CHAPITRE 10

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CHAPITRE 10

   La lumière du jour me réveille en douceur, rien à voir avec ce à quoi va ressembler ma journée. Des adieux difficiles, la chaleur du mois d'août, le train, les gens transpirant. Un pur bonheur.

   Je me force à sortir de ce lit imprégné de l'odeur de Teddy et me dirige vers le salon.

   Teddy est encore endormi sur le canapé, un bras plongé dans le vide. Chance est allongée sur lui de tout son long, la tête enfouie dans son cou. Elle aussi dort profondément et je n'ai aucune envie de les sortir de ce sommeil qui semble si paisible.

   Il est encore tôt, j'ai quelques heures devant moi avant que mon train parte, mais je dois encore repasser chez Elena pour récupérer toutes mes affaires. Il faudrait qu'ils se réveillent assez rapidement si nous voulons avoir le temps de nous dire au revoir.

   Ai-je vraiment envie de lui dire au revoir ? Absolument pas.

   Et si je disparaissais, tout simplement ? Un peu comme si tout ça n'avait jamais eu lieu, ce sera plus simple pour nous deux. Ce moment que nous avons partagé hier soir était fort et c'était le plus sincère qu'il m'ait été donné de partager avec une personne que je connais depuis seulement quelques jours. C'était fort et je n'ai pas envie de ternir ce moment avec des adieux déchirants.

   J'observe Chance, ma magnifique boule de poils, paisible dans les bras de l'homme qui s'est occupé d'elle pendant cette semaine. Elle a placé sa confiance en lui. Comment vais-je faire pour la sortir d'ici sans le réveiller et forcer cette confrontation ? Je ne peux pas faire ça. Elle a déjà tellement souffert. Et si, finalement, elle était mieux ici avec lui et tous les nouveaux amis qu'elle s'est faite ?

   Ma décision est prise.

   Je récupère mon sac posé sur le bar et m'apprête à partir sans rien dire, mais je me résigne. Je ne peux pas lui faire ça, il ne comprendrait pas. Il faut que je lui laisse quelque chose, une explication. Je glisse ma main dans mon sac à la recherche d'un stylo et mes doigts effleurent quelque chose que j'avais complètement sorti de mon esprit : mes photos.

   Je sors doucement la pochette et récupère mes clichés. Je les regarde une dernière fois et m'arrête sur celle qui a fait chavirer mon cœur la première fois que je l'ai vue. Celle où Teddy lève les yeux vers moi, cette photo le représente parfaitement. Le vrai Teddy. Souriant, les yeux ambrés pétillants de vie et tellement profonds.

   Je trouve mon stylo et trace quelques mots à l'arrière de cette photo ; pour qu'il sache que je n'ai rien contre lui, que tout ça n'était fait que pour durer le temps d'une semaine, mais que c'était beau.

Je demande ensuite à Elena de rassembler toutes mes affaires et de venir me chercher chez Teddy au plus vite. Je n'ai plus envie d'être là désormais. Je n'ai qu'une envie : enfin rentrer chez moi et me plonger corps et âme dans mon travail pour ne pas avoir le temps de penser à lui.

   Elena me répond immédiatement et elle ne pose pas de question.

   Une vingtaine de minutes plus tard, je dois quitter l'appartement. Ça y est, c'est le moment. Aucun des deux ne s'est réveillé sur le canapé, c'est mieux ainsi.

   Je m'approche silencieusement d'eux et m'assois un instant. Ils sont paisibles et c'est tout ce qui compte. Je passe une main délicate dans les cheveux de Teddy pour remettre une de ses mèches en place, ainsi, je peux voir son visage en entier. Ma main aimerait s'attarder dans la douceur de ses cheveux ébène, mais il est temps. Je dépose un baiser tendre sur le haut de la tête de ma chienne puis dépose les photos sur la petite table basse et m'en vais sans me retourner.

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