La Lumière noire - (L&V) T.1 + T. 2

Chapitre 26

Jeudi 4 janvier

Leï s'étira. Son téléphone affichait un peu plus de deux heures du matin. L'excitation à son comble, il se redressa. Le volet à moitié fermé de la baie vitrée laissait passer les douces lumières des décorations de fêtes de fin d'année. Leurs halos semblaient aspirés par la buée présente sur les carreaux.

Ils soulignaient la silhouette de Vicky, roulé sous sa couette, entouré de cahiers, feuilles et stylos. Il s'était endormi au milieu de ses devoirs. Leï ramassa le bloc-notes qui servait de brouillons pour le poser sur la table de chevet. Une feuille s'en échappa. Sur la première ligne, son prénom lui sauta aux yeux. Le caractère sexuel plus qu'évident de la phrase teintait ses pensées quand la voix ensommeillée de Vicky émergea.

— Leï ? Qu'est-ce que tu fais ?

— À la base, j'allais te dire bonjour, mais là j'lis une scène de cul avec moi comme perso principal. C'est super intéressant.

Vicky se redressa si brusquement que la couette valsa à l'autre bout du lit. Il arracha la feuille des mains de Leï, les yeux exorbités.

— Eh !

— Tu n'as pas à lire ça !

— Comment ça j'ai pas à lire ça ? On cause de ma langue et de mes mains. J'suis en droit de lire ça, file-moi c'truc !

— Dors ! Il est... deux heures du matin et on a cours !

Vicky tenait la feuille à l'écart. L'obscurité dissimulait savamment ses joues rouges. En revanche, l'ombre d'un large sourire fendait l'heureux visage de Leï qui ne tenta pas de récupérer le papier. Il se rapprocha, effleurant ses tempes d'un baiser.

— J'm'en fous des cours. J'voulais souhaiter bon anniversaire à mon mec, j'ai pas l'droit ?

Une salve de frissons s'abattit sur le corps endormi de Vicky. Il se laissa retomber sur le matelas alors que Leï s'allongeait à moitié sur lui.

— Ça ne pouvait pas attendre six heures ?

— J'suis réveillé maintenant, j'vais pas contre les volontés du destin.

Vicky ne put répondre, emporté dans un timide baiser qui ne ressemblait guère à Leï. Ce dernier quitta bientôt ses lèvres pour fondre vers son oreille. Vicky en lâcha sa feuille.

— Joyeux anniversaire Ultravicky...

Il referma aussitôt ses bras autour de Leï, choyé par sa voix grave et par cette mignonne intention d'être le premier à lui souhaiter.

Tu seras toujours le premier, Leï...

— Merci, mon monsieur corbeau. C'est mon plus beau cadeau d'anniversaire !

— N'importe quoi...

— Tu es la plus belle surprise qui me soit arrivée. C'est vrai.

Leï redressa la tête, un sourcil relevé, cherchant la moindre trace de plaisanterie. Il dut se rendre à l'évidence. Ce garçon l'aimait.

Mais comment c'est possible ?

Comme il ne disait rien, Vicky prit son visage entre ses mains et l'amena jusqu'à lui. Il cueillit la timidité nouvelle de Leï du bout des lèvres, caressant les siennes sans aucune gourmandise. Leï ferma les yeux, conscient que la moitié de son âme s'unissait à lui par ce simple geste.

T'es la moitié qu'il me manquait, Vicky...

La douceur de sa bouche, ses mains sur sa nuque l'électrisèrent. Certain de flancher, Leï finit par ramener la couette sur eux, les enfermant dans un cocon de chaleur, résolu à terminer sa nuit ainsi. Une caresse effleura le bas de ses reins. Leï rouvrit aussitôt les yeux. Il ne bougeait plus. Vicky sentait les frissons rouler sous la pulpe de ses doigts. Il ne put résister à empoigner les fesses de Leï, en souvenir de cette fois où il l'avait aperçu nu, pris de cette pulsion inassouvie jusque-là.