l'heure passe plus vite...

Heureusement, midi sonne ; c'est le moment de me soustraire de ce carcan qui m'étouffe, mais pourtant me tient en vie. Avant de partir, Marsch me hèle. Ouh là... Il a les bras croisés sur sa poitrine, montrant sa sévérité flagrante.

𝐋𝐄𝐒 𝐄𝐍𝐅𝐀𝐍𝐓𝐒 𝐀𝐔𝐗 𝐘𝐄𝐔𝐗 𝐃'𝐄𝐁𝐄𝐍𝐄Où les histoires vivent. Découvrez maintenant