Carry On

3. La vie reprend doucement

L'adulte jeta un coup d'œil dans le rétroviseur. Ten caressait Miracle. Il ne posait pas de questions.

- Hey petit.

- Oui ? fit Ten en relevant la tête.

- À partir de maintenant, tu vas vivre avec moi. Mais je te préviens, je suis pas forcément bon pour ce genre de choses.

Ten se contenta de hocher la tête.

Lorsqu'ils arrivèrent au bunker, la première action de Dean fut de préparer à manger, tandis que Ten et Miracle allaient explorer le bunker, à la recherche d'une douche.

Lorsque les pâtes furent cuites, l'adulte appela Ten à table, qui arriva vêtu uniquement d'un trench-coat beige trop grand pour lui.

La vision de cette veste fit mal à Dean, physiquement mal.

- Où a tu trouvé ça ? demanda Dean légèrement brutalement.

Ten baissa la tête, penaud.

- Dans un placard là-bas.

L'adulte soupira.

- Va le remettre là où tu l'a trouvé s'il te plaît.

- Oui... répondit l'enfant d'une toute petite voix. Mais je suis tout nu comme un ver en dessous...

Dean soupira et l'accompagna chercher un des anciens pyjamas que Jack avait laissé au bunker. C'était un peu grand mais ça allait.

Ils s'assirent ensuite à table et Ten ne posa pas de questions. L'adulte l'en remercia intérieurement et ils dînèrent en silence.

A la fin du repas, Dean guida Ten jusqu'à une chambre, la numéro 10, précisant qu'il dormait dans la chambre numéro 11.

Ten hocha la tête et alla se coucher directement, sans prendre la peine de fermer la porte.

Le garçon tomba aussi vite sur le lit que dans un sommeil sans rêves, paradoxalement et étrangement rassurant.

Lorsqu'il s'éveilla le lendemain, il mit un instant à se rappeler de où il était et de ce qui s'était passé la veille.

Les souvenirs le heurtèrent brusquement et des larmes coulèrent sur ses joues.

Miracle entra et sauta sur son lit, chassant loin de lui toutes ces pensées négatives. Le petit garçon sourit doucement et le caressa avant de se lever.

Dès qu'il posa un pied dans le couloir, il commença à sentir une délicieuse odeur de bacon grillé, et son ventre lui rappela qu'il avait faim.

Il arriva dans la cuisine et resta devant la porte en silence. Lorsque Dean se retourna avec la poêle, il sursauta car il ne l'avait pas entendu arriver.

- Son of a bitch ! s'exclama t-il.

- Gros mot ! répliqua aussitôt Ten.

- C'est pas un gros mot, c'est de la ponctuation. Tu as dormi longtemps, il est une heure de l'après-midi. Tu viens déjeuner ?

Ten hocha la tête.

Il était timide et ne parlait pas beaucoup, mais ça n'avait pas l'air d'étonner l'adulte qui ne le forçait pas à parler. L'enfant lui en était reconnaissant.

Après quelques bouchés, il se força tout de même à demander :

- Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

Dean sourit.

- Aujourd'hui, repos. Il faudra aller t'acheter des vêtements en ville parce que ceux de Jack sont trop grands, mais j'y connais rien moi.

- Moi non plus, sembla s'excuser l'enfant.

- Hé, petit.

- Oui ?

- C'est pas grave si tu ne sais pas, ok ?

Ten hocha la tête, l'air convaincu.

- Pour sortir, on va juste t'habiller un peu mieux, continua l'adulte. Tu ne peux pas sortir dehors en pyjama. Et met quelque chose sur tes pieds, tu vas prendre froid !

- Mais j'aime bien être pied nus moi.

- Peut-être, mais une grande partie du sol est carrelée ici, et ça m'embêterait que tu tombes malade.

- D'accord... répondit Ten, baissant la tête.

Après avoir rapidement fouillé dans les armoires de Jack, ils finirent par trouver de quoi habiller l'enfant plus ou moins convenablement et à sa taille : un short, un t-shirt un peu trop grand et une chemise à carreau. Il enfila ensuite des grandes chaussettes et des bottes de pluies, là encore trop grande.

Nos deux compères, trois avec Miracle, montèrent dans l'Impala garée devant le bunker. Comme la veille, Ten s'installa à l'arrière avec Miracle. L'Impala parti alors vers un centre commercial.

Ten parlait si peu que Dean envisagea un moment de lui apprendre la langue des signes pour communiquer plus facilement, mais abandonna l'idée en découvrant que, pour le comprendre, il devrait l'apprendre aussi.

Cependant, pensant au potentiel de blague qu'il pourrait organiser ainsi, il proposa à l'enfant, qui finit par accepter. Il téléphona à Sam, qui le proposa à Eileen, qui accepta de leur donner des petits cours.

Après avoir acheté des vêtements, l'adulte proposa de lui acheter un jouet pour le féliciter de sa bonne conduite et Ten accepta en souriant.

Nos deux personnages principaux entrèrent dans une boutique dans laquelle une dame aux cheveux noirs brillant limait ses ongles à paillettes, si longs et si pointus qu'on aurait dit des griffes.

Elle arrêta dès qu'ils entrèrent et sourit de façon si peu naturel que Ten prit peur et se cacha derrière les jambes de Dean.

L'homme regarda l'enfant, sans comprendre. Il s'accroupit à sa hauteur.

- Hey. Tout va bien ok ? C'est juste une vendeuse.

- Son sourire fait peur, lâcha l'enfant, cramponné au pantalon de Dean.

Le chasseur se tourna vers la dame qui avait arrêté de sourire niaisement. Elle enchaîna comme si de rien n'était.

- Bonjour bonjour ! Vous voulez voir les jouets pour garçons ? Nous avons des petites voitures, des figurines de dinosaures, des soldats, des camions de pompiers, des playmobils, des legos, commença-t-elle à énumérer, tandis que Dean se tourna vers Ten qui secoua la tête de droite à gauche.

- Qu'est-ce que tu veux mon grand ? demanda la vendeuse en se penchant vers lui.

- Hii ! fit Ten de sa petite voix légèrement aiguë, cachant sa tête derrière les jambes de Dean.

La vendeuse comprit le message et resta à sa place.

- Je vous laisse faire le tour, sourit-elle alors, ayant l'air de maudire Ten intérieurement.

Ten s'éloigna alors le plus possible de la vendeuse et mit un rayon entre lui et elle.

Il passa devant le rayon des petites voitures, des petits soldats, des camions de pompiers et des figurines de dinosaures et de dragons sans s'arrêter, avant de se stopper devant le rayon peluche.

Il vit alors quelque chose qui l'attira.

Il se tourna vers l'adulte qui l'avait suivit, et lui montra d'un regard ce qu'il souhaitait.