CHAPITRE 1.1

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CHAPITRE 1
Partie 1

   Jamais je n'aurai pensé me rendre un jour à Paris. Cette ville me paraissait tellement loin quand j'étais petite et même encore aujourd'hui, à presque vingt-cinq ans. La capitale, pour les gens de la campagne comme moi, c'est un peu comme un pays lointain et inaccessible. Pourtant, j'ai l'impression d'être la seule que ça ne fait absolument pas rêver. Le monde, la pollution, les voitures, rien de comparable à ce que j'ai chez moi.

   Mon amie Elena, contrairement à moi, a réalisé son rêve de devenir Parisienne il y a deux ans déjà. Depuis qu'elle y est, elle n'arrête pas de me dire à quel point Paris est formidable, et qu'il faut absolument que je vienne la voir là-haut, mais je sais qu'au fond elle se sent un peu seule et que son groupe d'amis lui manque. Chaque fois qu'elle m'appelle, je lui promets que je viendrai bientôt, mais au refuge je n'ai jamais de jours de repos. Les chevaux ne vont pas se nourrir tout seuls.

   Le problème c'est que plus le temps passe et plus Elena s'ennuie alors elle trouve de nouvelles solutions à mes empêchements pour que je ne puisse plus lui refuser cette visite. Cette fois-ci, elle n'a pas eu besoin de trouver un argument de plus. Le simple fait d'entendre sa voix au téléphone m'a fait comprendre que je ne pouvais pas refuser sa demande une fois de plus. Elle semblait fatiguée et triste la dernière fois que je lui ai parlé. J'ai senti qu'elle avait besoin de moi et me voilà maintenant, à quelques minutes de mon départ pour la capitale le temps de quelques jours.

   Bien sûr, je ne suis pas complètement horrifiée à l'idée de partir et d'ailleurs j'ai très envie de voir mon amie, mais je me demande comment Ulysse et Jeane vont faire sans moi.

   Certes, ils me donnent régulièrement des coups de main, mais de là à gérer un refuge accueillant près de cinquante chevaux, pendant une semaine...

   Il faut que j'arrête de penser à ça, maintenant que je suis partie il faut que je leur fasse confiance. C'est déjà le cas, mais lorsqu'il s'agit de mes petits protégés je ne peux m'empêcher de me faire du souci.

   Il me revient une information importante que je voulais communiquer à mes amis avant de partir, mais je crois que j'ai oublié de le mentionner dans mon discours de départ. Il faut que j'appelle Ulysse avant que le train démarre et que je perde ma connexion.

   Il décroche avant la deuxième sonnerie, il sait qu'il n'a pas intérêt à rater un de mes appels sinon je serais dans le premier train en direction de la maison avant qu'il ait eu le temps de me rappeler.

   — Non Nora, nous n'avons pas encore tout fait brûler !

   — Ha ha ha.

   — Dis-moi tout.

   — J'ai oublié de vous parler d'Ivoir, le petit poulain noir. Il doit voir le vétérinaire demain après-midi donc il faut absolument que vous le rameniez aux écuries dans la matinée, avec sa mère bien sûr.

   — C'était déjà marqué dans le carnet que tu nous as laissé.

   — Tant mieux, je préférais m'assurer que je n'avais pas oublié parce que...

   — Nora !

   — Oui ?

   — Je vais raccrocher maintenant et toi tu vas monter dans ton train et profiter de cette semaine pour te détendre, compris ? Tu en as bien assez fait ces dernières années, les chevaux t'en remercient, mais passe un peu le relais !

   — Je suis déjà installée dans le train.

   — Parfait, bisou.

   Il raccroche avant que j'aie le temps de lui dire au revoir.

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